Ilpèse entre 600 et 700 grammes et présente un bec droit et un iris orangé. Sa poitrine est large et arrondie, bien profonde. Le dos large est légèrement incliné vers l'arrière. Sa queue est Expressionquébequoise:Quel mot désigne le beau parler québécois ? | le joual Expression québequoise:Que désigne une « ruine babine » ?| un harmonica Expression québequoi Recherchepigeon ramier ou bleu de Gascogne, urgent!!!! See more of Le gabion une passion on Facebook BLANCBLEU : Race issue de croisements avec des taureaux shorthorn. BLEUE DU NORD : PIGEONS : RAMIER : Caractéristiques: le plus gros des pigeons se reconnaît à la couleur de son plumage rouge et vert. BAGADAIS : Race de pigeon est plutôt curieuse. CARNEAU : Race rustique et prolifique, il s’adapte bien à l’élevage en liberté. CAUCHOIS : Race rustique, Ina Champagne flute (or carafe), pour: -1/3 of cold white peach puree, -2/3 of Champagne or an effervescent cold white (a leftover of wine, even with a small defect, may be suitable). Mix very gently to keep the bubbles. In the summer, make your own puree: peel and mix ripe fruit, then chill in the fridge and filter. Columba -ae F. et columbus, -i M. est un terme générique pour dénoter une espèce sauvage de pigeon et une espèce domestique : A) Pigeon sauvage : « pigeon biset, pigeon de roche » au plumage gris-bleu, sédentaire (Plin. HN 10,73), vivant dans les parois rocheuses (columba saxatilis : Varr. R. 3,7,1). B) Pigeon domestique : plusieurs espèces dont le pigeon o2LLH7. Uploaded byCarlos Alberto de Mendonça 0% found this document useful 0 votes129 views102 pagesDescriptionwwCopyright© © All Rights ReservedAvailable FormatsPDF, TXT or read online from ScribdShare this documentDid you find this document useful?Is this content inappropriate?Report this Document0% found this document useful 0 votes129 views102 pagesPassionUploaded byCarlos Alberto de Mendonça DescriptionwwFull description See other formats ^^ ILAVIE DES ANIMAUX n ILLUSTRÉE LJ^JS OISEAUX .msK im^ kTr~-^l^ 1^ l\ A^^>^ rX. QL674 .S35 f^ fr-' r -W^ n -^-. ^-^ .^-v ^, H ^r^r^- pc^-o- .Se\ 0^ 1 FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY ~^'}^^^%f r^f^ ;K*!/^. ./" im . .Jy^ t-^J ^ Le Colonicallc hérisse. [4] LES PIGEONS. 4 leurs vives, les postures singulières qu'ils prennent en grimpant sur les branches des arbres ou en s'y reposant, leur vol rapide, bruyant, les font ressembler beaucoup à des Psittacidés, pour l'observateur non prévenu. Les Colombars se nourrissent surtout de fruits et de baies. Ils nichent dans les creux des arbres. Les — Proches parents des Colombars, les Ptilonopes sont ori- ginaires de la Malaisie et de i'Occanie. Ils vivent sur les coteaux boisés, se nour- rissent exclusivement de fruits, notamment de figues, de bananes. Le Colomgalle hérissé. — Près des Colombars et des Ptilonopes, se place une espèce très curieuse, le Colomgalle hérissé [Alectra'uas pulcherrimus. Son plumage est presque entièrement d'un beau bleu indigo, à l'exception des plumes du cou et de la poitrine qui sont blanches, étroites, rigides, et sont sus- ceptibles de se hérisser en une sorte de crinière. Cet Oiseau vit dans l'Afrique méridionale et occidentale et à Madagascar. Il se retire dans les bois pendant la nuit et le milieu du jour ; le reste du temps il parcourt les plaines en bandes nombreuses, à la recherche des baies et des graines qui forment le fond de sa nourriture. Les Carpophages ou — Ils habitent l'Océanie. Leurs mœurs sont celles des Colombars. LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS Caractères. — Les Oiseaux que l'on réunit dans le genre unique Colombes présentent les caractères suivants bec faible, droit, presque égal en longueur à la tète, membraneux et recouvert d'une cire épaisse, molle, dans sa première moitié, corné à la pointe qui est renflée et arrondie ; narines étroites, oblongues, horizontales, percées dans la cire; ailes allongées, pointues, sub-obtuses ; queue ample, ordinairement composée de douze pennes, arrondie ou tron- quée à angle droit; tarses courts, plus ou moins emplumés au-dessous de l'ar- ticulation. On ne peut guère établir dans ce genre que les deux subdivisions reconnues par Degland et qui sont les suivantes 1° Espèces à tarses plus courts que le doigt médian, assez emplumés au-des- sous de l'articulation, et dont l'aile ne porte, en dessus, ni bande, ni taches transversales noires .... Grand Ramier 2° Espèces à tarses aussi longs que le doigt médian, médiocrement couverts au-dessous de l'articulation, et dont l'aile est relevée, en dessus, par des bandes ou des taches transversales noires .... Petit Ramier, Bi\et. LA COLOMBE RAMIER OU GRAND R\îA\ERyColumba palumbus L.. — Dési- gnée encore sous les noms de Palombe ou de Pigeon des Rois, cette espèce est la plus forte du genre; sa taille est deo°',45. Degland la décrit de la façon sui- vante Caractères. — Le mâle adulte, en été, a la tête, le cou, le croupion et les 5 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [5] couvertures supérieures de la queue d'un cendré bleuâtre ; le dos et les couver- tures des ailes d'un cendré brun ; le derrière et les côtés du cou d'un vert doré, à reflets bleu et cuivre rosette; la partie inférieure du cou ornée de chaque côté d'un croissant d'un blanc de plomb ; le bas du cou en avant et la poitrine d'une couleur vineuse a. reflets ; le ventre, les flancs et sous-caudales d'un gris bleuâtre ; les rémiges primaires brunes bordées de blanc, les secondaires d'un gris brun; la queue d'un cendré foncé en dessus, passant au noir vers l'extré- mité, avec une large bande transversale d'un gris bleuâtre en dessous; le bec rouge de chair, avec le bout jaune orangé et les narines couvertes d'une sorte de poussière blanche; les pieds rouges, les ongles brun de corne, l'iris jaune pâle. La femelle ressemble au mâle, mais le croissant blanc du cou est moins étendu En automne, les deux sexes ont des teintes moins pures. Les jeunes ont une teinte terne et ne commencent à être marqués de blanc que vingt-cinq à trente jours après leur sortie du nid. Habitat. — Le Pigeon ramier habite toute l'Europe, mais il s'y trouve irré- gulièrement répandu. Il est très abondant en Suède et dans les forêts de l'Alle- magne. En France, il est sédentaire dans un grand nombre de localités, migrateur dans d'autres. Il va passer l'hiver dans le nord-ouest de l'Afrique. A l'époque de ses migrations, on le trouve presque partout. Mœurs. — Le Ramier mérite bien son nom de Pigeon des Bois ; son exis- tence est essentiellement arboricole. Mais il se fixe aussi volontiers dans le voi- sinage des habitations que dans les régions désertes; on le voit fréquemment nicher dans les jardins des grandes villes. Il paraît avoir une certaine prédi- lection pour les forêts de conifères, probablement parce que les graines de ces arbres entrent dans son régime. Bien qu'il passe la plus grande partie de son existence dans les cimes des grands arbres, il marche aisément sur le sol, le corps horizontal ou redressé, en inclinant sans cesse le cou en avant, mouvement qui est familier à tous ses con- génères. Son vol est élégant et rapide ; quand il prend son essor, ses ailes frappent l'une contre l'autre en produisant un claquement, qui se transforme ensuite, pendant le vol, en une sorte de sifflement. Son chant est un roucoulement sonore. Lorsqu'on observe le Ramier en pleine nature, disait Degland en 1867, c'est-à-dire dans les forêts ou dans les campagnes, et lorsqu'on étudie ses mœurs au sein de nos cités populeuses, il semble qu'il y ait en lui deux Oiseaux. Dans le premier cas, on voit qu'il est farouche, méfiant, qu'il fuit l'homme du plus loin et ne se laisse jamais surprendre; dans le second cas, il montre autant et plus de confiance que les races de Gallinacés et de Pigeons qui vivent dans nos demeures depuis des siècles. Ainsi les Ramiers qui habitent les Tuileries, le Luxembourg, loin d'être effarouchés par le nombreux public qui en fréquente les promenades, se rendent familiers au point de venir prendre dans la main, dans la bouche même, les aliments qu'on leur présente. Nous en avons vu jus- qu'à cinq sur les épaules, les bras, les doigts d'un de leurs pourvo3'eurs jour- [6] LES PIGEONS. 6 naliers, et c'était chose excessivement curieuse de les voir se chasser à grands coups d'aile et de bec, pour la possession d'une mie de pain. Peu de nos Oiseaux les mieux domestiques sont à ce point confiants. » Dans les forets, le Ramier passe la nuit et le milieu du jour caché dans le feuillage ; le malin et une partie de l'après-midi, il va à la recherche de sa nour- riture composée de graines, de baies et de fruits il mange surtout des graines de céréales et de graminées pois, fèves, haricots, blé, navette, glands, faînes ; il paraît aussi très friand des petites fraises des bois. Au printemps et en été, on le rencontre par couples. Le mâle, avant l'accou- plement, se montre très excité. Il ne peut rester en place, dit Brehm, il vole, s'élève dans l'air obliquement, frappe violemment les pointes des ailes, qu'on entend battre de très loin, descend en planant, et continue ce jeu pendant long- temps. Sa femelle le suit quelquefois mais, d'ordinaire, elle reste perchée, et l'attend tranquillement. Il revient généralement auprès d'elle après avoir exécuté ses évolutions aériennes. Jamais je n'ai vu deux mâles se battre pour posséder une femelle. » Le Ramier établit son nid dans les grands arbres, sur les branches qui ont une direction oblique par rapport au sol, et à une faible distance du tronc. C'est au mâle qu'est dévolu le rôle le plus actif; c'est lui qui, durant des heures entières, va ramasser sur le sol ou sur les arbres voisins, des bûchettes, des brindilles, des racines, que la femelle assemble à son gré. La construction achevée présente l'aspect d'une plate-forme presque à claire-voie, dont les maté- riaux sont grossièrement enchevêtrés, et qui paraît exposée à s'effondrer au moindre vent. Mais il n'en est rien, comme l'a fort bien montré O. des Murs, par la remarque suivante A la négligence apparente, dit cet auteur, avec laquelle semble construit le nid du Ramier et celui de toutes les espèces forestières de Pigeons, nous croyons que l'on a toujours été dans l'erreur, quant à l'appré- ciation qu'on en a faite, et au jugement qu'on en a porté. Ce nid, qui parait effectivement plutôt une ébauche qu'une œuvre achevée, est tellement léger que, du pied des arbres où il pose, on voit le jour au travers, et qu'on peut non seulement compter en quelque sorte les bûchettes qui le composent, mais même apercevoir la femelle quand elle s'y trouve. Nous voyons, au contraire, dans ce fait, non un indice de négligence de ces Oiseaux, mais une preuve de leur instinct. Sauvage et inquiet comme est le Pigeon ramier, il a besoin de voir ce qui se passe auprès et autour de lui, même et surtout quand il couve. De là, ce tissu lâche et à claire-voie qu'offre le nid, et qui permet à l'Oiseau de plonger, pour sa propre sécurité, jusqu'au bas de l'arbre dont il occupe le faîte. » Brehm, de son côté, affirme n'avoir jamais vu un seul de ces nids qui eût été renversé par le vent. Parfois le couple s'empare du nid abandonné d'un autre Oiseau, ou même d'un Ecureuil et l'approprie à ses besoins. Il y a, en général, deux couvées par an, la première dès la fin de mars, la seconde à la fin de juin. Le nombre des œufs n'est jamais de plus de deux par couvée, et quelquefois même d'un seul. Ces œufs sont oblongs, presque égale- 7 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [7] ment obtus aux deux bouts, et d'un blanc pur ou d'un blanc légèrement teinté de bleuâtre. Les parents semblent témoigner peu d'attachement envers leur progéniture, fait assez singulier si l'on songe à la tendresse qu'ils se prodiguent ii l'époque de l'accouplement, et que les poètes ont souvent célébrée. Si, en effet, on chasse la femelle de son nid, elle abandonne ses œufs ou ses petits. Ces derniers naissent presque nus comme tous les autres Pigeons. Ils ont longtemps besoin des soins de leurs parents qui les nourrissent d'abord de la substance crémeuse sécrétée par leur jabot, puis de graines ramollies, et les réchauffent alternativement jusqu'à ce que leurs plumes aient commencé à pousser. Les repas sont, chez ces Oiseaux, réglés avec une précision mathéma- tique le premier a lieu vers neuf heures, le second vers quatre ou cinq heures. Jamais les petits n'ont à manger en dehors de ces heures régulières. A l'automne, les Ramiers qui se disposent à émigrer se réunissent en bandes nombreuses ; ils se répandent alors dans les champs et les prairies, où ils vont glaner les grains de blé, de chanvre, de millet, laissés par les moisson- neurs. L'époque des brouillards arrivée, ils se dirigent vers le sud, en bandes com- pactes. Ils voyagent de préférence de grand matin et par la brume, évitant ainsi la rencontre des grands Oiseaux de proie qui guettent leur passage. Chasse. — La chasse au Ramier se pratique en grand dans certaines localités, notamment dans les Pyrénées-Orientales, à ses passages annuels du printemps et de l'automne, en même temps que celle du Colombin dont il sera question plus loin. Le Ramier étant considéré comme nuisible aux récoltes, sa chasse est d'ailleurs permise en tous temps. Captivité. — Malgré son naturel assez farouche, le Ramier s'apprivoise faci- lement et peut être conservé dans une grande volière. Sa reproduction offre cependant d'assez sérieuses difficultés. LA COLOMBE COLOMBIN {Columba œnas L.. — Caractères. — Le Colombin est d'une taille inférieure à celle du Grand Ramier ; il ne mesure que o'".'ib de long. Son plumage en est aussi très différent. Le mâle, au printemps, a la tête, le cou et le dessus du corps d'un cendré bleuâtre, plus clair sur le croupion et les sus-caudales ; les reflets métalliques des côtés du cou sont d'un vert violet; la poitrine est d'un rouge vineux; le reste de la face inférieure et les sous- caudales d'un cendré bleuâtre ; les ailes, de même couleur que le dos, sont mar- quées de deux taches irrégulières noires ; les grandes rémiges sont noirâtres, lisérées de gris ; la queue, d'un cendré bleuâtre dans ses deux tiers antérieurs, est noire dans le reste de son étendue, avec la rectrice latérale de chaque côté marquée de blanc en dehors ; le bec rouge avec la pointe jaune ; l'iris rouge brun; les pieds rouges. En automne, les teintes de l'un et l'autre sexe sont plus sombres, et les reflets métalliques du cou tirent sur le verdcàtre. Habitat. — Le Colombin est répandu dans toute l'Europe jusqu'en Sibérie. En France, il s'établit surtout dans les grandes forêts du centre et du nord. [8] LES PIGEONS. 8 Il émigré dans le nord de l'Afrique, à l'automne, en compagnie souvent du Grand Ramier. Mœurs, - Par ses allures et par ses mœurs, il diffère peu du Ramier. Ses mouvements paraissent cependant un peu plus vifs, sa démarche plus dégagée ; il s'agite et roucoule presque toute la journée. Sa nourriture se compose de graines de céréales, de légumineuses, de chènevis, de glands, de semences de pin et d'autres conifères. D'un naturel très farouche, il fuit le voisinage de l'homme, et habite de pré- férence les grands bois toulTus. Un couple de Colombins est, d'après Brehm, un vrai type d'amour conjugal. Le mâle ne quitte pas sa femelle; il reste près d'elle, la distrait par ses roucou- lements et l'accompagne si elle est chassée de dessus ses œufs. De plus, les deux parents déploient, pour défendre leur couvée, un courage remarquable que l'on chercherait en vain chez les couples du Grand Ramier. Le Colombin niche dans les cavités des vieux troncs d'arbres, ou dans l'angle de bifurcation des grosses branches. Les œufs au nombre de deux, rarement de trois, sont semblables à ceux du Ramier, mais un peu plus petits. Il y a deux et même trois couvées par année. Le Colombin a beaucoup d'ennemis à redouter, notamment les Oiseaux de proie et les petits Carnassiers. Brehm, cependant, cite un exemple peut-être unique où l'on trouva sur un même arbre un nid de Colombin et au-dessous, dans un trou de l'arbre, un nid de Martes. Chasse. — Les Colombins émigrent à des époques très régulières. Aussi sont-ils l'objet de chasses très importantes à leur passage dans le midi de la France, notamment dans les Pyrénées, où ils sont désignés à tort sous le nom de Bisets. Le premier passage a lieu au mois de mars, et dure une vingtaine de jours. Le passage d'automne commence dans les derniers jours de septembre et se prolonge souvent jusqu'en novembre. C'est par troupes de dix à quarante et même cent individus que voyagent ces Oiseaux, en compagnie souvent de bandes semblables de Ramiers. Les chasseurs des Pyrénées emploient différents modes de chasse en usage depuis fort longtemps, et tous plus ou moins meurtriers. Le plus simple consiste à placer à terre ou sur des arbres assez élevés, dans un endroit de passage connu, quelques Colombins en bois sculpté et peint, des- tinés à attirer l'attention des Oiseaux de passage. Ceux-ci, croyant voir une de leurs bandes au repos, viennent planer au-dessus des arbres ou se posent à terre. L'alarme est aussitôt donnée par une sentinelle qui fait lever la troupe en temps opportun, pendant que les chasseurs, cachés dans une hutte disposée à cet effet, peuvent tirer a volonté. Cette chasse, quelque simple qu'elle paraisse, exige cependant assez de sang-froid et une certaine expérience. Le plumage des Colombins, comme celui de tous les Pigeons, d'ailleurs, est fort serré, de sorte que le plomb qui frappe la poitrine de l'Oiseau n'a pas la force de pénétrer dans les chairs; les Colombins alors s'éparpillent, s'élèvent à une grande hau- teur et sont bientôt hors d'atteinte. Aussi les vieux chasseurs recommandent-ils 9 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [9] de ne tirer que quand la bande est au-dessus de la tète du tireur ou l'a un peu dépassé. Dans certaines localités, on emploie pour chasser les Colombins d'immenses filets méthodiquement disposés dans des endroits convenablement choisis. On donne à ces emplacements les noms de palomiéres ou de selon que l'on y prend surtout des Ramiers ou des Colombins. On choisit entre deux chaînes de montagnes une gorge large à son ouverture et qui aille en se rétrécissant à son extrémité doit se trouver une surface plane et unie d'environ cent pas carrés, qu'on appelle yb///t' dans le pays. L'embouchure étroite est entièrement fermée par des filets dont le nombre varie suivant la largeur de la gorge. Ces filets, qui ont chacun huit ou neuf mètres de largeur, sur dix-huit de hauteur, sont hissés, par le moyen de poulies, à des arbres qui n'ont pas moins de 25 à ?5 mètres d'élévation. Ils sont masqués, sur le devant, par une seconde rangée d'arbres élagués dans le bas, pour donner passage aux Oiseaux. Environ 3o mètres en avant des filets est une trèpe, qui consiste en trois troncs d'arbres plantés en triangle, à six pas les uns des autres, rapprochés et liés ensemble par le haut avec une chaîne de fer. Sur leurs cimes réunies, on construit une cabane qui est occupée par un des chasseurs. Des deux côtés de la gorge, le long de la crête des montagnes, sont également disposées, d'espace en espace, des cabanes sur des arbres ou sur des éminences naturelles. Chacune de ces cabanes recèle un chasseur. Lorsqu'une volée de Colombins ou de Ramiers, engagée dans la gorge, veut franchir la crête, le chasseur le plus à portée lui lance un matou, espèce de palette blanchie et emplumée, qui imite grossièrement un Oiseau de proie. Les Oiseaux effrayés rétrogradent et fondent souvent jusqu'à terre. Ils sont ainsi maintenus successivement, d'un chasseur à l'autre, dans la direction des filets. Au moment où ils dépassent la trèpe, le chasseur posté dessus leur décoche, à son tour, tou- jours en queue, jamais par devant, un Oiseau empaillé ou un matou. Les Colombins épouvantés se jettent les uns sur les autres on lâche une détente, et Oiseaux et filets, tout est précipité pêle-mêle à terre. Captivité. — Le Colombin s'apprivoise encore plus aisément que le Ramier, et se reproduit en captivité, fait qui s'observe rarement chez le Ramier. L/V COLOMBE BISET OU PIGEON DE ROCHE {Columba livia L.. — Cette espèce est la plus intéressante du genre Colombe; on la considère comme la souche de toutes les races actuelles de Pigeons domestiques. Caractères. — Sa taille est de o°',32. Son plumage est d'un gris ardoisé, avec des reflets chatoyants verts et vert violet sur les côtés et le bas du cou; le crou- pion d'un blanc pur; les ailes barrées transversalement de noir et marquées d'une grande tache de même couleur sur les pennes les plus rapprochées du corps; les rémiges et les rectrices terminées de noir; la rectrice la plus externe blanche sur ses barbes externes dans presque toute son étendue; le bec brun, la cire qui recouvre les narines d'un blanc farineux; l'iris et les pieds rouges. [iO] LES PIGEONS. 10 La femelle a la même livrée que le mâle, mais les teintes en sont moins vives; elle est aussi de plus petite taille. Les jeunes, à la sortie du nid, ont aussi des teintes ternes, mais ils se distin- guent aisément desColombins par leur croupion blanc et la large bande noire de l'aile. Variétés. — On a décrit comme espèces distinctes du Biset [C. Liria de simples variétés géographiques, parmi lesquelles le C. amaliœ, le C. affinis, le C. inteviiiedia. Cette dernière seule, ou Biset sauvage de l'Inde C. interme- dia de Strickelandi, pourrait être considérée jusqu'à un certain point comme une race distincte du Biset d'Europe. Elle difl'ère de celui-ci par la couleur du croupion qui est bleue au lieu d'être blîfnche. Mais ce caractère tiré de la cou- leur du croupion n'a qu'une faible valeur, il est très variable et disparait même complètement sous l'influence de la domestication seule. Il n'y a donc, en réalité, qu'une seule espèce de Biset sauvage. Habitat. — Le Biset habitait autrefois une grande partie de l'Europe et de l'Asie; les côtes rocheuses de la Suède, de la Norvège, de l'Angleterre, de l'Ecosse, et toutes les îles et côtes du bassin méditerranéen; certaines régions de la Russie, les bords du ^'oIga, le Caucase. En France, il nichait sur les bords de la Meuse, sur quelques rochers des bords du Rhône, et dans un grand nombre d'autres localités, Pyrénées, Bre- tagne, Normandie. Aujourd'hui, les individus qui vivent encore à l'état sauvage et se sont con- servés purs de tout mélange, tendent à devenir de plus en plus rares dans les régions où ils ont subsisté, et à se croiser avec les races communes des pigeon- niers actuels. Mœurs. — Le Biset s'établit de préférence sur les rochers et les falaises escarpées des bords de la mer, rarement dans l'intérieur des terres. De là lui est venu son nom de Pigeon de Roche. Aux hides, il niche dans les grottes et les cavernes, près des rivières, en compagnie des .Martinets, et on le désigne sous le nom de Pigeon de Montagne. C'est un Oiseau très farouche, dont la circonspection est plus grande encore que celle de tous ses congénères. Son vol est plus beau et plus léger que celui du Ramier, et aussi rapide que celui du Colombin. Il monte très haut dans les airs, et y décrit de vastes cercles; lorsqu'il redescend, il plane un moment avant de prendre pied, alin d'amortir sa chute. Son genre de vie dilfère peu de celui du Colombin. Comme ce dernier, il est d'une régularité parfaite dans ses habitudes. Les individus d'une même bande passent la nuit en commun dans des rochers inaccessibles. Dès le lever du soleil, ils sortent de leur abri et se mettent en quête de nourriture, après quelques évolutions préliminaires. C'est alors que les mâles se montrent dans toute leur beauté. Ils enflent leur jabot, hérissent les plumes brillantes de leur cou, étalent leur queue, laissent pendre les ailes et roucoulent avec animation, en abaissant et relevant le cou alterna- tivement et en décrivant chaque fois un demi-cercle. Paisibles et sociables, ces n'ont de querelles sérieuses qu'à l'époque 11 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [11] des amours, mais sans qu'il s'ensuive jamais de dangereuses batailles. Cepen- dant ils montrent dans la recherche de leur nourriture une certaine jalousi- qui se manifeste de la façon suivante quand l'un d'eux a trouvé une abone dante pitance, il la couvre de ses ailes, comme s'il voulait empêcher ses voisins de profiter de sa bonne fortune. Les Bisets se nourrissent, comme leurs congénères de la même famille, de graines de céréales et de légumineuses, blé, colza, lentilles, lin, fèves sau- vages en même temps ils avalent aussi des petits cailloux. Gerbe a trouvé dans l'estomac de l'un d'eux une grande quantité de petits Mollusques. Les nichées ont lieu deux fois par an. Dès le commencement du printemps, les mâles roucoulent avec ardeur, et recherchent chacun une compagne. » Une fois le couple uni, dit Naumann, il ne se sépare plus; les deux époux restent ensemble, même hors de la période des amours. Les exceptions sont rares. Le mâle cherche un endroit pour construire son nid l'a-t-il trouvé, il y demeure, et crie, la tète penchée vers le sol, jusqu'à ce que la femelle arrive. Celle-ci accourt, la queue étalée et relevée, l'agace et fouille avec son bec les plumes de sa tète. Puis tous deux se caressent et l'accouplement a lieu. Lors- qu'il est accompli, ils s'élèvent dans les airs en se jouant, en battant bruyam- ment des ailes, puis ils se reposent et s'occupent silencieusement à lisser leur plumage. Ce manège se répète plusieurs jours de suite; enfin, le mâle pous- sant sa femelle devant lui, jusqu'à l'endroit où doit être construit le nid, va chercher des matériaux, les apporte dans son bec et les remet à sa compagne, qui se charge de les coordonner. » Le nid, placé dans un endroit inaccessible, caverne, anfractuosité de rochers, a une forme aplatie, avec une légère excavation au centre pour recevoir les œufs. Il est grossièrement construit îi l'aide de branches sèches, de brindilles d'herbes, de chaumes desséchés. Les œufs, au nombre de deux, sont d'un blanc pur ou très légèrement lavés d'une faible teinte azurée. Ils sont couvés alternativement par le mâle et la femelle par le mâle durant le milieu du jour, par la femelle le reste du temps. La durée de l'incubation est de seize à dix-huit jours. Les petits éclosent successivement à un jour ou deux d'intervalle ; ils sont d'abord nourris par la substance crémeuse sécrétée par le jabot de leurs parents, puis avec des graines ramollies, à moitié digérées; enfin ils reçoivent la même nourriture que les adultes. Leur complet développement demande environ un mois, mais ils restent un peu plus longtemps encore en compagnie de leurs parents. Comme les autres Pigeons, ils ont pour ennemis naturels et redoutables, les Oiseaux de proie et les petits Carnassiers. Captivité. — Le Pigeon Biset présente une remarquable aptitude à la domes- tication, mais cette aptitude, qui, si l'on considère les mœurs un peu farouches de cet Oiseau à l'état sauvage, semble au premier abord paradoxale, présente un caractère particulier le Biset domestique conserve toujours, malgré les soins dont on peut l'entourer, une certaine indépendance, et il est loin de faire preuve de la même soumission, du même esclavage passif qui caractérisent les races actuelles de nos colombiers modernes. [12] LES PIGEONS. 12 Si l'on vient h le déranger pendant ses couvées, il abandonne le colombier ; certains auteurs ont même voulu trouver dans ce fait l'origine du nom de fiiyai'd qu'on lui donnait autrefois, nom qui a cependant une tout autre origine. La domestication du Biset remonte à la plus haute antiquité. En France, avant 1789, c'était le Biset qui formait le fond de la population des colombiers ou fuies \ de là, selon Cornevin, l'appellation de fuyard ou mieux de fuard donnée dans l'ancienne langue française au Pigeon des fermes. Le type domes- tique est peu différent de l'espèce sauvage; il en a conservé la livrée générale et le genre de vie; mais sa taille est un peu plus forte, et son plumage s'est pigmenté de noir ou de brun. Il subsiste encore sous cette forme et dans une demi-liberté dans certaines localités, notamment en Hollande. Des variétés nombreuses, que les éleveurs ont obtenues par la sélection arti- ficielle et des croisements savamment combinés, sont issues les races domes- tiques actuelles qui méritent de faire l'objet d'un chapitre spécial. LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES L'étude des différentes races de Pigeons domestiques présente un très grand intérêt. Elle forme un des chapitres les plus importants de la biologie, car elle montre les variations considérables que peut subir une espèce sous l'influence de la domestication et d'une sélection artificielle sagement rai- sonnée. Historique. — Les premiers documents qui font mention du Pigeon domes- tique remontent à l'époque de la quatrième dynastie égyptienne. Puis nous apprenons par Pline, qu'au temps des Romains, les Pigeons étaient élevés avec beaucoup de soins, soit pour la table, soit pour le plaisir des amateurs ; on tenait compte de leur généalogie certaines espèces très appréciées valaient, dit-on, jusqu'à Syo francs la paire. Dans l'Inde, en 1600, un historien de la cour d'Akber-Khan nous apprend qu'il existait alors dix-sept races distinctes, dont huit étaient estimées surtout pour leur beauté. A la même époque, les Hollandais étaient déjà très passionnés pour l'éle- vage des Pigeons, ainsi que nous l'apprend Aldrovande, et la plupart des races actuelles étaient créées, mais non perfectionnées comme elles l'ont été depuis. De nos jours, des sociétés colombophiles se sont fondées dans le monde entier; tandis que certaines d'entre elles s'occupent plus particulièrement de l'amélioration des races d'alimentation ou de fantaisie, les autres cherchent à perfectionner les races de messagers. Origine des races domestiques. — Les belles recherches de Darwin ont démontré que toutes les races connues de Pigeons domestiques descendaient du Biset et aussi de ses variétés décrites plus haut, mais qui n'en sont nulle- ment distinctes spécifiquement. Les principales raisons émises par le célèbre naturaliste pour justifier cette théorie sont les suivantes 13 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [13J Toutes les races de Pigeons domestiques, même celles qui paraissent offrir les plus grandes dissemblances, diffèrent moins entre elles et du Bizet sauvage que de toute autre espèce de la famille des Colombides. Elles ont toutes la même conformation, les mêmes habitudes, la même voix, la tendance à un même système de coloration, et ne se distinguent souvent du Bizet que par des caractères d'ordre purement tératologique dont on ne trouve pas d'exemple chez les autres Colombides ; C'est en vain que l'on chercherait dans tout l'ordre des Pigeons un bec comme celui du Tumbler, un jabot comme celui du Boulant, une queue en éventail comme chez le Pigeon-Paon. De plus, toutes ces races se croisent aisément entre elles et avec le Bizet et donnent des métis indéfiniment féconds, avec une tendance à reproduire sou- vent le type primitif du Bizet. Cette particularité de retour atavique vers l'ancêtre primitif est très nette en ce qui touche à la coloration Les éleveurs savent que quand apparaît, à la suite d'un croisement, un sujet plus ou moins bleu, les ailes sont presque infailliblement marquées des deux bandes noires caractéristiques du Bizet. Si, d'ailleurs, on admet pour les races de Pigeons domestiques l'existence de plusieurs souches distinctes, on est par cela même obligé de supposer que ces souches ont été assez nombreuses, et qu'il y en a eu au moins sept ou huit bien caractérisées. Or, il est douteux que ces espèces primitives, qui devaient avoir les mêmes habitudes que le Bizet, c'est-à-dire vivre sur les rochers, dans des endroits inaccessibles, fussent entièrement disparues avant la période historique. On n'a jamais constaté non plus un retour à l'état sau- vage des espèces domestiques; tandis que le Bizet de colombier a repris sa liberté dans certaines localités avec des caractères à peine modifiés. Aussi, nous conclurons avec l'illustre auteur de VOrigine des espèces Il est tout à fait improbable que l'homme soit autrefois arrivé à faire repro- duire libiement, à l'état domestique, sept ou huit espèces supposées de Pigeons, qui seraient totalement inconnues à l'état sauvage, et qui ne redeviennent nulle part marronnes; ces espèces, bien que très semblables au Bizet sous presque tous les rapports, présentant, sous d'autres, des caractères très anor- maux lorsqu'on les compare aux autres Colombides ; la réapparition occasion- nelle de la couleur bleue et des diverses marques dans toutes les races, autant quand elles restent pures que quand on les croise ; la fécondité complète de tous les métis; toutes ces raisons, prises ensemble, nous permettent de con- clure, avec beaucoup de certitude, à la descendance de toutes nos races domes- tiques de Pigeons de la Coliimha liria et de ses sous-espèces géographiques. » Nous allons voir d'ailleurs que la plupart des races domestiques, particuliè- rement les races de fantaisie, ne sont en réalité que des Bizets dont certains caractères d'ordre presque tératologique ont été soigneusement cultivés et entretenus pendant des milliers de siècles à travers les générations de ces Oiseaux, par la sélection artiticielle. Mode de formation des principales races. — De quelle façon ont donc pu être créées les variétés nombreuses qu'on exhibe dans les expositions à la curiosité du public et à l'appréciation des amateurs enthousiastes? La vie lies animaux illustpée. IV. — 2 14] LES PIGEONS. li Le lîi/.et, maintenu dans une demi-captivité, se reproduit indéfiniment de par les lois de l'hérédité, avec des caractères identiques, mais cet Oiseau est susceptible de variations très nombreuses, si l'on vient a le priver entièrement de sa liberté, à le changer de climat ou à modifier son alimentation. Sous l'influence de ces conditions nouvelles, et d"autres encore peu connues, il a pu apparaître spontanément, parmi certains sujets d'une même couvée, quelques anomalies plus ou moins sérieuses qui auront attiré l'attention des éleveurs. Dès lors, par une sélection consciente ou inconsciente, ces anomalies se seront reproduites et fixées en donnant naissance chacune à une variété particulière. De nos jours, c'est encore sur ce principe que se basent les éleveurs pour conserver et perfectionner les races qu'ils élèvent en vue des concours. Ils choisissent, dans une couvée, les sujets qui présentent au maximum les carac- tères, j'allais dire les monstruosités, qui sont propres a la race cherchée, ils les font accoupler de nouveau avec des sujets semblables, et ainsi de suite, en sacrifiant ou éloignant tous ceux qui ne sont pas purs. Plus tard, des croise- ments entre ces races anormales ont produit des races avec caractères intermé- diaires. C'est à cette sélection artificielle, patiemment suivie, et à d'autres conditions secondaires d'élevage, que l'on doit la production et la conservation de la plu- part des races dites de fantaisie. Classification — Il est difficile d'établir pour les Pigeons domestiques une classification rationnelle, non seulement parce que le nombre des races et des sous-races augmente chaque jour, mais aussi parce que certaines d'entre elles, issues de croisements compliqués, ne trouveraient place dans aucun groupe. D'autre part on ne connaît pas non plus la généalogie de chaque race pure, ou plus exactement les différents termes par lesquels chaque série se relie au Bizet considéré comme le type primitif. Nous suivrons donc forcément un ordre artificiel, en nous basant sur les particularités morphologiques principales qui caractérisent chaque type. Ce système aura l'avantage de rappeler l'origine des diverses races, qui, pour la plupart, sont dues à des anomalies devenues héréditaires par une sélection longtemps continuée ; il se trouvera aussi en parfait accord avec le synopsis de Cornevin reproduit à la fin du chapitre, et qui est d'une réelle utilité pour la détermination rapide des races et des sous-races. Nous étudierons donc successivement r Les races peu différentes, par leurs caractères morphologiques, du Bizet sauvage Bi-{et de colombier et ses sous-races, Mondains 2" Les races caractérisées principalement par une particularité tirée de la forme générale du corps et de la structure du bec Romains, Messagers, Carriers, Polonais, Tiunblers ; 3" Les races caractérisées principalement par une disposition spéciale de cer- taines plumes du tronc et de la tête 15 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [151 CulbiiliTiils à épi, Craralés, Coquilles, Jacobins, Tainbuitrs; 4" Ixs races caractérisées principalement par des dispositions spéciales des plumes de la queue Sivifls, Pii^eoiis-Poules, Pii^eons de Modèiie, Pigeons-Paons ; 5° Les races caractérisées principalement par un œsophage très dilatable Boulants, Maillés de Les cinq groupes établis ci-dessus peuvent être considérés comme autant de branches émanées d'une même souche, le Bizet sauvage, et s'étant différenciées chacune dans un sens différent, tout en présentant, de-ci de-là, quelques anasto- moses entre leurs ramifications, d'où sont nées plusieurs races dont la généa- logie est impossible à débrouiller. Remarques. — Parmi les caractères morphologiques secondaires utilisés dans cette classification, il en est qu'on retrouve dans les races les plus éloignées les unes des autres et qui doivent être considérés comme des anomalies incons- tantes d'une faible valeur caractéristique. Ce sont notamment Ia\ présence de plumes aux lai-ses et aux doigts. On trouve accidentellement ce caractère, non seulement sur des races domestiques, mais aussi sur le Bizet sauvage. La frisure des plumes. Elle est due à un recroquevillement des plumes, se luaniiestant par des ornements variés cravates, coquilles, huppes. Le soyeux des plumes. C'est l'aboutissant d'une modification des plumes dont le premier terme est la frisure. Elle est caractérisée par la disparition du rachis ou sa division. i"' GRorpi;. - RACES PEr distinctes Dr bizet salvace. Ce groupe comprend, d'une part, les races qu'il est impossible de différen- cier du Bizet, autrement que par la coloration ou des particularités spéciales physiologiques, et, d'autre part, une race sans caractères bien tranchés, qui montre une tendance de retour au type primitif. LE BIZET DE COLOMBIER.— H a été décrit et étudié plus haut nous n'v reviendrons pas. On peut lui rattacher, a titre de sous-races, les variétés suivantes que nous diviserons, comme l'a très judicieusement fait Cornevin, en i" Sous-races différenciées par la coloration .Montagnarde, Lune, Satinette, Heurtée, Maillée; 2° Sous-races différenciées par des particularités physiologiques Volante a tête lisse. Tournante à tête lisse, Culbutante à tète lisse, Pigeons Rieurs. La première division comprend des Pigeons qui ne se distinguent du Bizet que par la coloration seule. La seconde comprend des Pigeons, qui, avec un plumage variable, présentent dans le vol des particularités spéciales ; ces particularités se retrouvent aussi dans d'autres races très éloignées du Bizet. jlG! LES PIGEONS. 10 Soi s-RACE MoNTAGNARDK. — Lcs Pigcons montcignards ont la tctc, le cou, la gorge noirs, rouges, chamois ou bleus, et le reste du corps blanc. Sous-KACiî LuNiî. — Elle est caractérisée par un plumage blanc satiné, lisse, avec un plastron d'un brun rouge et deux barres de même couleur sur les ailes. Les pattes sont courtes et abondamment emplumées. Sous-race Satinkttk. — Les Pigeons de cette sous-race ont, comme leur nom l'indique, un plumage d'un gris-perle satinette. Leurs pattes sont aussi forte- ment emplumées. I! en existe plusieurs variétés. Sous-RACE DES Heurtés. — Il existait des Heurtés nettement caractérisés dès 1676. Ces Pigeons sont remarquables par l'opposition tranchée qui existe entre la coloration du front et de la queue d'une part, et celle du reste du corps d'autre part. Les uns ont le front et la queue noirs, bruns, bleus ou jaunes avec le corps blanc; d'autres ont au contraire le front et la queue blancs, et le reste du corps noir, brun, rouge, bleu, fauve ou maillé. Sous-RACE Maillée. — Ces Pigeons sont ainsi appelés à cause de leur type de coloration; les plumes des couvertures des ailes portent, à l'extrémité, une tache triangulaire de couleur variable, mais qui tranche sur le reste du plumage. Les variétés de Pigeons maillés sont nombreuses. Toutes sont très proli- tiques et d'un bon rendement pour l'élevage. Sous-RACE DES VoLANTS OU Mo\TE-AU-ciEL. — Désignés aussi sous le nom de Pigeons-Hirondelles, ces Oiseaux doivent leur nom à l'habitude qu'ils ont de s'élever dans les airs à une grande hauteur et d'y planer longtemps. A part la coloration, qui est variable et donne lieu à de nombreuses variétés, c'est le seul caractère qui les distingue des Bizets. Cette sous-race est connue depuis fort longtemps, car Belon, cité par Darwin, a vu en Paphlagonie, en i555, ce qu'il décrit comme une chose nouvelle, des Pigeons qui s'élevaient à une telle hauteur qu'on les perdait de vue, et reve- naient ensuite au colombier sans s'être séparés. Sous-KACE DES TOURNANTS OU Claqueurs. — Les Tournants se font remarquer par les allures singulières des mâles à l'époque des amours. Ils s'élèvent à quel- ques mètres au-dessus de leurs femelles, décrivent en volant cinq ou six cercles, alternativement à droite et à gauche, en faisant claquer bruyamment leurs ailes au point de détériorer l'extrémité des grandes rémiges. Sous-RACE DES CuLBUTANTS A TÈTE LISSE. — • On doune le noiB de Cuibiitanls à des Pigeons qiii présentent la singulière particularité d'exécuter, soit en volant, soit en marchant, de véritables pirouettes en arrière. Le nombre et la rapidité des culbutes sont variables selon les sujets ordinai- rement, on assiste à trois ou quatre culbutes successives, quelquefois davantage et jusqu'il quarante par minute. Il existe des Pigeons culbutants chez plusieurs races distinctes. Ceux dont il est question ici, les Culbutants à tète lisse, ont le port et les caractères morpho- logiques du Bizet. 17 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [il On peut expliquer ces culbutes soit par une propriété physiologique com- mune a diverses races, ce qui n'éclaircit en rien le problème, soit par une ano- malie encore inconnue dans la structure du S3^stème nerveux, anomalie devenue hérc'ditaire par la sélection et localisée dans le cervelet, le bulbe ou la moelle, ou peut-être même dans les canaux semi-circulaires de l'oreille interne. Dans cette h3^pothèse, il _v aurait peut-être lieu un jour de faire des Culbu- tants un groupe tératologique particulier. Sous-RACE ms Rieurs. — Aux sous-races basées sur des particularités ph_\sio- logiques, il convient d'ajouter ici les Pigeons Rieurs, qui ne diffèrent en rien du Bizet, mais qui se font remarquer par une voix très singulière, pro- fonde, mélancolique, très différente à la fois et du roucoulement normal et de celui du Pigeon-Tambour. Ils sont originaires de l'Arabie ; ils étaient déjà connus de Moore en 1733. LES PIQEONS MONDAINS. — Cette race n'a, pour ainsi dire, que des carac- tères négatifs, car on donne communément le nom de Mondains à des Pigeons qui ne se rapportent à aucune race bien définie, et qui proviennent de croise- ments divers avec retour à un type voisin du Bizet. Le tour des j-eux est toujours rouge. Le port et l'allure sont les mêmes que chez le Bizet. Cependant certains amateurs assignent aux Mondains des caractères très précis, mais de peu d'importance. On distingue les gros, les moyens et les petits Mondains'^ les premiers sont d'une taille presque égale à celle des Montauban. Les seconds forment une excel- lente race de produit, s'éloignant peu du colombier, et donnant jusqu'à six et huit couvées par année. II' GROrPE. — RACES CARACTÉRISÉES PRINCIPALEMENT PAR UNE PARTICULARITÉ TIRÉE DE LA FORME GÉNÉRALE DU CORPS ET DE LA STRUCTURE DU BEC. A ce groupe appartiennent trois types très différents en apparence les Romains ou Runls, remarquables surtout par leur taille énorme ; les Messagers et les Carriers, dont le bec fort et allongé est muni à sa base de caroncules charnues très développées, ainsi que la peau dénudée entourant l'œil ; les Barbes ou Polonais, a. bec court, muni également de morilles très développées. Mais on trouve de nombreux termes de passage des uns aux autres. LES PIQEONS ROMAINS. — Les origines de cette race sont assez obscures. Il existait en Italie, au temps de Pline, des Pigeons remarquables par leur forte taille, et dont les représentants actuels sont les gros Pigeons de Campanie. On admet généralement qu'ils sont les ancêtres des Pigeons romains, mais il faut alors avouer, dans cette hypothèse, que l'élevage les a profondément modifiés. D'après P. Breschet, la race actuelle et ses variétés ont été créées à Paris, et cet auteur trouverait plus rationnelle l'appellation de Pigeons parisiens que celle de Pisreons romains. 18 1 LES PIGEONS. . 18 Les caractères généraux de cette race sont les suivants taille supérieure a celle de tous les autres Pigeons et voisine de o'°,5o; corps lourd, massif, porté horizontalement; tète large et forte; bec gros, légèrement arqué; iris perlé; filet rouge autour des3'eux; morilles blanches, unies ; ailes à longues rémiges et portées bas; queue longue. Les Pigeons romains volent lourdement et gauchement, malgré leur grande envergure qui peut dépasser un mètre. Ils sont recherchés pour leur poids élevé qui permet d'obtenir rapidement de gros Pigeonneaux; mais leur élevage est rempli de dilHcultés. Peu prolifiques, ils ajoutent a cet inconvénient celui de casser parfois leurs eufs, par suite de leur lourdeur et de leur gaucherie; ils ne sont pas non plus assez vifs pour se soustraire aux attaques des Oiseaux de proie, des Chats et des petits Carnassiers. Il en existe plusieurs variétés qui sont les Bleus, les Fauves, les Chamois, les Rouges, les Noirs, les Gris-piqués et les Minimes, dont la description nous entraînerait trop loin. L'origine de ces variétés mérite cependant d'être contée, car elle montre comment les éleveurs savent perfectionner une race dans un but déterminé, a l'aide de croisements bien combinés. J'emprunte les lignes qui suivent à un article de M. P. Breschet, lu au Congrès ornithologique de njoo Avant 1840, d'après les anciens auteurs que j'ai connus, nous possédions, de date immémoriale, les Romains bleus et les Romains fauves, les deux seules variétés existant jusque-la. Les cinq autres ont été constituées de 1840 à iH??, a Paris tout spécialement. Comme ceux d'aujourd'hui, les amateurs de l'époque se réunissaient au marché aux Oiseaux. Je regrette de ne pas connaître, pour leur rendre hommage, les noms de ceux qui, les premiers, eurent l'heureuse idée d'enrichir notre pays des cinq variétés nouvelles, ^'oici du moins ce qui m'a été dit et ce que j'ai vu Vers 1840, Paris possédait une belle collection de Bagadais de forte taille; il y avait les blancs, les bleus et les noirs unicolores, les chamois, les noirs et les rouges papillotes de blanc dans ces trois dernières variétés, le chamois, le noir et le rouge dominaient comme fond. On avait aussi le Cavalier blanc, d'une bonne taille également, un peu haut de jambes, avec une belle tète, le bec blanc et fort, le tour des yeux rouge, l'iris couleur de vesce grise, le corps tenu horizontalement et se rapprochant comme ensemble du Romain. Puis un autre Pigeon, gros et trapu, venant de Bordeaux, appelé Pigeon liirc, aux couleurs mal définies, principalement noires ou bleues, avec une tète forte, la morille très développée, le tour de rxil inùvi} couleur du fruit appelé mure l'iris tantôt perlé, d'autres fois jaune. » C'est avec ces trois sortes de Pigeons que l'on est parvenu à créer les Ro- mains chamois, les rouges, les noirs, les gris-piqués et les minimes. On a marié des Romains bleus, les uns avec les Bagadais noirs, les autres avec le Turc, pour obtenir les Romains noirs les Romains fauves l'ont été d'un côté avec les Bagadais chamois et rouges, pour avoir les Romains de ces couleurs, et d'un autre côté avec le Cavalier blanc puis les produits de lu LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [19] ce dernier mariage ont été alliés aux Bagadais noirs, ce qui a donné le iris- piqué. M Dans les premiers rapprochements de ces quatre races, on obtint des résul- tats surprenants comme force et rusticité; ce qui, du reste, arrive presque tou- jours dans les croisements. Comme il est souvent difficile de former des séries nombreuses de diverses races, les premiers éleveurs s'étaient distribué la besogne et s'étaient, suivant leurs moyens, réservé des parts plus ou moins fortes. Ils avaient soin, d'ailleurs, de conserver des exemplaires purs des types qui servaient à leurs croisements. On comparait les produits, et chaque dimanche, au marché aux Oiseaux, on consta- tait les progrès, on notait les insuccès. Les premiers pas n'étaient pas les plus ditliciles on avait obtenu de fortes et grossières charpentes; il s'agissait main- tenant, pour ainsi dire, de les raboter, de les polir pour les mettre en harmonie avec les types primitifs des Romains. Chez les produits de l'alliance avec le Bagadais, il fallait diminuer la lon- gueur et la courbure du bec et de la tête, rétrécir le rebord qui entoure les yeux, grossir le cou en le raccourcissant un peu et en lui ôtant de son aspect cou de cygne, abaisser la taille, rendre le corps plus horizontal, allonger le col, redresser les talons, rendre le plumage plus abondant, moins collant, élargir les rémiges et les rectrices. ' Chez les produits demi-sang de Turc, il fallait modifier beaucoup la tête, allonger le bec, diminuer les oreilles trop développées en forme de bourrelet, rougir le tour de l'œil que ce Pigeon porte muré, faire disparaître l'œil de coq dont il est assez souvent doté ; enfin allonger le vol. Le Cavalier laissait en héritage aux Gris-piqués l'œil de vesce, assez dillicile à reietcr. En harmonisant les formes, en donnant la couleur aux yeux, il fallait encore embellir les nuances et supprimer les plumes disparates. » C'est ainsi, par une sélection rigoureuse et longtemps poursuivie, que l'on est arrivé à créer les races et sous-races de Pigeons romains avec tous les caractères qu'en exigent les grands connaisseurs. Sous-RACE Dii MoNTAUBAN. — On considère généralement les Pigeons Mon- tauban comme une sous-race des Romains, et issus du croisement de ces der- niers avec les Nonnains. — Leur taille atteint presque celle des Romains ; mais leur bec est plus mince, leur corps plus incliné, leurs ailes et leur queue plus développées. — Ils ont l'avantage d'être assez prolifiques. LES PIGEONS MESSAGERS. — Le terme de Pigeons iJU'SSciiieis s'applique à une race ayant des caractères bien définis, et aussi aux nombreuses variétés de Pigeons dits l'oyagetiis qui sont souvent très différents des vrais Messagers. Cette confusion vient de ce que les premiers Pigeons employés pour trans- mettre des correspondances appartenaient à la race des Messagers de Perse. De plus, nos l'oyageurs actuels possèdent assez bien de sang de la race dite Messagers. L'un d'eux, le Pigeon l'oyageiir de Bej-rout/i, appartient probablement à la 120] LES PIGEONS. 20 race connue depuis la plus haute antiquité sous le nom de Messager de Jias- surah. Il établit une transition très marquée entre le Bizet primitif et les autres Messagers, ceux-ci se reliant insensiblement aux Carriers. Cornevin donne de la race du Messager la diagnose suivante Bec de longueur variable, dont la mandibule supérieure supporte des caroncules quelquefois lisses, quelquefois chagrinées, toujours bien séparées sur la ligne médiane; œil cerclé d'un ruban blanc, d'épaisseur diverse. Ailes longues, s'étendant jusqu'aux trois quarts de la queue. Faculté de revenir au colombier après avoir été transporté à de grandes distances. Tête ronde, grosse, large entre les deux yeux qui ont quelque chose de hardi; cou bref et relativement gros. Corps ramassé; membres courts. Plumage épais, serré et de colorations multiples, encore que le bleu, le noir, le rouge et le chocolat soient les dominantes. » On distingue trois sous-races de Messagers i" les Messagers à bec ordinaire ou Aweisois; 2° les Messagers à bec court ou Liégeois; 3" les Messagers à fanon ou de Be-roiilli. — De ces sous-races est né le Pigeon voyageur actuel dont il sera question plus loin. LES PIGEONS CARRIERS. — De formes élancées, élégantes, les Carriers attirent de suite l'attention par la longueur de leur bec et le développement réelleinent monstrueux des caroncules nasales ou moi-illes ainsi que de la mem- brane chagrinée qui entoure les yeux. Le bec a o"', 04 de longueur; les caroncules charnues qui en enveloppent la base forment une sorte de chou-fleur de o"',io de circonférence ; l'œil est entouré d'un ruban de peau chagrinée, verruqueuse, d'environ o"',o3 de diamètre. Tel est le résultat d'une sélection patiente et longue, qui a transformé peu à peu ces Oiseaux élégants en véritables curiosités foraines ! Les Pigeons carriers sont maintenus en captivité dans les volières d'amateurs, malgré leur caractère sauvage et peu sociable peu prolifiques, ils ne sont consi- dérés que comme une race d'agrément. Le Pigeon cavalier provient sans doute du croisement entre un Carrier et un Pigeon grosse-gorge. Sous-RACE DU BA;.\r>Ais. — Les Bagadais ne di lièrent des Carriers que par un développement moindre des caroncules nasales, un bec légèrement arqué, des formes moins élégantes. lien existe des variétés de diverses couleurs. Du croisement entre le Bagadais et le Romain est né le Pigeon turc. DU Dragon. — Celte sous-race parait résulter de croisements effec- tués entre des Pigeons volants et des Carriers. LES PIGEONS VOYAGEURS. — Historique. — On a vu plus haut que des Pigeons de différentes races, particulièrement ceux du groupe des Messagers, se faisaient remarquer par la facilité avec laquelle ils revenaient au colombier, après en avoir été transportés à une grande distance. Cette particularité lut utilisée dès l'antiquité. La Perse parait avoir été le berceau des premières races élevées en vue du transport des dépêches. ^'1 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. 21j On trouve aussi des preuves de l'existence des Pigeons voyageurs en Kgypte et en Grèce; les noms des vainqueurs aux jeux olympiques étaient cxpc'dics dans toutes les directions à l'aide de Pigeons. Les Romains employèrent plus tard couramment ce moyen de communica- tion, notamment au siège de Modène 43 avant Au temps des Croisades, les Pigeons voyageurs jouèrent aussi un grand rôle. Nous les retrouvons ensuite, à une époque plus rapprochée de nous, lors des investissements des villes de Leyde et de Harlem en Hollande, de 1572 à 1374. Mais les races employées à cette époque étaient certainement très différentes de la nôtre. Il faut arriver au xix' siècle pour constater un effort sérieux de la part des éleveurs, en vue de perfectionner l'instinct particulier du Pigeon messager. C'est à la Belgique qu'appartient l'honneur d'avoir tenté les premiers essais. En 181 5, Rothschild de Londres apprit le premier, grâce à la poste par Pi- geons, le désastre de Waterloo et en profita pour faire une heureuse spéculation. Enfin, en 1870, ces Oiseaux ont laissé dans l'histoire de France un souvenir inoubliable, lors du siège de Paris. Investie de tous côtés, la capitale n'eut pendant longtemps aucun autre moyen de communication avec la province. Des ballons emportaient les Pigeons parisiens hors de la ville, et les fidèles messagers revenaient au colombier porteurs d'importantes dépêches. Origine des races actuelles. — Les premiers Pigeons employés au trans- port de messages appartenaient a des races très variées. C'est par une sélection et des croisements longuement étudiés que les colombophiles sont arrivés à créer la race actuelle, en essa^'ant de fixer sur un même tj'pe les qualités essen- tielles suivantes, développées au plus haut degré la faculté de retour au. colom- bier, la rapidité du vol, l'endurance à la fatigue, et sans tenir compte du plu- mage ou d'autres particularités secondaires *. Le D' Deneuve a esquissé, dans un rapport au Congrès ornithologique de 1900, l'origine probable du Pigeon voyageur actuel, ainsi que le type vers lequel tendent tous les efforts des éleveurs. Les premières expériences, dit cet auteur, avaient mis en concurrence des Cravatés, des Volants, des lainits, des Becs anglais, des Petits Boulants, etc. A notre avis, les principaux éléments dont on a tiré le Pigeon messager contemporain ont été puisés dans ces variétés, auxquelles il est bon d'ajouter le .S';c';7t', le Cumulet, le Bi^et enfin. Le volatile que Buffon assimilait au Turc est certainement le même que notre confrère Chapuis désignait sous le vocable de Camus. Cet Oiseau a beau- coup d'attachement à son colombier; mais son vol est lourd et épais. Le Volant, au contraire, a tous les défauts opposés ; les produits de ces races nous fourni- raient un voyageur passable, sur les descendants duquel nous trouverions les morilles du Camus et les yeux blancs du planeur de l'azur. Les principaux centres colombophiles étaient en Belgique, dès les débuts Liège, Verviers, Gand, Anvers et Bruxelles. Chaque grenier avait un élevage particulier, d'où naquirent certaines races très remarquables. ri PI. XWIII. — Piijeons domestiques vuli;nires, du j,'roupe des pigeons dits ruyngcurs Photoj^rapliie W. y\. Spooiier et C". [22] LES PIGEONS. 22 LWiii'L'rsois était liaut sur pattes, avec un bec long et une envergure remar- quable. Son voisin, le Liégeois, était détaille plutôt petite, IVeil très peu entouré de chair, parfois jaboté, bas sur pattes. K1NC1PALEME.\T PAR LNE DISPOSITION SPÉCIALE DES PIA MES DE LA QIEIE. Ce groupe, assez hétérogène, renferme des Pigeons dont le caractère domi- nant réside dans une disposition particulière des plumes de la queue. Mais, en même temps que cette particularité, les éleveurs ont cherché à en développer d'autres pour mieux faire ressortir les contrastes. Il serait difticile, aujour- d'hui, à un observateur non prévenu, de reconnaître, parmi ces formes anor- males et de pure fantaisie, la moindre parenté avec le Bizet primitif. On répartit les Oiseaux de ce groupe en trois sections la première formée de^ \ii LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [33] races chez lesquelles la queue a pris un développement considérable en lon- gueur tels sont les Pigeons swifts; La seconde renfermant les races à queue courte les Pigeons-Poules, les Pigeons de iModène; La troisième renfermant des races dont la queue est plus ou moins épanouie en éventail les Pigeons-Paons. LES PIGEONS SWIFTS OU RAPIDES. — Us sont caractérisés par une oppo- sition très accusée entre la grande longueur des ailes et de la queue, et la brièveté des autres parties du corps. Leur bec, court, est orné de morilles assez bien développées; leurs tarses sont courts et nus. Il résulte des caractères précédents que ces Pigeons ont un corps élancé; aussi les avait-on appelés Pigeons-Hirondelles, nom d'autant plus mal choisi que les Swifts, malgré leur grande envergure, ont un vol très lent. Il conviendrait mieux de les appeler, à l'exemple de certains auteurs, Pigeons du Caire, parce qu'ils nous sont fréquemment envo\'és de l'Kgypte, bien que leur véritable patrie d'origine soit l'Inde. LES PIGEONS-POULES. — Ces Pigeons ont perdu, par la sélection et des croisements multiples, toute ressemblance extérieure avec la race primitive. Ils ont des formes trapues, ramassées. Leur cou est fortement arqué et rejeté en arrière; leur bec moj'en, recouvert de morilles blanches leurs tarses courts et nus; leurs ailes et leur queue courtes; l'Oiseau peut relever celle-ci vertica- lement, comme le font certains Passereaux. Il faut joindre à ces caractères une particularité curieuse qui rapproche les Pigeons-Poules des Pigeons-Paons c'est le tremblement convulsif du cou, observable seulement chez quelques variétés. Par suite de cette particularité, l'Oiseau prend une position très recherchée des amateurs il rejette le cou en arrière et se rengorge » en redressant la queue. Il existe plusieurs sous-races de Pigeons-Poules. L'une d'elles, le Pigeon- Poule romain, dont la taille est énorme, provient sans doute d'un croisement du Pigeon romain avec le Pigeon-Poule ordinaire. LES PIGEONS DE MODÈNE. — Ces Pigeons ressemblent beaucoup aux Pigeons-Poules, mais leur cou n'est pas animé de mouvements convulsifs; leur queue est plus courte, à peine relevée ; un filet rouge entoure l'œil. Ils sont originaires de l'Italie, où on les apprécie en raison de leur grande . fécondité. On en distingue deux sous-raccs ; les Ja^^i et les Scliielli. Les Gazzi ont la tête, les ailes et la queue diversement colorées, et le reste du corps blanc. Les Schietti ont un plumage dans lequel entrent toutes les combinaisons possibles de nuances. LES PIGEONS-PAONS. — Ils attirent l'attention par leurs formes singulières et l'étalement en éventail des plumes de la queue. LES PIGEONS. .ii Leur taille est au-dessous de la mo\ennc; leur tète petite, avec un bec grêle et court, l'œil sans filet; leur cou grêle, fortement arqué, de façon à amener la tète au contact de l'éventail de la queue; leur poitrine proéminente leurs ailes longues, traînantes, leurs tarses courts. Le nombre des plumes de la queue est variable, on peut en compter jusqu'à quarante-deux, mais les amateurs attachent moins d'importance au nombre des plumes qu'à la manière plus ou moins parfaite dont sont disposées en éventail. Ces curieux Pigeons sont d'un caractère très familier; ils sont assez féconds et très attachés à leur colombier. D'ailleurs, leur vol est très laborieux. Ils existaient dans l'Inde avant l'an iGoo et ne sont apparus en Europe qu'un peu plus tard. En 1677, Willughby en décrit un dont la queue portait vingt-six rectrices; en 1735, Moore en décrit un autre qui en avait trente-six; et en 1824 Boitard et Corbié constatent déà qu'on pouvait en trouver qui en avaient jusqu'à quarante-deux. Parmi les multiples sous-races de Pigeons-Paons aujourd'hui répandues dans les régions du globe, il en est une qui se rapproche assez bien du type ancien, c'est le Pigeon-Paon de Java. Quant aux variétés basées sur la coloration du plumage, la liste en est consi- dérable et n'a que peu d'intérêt. V' CROUPE. — RACES CARACTERISEES PAR INE PARTICll-ARITE DE STRICTURE DE L'ŒSOPHAGE QLl LE REND CONSIDÉRABLEMENT DILAIABLE. LES PIGEONS BOULANTS. — La race du Pigeon boulant ou Grosse-gorge est la plus distincte de toutes les races domestiques. Elle est décrite comme il suit, par Cornevin oesophage très grand, très dila- table, que l'Oiseau gontle quand il boule. Corps et membres allongés générale- ment des vertèbres surnuméraires; port redressé. Bec plutôt long que de dimen- sions moyennes; œil sans filet, avec iris généralement rouge; cou long, dos étroit et un peu ensellé, poitrine étroite; ailes longues, relevées, plaquées, et dont les pointes ne se croisent pas; queue étroite arrivant à peu près à ras de terre; jambes très longues; tarses également allongés, emplumés ou nus, ainsi que les doigts suivant les groupes. Ces Oiseaux ont un aspect très curieux les mâles surtout, car ils peuvent se gonfler plus que les femelles, et leur tète disparaît entièrement derrière la boule énorme que forme leur œsophage distendu. On peut artitîciellement les gonfler, lorsque, selon l'expression des amateurs, ils ne veulent ^ jouer, en leur soufflant dans le bec avec un tube. Ils prennent alors un aspect assez comique, et se pavanent fièrement, le corps redressé, en cherchant à rester gonflés le plus longtemps possible. Bien que cette race fût connue en l'an lùoo, et que, depuis cette époque, les éleveurs n'aient pu qu'exagérer les particularités qui la caractérisent, on retrouve assez facilement, avec un peu d'attention, la voie par laquelle elle est dérivée du Bizet. La propriété que possèdent les Boulants de pouvoir gonfler leur œsophage M5 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [35] n"est que l'exagc'ration de la propriété qu'ont tous les Pigeons de se rengorger; elle a été bien étudiée par Lesbre et Cornevin, à qui nous empruntons les lignes suivantes Ll- et le Pi;^eon Boulant anglais. » L'animal fait grosse gorge à volonté, par un mécanisme produisant une déglutition d'air, comme dans le tic du Cheval; aussi est-ce avec raison qu'on qualifie parfois les Pigeons boulants de liqueurs. Toutefois, l'air avalé par le Cheval tiqueur arrive d'ordinaire dans l'estomac et l'intestin, tandis que chez le Pigeon cet air ne dépasse pas le jabot, l'orifice de communication avec le proventricule étant tenu exactement fermé. Il est probable que les plis mu- »!! LES PIGEONS. H queux rayonnant autour de cet orifice contribuent à son exacte fermeture. La plupart des auteurs d'ouvrages d'aviculture, ou même d'iiistoirc naturelle, font jouer au jabot le principal rôle dans la formation de la boule; c'est tout à fait à tort, ainsi que Lesbre et moi nous en sommes assurés par la dissection ; c'est à l'œsophage que revient la part de beaucoup la plus grande. » Une insufflation comparative de l'œsophage et du jabot chez le liizet et le Boulant fait prendre à l'œsophage du premier la forme d'un fuseau, et à son jabot celle d'une poche transversale dilatée. Celui du second frappe par sa dis- position en sac ellipsoïdal très développé; son jabot n'est guère plus dilaté que celui du Bizet. Voici quelques chiffres comparatifs, qui démontrent de la façon la plus certaine que c'est l'œsophage qui s'est modifié chez le Pigeon boulant, que c'est lui qui se dilate tout particulièrement quand l'Oiseau boule. Le rôle du jabot dans cet acte est, sinon nul, du moins très effacé relativement à celui de l'œsophage. Hi/.-l. lïoiilanl. Largeur transversale maxima de rœsophagc o"',o3 — — du jabot o"',077 ©".oSS » Nous avons constaté, en employant la méthode du déplacement d'eau, que la capacité de l'œsophage et du jabot du Bizet était de 114 centimètres cubes, tandis que celle du Boulant était de 597 centimètres cubes, soit plus de cinq fois plus considérable. L'étude histologique comparative de l'œsophage et du jabot dans le Bizet et dans le Boulant n'a révélé aucune diâérence essentielle seulement la paroi de ces organes est. à égalité de tension, plus mince chez celui-ci que chez celui-là; il est clair qu'elle doit s'amincir en proportion de la dilatation éprouvée, ainsi qu'un ballon de caoutchouc qu'on insuffle. ... Le Pigeon commence à se rengorger vers l'âge de trois mois, mais ce n'est que quand il est apte à la reproduction qu'il peut dilater complètement son œsophage. La présence de la boule force l'animal à porter la tête en arrière, à se tenir droit, campé sur ses pattes dans une attitude spéciale. Il n'est pas très solide, car un coup de vent le renverse; son vol est laborieux. Malgré tout cela, il est très recherché des amateurs qui le prisent d'autant plus qu'il boule davantage. Et, comme tout est solidaire dans l'organisme, cette exagération entraîne celle de l'allongement du corps et de l'attitude redressée, de sorte qu'on a pu dire avec raison que ce sont les organiques du Boulant qui en font la valeur. » Les descriptions de Boulants faites par les auteurs anciens confirment d'une façon éclatante cette dernière proposition, basée sur des considérations mor- phogéniques. Le Pigeon boulant n'a pas toujours été, comme nous l'apprend Paul Vac- quez, le long pigeon, a. la tête longue, au cou long, aux ailes étroites et longues. FI. WIX. — Pigeons domestiques vulgaires iPhotograpliie W. M. Spooner et C» texte page 38. LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [37] il queue longue attachée à un long corps, placé sur de hautes et longues jambes, que les spécialistes exposent dans les expositions d'aviculture sous le nom de Boulant français, anglais, allemand ou gantois; mais il fut pendant plus de deux siècles un Pigeon de taille mo^'enne ayant les formes ordinaires, quoique plus élancées, d'un Pigeon commun, un peu plus haut sur pattes, et possédant l'étrange faculté de développer, de gonfler démesurément son oesophage. Ce n'est qu'à partir de i8-25 que le Boulant primitif prit, peu à peu, sous l'influence d'un élevage et d'une sélection appropriés, les caractères qu'on lui connaît aujourd'hui, en se partageant d'autre part en plusieurs sous-races peu distinctes l'une de l'autre, et qui sont les suivantes Les Pigeons boulants français ou d'Amiens. — Cette sous-race détient le record de la taille. M. R. Fontaine de Lille en a obtenu un spécimen qui attei- gnait o"',5o de longueur, les pattes avaient o'",2o. Les Boulants français ont un bec grêle, assez long, un corps long, une poitrine étroite, des jambes très allon- gées; leur jabot renflé a une forme hémisphérique; ils portent les ailes croisées en forme d'X sur la queue; leurs pattes sont nues. — Les variétés de plumage sont nombreuses. Les Pigeons boulants lillois. — De plus petite taille que les précédents ; leurs formes sont sveltes et élégantes, leur gorge est ovoïde et non sphérique; leurs tarses sont également nus, mais le doigt médian seul est garni de petites plumes. Ils présentent aussi de nombreuses variétés de coloration. Les Pigeons boulants anglais ou Powters. — Leur taille est à peu près celle des Boulants français; ils s'en distinguent surtout par leurs ailes qui reposent sur la queue sans se croiser, et par leurs pattes très emplumées. Les Pigeons boulants de Poméranie. — Assez voisins des Powters, ils s'en distinguent par leurs ailes croisées à l'extrémité, leurs pattes courtes, très emplumées, la forme de leur gorge. Les Pigeons boulants allemands. — Ils sont d'une taille moyenne; leur gorge est ovoïde, leurs pattes emplumées. Leur plumage est uniformément jaune, brun ou gris perlé avec barres alaires blanches. Les Pigeons boulants hollandais ou néerlandais. — Ils sont de petite taille; leurs pattes sont courtes; leurs formes ramassées. L'une des variétés les plus estimées est le Boulant gantois dominicain. Les Pigeons boulants Brunner. — De petite taille, de formes sveltes, et offrant un plumage varié, ils nous conduisent aux formes naines suivantes. Les Pigeons boulants Pigmy [Powter Pigmy. — C'est la forme naine du Bou- lant anglais. Les Pigeons boulants d'Amsterdam. — Cette sous-race naine se fait remar- quer par ses formes trapues, ses jambes courtes, ses tarses nus, et la dilatation considérable de l'œsophage plus prononcée que chez aucun autre Boulant. Toutes ces sous-races et variétés de Boulants dérivent d'une souche com- mune, le Boulant grosse-gorge des anciens. Celle-ci s'est divisée en trois bran- ches principales les Boulants anglais, les Boulants français et les Boulants de W] LES PIGEONS. î8 Poniéranie, d'où sont nées toutes les sous-races et variétés connues, à la suite des croisements et de la sélection artificielle. Les Pigeons boulants, malgré la grande taille qu'ils peuvent acquérir quel- ques-uns pèsent jusqu'à ioo grammes, ne sont guère considérés que comme une race de fantaisie. Leur élevage présente d'ailleurs beaucoup de dilliculiés; ils sont peu produc- tifs, et demandent à être tenus dans un état de très grande propreté. Par suite de la conformation spéciale de leur gorge, ils ne peuvent nourrir leurs petits ; la cause en est, non pas dans un défaut de sécrétion de leur jabot, comme on le croyait autrefois, mais bien dans la difiiculté qu'ils éprouvent dans l'acte de la régurgitation. Cette difficulté de la régurgitation s'explique par la distension de la tunique musculaire de l'œsophage. Les Pigeons maillés de Caix. — Aux Pigeons boulants se rattache la race des Pigeons maillés, appelés aussi Mondains de Caux. Ces Pigeons ont les formes générales des Mondains; leur plumage est maillé et de diverses façons leur œsophage est très dilatable, mais à un degré moindre que celui des Bou- lants. Ils paraissent dériver d'un croisement entre une espèce très ancienne de Grosse-Gorge, le Grosse-gorge ardoisé à vol blanc, et le Mondain. On en connaît plusieurs variétés désignées sous les noms de Maillés feu. Maillés noyer, Maillés jacinthe. Ces désignations se rapportent à la teinte du plastron et des côtés du cou, le fond du plumage étant gris bleuté. Les Maillés de Caux sont des Pigeons d'une taille assez volumineuse, presque égale à celle des Montauban ils sont très prolifiques et, pour ces deux raisons, sont très estimés des éleveurs. LES PKiEONS VILGAIRES C . En dehors des races précédentes qui sont déterminées chacune par un ensemble de caractères relativement lixes, il existe des Pigeons ne pouvant se rattacher à aucune race déterminée. Ce sont les Pigeons de ferme ou races comestibles, élevés sans grand souci de leur généalogie, le but principal des éleveurs étant d'obtenir le plus grand nombre de gros Pigeonneaux. On a vu quelles étaient, parmi les races pures, celles qui donnaient à ce point de vue les meilleurs résultats; les unes, de grande taille et assez prolifiques, s'éloignant peu du colombier, conviennent la plupart du temps à toutes les exploitations agricoles ; les autres, telles que les Pigeons voyageurs non sélectes, ni entraînés en vue du transport des dépêches, d'une taille moyenne, susceptibles d'aller chercher au loin leur nourriture à travers la campagne, sur les places des villes, dans les rues, et de retrouver facilement leur gite, conviennent mieux dans certains cas particuliers. f PL XXIX. — Pigeons domestiques vulgaires plaiiclie page 3. SYNOPSIS DES DE PIGEONS iD'appks Cownemn, légèrement modilié;. Section I. — Races à œsophage non modifié. Sous-section I. — Races à queue de dcpeloppemeiit moyen et portée /lori^ontalcinent. Pas de filet oculaire, l'or- mat moyen Bizet Sous-races Montagnard, Lune, Sali- , nette, Heurté, Maillé, Volant à tête lisse, Tournant à tète lisse. Culbutant à tête' l''' lisse. 1 Groupe. J Format variable, \ p [ caractères peu distinctifs .... Mondain Sous-races Gros, Moyen, Petit. I ''' Catégorie. Bec de dimensions moyennes. D 1^ Bec dedimensions variables. Dispositions spéciales de certaines plumes du tronc et de la tête. lll' Le plus grand format de l'es- \ g \, pèce Romain Sous-race Montauban. j y Catégorie. Bec variable Messager Sous-races Anversois, Liégeois,/ Bec surmonté \ Beyrouth, Pigeon voyageur, type actuel. ^ II'- de caroncules i Bec long Carrier Sous-races Bagadais, Dragon'. i Groupe. tr. développées. Bec court Polonais ou Barbe. V 3'" Catégorie. — Brièveté du bec et de la face, portée au maximum Tumbler. / Une cravate Cravaté Sous-race à tarses nus Tunisienne, Chinoise, Anglaise, Française, Domino, ' Heurtée. Sous-races à tarses emplumés Brunette, Satinette, Bluette, Silverette, Blondinette Turbitéenne, Vizor. Sous-race naine Damascène. Un capuchon Jacobin ou Nonnain. Une coquille Coquille i" Sous-races à tarses nus Hollan' daise. Barbue, Brésilienne, Nonnain cape. ,^ ^.,„„ „ c- • . 1 • /- , Groupe. 2» Sous-races a tarses emplumés Carme, Russe, Sapajou, ttourneau co- quille. Moine à bavette. L'n épi Spicifer Sous-races Ringslager, Bouvreuil, Lahore, Mookee, Lowtan. Un toupet Tambour i Sous-races Tambour de Boii- kharie, T. de Dresde, T. d'.Mtenbourg. Une crinière Nègre. Frisure des plumes .... Milanais frisé. Sous-section II. — Races à queue de longueur au-dessus de la moyenne. Bec, tête et pattes courts; ailes et corps \ allongés Swifts. SoijS-section III. — Races à queue brùre, relevée, non étalée. Pas de filet oculaire ; cou agité de mouve- ments convulsifs Pigeon-Poule. Un lilet oculaire; pas de mouvements convulsifs Pigeon de Modène Sous-races Sous-SECTioN IV. — Races à queue très fournie, se relevant et s'étatant. Corps arrondi ; taille au-dessous de la moyenne Pigeon-Paon Sous-races à tarses nus Écos- saise, .\nglaise,.'Mlemande, Inverse, Guva- naise. Sous-races à tarses emplumés Indienne, Indienne huppée des Philippines. Section II. — Races à œsophage modifié. Port droit; jambes longues Boulant ou Grosse-Gorge Sous-races Écos- saise, Néerlandaise, Lilloise, .Mlemande, / V Hongroise. ^ Groupe. Sous-race naine .\msterdam. Port droit. Plumage maillé Maillés de Caux. /Groupe. \' 40] LES PIGEONS. 40 VIE .\v Les Pigeons domestiques, quelle que soit la race à laquelle ils appartiennent, ont une existence bien différente de leur ancêtre primitif, le Bizet sauvage. Les uns, élevés pour le seul agrément des amateurs, sont tenus dans une complète captivité; les autres, élevés en vue de la production de la chair, sont uénéralement laissés en demi-liberté. Les premiers réclament des soins spéciaux; la liberté leur serait funeste, car ils seraient incapables de trouver par eux-mêmes leur nourriture; de plus ils pourraient se croiser avec des races communes; ils doivent être maintenus dans des volières spacieuses, convenablement aménagées. Dans chaque volière, on dispose une ou plusieurs cages analogues à celles qui seront décrites plus loin, et qui leur serviront à nicher; on y place égale- ment des perchoirs, des mangeoires, et de l'eau où ils puissent se baigner. Le sol est recouvert d'une couche de sable fm dans lequel ces Oiseaux aiment à se rouler, à la façon des Gallinacés. Les parois de la volière, les cages, les per- choirs sont passés à la chaux. La propreté la plus scrupuleuse est de rigueur, car sans cette précaution les parasites ne tarderaient pas à envahir le colom- bier. Il n'est pas sans importance non plus de protéger la volière contre les incursions des Rats, des Souris et des Chats, autant que contre les intempéries des saisons. Pour les races vulgaires, et laissées en demi-liberté, le pigeonnier le plus pratique consiste, pour chaque couple, en une caisse en planches bien assem- blées, dont la paroi supérieure inclinée forme toit, et dont la paroi antérieure est munie de deux portes à coulisseaux. Devant chaque ouverture se trouve une planchette horizontale sur laquelle l'Oiseau peut se poser avant d'entrer dans la cage. Ces pigeonniers sont adossés à un mur élevé, orienté vers le sud-est; ils doivent être distants l'un de l'autre de 4 a 3 mètres, et placés à 3 mètres au moins du sol. L'installation d'un colombier pour Pigeons voyageurs est un peu différente. Ici un même local est commun à plusieurs couples, qui doivent pouvoir nicher sans se gêner les uns les autres. Une mansarde élevée convient parfaitement. L'éleveur peut y entrer à volonté pour soigner ses pensionnaires, ou constater leur rentrée au gîte. Dans ce dernier but, on a inventé de nombreux systèmes de trappes ou cli- quettes, qui fonctionnent automatiquement. Le Pigeon traverse d'abord une rangée de cliquettes qui s'écartent devant lui quand il entre, et qui se refer- ment aussitôt, l'emprisonnant en quelque sorte dans l'antichambre de sa demeure; en même temps, un signal avertisseur prévient le colombophile qui vient constater la rentrée de son élève et lui donner les soins dont il peut avoir besoin. L'alimentation des Pigeons voyageurs est des plus simple la petite féverole, la vesce, le blé en forment la base. Accessoirement, on y joint un peu de maïs, .'il LES ECTOPISTES. [41J du chcncvis, du millet, et a l'époque de la mue, ou lorsqu'ils rentrent de vo3'age, un peu de graine de lin et de verdure. Âlalgré tous les soins dont on peut les entourer, les Pigeons sont sujets ù dill'érentes affections la diphtérie, les attaques épileptiformes, l'arthrite de l'aile, la conjonctivite, la morve, la gale, les vers intestinaux, la vermine. Bien que toutes ces maladies soient connues des éleveurs, et forment un chapitre important de la zootechnie, il est préférable de les éviter par des mesures prophylactiques; une extrême propreté du colombier et une alimentation choisie sont des précautions d'une grande importance. LES ECTOPISTES Caractères. — Les Ectopistes sont caractérisés par un bec médiocre, à bords mandibulaires légèrement flexueux; des narines linéaires percées dans une membrane renflée; des ailes longues, pointues, subaiguës; une queue longue, flabelliforme, à pennes très étagées; des tarses courts, robustes, un peu emplumés au-dessous de l'articulation ; l'ongle du doigt médian large et médiocrement recourbé. L'ECTOPISTE MIGRATEUR [t'clopisles migraloriiis. — Camcthrc^. — La taille de cet Oiseau est d'environ o",4o. Son plumage est en dessus d'un bleu ardoisé, avec des reflets bleus et violets à la base du cou; en dessous d'un roux vineux, avec la région anale et les sous-caudales blanches; les grandes rémiges sont noirâtres, bordées de blanchâtre; les scapulaires, semblables au dos, portent des petites taches irrégulières noires brillantes; les rectrices médianes sont d'un noir ardoisé, les latérales cendrées, passant au blanc vers la pointe et marquées chacune d'une grande tache noire sur les barbes internes; le bec est noir, l'iris orangé, avec les paupières nues et rouges; les pieds rouges. La femelle est d'une taille un peu inférieure à celle du mâle; son plumage est plus terne, le dos tire sur le cendré. Habitat. — L'Ectopiste migrateur se rencontre dans tous les Etats de l'Amé- rique du Nord. Il s'égare accidentellement en Europe, notamment en Angle- . terre, en Norvège, en Russie. On le désigne fréquemment sous les noms de Tourlcrellc du Canada, Ptij^con de passaf^e, Pigeon voyageur. Pigeon sauvage d'Amérique. Mœurs. — C'est le plus sociable de tous les Pigeons; il vivait autrefois en bandes innombrables de plusieurs millions d'individus. Les récits que nous ont rapportés Audubon et Wilson, à ce sujet, sont réellement fabuleux. A certaines époques de l'année, les Ectopistes émigrent, non pour changer de climat, mais pour se diriger vers les régions qui leur offrent le plus de nourriture. Jadis, pendant plusieurs jours, on assistait au délilé de leurs bandes immenses, longues de plus de deux milles, larges d'un quart de mille. Le ciel en était obscurci et le bruit qu'elles produisaient en volant rappelait le grondement lointain du tonnerre. [\2] LES PIGEONS. 42 Audubon a compté le passage successif de cent soixante-trois bandes sem- blables en l'espacô de vingt minutes! Tant que la région traversée ne promet pas une ample moisson de graines et de baies, les bandes continuent leur route en volant à une très grande hauteur et avec une grande régularité, sans me me paraître affectées par les coups de fusil mais l'apparition d'un Oiseau de proie provoque la plus vive panique dont Audubon nous a laissé le curieux tableau. Je renonce à vous décrire, dit cet auteur, l'admirable spectacle qu'offraient leurs évolutions aériennes lorsque, par hasard, un Faucon venait à fondre sur l'arricre-garde de l'une de leurs troupes tous à la fois, comme un torrent, et avec un bruit de tonnerre, ils se précipitaient en masses compactes, se pressant l'un sur l'autre vers le centre; et ces masses solides dardaient en avant en lignes brisées ou gracieusement onduleuses, descendaient et rasaient la terre avec une inconcevable rapidité, montaient perpendiculairement de manière à former une immense colonne; puis, à perte de vue, tournoyaient, en tordant leurs lignes sans fin qui représentaient la marche sinueuse d'un gigantesque Serpent. 11 est extrêmement intéressant de voir chaque troupe répéter de point en point les mêmes évolutions qu'une première troupe a déjà tracées dans les airs. Ainsi, qu'un Faucon vienne à donner quelque part sur l'une d'elles les angles, les courbes et les ondulations que décriront ces Oiseaux dans leurs efforts pour échapper aux serres redoutables du ravisseur seront reproduits sans dévier par ceux de la troupe suivante. Et si, témoin d'une de ces grandes scènes de tumulte et de trouble, frappé de la rapidité et de l'élégance de leurs mouve- ments, un amateur est curieux de les voir se reproduire encore, ses désirs seront bientôt satisfaits qu'il reste seulement en place jusqu'à ce qu'une autre troupe arrive. »... Aussitôt que s'annonce quelque part une abondance convenable, les Pigeons se préparent à descendre, et volent d'abord en larges cercles, en passant en revue la contrée au-dessous d'eux. C'est pendant ces évolutions que leurs masses profondes offrent des aspects d'une admirable beauté, et déploient, selon qu'ils changent de direction, tantôt un tapis du plus riche azur, tantôt une couche brillante d'un pourpre foncé. Alors, ils passent plus bas par-dessus les bois, et par instants se perdent dans le feuillage, pour reparaître le moment d'après, et s'élever de nouveau au-dessus de la cime des arbres. Enfin les voilà posés ; mais aussitôt, comme saisis d'une terreur panique, ils reprennent leur vol avec un battement d'ailes semblable au roulement lointain du tonnerre; et ils parcourent en tous sens la forêt, comme pour s'assurer qu'il n'y a nulle part du danger. La faim cependant les ramène bientôt sur la terre, où on les voit retournant très adroitement les feuilles sèches qui cachent les graines et les fruits tombés des arbres. Sans cesse, les derniers rangs s'enlèvent et passent par-dessus le gros du corps, pour aller se reposer en avant, et ainsi de suite, d'un mouvement si rapide et si continu que toute la troupe semble être en même temps sur ses ailes. La quantité de terrain qu'ils balayent est immense, et la place rendue si nette que le glaneur qui voudrait venir après eux perdrait complètement sa peine. » 'i! LES TOURTERELLES. /i'.; Malheureusement, c'est en vain que l'on chercherait aujourd'hui, dans toute l'Amérique, le théâtre de ces spectacles grandioses. L'Kctopiste des États-Unis a eu le même sort que le Bizet de l'Europe. Sous l'influence des chasses acharnées qu'on lui a faites, ses bandes immenses se sont éclaircies, décimées. Les petites troupes que l'on rencontre encore de nos jours ne donnent plus aucune idée des prodigieuses légions du temps d'Audubon. Dans un grand nombre de localités, on ne rencontre même que quelques couples isolés, et il est à craindre que cette espèce ne disparaisse bientôt de la faune du Nouveau Monde. Les Ectopistes nichent sur les plus hautes futaies, au milieu des forêts. Leur nid, formé de brindilles sèches entre-croisées, est placé à la bifurcation des branches. Un même arbre en porte un grand nombre. La ponte est de deux œufs semblables à ceux du Bizet. Chasse. — La chair des Ectopistes est assez délicate; aussi fait-on à ces Oiseaux une chasse acharnée dès qu'ils se montrent dans un pa3's. Mais leurs apparitions sont très irrégulières, et dépendent de l'abondance plus ou moins grande des graines et des fruits. On les tuait par milliers lorsque, dans leurs migrations, leurs légions immenses s'abattaient sur les arbres d'une foret pour y passer la nuit. On les prenait aussi par centaines dans des lilets posés sur leur passage. Le résultat de semblables carnages a été la disparition presque complète de ce précieux gibier. Captivité. — Placés dans une volière convenable, les Ectopistes supportent la captivité pendant plusieurs années. LES TOURTERELLES Caractères. — Les Tourterelles ont des formes plus élancées, plus sveltes, que les Pigeons des genres précédents. Leur bec est droit, grêle, peu renflé à l'extré- mité; leurs lorums dénudés, leurs narines oblongues, étroites, horizontales, surmontées d'une écaille légèrement convexe, formée par la cire; leurs ailes allongées, subaiguës; leur queue médiocre, arrondie; leurs tarses longs et nus. L\ TOURTERELLE DES BOIS [Tiirliir aiiritus. — La Tourterelle des bois, ou Tourterelle commune de l'Europe, mérite une description complète, car on la confond fréquemment avec les Tourterelles communes des Oise- leurs, qui sont d'origine asiatique. Caractères. — Sa taille est d'environ o"',29. Le mâle adulte a la tète et le dessus du cou d'un cendré bleuâtre, les plumes du dos, du croupion et les sus-caudales d'un brun roux, marquées de brun et de cendré en leur milieu; le devant du cou et la poitrine d'une teinte vineuse; le reste des parties inférieures blanc; un demi-collier noir, coupé obliquement de raies blanches, orne les faces latérales du cou les couvertures alaires sont noires, et bordées de roux de rouille; les rémiges brunes, bordées de gris roussàtre; les rectrices médianes ]W' LES PIGEONS. 44 d'un brun loussàtrc, les latérales noirâtres et terminées de blanc, la plus externe de chaque côté bordée de blanc en dehors ; les paupières nues et rouges, l'iris rouge jaunâtre, le bec brun bleuâtre, les pieds rouges. La femelle est de plus petite taille que le mâle; ses teintes sont moins vives, son collier moins étendu. Les jeunes ont des teintes sombres, et, avant la première mue, leur collier est à peine indiqué. Habitat. — La Tourterelle des bois est très répandue dans toute l'Eu- rope, mais particulièrement dans les régions méridionales. Elle est abon- dante également en Afrique et dans le nord-ouest de l'Asie. Mœurs. — Sans être un Oi- seau essentiellement migra- teur, la Tourterelle com- mune de l'Europe vient se reproduire de préférence dans les régions tempérées. Elle s'établit alors dans les bois, au voisinage des champs cultivés, là où elle est sûre de toujours trouver en abondance les graines qui forment le fond de sa nour- riture. Son arrivée a lieu par couples, vers le commencement d'avril; son départ s'ef- fectue, par petites familles, à la fin de l'été. En dépit de son naturel sauvage et mé- fiant en liberté, les poètes, frappés de la grâce de ses mouvements, de la douceur de son roucoulement, des marques de ten- dresse que le mâle témoigne à sa femelle, ont voulu voir dans la Tourte- relle le symbole de l'amour conjugal. On ne peut, en effet, s'empêcher d'ad- mirer les mœurs douces et sociables de ce charmant Oiseau, autant que la grâce de ses allures. La Tourterelle a un vol aisé, rapide, silencieux; a terre, elle marche avec élégance; poursuivie par un Oiseau de proie, elle se glisse adroitement au milieu des branches, pour lui échapper. Son genre de vie ne diffère pas de celui des autres Pigeons sauvages. Elle se nourrit de petites graines, de blé, de pois, de semences de pins. Son nid est grossièrement construit à claire-voie, dans les branches d'un arbre, à une faible hauteur, parfois même au milieu d'un buisson épais. On y trouve généralement deux œufs d'un blanc pur, que les parents couvent alterna- tivement. Captivité. — Les Tourterelles communes, prises jeunes, s'apprivoisent facilc- '// ^c.*.. . La Tourterelle des bois. 45 LES TOURTERELLES. [45] ment, et deviennent d'une remarquable familiarité. On peut les maintenir en volière ou en cage. Elles donnent avec les autres espèces des métis dont quelques-uns sont féconds. LA STREPTOPÉLIE RIEUSE OU TOURTERELLE A COLLIER * [Titrtiir risoriiis. — Caractères. — Le plumage de la Tourterelle à collier est d'une teinte Isabelle presque uniforme; les parties inférieures et la tête sont plus claires; les ailes noirâtres; le collier noir s'étend en un croissant continu sur la nuque et les côtés du cou ; l'iris et les pattes sont rouges, le bec brun. Habitat. — La Tourterelle à collier, ou Pigeon rieur, est originaire de l'Asie; on la trouve aussi dans le nord-est de l'Afrique et l'Arabie. Mœurs. — La particularité qui la distingue le mieux de la Tourterelle commune est son cri. Celui-ci comprend, outre un roucoulement sonore, quelques notes qui imitent assez bien le rire d'une personne, et que l'on peut traduire par bi-hi-hi-hi. C'est d'ailleurs ce qui lui a valu son nom. On rencontre la Streptopélie rieuse dans les forêts des steppes. Elle vit en bandes assez nombreuses, qui, lorsque la nourriture fait défaut, entreprennent de grandes migrations analogues à celles de l'Ectopiste migrateur d'Amé- rique. Captivité. — La Tourterelle à collier supporte la captivité plus facilement encore que la Tourterelle commune; aussi la voit-on fréquemment en volière ou en cage. Ses allures sont gracieuses, sa douce familiarité agréable. D'après E. Oustalet, c'est de la Tourterelle à collier propre à l'Inde et à la Chine {Turtur douraca Hogs. que dérivent les Tourterelles h/ondes des oise- leurs. Cette espèce, dont la domestication remonte à la plus haute antiquité, fut importée en Europe, il y a environ trois siècles, par les Hollandais. Les Tourterelles blondes domestiques n'ont donc rien de commun avec les Tourterelles communes de l'Europe; le croisement de ces deux espèces ne donne d'ailleurs que des métis inféconds. Sous l'influence de la domestication, la Tourterelle à collier primitive a subi quelques modifications, notamment une sorte de décoloration du bec, qui de noirâtre est devenu rosé^ des pattes et des yeux qui de rouges sont devenus également rosés; le plumage est aussi fréquemment frappé d'albinisme. LA CHALCOPÉLIE AFRICAINE OU PIQEON-NAIN C/;c7/co/;tVÙ7 afra\— Cette Tourterelle, dont quelques auteurs ont fait le type du genre spécial Chalcopelia, se fait remarquer autant par ses allures élégantes que par la couleur métallique de ses ailes. Caractères. — Sa taille n'est que de o"',20. Elle a la tête d'un gris cendré, le dos et la queue brun marron avec le croupion noir; la poitrine rougeàtre, le reste de la face inférieure du corps blanc; les ailes noires, avec les rémiges secondaires offrant des reflets métalliques; l'iris et les pattes rouges; le bec noir. Cl PI. XXX. — Tourterelles à collier Photographie NN'. .M. Spooiier et C". La vie des ANIMAI^X ILLLSTRÉt. IV. [4G] LES PIGEONS. 46 Habitat, — La Chalcopélie africaine, comme l'indique son nom, a pour patrie l'Afrique; elle est surtout commune au sud du 14'-' degré de latitude. Mœurs. — Elle se tient dans les épais buissons, à proximité de quelque cours d'eau, dans les régions où pousse une riche végétation. Vivant par couples ou par petites familles, elle y trouve toujours une abon- dante nourriture. Aussi est-elle sédentaire partout où elle s'établit. Ses allures sont extrêmement élégantes. Son cri a un timbre mélodieux, très particulier; il se compose d'une seule note que l'Oiseau répète un grand nombre de fois successivement et de plus en plus vite. La Chalcopélie niche dans les buissons touffus, à peu de distance du sol, ou dans quelque trou d'un arbre vermoulu. LES MELOPELIES Les Mélopélies et genres voisins forment un groupe de Pigeons dont certains auteurs ont fait la sous-famille des Zeiia'idiiia.'. Par leur existence essentiellement terrestre, que révèlent leurs caractères morphologiques, les Oiseaux de cette sous-famille, ainsi que leurs proches parents, les Phaps et les Gouras, établissent une transition des Pigeons aux Gallinacés. Leurs formes sont élégantes, leurs tarses élevés, leurs ailes de longueur moyenne, leur queue allongée, de forme variable. LA MÉLOPÉLIE LEUCOPTÈRE. — Répandue irrégulièrement dans la plus grande partie de l'Amérique, cette espèce se fait remarquer par la singularité de son chant mélodieux et varié. Aussi est-elle très appréciée dans ce paj's comme Oiseau de volière. LES COLOMBI-MOINEAUX Désignés en Amérique sous le nom de Pigeons Je terre {Ground dores , les Colombi-Moineaux ont des formes trapues, une tète petite, un cou court, des ailes de longueur moyenne, une queue courte et arrondie, des tarses complè- tement nus, un bec court et faible. LE COLOMBI-MOINEAU PASSERINE [Cliavui'pelia passerhia. — Caractères. — La laille de cette charmante espèce n'est que de o"',i8. Dans son plumage domine le brun grisâtre ; la tète et la nuque sont d'un gris bleuâtre, la gorge blanchâtre, les couvertures des ailes tachetées de brun à reflets métalliques, les rémiges brunes sur les barbes externes, rouge brun sur les barbes internes, les rectrices noires, les externes bordées de blanc en dehors, l'iris orange, le bec et les pattes rouges. Habitat. — Le Colombi-Moineau passerine habite le sud des Etats-Unis, la Floride, les Antilles. 'i* LES COLOMBI-PERDRIX. 17 Mœurs. — Il vit dans les pâturages et les plaines herbeuses; il s'établit volontiers près des villages où croissent des orangers. On le rencontre fréquemment perché sur les haies qui bordent les routes et faisant entendre son roucoulement sonore et plaintif. Il vole peu, et ne parcourt jamais un grand espace d'une seule traite; par contre, il court sur le sol avec autant de rapidité qu'une Poule. D'un naturel très sociable, il forme des bandes de dix à quinze individus qui restent unies même pendant la période des amours. Le nid du Colombi-Moineau passerine est habituellement situé sur une branche horizontale d'oranger, à une faible distance du sol; exceptionnel- lement il est placé dans quelque buisson ou même sur le sol. Il est composé de menues branches, de feuilles sèches, de mousse d'Espagne. La femelle pond deux œufs d'un blanc éclatant; elle fait deux couvées par année, l'une en avril, l'autre en juin ; quelquefois une troisième, quand la saison est favorable. Les deux parents prennent une part égale à l'incubation et à l'éducation des jeunes. Chasse. — Cette espèce semble appelée à disparaître devant la chasse qu'on lui fait pour se procurer sa chair délicate autant que son beau plumage. Captivité. — Le Colombi-Moineau passerine s'acclimate facilement dans nos pays, et s'y reproduit même en captivité. On le nourrit de millet, d'alpiste, de navette, et de temps à autre on lui donne quelques larves de Fourmis ou des ^'ers de farine. LES GÉOPÉUES Les Géopélies sont originaires des îles de la Sonde. Elles se reconnaissent, à première vue, à leur taille petite, élancée, à leur queue longue étagée, et à leur plumage élégamment rayé. LXGÉOPÉL\E STRIÉE Geopelia striata. — Appelée aussi Pigeon-cpcrrkr., cette espèce a un plumage d'une teinte fauve rayée de noir. Ses mœurs n'offrent pas de particularité spéciale. Elle s'élève très bien en captivité, comme le? Golombi-Moineaux. LES COLOMBI-PERDRIX Ces Pigeons doivent leur nom a la forme générale de leur corps, qui les fait ressembler assez bien aux Perdrix de nos champs. Caractères. — Ils ont un bec relativement fort et bombé à l'extrémité, des tarses longs, épais, des doigts courts armés d'ongles solides, fortement recourbés, des ailes courtes, arrondies, sub-obtuses, une queue large, arrondie, la base du bec et les lorums formant une ligne continue, dénudée, papilleuse. lis LES PIGEONS. 18 LA COLOMBI-PERDRIX CYANOCÉPHALE i^Staniœias cyanocephaLi . — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o'",3o. Il a le sommet de la tète d'un bleu ardoisé, la face, la nuque et la gorge noires, une ligne naso-oculaire blanche, les rémiges et les rectiices externes brunes ; le reste du corps d'un ixuige brun-chocolat, passant au rouge vineux à la poitrine; le bec rouge à la base, bleuâtre à la pointe; les pattes rouges. Habitat. — La Colombi-Perdrix habite l'ile de Cuba et l'Amérique centrale, où son aire de dispersion s'étend au sud jusqu'au Brésil, au nord jusque dans la Floride. Malheureusement, les chasses acharnées qu'on lui a faites ont amené sa disparition dans un grand nombre de localités où elle était autrefois abondante. .Mœurs. — Elle se plait dans les grandes forêts dont le sol est rocailleux. Ses allures sont lentes et graves; elle marche le cou tendu, la queue légèrement relevée, tout en cherchant parmi les feuilles sèches les graines, les baies dont elle fait sa nourriture; elle mange aussi, paraît-il, de petits Colimaçons. En s'envolant, elle produit un bruit semblable à celui que fait la Perdrix d'Europe, et cette particularité s'ajoute encore à la ressemblance extérieure de ces deux Oiseaux. Elle se perche sur les branches des arbres pour se reposer, ou y passer la nuit. Son nid, placé le plus souvent sur un Tillandsia, est négligemment construit; la femelle }' dépose deux œufs blancs. LES PHAPS Caractères. — Les Phaps ont des formes ramassées, massives leurs tarses sont courts, leurs doigts longs, leurs ailes longues, aiguës; leur queue courte. Leur plumage à reflets métalliques leur a valu le nom de Pigeons bi-ou^cs. LE PHAPS LUMACHELLE. — Caractères. — Cette espèce est la plus ancien- nement connue. Sa taille est d'en\iron o"',3.^. Elle a la tcte et le dos bruns dvcc le front, une bande sous l'œil et la gorge, d'un blanc jaunâtre; la partie infé- rieure du corps d'un rouge vineux tirant sur le gris au ventre; les ailes semées de taches allongées d'un bronze cuivré et vertes, à reflets métalliques; la queue brune en son milieu et d'un gris foncé sur les bords; l'iris d'un brun rougeàtre le bec noir, les pattes rouges. Habitat. — Le Phaps lumachelle se rencontre dans tout le continent austra- lien, mais, dans certaines localités, il n'est que de passage. Mœurs. — 11 fréquente les grandes plaines incultes, couvertes de buissons et de bruyères, à proximité d'un cours d'eau ou d'un étang. Sa nourriture se compose essentiellement de graines de toute espèce. Il niche sur les arbres, à peu de distance du sol. Son nid est, comme celui des autres Pigeons, construit assez légèrement ; on y trouve deux œufs d'un blanc pur, que les parents couvent alternativement. La reproduction a lieu en août et en février; les jeunes une fois sortis du nid. 40 LES N ICO BARS. !V,] e réunissent en bandes nombreuses qui parcourent la campagne en quête de nourriture. C'est le moment que choisissent les chasseurs pour leur faire une guerre acharnée, car leur chair est très délicate. Captivité. — En captivité, les Phaps s'apprivoisent comme lesautres Pigeons exotiques et se reproduisent même en volière. On les désigne vulgairement sous le nom de Colombes vertes d'Australie. LE LONQUP LOPHOTE {Ocfphaps lophotes. — Cet élégant Oiseau se fait remarquer par une longue huppe effilée qu'il porte derrière la tête. Sa taille est de o"',33. Il a la tête, le devant du cou, la poitrine, le ventre gris cendré; le dos brun olivâtre clair, les couvertures des ailes d'un vert bronzé brillant et lisérées de blanc pur, les rémiges et les rectrices d'un brun verdàtre et terminées de blanc; le bec noir, les pieds rouges. Il habite l'Australie; on le rencontre en troupes assez nombreuses dans les terrains inondés, sur les bords des rivières. Il vit très en captivité. C'est dans le groupe des Phapidés qu'il faut ranger l'espèce que les oiseleurs désignent sous le nom de Colombe poignardée [Plilog-œnas eruentata. Cet Oiseau doit ce nom à une large tache rouge de sang qu'il porte sur le jabot et qui tranche sur les teintes foncées métalliques du reste du plumage. LES QÉOPHaPS. — Plus recherchés encore que les Phaps, pour la délicatesse de leur chair, les Géophaps de l'Australie se reconnaissent à leur bec plus court, à leurs ailes courtes et arrondies, contrastant avec leurs tarses élevés. On leur donne aussi le nom de Colombi-Cailles. Leur existence est beaucoup plus terrestre que celle des Phaps. Ils construisent fréquemment leur nid sur le sol. LES LEUCOSARCIES. — Ils habitent aussi l'Australie. Déplus grande taille que les Phaps, leur chair n'en est pas moins très estimée. Ils s'accommodent très bien de la captivité et on les voit fréquemment dans les jardins zoologiques de l'Europe. LES NICOBARS Les Pigeons de Nicubar, ou simplement les Nicobars, rappellent, par leurs caractères et leur genre de vie, les Gallinacés. Caractères. — Ils ont des formes trapues ; un bec fort, dont la eire forme à la base une petite éminence arrondie; des pattes fortes et élevées; des ailes lon- gues; une queue courte, arrondie; un plumage lâche, abondant. LE NICOBAR A CAMAIL {Calœiias tiieobariea . — Caractères. — Cet Oiseau se reconnaît ii première vue, aux plumes allongées, séparées, qui revêtent la région du cou et des épaules d'une sorte de camail. Sa taille est d'environ o"',3'S. Son plumage est presque entièrement d'un vert foncé varié de vert clair, à [50 LES PIGEONS. 50 /i .-r" Le Rouloul à crête. 3ô LES CAILLES. [87] D'autres Colins originaires de l'Amérique centrale et méridionale ont aussi été importés en Europe et acclimatés sans grande difficulté. Parmi eux, citons le Colin Alasscna, qui se fait remarquer par son plumage presque entièrement noir, tacheté de blanc. Les Roulouls. — On range habituellement près des Francolins le genre Roulouls représenté dans l'Inde par trois ou quatre espèces dont les mœurs sont les mômes que celles des Perdrix, mais qui, par l'éclat de leur plumage et la présence d'une huppe sur la tête, rappellent les Faisans. LES CAILLES Caractères. — Le genre Caille a pour caractères un bec court, élevé à la base, comprimé à la pointe, à mandibule supérieure recourbée ; des narines basales, latérales, étroites, percées sous une écaille membraneuse; des ailes courtes, sub- obtuses; une queue courte, arrondie, les sus-caudales recouvrant et dépassant notablement les rectrices; des tarses minces, lisses, médiocrement allongés, des doigts légèrement unis à la base par une membrane, le pouce court et élevé ; des ongles courts, médiocrement arqués. Habitat. — Les Cailles sont représentées par une quinzaine d'espèces répan- dues dans toutes les parties du monde. Mœurs. — Leurs mœurs et leurs allures les distinguent nettement de tous les autres Perdiciens. Ce sont d'abord des Oiseaux migrateurs, s'établissant et se reproduisant par- tout où ils trouvent une nourriture abondante. Aussi leur nombre est-il très variable d'une année à l'autre, dans une même localité. D'un naturel peu sociable, les Cailles ne se réunissent en bandes qu'à l'époque des migrations. Les jeunes se dispersent et vivent solitaires dès qu'ils peuvent se passer des soins de leurs parents. Malgré leur peu de fidélité conjugale, les mâles se montrent très ardents à l'époque des amours, ils se battent fréquemment entre eux, et oublient à ce moment tous les dangers qui les menacent. Leur nourriture consiste en jeunes pousses d'herbes, en graines et en Insectes. Les mâles se distinguent généralement des femelles par quelque attribut spécial. Une particularité commune à toutes les espèces est une tendance naturelle à l'engraissement, particularité qui leur est commune avec les Ortolans et fait de ces Oiseaux un gibier très délicat. LA CAILLE COMMUNE commimis. — Caractères. — La Caille commune est la seule espèce européenne. Sa taille est d'environ o'",i6 à o'", 17. Ses caractères sont les suivants, d'après Degland Dessus de la tête noir, varié de roussàtre, avec trois bandes longitudinales d'un blanc roussàtre, dont une sur la ligne médiane, les deux autres au-dessus de chaque œil ; dessus du [88] LES GALLINACÉS. 30 cou et du corps, sus-caudales, d'un brun cendré, avec des taches noires, des raies transversales roussàtres et des traits d'un blanc roux jaunâtre sur les tiges des plumes; gorge d'un roux brun, entourée de deux bandes noires, séparées l'une de l'autre par du blanc jaunâtre; dessous du corps d'un roux clair, un peu plus foncé au bas du cou et à la poitrine, avec des raies longitudinales blanches sur la tige des plumes, et des taches brunes et rousses sur les riancs ; joues bru- nâtres, parsemées de petites taches roussàtres; ailes d'un brun grisâtre, avec des taches, des raies transversales et des zigzags sur les couvertures et les rémiges; queue brunâtre, avec des raies transversales et un trait longitudinal d'un blanc jaunâtre sur sa penne externe ; bec noir ; pieds couleur de chair; iris brun noi- sette. » La femelle a des teintes plus foncées en dessus, la gorge blanchâtre, et la poi- trine d'un roussàtre tacheté de brun. Habitat. — La Caille commune se rencontre non seulement en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique; dans la Nouvelle-Zélande et l'extrémité australe de l'Amérique. Elle est très répandue dans toute la F"rance où elle arrive en avril et en mai, pour repartir en septembre. Mœurs. — Elle s'établit de préférence dans les plaines cultivées, les prairies, les vignobles; jamais on ne la voit dans les régions élevées, ni dans les bois; elle semble fuir de même le voisinage de l'eau. Ses allures sont très différentes de celles des Perdrix. Elle marche rapide- ment, mais sans grâce, la tête rentrée, la queue pendante. Par contre, elle court avec une agilité remarquable, surtout lorsqu'elle est poursuivie, et qu'elle cherche un refuge dans quelque broussaille. Son vol est brusque, saccadé, peu élevé, et de peu de durée; pendant ses migrations seulement elle s'élève assez haut dans les airs, et encore s'abat-elle souvent sur le sol pour franchir, en courant, un certain espace. Elle arrive ainsi à faire près de cinquante lieues en une nuit. En temps ordinaire elle semble très paresseuse à se mouvoir, et ne prend son vol que quand elle est vivement pressée. La Caille est un Oiseau peu sociable; elle vit presque solitaire; non seulement les mâles se livrent entre eux des combats acharnés, mais ils maltraitent encore leurs femelles. Envers les autres Oiseaux, elle se montre d'une parfaite indiffé- rence. Son cri sonore et retentissant est bien connu ; pendant la belle saison, on l'entend le soir dans presque tous les champs cultivés, et il contribue pour une large part à l'animation des vastes plaines de la campagne. Tant que le soleil est au-dessus de l'horizon, dit Brehm, la Caille reste silencieuse et cachée dans les champs, au milieu des chaumes et des herbes; vers midi, elle prend un bain de sable, se chautl'e au soleil, ou s'endort vers le soir, elle devient vive et active. C'est alors qu'on entend son cri, qu'on la voit courir et voler, chercher sa nourriture et se joindre à une compagne, ou livrer bataille à un rival. Elle se nourrit de graines de toute espèce, de feuilles, de bourgeons et d'Insectes. Elle semble même préférer ceux-ci; mais elle parait ne prospérer 37 LES CAILLES. [89] qu'à la condition de se nourrir pendant plusieurs mois de grains de blé. Elle a besoin d'avaler de petites pierres pour faciliter sa digestion, et il lui faut de l'eau fraîche pour étanclier sa soif; mais la rosée amassée sur les feuilles lui suffit. » La Caille niche dans les champs de blé, de luzerne, de colza, quelquefois dans les prés. Elle ne commence à travailler à son nid qu'au commencement de l'été. A cet effet, elle creuse, dans le sol, une légère dépression qu'elle tapisse d'herbes sèches. La ponte, est de huit à quinze œufs légèrement pyri- formes, d'un brun jaunâtre, avec des taches foncées disposées d'une façon très variée ^ , , La femelle couve pendant dix-huit à vingt jours, et avec une ardeur telle, qu'en cas de danger elle se laisse parfois tuer sur son nid plutôt que de l'aban- donner. Le mâle, durant ce temps, erre, insouciant, dans la campagne envi- ronnante, en quête de nouvelles amours. F2n général, il n'y a qu'une seule cou- vée par année; une deuxième cependant peut avoir lieu quand la première a été détruite. Les jeunes Cailles, une fois nées, se montrent vives et alertes ; elles croissent rapi- dement, et au bout de cinq à six semaines elles sont déjà aptes à entreprendre leur grande migration vers le Midi. Ces migrations des Cailles s'efléctuent d'abord isolément; les départs ne se font pas régulièrement pour tous les individus d'un même canton. Mais, peu à peu, le hasard rassemble les groupes épars, à mesure qu'ils avancent, et en arrivant dans les pays méridionaux où elles vont hiverner, les Cailles forment de véritables légions. Celles qui viennent du nord de l'Europe se rassemblent dans l'Archipel grec, l'Italie, et en général sur toutes les côtes méditerranéennes, attendant un vent favorable pour gagner l'Afrique. Toutes les voyageuses, malheureusement, n'atteignent pas leur séjour hivernal. Beaucoup tombent dans la mer et se noient. La grande émigration a lieu en septembre et octobre, mais elle se continue souvent plus tard, jusqu'au commencement de l'hiver. Chasse. — La Caille est un gibier très estimé; aussi la chasse-t-on un peu partout. Mais cette chasse prend les proportions d'un véritable carnage dans les régions méditerranéennes, où ces Oiseaux se rassemblent en grand nombre à l'époque des migrations. Brehm raconte que jadis dans l'Ile de Capri, située à l'entrée du golfe de Naples, l'évéque de l'île percevait une dîme sur les Cailles que l'on y capturait, et La Caille commune. [90] LES GALLINACÉS. 38 bénéficiait ainsi d'une somme de 40000 à 5oooo francs. A Rome, on mit en vente, en un seul jour, 17000 Cailles. En Egypte, on en prend des quantités considérables non seulement à leur arrivée en automne, mais aussi à leur départ en mars. On ne se contente pas de les tirer au fusil; on les prend à l'aide de filets, de lacets, de gluaux. Il est à craindre que ces massacres n'amènent rapidement une diminution importante de ce précieux gibier. Captivité. — La Caille vit très bien en captivité et peut même s'y reproduire. Dans certaines localités, on a la coutume barbare de profiter du caractère jaloux et querelleur des mâles pour les faire battre entre eux, à la façon des Coqs domestiques. C'est en Chine et aux Philippines que ce sport singulier a pris naissance. Il se pratiquait aussi du temps des Romains, et il s'est perpétué depuis dans plusieurs villes d'Italie. Les règles du combat ne varient que par quelques détails dans les différents pays. On place deux Cailles vis-à-vis l'une de l'autre, sur une longue table, et, entre elles, on jette quelques grains de millet ; les deux adversaires se lancent d'abord des regards menaçants, puis fondent l'un sur l'autre avec rage, se donnent de vigoureux coups de bec, jusqu'à ce que l'un d'eux reste maître du champ de bataille. Ces combats sont parfois le sujet de paris importants. Élevage. — L'élevage des Cailles ne présente aucune difficulté. Les pré- cautions à observer sont très simples ; elles ont été fort bien résumées par Rémy Saint-Loup, à qui nous empruntons les lignes suivantes Placées dans une volière, d'une surface un peu supérieure à un mètre carré, un couple de Cailles s'accoutume aisément à la captivité. Le sol doit être bêché par endroits, sablé en d'autres places, et planté de petits bouquets de buis qui forment des abris. Une moitié de la volière sera couverte, l'autre moitié simplement grillagée, et l'exposition sera choisie de manière à permettre l'accès des premiers rayons du soleil. i Le blé, le sarrasin, le millet sont une bonne nourriture; le chènevis ne doit être donné qu'en très faible proportion, tandis que la verdure, mouron ou salade, ne peut nuire. LaCaille dépose sesreufs dans une excavation du sol qu'elle creuse elle-même, mais sans lui donner grande profondeur. Instinctivement, elle choisira la place qui lui paraîtra le mieux abritée des regards, et c'est pour cette raison qu'il est utile de disposer de petits buissons dans la volière. Une première ponte donne ordinairement de cinq à huit œufs; elle a lieu en avril. Si on prend soin d'enlever ces ceufs, il se produit, à une ou deux semaines d'intervalle, une deuxième ponte plus abondante. Quelquefois, il arrive que la Caille pond une troisième fois, de sorte que dans l'année on peut récolter de trente à quarante ceufs. Pour l'incubation, on utilise des Poules de petites races que l'on choisit douces de caractère, et que l'on place sur les œufs dans une boîte d'élevage, c'est-à-dire dans une caisse à deux compartiments séparés par 39 LES TURNIX. [91] une grille dont les barreaux sont assez écartés pour laisser seulement passage à des poussins. Comme pour la plupart des petits Gallinacés, on donne aux poussins de Caille des œufs de Fourmis, les premiers jours, puis le régime devient le même que pour les jeunes Faisans. Dès qu'il est possible, on donne à la couvée libre accès dans un jardin clos de murs, où elle se trouvera mieux que dans n'importe quelle volière. Naturellement, il faut surveiller la croissance des ailes, et couper quelques plumes d'un côté, si l'on n'a pas l'intention de faire une étude spéciale sur le départ définitif des jeunes Cailles. » LES CAILLES NAINES. — On a créé le genre Excalcfactoria pour quelques petites espèces de Cailles remarquables par leurs ailes plus courtes et plus arron- dies et leur plumage assez différent dans les deux sexes. La Caille naine de Chine {Excalefactoria chinensis habite les provinces méri- dionales de la Chine, la Birmanie, le Bengale, les Philippines. LES TURNICIDÉS Les Turnicidés tiennent à la fois, par leurs caractères, des Perdrix et des Outardes. Caractères. — Ils se font remarquer par leur bec grêle, presque droit; leurs narines oblongues, se prolongeant jusqu'au milieu du bec; leur queue très courte, entièrement cachée par les sus et sous-caudales; leurs tarses grêles, terminés par quatre doigts dont trois dirigés en avant, ou trois doigts seulement, le pouce faisant complètement défaut. Cette famille repose presque uniquement sur le genre Turnix, dont une seule espèce se rencontre en Europe. LES TURNIX Caractères. — Aux caractères propres à la famille, il convient d'ajouter, pour le genre Turnix, la forme des ailes qui sont suraiguës, les trois premières rémiges étant les plus longues, la hauteur médiocre des tarses qui égalent à peine le doigt médian, enfin la disposition des doigts au nombre de trois seulement et armés d'ongles minces, pointus, légèrement recourbés. LE TURNIX D'AFRIQUE {TufJiix syli'alicus. — Caractères. — Cette espèce mesure environ o", iG de long. Elle a la tête d'un brun foncé, parcourue de trois raies jaunes longitudinales; le dos irrégulièrement traversé de raies en zigzags, noires et brun roux; les plumes des ailes jaunâtres, marquées d'une tache noire sur les barbes internes, d'un jaune roux sur les bords externes; la gorge blanche; le jabot brun roux, chaque plume y étant bordée d'un liséré clair; les lianes d'un brun roux, variés de taches foncées; le ventre d'un blanc pur; les rémiges bordées en dehors d'un liséré clair; l'a-il jaune, le bec jaunâtre, les pieds d'un [92] LES GALLINACÉS. 40 Habitat. — Le Turnix d'Afrique, ou Tuniix sauvage, Tin-iiix de Gibraltar, habite le nord de l'Afrique, l'Espagne, la Sicile. Mœurs. — 11 vit solitaire dans les plaines sablonneuses couvertes de brous- sailles. D'un naturel très craintif, il s'enfuit en courant au moindre bruit, et se cache dans les hautes herbes. Ce n'est que lorsqu'il est vivement poursuivi qu'il prend son vol, et encore ne s'élève-t-il qu'à une faible hauteur pour retom- ber aussitôt et se blottir dans quelque fourré. Sa nourriture se compose d'Insectes, surtout de Fourmis, et de graines de légurnineuscs. 11 niche dans les buissons, les touffes d'herbes; son nid consiste en une simple dépression creusée dans le sable et tapissée de quelques brins d'herbes. La femelle pond de à dix œufs assez semblables comme forme à ceux de la Caille, et parsemés de points, de taches irrégulières brunes ou violettes sur un fond jaunâtre. LE TURNIX BATAILLEUR {Turnix yugnax. — Cette espèce, différente delà précédente par son plumage, est surtout abondante à Java. Mœurs. — Elle se tient dans les régions sèches, cou- vertes de broussailles. Ses mœurs et son genre de vie ne la distinguent en rien de son congénère ^ ,y africain. A l'époque des amours, les Turnix se font remar- quer par leur humeur bel- liqueuse. Aussi, avec un sujet captif, peut- on attirer facilement ces Oiseaux dans des pièges disposés à cet effet. Captivité. — Les Javanais tiennent souvent en cage les Turnix batailleurs. Il les nourrissent d'Insectes di- vers, de Sauterelles, de riz et les font combattre entre eux comme les Chinois font combattre les Cailles. Les Pédioxomes. • — La fa- mille des Turnicidés est re- présentée en Australie par quelques genres tels que les Pédionomes, dont le principal caractère distinctif est la présence de quatre doigts au lieu de trois que possèdent les Turnix. Auagis. 41 LES LOPHOPHORES. [93] Les Thinocorii>i's. — Au groupe des Turnicidés, on peut joindre une famille très curieuse composée des trois genres Thinocore, Attagis et Chionis. Par leurs formes générales, leurs allures, leur plumage, ces Oiseaux se rap- prochent des Francolins et des Perdrix. Par d'autres caractères, ils se rappro- chent des Phasianidés. La particularité la plus intéressante qu'ils présentent est la structure de leurs narines. Celles-ci sont recouvertes, ainsi que la base du bec, par une sorte de membrane cornée qui les protège, lorsque l'Oiseau cherche sa nourriture en ouvrant les œufs de Cormorans et de Manchots, dont il se nourrit. Les Thinocoridés habitent l'extrémité méridionale de l'Amérique et les îles antarctiques de l'hémisphère austral. L'Attagis vit plus particulièrement au Chili et aux îles Malouines. On en con- naît deux ou trois espèces dont le plumage coloré en roux, varié de brun et de jaune, est mou et soyeux comme celui des Gelinottes. Leurs mœurs sont peu connues, mais, sous ce rap-port, on considère ces Oiseaux comme représentant, dans l'Amérique du Sud, les Gangas de l'ancien continent. LES PHASIANIDÉS OU GALLINACÉS VRAIS Caractères. — Cette famille est la plus caractéristique de tout l'ordre des Gallinacés. Elle comprend des Oiseaux de taille moyenne, aux formes ramas- sées, bien adaptés à la marche et à la course, mais mauvais voiliers. La tète des Phasianidés présente constamment des parties dénudées, notam- ment les joues et le tour des yeux; elle est surmontée d'une crête charnue ou d'une touffe de plumes aux couleurs éclatantes. Le bec est généralement fort, un peu courbé et déprimé à la pointe. Les ailes courtes et arrondies. La queue, généralement longue, présente, sur- tout chez les mâles, de longues couvertures disposées sous forme d'ornements variés. Les pieds sont forts ; les trois doigts antérieurs, armés de griffes puis- santes, sont parfaitement disposés pour gratter la terre; le doigt postérieur est faible. Enfin, un dernier caractère important est la présence, chez les mâles, d'un ergot puissant placé assez haut sur les tarses. Habitat. — Les Phasianidés sont répandus sur toute la surface du globe. Mœurs. — Leurs ma-urs sont celles des Gallinacés en général. On verra, à pro- pos de chaque genre et de chaque espèce, les particularités qui leur sont propres. Classification. — Les Phasianidés formant le groupe le plus homogène et le mieux caractérisé de l'ordre, nous étudierons successivement les différents genres sans chercher à établir de divisions secondaires. LES LOPHOPHORES Caractères. — Le genre Lophophore a pour caractères un bec de la lon- gueur de la tète, robuste, à mandibule supérieure légèrement voûtée, assez large il la base, recourbée à l'extrémité; des narines rapprochées, en forme de crois- Hl. XXXII. — Le Loplioplioro resplendissant Texte, p. 94. La vie des animaux illustrée. I V . [94] LES GALLINACÉS. 42 sants; des ailes moyennes, sur-obtuses, les quatrième et cinquième rémiges les plus longues; une queue courte, ample, arrondie sur les côtés; des tarses robustes, emplumcs jusqu'au-dessous de l'articulation et munis, chez les mâles, d'un éperon fort et acéré. Le tour des yeux est nu ; une huppe formée de plumes filiformes à la base, et terminées en palettes à l'extrémité, orne la tête. LE LOPHOPHORE RESPLENDISSANT ' {Lopliopliorus impe/auus. — Carac- tères. — Cet Oiseau est l'un des plus beaux Gallinacés que l'on connaisse. Sa taille est d'environ o'°,70. Le mâle a les plumes du sommet de la tête, des joues et de l'occiput, d'un vert doré métallique; la partie postérieure et les côtés du cou d'un rouge rubis; la nuque et les plumes du manteau d'une teinte cuivrée à reflets pourprés et violets; le bas du dos d'un blanc pur, la queue d'un roux vif; les rémiges primaires noires, les secondaires vert doré; la gorge, la poitrine, l'abdomen d'un noir à reflets dorés; l'iris brun, le tour des yeux rouge vif; le bec couleur de corne; les pattes gris verdàtre. La femelle, de plus petite taille que le mâle, porte une livrée moins somp- tueuse. Elle a la gorge blanche et le reste du corps d'un brun jaune clair, tacheté, rayé et moiré de brun fonce. Habitat. — Le Lophophore resplendissant se rencontre sur les premiers con- treforts des monts Himalayens, à une altitude de 2 000 à 3 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il est connu dans ce pa}'s sous le nom de Monaiil. Son nom spécifique lui vient de ce qu'il fut introduit pour la première fois en Europe par lady Impey. Mœurs, — Ses mœurs nous sont connues par la relation qu'en a faite Moun- taineer en 1864. Depuis cette époque, les différents auteurs n'ont fait que reproduire ses récits ou les confirmer. Depuis les premières cimes qui s'élèvent au-dessus de la plaine, jusqu'à la limite des forêts, partout on rencontre le Monaul. Dans la montagne, c'est un des Oiseaux les plus abondants. Lors de l'arrivée des premiers Européens dans les montagnes des environs de Mussuri, il y était très commun, et maintenant on l'y observe encore quelque- fois. Pendant l'été, on le voit rarement, les lianes à la végétation luxuriante empêchant le regard de plonger dans la profondeur de la forêt; maison peut l'apercevoir alors au voisinage des champs de neige, surtout le matin et le soir. Cependant, personne ne peut, à ce moment, conclure du nombre d'individus qu'il voit au nombre de ceux qui habitent la contrée. Mais les froids arrivent, les lianes, les plantes qui recouvrent le sol se dessèchent, et alors la forêt parait remplie de ces Oiseaux. Ils se réunissent en grandes bandes et, en plusieurs endroits, on peut, dans un seul jour de chasse, en faire lever plus de cent. En été, presque tous les mâles et quelques femelles montent vers les hauteurs; en automne, jeunes et vieux se rassemblent sur les points où le sol est couvert d'une épaisse couche de feuilles sèches; ils y cherchent des larves et des PI. XXXU. — Le Lophophore resplendissant Planche, p. gï. 43 LES LOPHOPHORES. [95] Insectes, et, à mesure que la saison avance, ils descendent vers la plaine. Dans les hivers rigoureux, quand la neige est épaisse, ils viennent sur les versants méridionaux des montagnes, sur les points où l'on voit la première neige fondre. Ils arrivent aussi sur les collines, là où la neige ne persiste pas. Les femelles et les jeunes demeurent souvent au voisinage des villages, et on les voit alors en grand nombre dans les champs. Par contre, tous les vieux mâles restent dans les forets, quelque intense que devienne le froid, quelque épais que soit le tapis neigeux qui recouvre la terre. Au printemps, tous remontent vers la mon- tagne. Les bandes qui, en automne et en hiver, s'étaient réunies dans un certain district de la forêt, se répandent maintenant sur une telle surface, que chaque Oiseau paraît isolé. On peut souvent franchir un mille et plus, sans en aperce- voir un seul; puis, tout à coup, l'on arrive à une localité de quelque cent pas de diamètre où une vingtaine de ces Oiseaux se lèvent l'un après l'autre. Ail- leurs, ils sont espacés dans toute la contrée ; on en trouve un ici, un autre là, deux un peu plus loin, et ainsi de suite. Les femelles forment des compagnies plus unies que les mâles; elles descendent plus bas; elles quittent l'abri de la forêt pour se rendre dans des endroits où donnent les rayons du soleil, et s'avancent près des habitations humaines. Les deux sexes se séparent souvent. Dans les vallées, sur les flancs humides des montagnes, on trouve par douzaines des femelles et des jeunes, sans un seul mâle adulte ; tandis que dans l'intérieur des forêts et sur les hauteurs on ne rencontre que ceux-ci. En été, les Lopho- phores se dispersent bien plus encore, et ils ne forment pas de couples propre- ment dits, car on en voit souvent plusieurs ensemble. Se sont-ils accouplés ou non, cela reste douteux; il est possible que les couples se fondent au moment où la femelle commence à couver. Toujours est-il que le mâle ne semble nulle- ment s'inquiéter ni de sa compagne, ni de sa progéniture. Du mois d'avril jusqu'à l'entrée de l'hiver, le Monaul est craintif et prudent ; mais, sous l'influence du froid, de la neige qui lui rend plus pénible la recherche de sa nourriture, sa crainte, sa prudence disparaissent, au moins en partie. Dès le mois d'octobre, cet Oiseau se montre plus souvent dans les endroits dégarnis de buissons, il ne cherche plus autant à se dérober aux regards. Au printemps, quand il est efl'rayé, il s'envole souvent fort loin, et si on le fait lever une seconde fois, il ne se laisse plus approcher. En hiver, on le tue sou- vent à la course ; ou bien, s'il est perché sur un arbre, on peut assez facilement arriver au pied de cet arbre et le tuer. Quand on le chasse en forêt, il s'envole silencieusement, sans courir aupara- vant; dans les prairies et dans les clairières, il court avant de s'envoler, surtout s'il n'est pas poursuivi de très près. Quand il se lève alors, c'est bruyamment, et en lançant un sitllement perçant, qu'il répète un grand nombre de fois jus- qu'à lassitude, et qu'il fait suivre souvent de son cri plaintif ordinaire. Lors- qu'on a fait lever un ou deux Monauls, tous les autres deviennent attentifs à leurs cris ; s'ils appartiennent à la même bande, ils se lèvent aussi tous à la fois; s'ils sont séparés, ils s'envolent successivement. Aux cris du premier, un second prend sa volée; le cri de celui-ci détermine un troisième à partir, et [06] LES GALLINACÉS. U ainsi de suite. Kn hiver, ils se montrent plus indépendants les uns des autres; ils sont, comme toujours, parfaitement sur leurs gardes; mais, avant de s'en- voler, ils attendent généralement d'avoir été effrayés eux-mêmes. Des poursuites réitérées les rendent timides et craintifs, leur font abandonner une contrée, surtout au printemps, où ils trouvent partout une nourriture abondante, tandis qu'en hiver ils sont confinés, pour les conditions d'existence, dans des localités plus circonscrites. La femelle semble moins timide que le mâle. Le vol de celui-ci est très singu- lier; quand il a à franchir un long espace, il glisse dans l'air, sans battre des ailes, mais en agitant ses rémiges d'un mouvement tremblotant. C'est à ce moment surtout qu'il apparaît dans toute sa splendeur. Le cri du iMonaul est un siHlemcnt plaintif on l'entend retentir dans la forêt à toute heure du jour, mais surtout le soir et le matin, avant le lever du soleil. Dans la saison froide, ces Oiseaux, maintenant réunis, font surtout entendre leur voix un peu avant de se percher sur des arbres ou sur des rochers pour y passer la nuit. LeMonaul se nourrit de racines, de feuilles, de jeunes pousses, d'herbes, de toute espèce de baies, de noix, de graines, d'Insectes; en automne, il chasse ceux-ci dans les feuilles sèches; en hiver, il va souvent paître dans les champs de blé et d'orge. Son bec est parfaitement conformé pour qu'il puisse fouir le sol. Dans les forêts élevées, on voit souvent des Monauls en très grand nombre cherchant ainsi leur nourriture dans les clairières et dans les endroits décou- verts. La saison des amours commence avec le printemps. La femelle construit son nid sur un buisson, dans une touffe d'herbes; elle y pond cinq œufs, d'un blanc sale, semés de points et de taches d'un brun rougcàtre Les jeunes éclosent à la fin de mai. » Chasse. — Lâchasse de cet Oiseau ne présente aucune difficulté, surtout en autonme, lorsque les arbres sont dégarnis de feuilles, et que la vue peut s'étendre au loin dans la forêt. On le tire de préférence lorsqu'il s'est perché sur quelque branche pour s'y reposer. Sa chair est différemment appréciée par les gourmets. Les uns la trouvent suc- culente, d'autres la trouvent détestable. Acclimatation. — La beauté du plumage des Lophophorcs, et la haute valeur de leur dépouille justifient bien les efforts tentés par les aviculteurs pour acclimater ces superbes Oiseaux en Europe. Disons de suite que les résultats obtenus jusqu'aujourd'hui permettent d'es- pérer la réalisation de cette délicate entreprise. C'est à lady Impeyque l'on doit l'importation en Europe des premiers Lopho- phores vivants. Puis on en vit dans les jardins zoologiques de Londres, d'Anvers, de Paris. Mais les premiers essais de reproduction et d'élevage ne furent pas très heureux. Cependant M. Pomme, en 1866, réussit à mener à bien quelques couvées, grâce à des soins tout spéciaux qu'il a décrits dans le Bulletin de la Société 45 LES LOPHOPHORES. [97] d'Acclimatation de Paris. Il avait placé un couple de Lophophores dans une immense volière de ibo mètres de superficie et plantée de quelques jeunes épicéas; au centre de la volière s'élevait une cabane destinée à servir d'abri à ces Oiseaux contre la pluie et les ardeurs du soleil. M. Pomme nourrissait ses captifs d'un mélange, par parties égales, de fro- ment, de sarrasin et de petit millet rond; il y ajoutait des choux, de la salade, des Vers de terre, et une pâte composée d'œufs durs hachés et de pain émietté. La femelle pondit seize œufs dont cinq seulement purent éclore; parmi ceux- ci trois périrent accidentellement, les deux survivants parvinrent à l'état adulte, et furent les deux premiers Lophophores qui aient vu le jour en F"rance. Depuis cette mémorable expérience, de nombreux amateurs sont parvenus à faire reproduire des Lophophores en France. Les procédés d'incubation et d'élevage sont sensiblement les mêmes que ceux qu'on emploie pour les Faisans, mais ils diffèrent par une foule de détails secondaires selon les convictions ou l'expérience de chaque éleveur. Les uns veulent de grands espaces, les autres des parquets de petites dimensions; les uns assurent que les œufs de Fourmis sont nécessaires, les autres qu'il ne faut pas en donner. Certains recommandent de ne pas laisser couver la femelle Lophophore, certains qu'il vaut mieux lui laisser le soin de l'incubation et de l'éducation des jeunes, de sorte qu'en fin de compte, dit Rémy Saint-Loup, il est très diflicile de concilier tous ces avis. Pourtant, nous pensons qu'il faut un terrain sec, des espaces gazonnés et des espaces couverts d'une couche épaisse de feuilles mortes, qui formeront un excellent terreau. Dans ces feuilles mortes, on apportera, autant que possible, des larves de divers Lisectes, des Vers de terre, des graines de plusieurs plantes, des plantes même, des fraisiers par exemple. Pour les jeunes, il se trouvera dans ce terreau la meilleure des nourritures et celle qu'ils rechercheront le plus volontiers, parce que leur instinct d'Oiseaux piocheurs aura ainsi satisfaction. » L'élevage des Lophophores est pratiqué avec moins de difficulté dans les envi- rons de leur pays d'origine, notamment à Calcutta d'où proviennent la plupart des dépouilles apportées en Europe. Usages. — • On se fera une idée de la quantité considérable de Lophophores utilisés chaque année dans le commerce, en considérant qu'a Londres, dans une seule vente, il fut adjugé 4o3d dépouilles de ces Oiseaux. Toutes les plumes sont utilisées; arrachées une à une, elles sont collées sur des bandes de toile et constituent un des articles les plus somptueux du com- merce de la mode ; les plumes rouges du cou et les plumes vertes de la naissance des ailes sont particulièrement appréciées. LE LOPHOPHORE DE LHUYS {Lophophonis Lhuysiï. — Cette espèce, d'une taille supérieure à celle du Lophophore resplendissant, ne porte qu'une huppe très réduite; les plumes de la queue présentent des reflets bleus métalliques comme les couvertures des ailes. [98] LES GALLINACÉS. 4G Habitat. — Il est ori}?inaire de la Chine. On le trouve dans les régions les plus cicvccs du Moupin, les frontières occidentales du Setchuan et aussi dans la Yunnan. Mœurs. — Il vit par petites troupes dans les prairies découvertes au-dessus de la région des forêts, et vient se percher sur les arbres pour dormir. Il se nourrit surtout de substances végétales, et notamment de certaines racines qu'il déterre adroitement à l'aide de son bec puissant. Les Chinois lui font une chasse tellement active, que, d'après David et Ous- talet, l'espèce est inenacée de disparaître. LE LOPHOPHORE DE SCLATER [Lophophorus Sclaleri. — La troisième et dernière espèce connue est le Lophophore de Sclater, chez lequel la huppe est remplacée par des petites plumes courtes, relevées sur le sommet de la tète. Il habite l'Indo-Chine. LES TRAGOPANS Caractères. — Les Tragopans ont un corps épais ; le bec court et faible des tarses courts, forts, munis d'un ergot; des ailes moyennes, une queue courte et large. Les mâles portent de chaque côté de la tète des appendices charnus érectiles, en forme de cornes, d'où le nom de Faisans cornus donné à ces Oiseaux. Ils portent aussi de chaque côté de la gorge des lobes charnus ou bavettes. Habitat. — Les Tragopans sont propres au sud de la Chine et à l'Himalaya. Il en existe plusieurs espèces. LE TRAQOPAN A TÊTE NOIRE {Ccriornis mdauocephala. — Caractères. — Le Tragopan à tète noire, ou ./e;r^7% mesure de o™,7oà o^^So de longueur. Il a les plumes du sommet de la tète noires, à pointe rouge ; la nuque, le devant du cou et le pli de l'aile d'un rouge écarlate; les plumes du manteau brun foncé, parcourues de raies noires très fines et de taches en forme de gouttelettes blanches encadrées de noir; la poitrine et le ventre noirs variés de rouge sombre, pointillés de blanc ; les rectrices et les rémiges rayées de brun. Habitat. — Le Tragopan à tête noire habite l'ouest de l'Himalaya. Mœurs. — Les mœurs des Tragopans sont très semblables à celles des Lopho- phores. Ces Oiseaux se nourrissent de graines, de feuilles, de bourgeons, de baies, d'Insectes. L'été, ils habitent les sombres et épaisses forêts situées au-dessous de la limite des neiges; l'hiver, ils descendent dans les forêts de chênes, de noyers, où abondent les taillis et les fourrés impénétrables. Ils vivent par petites troupes de trois îi dix ou douze individus. Vient-on à effrayer une de ces compagnies, tous les individus qui la composent s'enfuient en poussant des cris perçants, les uns se glissent sous les buissons, d'autres cherchent leur salut sur les branches des arbres ; leur vol est très rapide et accompagné d'un bruissement particulier. 47 LES COQS. [99] Le genre de vie du Tragopan à tète noire nous est connu par la relation qu'en a laissée Mountainecr Au printemps, dit-il, quand la neige commence à fondre, les Jewars quit- tent leurs quartiers d'hiver; ils se séparent et se répandent dans les endroits les plus retirés, les plus tranquilles des forêts, dans la zone des bouleaux et des rhododendrons blancs, montant jusqu'à la limite supérieure de la forêt. En avril, ils s'accouplent; c'est à ce moment qu'on rencontre le plus de mâles, pro- bablement parce qu'ils sont en quête d'une compagne. Ils crient beaucoup, et tout le jour. Perchés sur une branche ou sur quelque tronc d'arbre renversé, ils semblent avoir moins souci d'être vus. Leur cri d'amour ressemble à celui qu'ils pous- sent quand on les effraye ; il est plus perçant, et ne se compose que d'une s3'llabe, ivue, lancée avec force, comme le bêlement d'une Chèvre égarée on l'entend à plus d'un mille de distance. » La reproduction terminée, le Tragopan à tête noire descend, peu à peu, par petites familles, dans les régions où il doit hiverner. Captivité. — Les Tragopans supportent fort bien la captivité et deviennent même très familiers. On peut en voir aujourd'hui dans presque tous les Jardins zoologiques d'Europe. LE TRAQOPAN DE TEMMINCK [Ceriornis Tcmminckii. — Cette espèce, dont le plumage est assez semblable à celui du Tragopan à tête noire, habite le sud-ouest de la Chine. D'après Oustalet, c'est un Oiseau assez rare. Il vit isolé sur les montagnes boisées et ne sort guère des taillis, où il fait sa nourriture de graines, de fruits et de feuilles. Son cri, très sonore, peut être rendu par les syllabes oua deux fois répétées c'est de là que lui vient son nom chinois de Oua-Oua-Ky. C'est un gibier très estimé qui ne peut être capturé qu'au piège ou au collet. Pris vivant, ce magnifique Oiseau peut être gardé quelque temps en cage, mais il est d'une complexion délicate. » Panni les autres espèces connues, et dont on ne sait que peu de chose touchant les détails de leurs mœurs, citons le Tragopan salyrc, qui se rencontre dans l'est de l'Himalaya, et le Traa^opan de Cabol, du sud-est de la Chine. LES COQS Caractères. — Le genre Coq [Galliis] a pour caractères un bec moins long que la tête, robuste, voûté, à pointe recourbée; des ailes courtes, concaves, très arrondies ; une queue moyenne, généralement verticale et recouverte par les sus- caudales allongées et gracieusement recourbées en faucille; des tarses de la lon- gueur du doigt médian, scutellés, armés d'éperons arqués et aigus; des doigts unis à leur base par une courte membrane; un plumage abondant, orné souvent de couleurs vives. La face, le tour des yeux sont généralement nus; le sommet de la tête porte une crête charnue ; des appendices de même nature pendent sous le bec. [100] LES GALLINACÉS. 48 Le dimorphisme sexuel est très accentué. Les œufs des différentes espèces sont uniformément blancs. Ce genre est, de toute la famille des Gallinacés, le plus riche en races et variétés. Cependant, il n'en existe que quatre espèces vivant à l'état sauvage et dont une seule paraît être la souche des innombrables variétés qui peuplent nos basses-cours. Les Indes et la Malaisie sont leur berceau d'origine. Chacune d'elles a une aire de dispersion qui lui est propre, mais toutes ont les mêmes mœurs, le même genre de vie. Ces quatre espèces sauvages sont le Coq de Bankiva, le Coq de Stanley, le Coq de .lava, le Coq de Sonnerat. LE COQ DE BANKIVA [Galliis Bankiva, G. ferrugiueiis. — Caractères. — Le Coq de Bankiva est un bel Oiseau dont la taille est d'environ o"'.6o. Nous en reproduisons l'excellente description classique tirée de Brehm Il a la tète, le cou, les longues plumes pendantes de cette dernière région d'un jaune doré brillant; les plumes du dos d'un brun pourpre, d'un rouge brillant au milieu, bordées de brun jaune; les longues couvertures supérieures et pen- dantes de la queue de la même couleur que les plumes du cou ; les couvertures moyennes des ailes d'un brun châtain vif; les grandes à reflets vert noir; les plumes de la poitrine noires, à reflets vert doré ; les rémiges primaires d'un gris noir foncé, bordées d'un liséré plus clair; les rémiges secondaires rouges sur les barbes externes ; les internes noires ; les plumes de la queue noires, les médianes brillantes, les autres ternes ; l'œil rouge-orange; la crête rouge; le bec brunâtre ; les pattes d'un noir ardoisé. » La Poule est de plus petite taille ; sa queue est dirigée plus horizontalement, et chez elle, la crête et les appendices rostraux ne sont qu'indiqués. Elle a les plumes longues du cou noires, bordées de blanc jaunâtre; celles du manteau tachetées de brun noir; celles du ventre isabelles; les rémiges et les rectrices d'un brun noir. Le Coq de Bankiva présente des variétés locales très nombreuses. habitat. — Son aire de dispersion est plus étendue que celle des autres espèces; elle comprend l'Inde septentrionale jusqu'à Sinde, du côté de l'ouest, rHiniala3'a jusqu'à une altitude de 4000 pieds anglais, Burmah, la péninsule malaise, l'Indo-Chine, les Philippines et les îles de la Sonde jusqu'à Timor. LE COQ DE STANLEY [Gallus Slanleyi, G. Ihicatiis. — Le Coq de Stanley diil'ère peu du précédent par son plumage ; sa crête est jaune bordée de rouge. Il se fait remarquer par sa voix très singulière. On ne le rencontre qu'à Ceylan. LE COQ DE JAVA [Gallus furcalus. — Caractères. — Le Coq de Java, ou Coq tacheté, surpasse les espèces précédentes par l'éclat de son plumage. Il a les plumes delà collerette longues, mais non pointues, d'un vert fonce à ^lO LES COQS. [101] éclat métallique et entourées d'un liséré étroit d'un noir de satin; les plumes longues et étroites de l'épaule et des couvertures supérieures des ailes d'un vert noir brillant, bordées d'une bande large d'un jaune doré foncé, très vif; les plumes du croupion très longues, d'un vert noir brillant au milieu, et bordées de j aune clair ; les grandes couvertures et toutes les plumes de la face inférieure du corps d'un noir foncé, très brillant; les rémiges primaires d'un noir brun, les secondaires brunes, bordées en dehors de jaune fauve; les plumes de la queue d'un vert métallique, à reflets superbes; l'œil jaune clair ; les parties nues des joues rouges, bordées en dehors et en bas de jaune doré ; la crête bleue à sa base, violette à sa pointe ; la mandibule supérieure noire, l'inférieure jaune ; les pattes d'un gris bleuâtre clair. La Poule est plus petite. Ses joues sont complètement emplumées. Elle a la tète et le cou d'un gris brun, les plumes du manteau vert doré, bordées de gris brun, avec la tige rayée de jaune d'or; les grandes couvertures et les rémiges secondaires sont d'un gris foncé brillant, moirées de jaune ; les rémiges primaires sont brunâtres, les rectrices brunes à reflets verdâtres et bordées de noir; la gorge blanche ; la poitrine et le ventre couleur Isabelle. LE COQ DE SONNERAT {Gallus Sonnerati. — Caractères. — Le Coq de Sonnerat ou Coq sauvage de l'Inde, ou KatukoU, comme l'appellent les Indiens, diffère surtout des autres espèces par la forme de sa collerette. Les plumes en sont longues, étroites, arrondies à l'extrémité ; leur tige s'élargit en formant un disque corné, puis s'amincit pour s'élargir de nouveau en forme de spatule. Les barbes de ces plumes sont d'un gris foncé ; la tige elle-même est d'un blanc brillant à sa base, d'un jaune roux vif à l'extrémité, de sorte que l'aspect de ces plumes est celui de lamelles cartilagineuses rayées de couleurs vives. Les plumes du dos sont longues, étroites, d'un brun noir et rayées longitudi- nalement de blanc ; les petites couvertures des ailes sont dépourvues de barbes, et leur tige est aplatie en palette ; les plumes du croupion sont grises, à tige et à liséré plus clairs ; les couvertures supérieures de la queue d'un vert foncé brillant la face inférieure du corps d'un gris noir; les flancs jaunes tirant sur le brun rouge vers les bords et au milieu ; l'reil est jaune brun clair, la crête rouge ainsi que les barbillons, les pattes et le bec jaunes. La Poule a une livrée moins variée et moins brillante. Habitat. — Le Coq de Sonnerat est originaire de l'Inde. Certains auteurs décrivent, en outre des quatre espèces dont il vient d'être question, trois Coqs désignés sous les noms de Gallus Temmincki, G. ameus, G. giganteus. On admet aujourd'hui que ce sont de simples variétés des précédents. Mœurs. — Mais, si les ornithologistes sont bien fixés sur les descriptions des Coqs sauvages, ils savent peu de chose sur leur genre de vie. Ces Oiseaux habitent en effet des régions peu accessibles, et n'ont guère pu être observés jusqu'ici que dans l'Inde. Le Coq de Bankiva se tient principalement dans les hautes montagnes et ne [102] LES GALLINACÉS. 50 descend jamais au dessous de i ooo mètres d'altitude. Le Coq de Stanley est commun aussi dans les régions montagneuses. Le Coq de Java habite les fourrés les plus impénétrables des hautes forêts. On le rencontre parfois sur le bord des chemins, recherchant quelque nourriture dans les excréments des bestiaux, mais au moindre bruit, il disparait dans quelque taillis impéné- trable. Les Coqs sauvages se nourrissent de graines, de bourgeons, d'Insectes, notamment de Termites. C'est surtout le matin qu'ils se mettent en mouve- ment et font retentir les airs de leurs cris sonores. Ils sont querelleurs et batailleurs au même degré que les Coqs domestiques. Leurs mœurs sont pol3'games. Chaque Poule dépose ses œufs dans quelque dépression du sol où elle a amassé des herbes et des feuilles sèches. Elle fait preuve de toutes les qualités d'une excellente mère, tandis que le Coq ne parait témoigner aucune affection à sa progéniture. Chasse. — La chasse des Coqs sauvages se pratique fort peu, en raison des difFicultés qu'elle présente. D'ailleurs, la chair de ces Oiseaux est relativement coriace, bien que d'un goût excellent, selon Jerdon. Captivité. — Le Coq de Bankiva présente de remarquables aptitudes à la domestication. Il n'en est pas de même des autres espèces, et même quand on fait couver leurs œufs par des Poules domestiques, les jeunes, une fois déve- loppés, ne manquent pas de s'échapper ii la première occasion. Acclimatation. — De l'Asie, leur berceau d'origine, les Coqs ont été trans- portés par l'homme dans toutes les contrées du globe. Ils se sont acclimatés partout, mais de préférence dans les régions chaudes et tempérées. Leur domestication et la création de races spécialement élevées en vue de l'alimen- tation de l'homme, remontent à une haute antiquité. Historique. — D'après les documents les plus anciens, les Coqs ont été introduits en Chine sous une dynastie régnant 1400 ans avant Jésus-Christ. Ces Oiseaux ne sont ni mentionnés dans l'Ancien Testament, ni figurés sur les monuments égyptiens. On n'en a pas trouvé de traces dans les habitations lacustres de la Suisse. Théognis et Aristophane en font mention en 400 à 5oo avant Jésus-Christ. D'après Darwin, il en est figuré sur quelques cylindres babyloniens vi" ou vu' siècle av. et sur la tombe des Harpies en Lycie 600 ans av. Nous pouvons donc fixer à peu près, dit l'illustre naturaliste, vers le vi' siècle avant Jésus-Christ, l'époque de l'arrivée en Europe de l'espèce galline. Au commencement de notre ère, elle devait déjà avoir voyagé plus à l'ouest, car Jules César l'a trouvée en Bretagne. >' L'étymologie du mot Coq est assez embrouillée. Il est probable que ce nom vient de Joq, nom celtique de cet Oiseau. Mais, d'après Rey, les Gaulois n'auraient jamais eu le Coq pour emblème le prétendu Coq si-aiilois est fils de la Révolution; c'est en 178g, avec la garde nationale, qu'il a pris naissance ». Quant au Coq des girouettes, son origine n'est pas bien certaine. " Il était, dit Rey, depuis un temps immémorial en usage dans toute la chrétienté. C'est 51 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [103] un symbole de vigilance qu'exercent les ministres du culte, et une indication qu'ils doivent adresser leurs prières au Ciel dès le lever du soleil. » LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES Origine. — On admet, depuis les mémorables travaux de Darwin, que le Coq de Bankiva est la souche de toutes les races de Coqs et de Poules domestiques. Les preuves de cette unité d'origine des races gallines sont moins faciles ii éta- blir que celles de l'unité spécifique des races de Pigeons. Néanmoins, on peut invoquer à l'appui de cette hypothèse les faits suivants ; Le Coq de Bankiva est l'espèce sauvage la plus voisine, par ses caractères, de certaines races domestiques telles que les Combattants. De part et d'autre, on constate la même conformation, le même cri, le même plumage. Le Coq de Bankiva est une espèce abondamment répandue, d'un apprivoise- ment facile, et présentant des variétés locales nombreuses. Elle est la seule des quatre espèces sauvages qui, croisées entre elles ou avec les races domestiques, ait donné des métis féconds. Enfin, on constate fréquemment chez des races domestiques nettement carac- térisées, telles que les races Cochinchinoise, Dorking, Bantam, Soyeuse, un retour au type primitif, c'est-à-dire des individus qui présentent accidentellement des caractères et un plumage semblables à ceux du Coq de Bankiva. Etant donnée l'innombrable quantité de races domestiques distinctes qui peu- plent aujourd'hui la surface du globe, il }' a lieu de s'étonner, cependant, qu'une seule espèce ait pu produire autant de variétés différentes. Mais la formation des premières races domestiquées date d'une époque très reculée, et Darwin a montré comment le nombre des variétés avait pu depuis cette époque s'accroître insensiblement, dans des proportions considérables. On sait, dit cet auteur, qu'au commencement de l'ère chrétienne, les Ro- mains avaient déjà six ou sept races, et Columelle recommande comme les meilleures, les sortes qui ont cinq doigts et les oreilles blanches ». C_n con- naissait en Europe, au xv'' siècle, plusieurs races qui ont été décrites; et à peu près à la même époque, en Chine, il 3' en avait sept portant des noms distincts. Actuellement, dans une des îles Philippines, les naturels, quoique à demi barbares, distinguent par des noms différents non moins de neuf sous-races de volaille. Azara, qui écrivait à la fin du siècle dernier, raconte que, dans l'inté- rieur de l'Amérique du Sud, où on se serait le moins attendu à trouver des soins de cette nature, on élevait une race à peau et os noirs, parce qu'elle était productive, et sa chair bonne pour les malades. Or tous ceux qui se sont occu- pés de l'élevage de la volaille, savent combien il est impossible de maintenir les races distinctes, sans prendre les plus grandes précautions pour séparer les sexes. Peut-on donc admettre que, autrefois et dans les pays peu civilisés, ceux qui ont pris la peine de conserver distinctes des races qui avaient pour eux une certaine valeur, n'aient pas parfois détruit les Oiseaux inférieurs, et conservé les meilleurs ? Il n'en faut pas davantage. [104] LES GALLINACÉS. 52 Nous ne prétendons pas qu'autrefois, personne ait songé à créer une race nouvelle, ou à modifier une race existante d'après un type de perfection idéal, mais ceux qui s'occupaient de la volaille devaient chercher à obtenir et à élever les meilleurs Oiseaux possible; cette marche, dont le résultat était la conser- vation des Oiseaux les plus parfaits, devait à la longue modifier la race aussi sûrement, quoique beaucoup moins rapidement que ne le fait de nos jours la sélection méthodique. Il sutHt d'une personne sur cent ou même mille, se livrant à un élevage attentif de cette nature, pour que ses produits deviennent supé- rieurs aux autres, et tendent à former une nouvelle famille, dont les différences spéciales, augmentant lentement et graduellement, comme nous l'avons vu pré- cédemment, finissent par acquérir l'importance de caractères d'une sous-race ou même d'une race. Les races négligées peuvent s'altérer, tout en conservant par- tiellement leurs caractères, mais revenant ensuite à la mode, elles peuvent être ramenées à un degré de perfection très supérieur à celui de leur type pré- cédent; c'est ce qui est arrivé tout récemment aux races huppées. Une race entièrement négligée disparaît toutefois et s'éteint, comme cela a été le cas pour une sous-race huppée. Lorsque, dans le cours des siècles passés, il est né un Oiseau offrant quelque point anomal de conformation, tel qu'une huppe d'Alouette sur la tête, il est probable qu'il aura dû être conservé, en vertu de cette passion pour la nouveauté qui a, par exemple, conduit quelques per- sonnes à produire et à élever en Angleterre des races sans croupion, ou des Oiseaux frisés dans l'Inde. De pareilles anomalies sont ensuite conservées avec le plus grand soin, comme indice de la pureté et de la bonté de la race ; c'est d'après ce principe que, il y a dix-huit siècles, les Romains estimaient le plus, chez leurs volailles, un cinquième doigt et les lobes auriculaires blancs. Ainsi, l'apparition incidente de caractères anomaux, même très légers au premier abord; les effets de l'usage ou du défaut d'usage, peut-être ceux de l'influence directe du climat et de la nourriture ; la corrélation de croissance; le retour occasionnel vers d'anciens caractères depuis longtemps perdus ; les croi- sements des races, quand il s'en est déjà formé un certain nombre; mais, par- dessus tout, une sélection inconsciente poursuivie pendant une longue série de générations, sont autant de circonstances qui, à mon avis, lèvent toutes les diffi- cultés qui semblent s'opposer à l'admission de l'opinion, que toutes les races descendent d'une souche primitive unique. » On a vu plus haut pour quelles raisons le Coq de Bankiva est considéré comme cette souche primitive unique. Classification. — Une classification naturelle des races gallines, a dit Dar- win, n'est pas possible, car elles diffèrent les unes des autres à des degrés divers, et n'offrent pas de caractères subordonnées les uns aux autres, qui per- mettent de les classer par groupes sous d'autres groupes. Elles sembleùt toutes avoir divergé d'un type unique par des voies différentes et indépendantes. » Et, en effet, tous les ornithologistes qui ont essayé de rattacher les innom- brables variétés à un certain nombre de types morphologiques ne sont arrivés qu'à établir des classifications forcément artificielles. 53 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [105] L'une des meilleures cependant est celle que nous empruntons à Cornevin. Elle a l'avantage, par sa disposition, de faciliter la détermination rapide de chaque race, et de présenter une série de formes qui s'éloignent graduellement de plus en plus du type primitif. Une première grande division est basée sur la présence ou l'absence de coccyx, ce qui établit la distinction des races Uropfgidées et des races Anuro- pygidces. Puis dans chacune de ces divisions, la présence de cinq ou quatre doigts donne lieu à la formation des groupes Pentadactyles et Tétradactfles. Enfin, comme autres caractères secondaires utilisés dans la dichotomisation, on remarque les particularités tirées des crêtes, des huppes, de la vestiture des tarses, etc. Nous retrouverons aussi, dans les caractères des races domestiques de Coqs, quelques particularités accidentelles étudiées à propos des Pigeons, ce sont la frisure et le soyeux des plumes. SYNOPSIS DES RACES GALLINES D'après Cornevin. Article 1. — Races Uropygidées. Groupe I. — Races U. Tétradactyles. Section I. — Races a crête. Sous-section I. — Races à tarses nus. 1° Non cravatées. Catégorie I. — Races à crètr simple et dentée. j Port trùs redressé ; corps longiligne, bec puissant Combattant. j*" 1 ' ç Oreillons ^ Tarses gris Commune. Port , clans les rouges. ;> - rosés Scotch-Grey. moyenne ^ordinaire l^ J ou un ou s'en Oreillons ^ Plumage varié Brœckeletde laFriie. peu au- / rappro-/ Crête ren [ blancs. ' — blanc Ramelslohe. dessous., chant. ' v-Pr^-P chez ' ^""^'"""^ """"S*-'^ Gournay. laPou^e i Joues blanches Espagnole. Oreillons Tarses noirs Minorque. blancs. Joues \ — gris noir longs. Andalous. c I rouges. J — gris et minces.. Bressane.' 3 j ' — jaunes Leghorn. S-/ Crète droite 1 ^ .,, j. i • H 1. I Oreillons rouges assez développes ; tarses \ Hp,> i jaunes ; queue courte Plymouth-Rock. Forte { Port I stxcs. j stature. J ordinaire., ^ . Oreillons blancs et rouges de développe- / Crète ren- i ment moyen; tarses gris bleuâtre Elberield. versée chez/ Petits oreillons blancs et rouges; tarses la femelle, j gris blanc rosé Coucou de RenneS. [ Oreillons blancs ; tarses ardoisés Barbezieux. Tronc de dimensions \ moyennes, mais Port ordinaire. Crétecouchéechez la femelle. Tarsesgris. Courtes-pattes, tarses rudimentaires. j iPort redressé. Tarses proportionnés à la taille et ver- dàtres Naine de combat, p ^Tarses très courts et jaunes Nangasaki. J. I — proportionnés au corps et rosés. .. Scotch-Grey. Bantam. Plumage soyeux Soyeuse. Cou nu A cou nu ou de Tran- sylvanie. [106] LES GALLINACÉS. 54 Catéuouie II. — Races à crélc sans indcnlaliuns. i Tarses jaunes. ^ueue petite et inclinée Malaise. Port redressé. l'kimage à dispo- ^ Pas de cravate margeolles bien développées... De Hollande. moyenne.' sition normale 'Cravate; margeolles rudimentaires De Padoue. L- 1 Tous les caractères de la Hollandaise de format ordinaire et plumage l'orme } très blanc Hollandaise naine. naine. .j,^^^ j^^ caractères de la Padoue de forme ordinaire Padoue naine. 55 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [107J Catégorie II. — Races ayant simullanémcnt uiw huppe ou un épi et une crête. Crète à 2 cornes avec petite huppe ou épi, margeolles très Forte \ l'^sde dLveloppées De la Flèche. slature. ^ cravate. Crète lobée quelquefois en gobelet, margeoUcs ordinaires. De Caumont. Cravate Urévecœur. Stature un peu au-dessous de la moyenne Faisane. Sous-SECTioN II. — Races à tarses emplumés. Stature ^ Petit épi; une cavité dans une crête e.^ktrêmement rudimentaire. . . De Bréda. moyenne. ' Huppe étirée en arrière ; crête à 2 cornes Ptarmiqan. Groupe II. — R. U. Pentadactyles. Section I. — Races à crête. Catégorie I. — Races à crête simple. Stature ^ Tarses nus, pas de cravate Flamande. moyenne.' — emplumés, cravate De FaveroUes. Forte stature. — Tarses nus, pas de cravate De Dorking. Catégorie II. — Race à crête fraisée. Forte stature. — Mêmes caractères que la Dorking à crête simple Dorking fraisé. Section II. — Races à huppe ou à épi. _ „ i Tarses nus, crête lobée, quelquefois en gobelet, accom- tature i Peau 1 » ^ t o ' ".. ;,, ', , pagnant la huppe, plumage bicolore De Houdau. ordinaire. ' blanche ./ ^ '^ ° 1 • . 1 -. u- c ix Tarses emplumés, lorte huppe, crête bicorne Sultane. Stature au-dessous de la moyenne sans atteindre au nanisme. Peau noire, huppe avec crête fraisée, orjillons et niargeolles violacés, plumage très Nègre Article II. — R. Anuropygidées. Groupe 1. — R. An. Tétradactyles. Catégorie I. — Races à crête. Stature ordinaire. Pas de faucilles, ni de vertèbres coccygiennes Sans croupion. Stature naine. Mêmes caractères que ci-dessus, avec nanisme , Sabot. Groupe U. — R. An. Pentadactyles. Catégorie II. — Race à huppe. Stature au-dessous de l'ordinaire Pas de faucilles; huppe ; barbe ; tarses em- plumés Huppée sans queue. I'' GROUPK - TYPE RACE RACES UROPVGlDliES TÉTRADACTYLES. TARSES NUS. CRÈTE SIMPLE ET DENTÉE RACE DES COMBATTANTS. — Les Combattants ont pour caractères une attitude fière, redressée, un bec fort et crochu ; un cou long et fort, peu arqué ; une poitrine large; un dos court; des cuisses fortement musclées ; des jambes lon;ues, fortes, couvertes de fines écailles et armées d'un ergot puissant; des doigts longs, étendus, le doigt postérieur bien appliqué sur le sol; une crêle simple et droite; des yeux grands à pupille noire; la queue serrée, étroite, bien relevée; les oreillons et les barbillons courts; le plumage serré et lisse. [1081 LES GALLINACÉS. 56 Cette race est très voisine du Coq de Bankiva, mais la plupart de ses carac- tères ont été exagérés par l'élevage et la sélection artificielle au détriment de la belle harmonie de ses formes. Le Combattant anglais actuel parait être, aux yeux des profanes, plutôt un type monstrueux qu'une race perfec- tionnée. Son importation en Europe date d'une époque assez reculée, car César y fait allusion dans ses Commentaires. Les Combattants sont, comme leur nom l'indique, d'un caractère très batail- leur, qui se manifeste chez les jeunes dès l'âge de cinq à six semaines. Ces ardeurs belliqueuses ne sont pas l'apanage des Coqs ; elles existent aussi, mais à un plus faible degré, chez les Poules. C'est surtout à la race des Combattants que s'appliquent ces lignes de BufFon Les hommes, qui tirent parti de tout pour leur amusement, ont bien su mettre en œuvre cette antipathie invincible que la nature a établie entre un Coq et un Coq; ils ont cultivé cette haine innée avec tant d'art, que les combats de deux Oiseaux de basse-cour sont devenus des spectacles dignes d'intéresser les peuples polis, et en même temps de développer ou entretenir dans les âmes cette précieuse férocité, qui est, dit-on, le germe de l'héroïsme. On a vu, on voit encore tous les jours, dans plus d'une contrée, des hommes de tous états accourir en foule à ces grotesques tournois, se diviser en deux partis, chacun de ces partis s'échauffer pour son combattant, joindre la fureur des gageures les plus outrées à l'intérêt d'un si beau spectacle, et le dernier coup de bec de l'Oiseau vainqueur renverser la fortune de plusieurs familles. C'était autrefois la folie des Rhodiens, des Tangriens, de ceux de Pergame ; c'est aujourd'hui celle des Chinois, des habitants des Philippines, de Java, de l'isthme de l'Amé- rique et de quelques autres nations des deux continents. » Les combats de Coqs, très en honneur en Angleterre, en Belgique et dans le nord de la France, sont souvent l'objet de paris importants. Ils sont, pour les amateurs, dans ces contrées, ce que les courses de Taureaux sont pour les Espagnols. Certains dimanches, on voit les coquelcux — c'est ainsi que s'appellent les fer- vents de ce genre de sport — se réunir dans une salle spécialement aménagée à Cet effet, et mettre an parc, tel est le terme consacré, leurs élèves favoris. Ceux- ci ont subi, préalablement, une véritable toilette de guerre. On leur a amputé la crête, les oreillons et les margeolles, pour qu'ils otfrent moins de prise au bec de leur adversaire, et on a muni leurs ergots de longs éperons en acier. L'amputation de la crête et des autres appendices cutanés de la tête se pratique de bonne heure, lorsque les jeunes Coqs n'ont encore que six à sept mois. L'éperon d'acier s'adapte à l'aide d'une courroie, un moment avant le combat. Les deux champions désignés sont placés l'un en face de l'autre dans une arène recouverte de sable fin. Autour de l'arène des bancs sont disposés en amphithéâtre, pour les curieux et les parieurs. A un signal donné, la bataille commence. Les deux Coqs se précipitent l'un 57 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [100] vers l'autre, les plumes hérissées, les yeux brillants, et entrent en lutte. Ils se servent davantage de leurs pattes formidablement armées, que de leur bec; ils s'en portent des coups violents, en s'élançant l'un sur l'autre et se soulevant au- dessus du sol. Il est rare que l'un d'eux abandonne le champ de bataille; le plus souvent, le vaincu, s'il n'est tué net, reste terrassé et agonisant jusqu'à ce qu'on l'ait remplacé par un nouveau combattant. Indépendamment de son aptitude à ce genre original d'exercice, la race des Combattants anglais a, entre autres qualités, celle de fournir aux gourmets une chair fine et délicate. De plus, elle est d'une grande fécondité. De sorte que les efforts des éleveurs tendent aujourd'hui vers deux buts bien différents. Tandis que quelques-uns élèvent ces volatiles en vue d'exalter soit leurs qualités de lutteurs, soit leurs caractères de fantaisie, d'autres essaient de produire abondamment et d'améliorer une volaille justement appréciée. Aussi les sous-races de Combattants sont-elles nombreuses et Sous le rapport de la coloration du plumage, les Combattants anglais se répartissent dans les sous-races suivantes Noire, Blanche, Coucou, Pailletée ou l^apillolée, Pile, Pile blanc. Dorée à ailes de Canard, Argent ée a ailes de Canard, Rouge à plastron noir. Rouge à plastron brun. Les variétés dites à ailes de Canard présentent sur les ailes des localisations pigmentaires rappelant celles que l'on voit chez les Canards. RACE COMMUNE. — Cette race, qui rappelle par ses formes, ses allures, son plumage, le Coq He Bankiva, ne présente pas de caractères bien fixes, car elle n'a pas été l'objet d'une sélection rigoureuse. Néanmoins, malgré les variétés locales sous lesquelles on peut la rencontrer, elle est aisément reconnaissable. Son corps est bien proportionné, ses formes élégantes; son plumage a les nuances brillantes et les reiiets verts et dorés du Coq de Bankiva. La tète porte une crête simple, verticale, d'un développement moj'en, bien dentée; les mar- geolles sont bien développées et pendantes; les oreillons blancs ou rouges; la queue est ornée de faucilles longues et gracieusement recourbées; les tarses gris. Le plumage de la Poule est d'un fauve plus ou moins cendré. On rencontre cette race dans la plupart des fermes. Son élevage réclame peu de soins, sa chair est excellente et sa fécondité remarquable la Poule donne en moyenne i5o œufs par année, elle se montre bonne couveuse et bonne mère. Les sous-races principales sont les suivantes 1° La sous-race de Caussade ou de Gascogne, reconnaissable à son plu- mage noir. 2" La sous-race du Gàtinais, qui a un plumage gris. 3" La sous-race des Ardenncs, qui diffère peu de la race type. La Poule créole de la Plata n'est que la race commune de l'Europe, intro- duite depuis plusieurs siècles dans l'Amérique du Sud, où elle vit à l'état de demi-liberté. Sous l'inHuence de ce nouveau genre de vie, du climat et de la Pli XXXIII. — Coq et Poules. — Race Andalouse itexte, paj^e ni. La vie des ILLUSTRÉE. IV. g [110] LES GALLINACES. ÔS nourriture, elle a pris des caractères particuliers. Sa taille s'est amoindrie, son plumage est devenu roussâtre ou jaunâtre. Par leurs allures, et leur genre de vie, les Poules cre'oles de la Plata se rapprochent beaucoup des espèces sauvages. Vives, alertes, volant facilement et se perchant volontiers sur les arbres, elles forment des petites bandes de quatre à cinq individus d'un naturel assez sauvage. La Poule de Jérusalem n'est aussi qu'une sous-race asiatique de la race commune. Coqs. — Race commune. RACE COUCOU D'ECOSSE Scolcli Grey. — Les races dites Coucous doivent leur nom à ce que leur plumage ressemble à la face ventrale du Coucou, c'est- à-dire qu'il est rayé de brun noir ou de brun roux sur un fond gris clair. D'après leur origine géographique on distingue les Coucous Je Rennes, ou de France, les Coucous Maliies, les Coucous J'Écosse. Les deux premières sous-races sont de très forte taille et d'un type voisin du Pl3'mouth-Rock. RACE DE BRAEKEL, OU CAMPINE A CRÊTE SIMPLE. — Très estimée en Belgique et dans le nord de la France, cette race se distingue de la race com- 59 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [111] niLinc par sa taille qui est plus petite, et son plumage dit craj-oinié, doré ou ^cnté. La Poule est une excellente pondeuse. argenté LA RACE DE RAMELSLOHE et celle de GOURNAY se rangent à côté de la précédente. LA RACE ESPAGNOLE. — Les Coqs et Poules de race espagnole ont un aspect très caractéristique. Ils sont de haute taille, leur port est fier, redressé; leur plumage presque uniformément noir; le grand développement de leur crête, droite, profondément dentée, leurs longs barbillons rouges, leur face nue, verruqueuse, d'une pâleur livide, donnent à ces Oiseaux un aspect très singulier. Cette race n'est encore considérée que comme une race de fantaisie. La Poule est bonne pondeuse, mais sa chair est peu appréciée. Pendant l'hiver, parles froids rigoureux, la belle crête des Coqs est sujette à se geler. Outre la race noire typique, il existe une sous-race blanche. RACE DE MINORQUE. — Les Coqs et Poules de Minorque, très répandus en Angleterre, se distinguent de la race espagnole par la couleur des joues qui est rouge au lieu d'être blanche. On la dit originaire des îles Baléares, mais en réalité, elle provient d'une race améliorée de la péninsule Ibérique, connue sous le nom de Castillane ou Aiida- loiise noire. C'est une race rustique, peu sujette aux maladies, s'engraissant facilement; la Poule est une excellente pondeuse, mais n'a que peu de qualités pour couver. LA RACE ANDALOUSE •. — Elle se rattache très intimement à la race de Minorque, dont la distingue seulement son plumage maillé d'un gris ardoisé. LA RACE D'ANCONE. — Elle ne ditïère aussi de la Minorque que par son plumage coucou. Les races Espagnole, de Minorque, Andalouse, d'Ancône, bien que formant un groupe assez homogène, ne proviennent pas toutes, comme leur nom pour- rait l'indiquer, de l'Espagne. Une seule d'entre elles, la Minorque, provient de ce pays. Les autres sont des races sélectionnées, moins connues en Espagne que partout ailleurs. LA RACE BRESSANE. — Cette race est très ancienne. Son nom rappelle celui de la province où elle a été l'objet d'un éleviige tout particulier. Elle provient, d'après certains auteurs, d'un croisement entre le Coq espa- gnol et la Poule commune. Ses caractères sont les suivants la crête est grande, très dentelée, droite PI. XX..Nin. — Coq ot — Race Andalouse Planche, page 109. [112] LES GALLINACÉS. 60 chez le Coi.], tombante chez la Poule; les oreillons sont blancs ou sablés de rouge; les tarses gris et fins; la poitrine large, le squelette léger. C'est une race très estimée tant pour la délicatesse de sa chair et ses aptitudes à l'engraissement que pour la ponte et l'incubation. On en distingue variétés principales, celle de Bourg dom le plumage est caillouté, et celle de Louhans dont le plumage est entièrement noir à reflets métalliques verts et violets. RACE DE LEQHORN. — Les allures du Coq de Leghorn ont l'élégance et la fierté de celles du Coq commun. Ses caractères en sont aussi peu différents tête fine, surmontée d'une belle crête simple, droite, dentée; bec et pattes jaunes, oreillons de grandeur moyenne et couleur blanc-crème; barbillons allongés; dos court, plastron large ; queue bien garnie, fortement relevée. La Poule porte la crête renversée, sa queue est moins fournie. Les origines de cette race sont à rechercher dans le croisement de l'Andalouse et d'une race également méditerranéenne, celle de Livourne. Mais elle a sur- tout été sélectionnée et élevée aux environs de New- York, de sorte que certains auteurs en font une race américaine. Sa création ne remonte pas au delà de 1 835. Les Poules de Leghorn sont surtout recherchées comme pondeuses, car leur chair est peu appréciée. Une bonne pondeuse produit annuellement environ i No œufs du poids de 56 grammes. Les différentes sous-races sont caractérisées par leur plumage ; ce sont la Rouge, la Blanche, la Noi-e, la Brune ou Dorée, la Coucou et la Pile. La première est la plus connue chez le Coq, la tête et le camail sont rouge orangé; les lancettes ainsi que les petites et moyennes couvertures des ailes d'un rouge foncé; le plastron, l'abdomen et les rectrices noires ; les grandes couvertures de l'aile et les faucilles noires à reflets verts ou violacés les rémiges primaires noires, sauf les barbes externes bordées d'un liséré bai brun; les rémiges secondaires et les couvertures de la queue noires bordées d'un liséré brun. La Poule a le plastron marron clair avec la tige des plumes blanche, le camail jaune doré, rayé de noir, la queue noire et le reste du plumage couleur perdrix. RACE DE PLYMOUTH-ROCK. — Cette race est caractérisée par une forte taille, une crête simple et droite dans les deux sexes; des tarses jaunes, une queue courte, un plumage coucou uniforme. Les joues et les oreillons sont rouges, les margeoUes bien développées. Créée en Amérique, elle provient du croisement de la Cochinchinoise et de la Dominique. Bonne pondeuse et bonne couveuse, d'un caractère peu querelleur, elle est très estimée pour ces diverses qualités. Les œufs sont gros et d'un beau blanc. Cl LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. 11S] RACE D'ELBERFELD. — C'est une race de forte taille, très estimée en Alle- magne. Ses caractères tiennent à la fois de [p. race commune et de la race de Padoue. On en décrit trois sous-races principales i" la Dorce; 2" VArgentée\ 3° la Noire. La première a le camail d'un fauve doré ; les couvertures des ailes d'un rouge-acajou traversées par une double bande noire brillante; les couvertures et la queue noires marquées de teintes chamois, les faucilles et les rectrices noires à reflets verts, les pattes gris bleuté; les oreillons blancs et rouges. Dans la sous-race argentée la couleur blanc d'argent remplace la teinte fauve doré. La troisième sous-race est presque entièrement noire. DE BARBÉZIEUX. — Aux races de haute stature, telles que la PI3'- mouth-Rock et l'Elbcrfeld, il convient d'ajouter la race de Barbézieux, dont les affinités avec la race dite espagnole ne sont pas douteuses. Le port est fier, le plumage dominant est le noir. Élevée principalement dans l'ouest de la France, cette race est appréciée à la fois pour sa chair et ses qualités de pondeuse. RACE COURTES-PATTES. — La seule particularité ethnique de cette race est la brièveté des tars>s, qui ne mesurent que 3 ou 4 centimètres. Cornevin la considère comme une forme monstrueuse de la race commune. Un fait qui jus- tifie cette hypothèse, est la difficulté qu'éprouvent les éleveurs à conserver ce caractère anormal dans des couvées successives; les sujets qui ne sont pas le produit de sélections très sévères, tendent à reprendre des tarses élevés. Douces, sédentaires, les Poules courtes-pattes sont d'excellentes couveuses. RACE A COU NU, OU DE TRANSYLVANIE. — Cette race, assez abondante en Trans3'lvanie, ne présente comme caractère distinctif qu'une dénudation com- plète de la partie supérieure du cou, laissant à nu la peau qui est d'un rouge écarlate. Par ses autres caractères, elle ne se distingue pas de la race commune. Les échantillons qui figurent dans les jardins zoologiques d'Europe et dans les expositions avicoles sont de simples objets de curiosité. C'est probablement du croisement du Coq à cou nu de Transylvanie et d'un Combattant qu'est née la race dite à cou nu de Madagascar, dont l'apparition dans la liste des innombrables variétés de fantaisie est de date récente. Races tianies du 1''' ^-ruupe. Race de Nan;asaki. — Outre sa forme naine, la race de Nangasaki est encore remarquable par la brièveté de ses tarses, sa crête simple relativement énorme, son attitude redressée, la tête venant presque au contact de la queue fortement relevée; la poitrine proéminente, les ailes pendantes. Les joues sont nues et rouges ainsi que les oreillons, les margeolles très développées, le bec et les pattes rouges. [11/,] LES GALLINACÉS. G2 Originaire du Japon, cette race fut introduite en Europe vers 1854. On en connaît trois variétés basées sur les caractères du plumage ; ce sont la Blanche, la Blaitclif à queue noire et la So}-euse. Les Poules de Nangasaki sont d'un caractère très doux ; on les utilise pour l'incubation des œufs de P^tisans et de Perdreaux. La 7~ace itaiiie de Combat, la }-ace naine d'Ecosse, la ?" naine So'ense, sont des variétés tcratologiques de races normales vues précédemment Combattants, Coucou d'Ecosse, race commune. Elles n'ont d'intérêt que pour les amateurs de curiosités, mais elles montrent en même temps comment une patiente sélection et un élevage particulier per- mettent de fixer des anomalies originairement accidentelles. 11 GROfPE. —TYPE MALAIS RACES UROPYGIDÉES — CRKTE SA>"S INDEN'TATIONS RACE MALAISE. — Les Coqs Malais rappellent par leurs formes et leurs allures les Combattants anglais, ou mieux encore la race sauvage primitive. Leur port est très redressé, leurs formes élancées ; ils ont un cou très long, une poitrine large, des épaules saillantes, des jambes fortes et nerveuses pourvues d'ergots puissants ; une queue petite, habituellement pendante, relevée seulement quand l'Uiseau est excité ; un plumage serré surtout dans la région du cou. Leur tête, en apparence fine et allongée, est relativement large; elle est sur- montée d'une crête mamelonnée; le bec est fort et crochu; les joues et les oreillons sont rouges, les pattes jaunes. Cette race est très répandue dans l'archipel Malais, les Philippines, les iles de la Sonde, Madagascar et les îles de la mer des Indes. Son caractère très querelleur la fait rechercher par les amateurs de combats de Coqs. Elle donne, avec différentes autres races domestiques, des métis remarquables par le grand développement de leurs muscles pectoraux, mais qui en se croi- sant entre eux retournent rapidement au t\'pe Malais pur. Les principales sous-races sont la Blanche, la A'o/re, la Rousse, la Pile et la Noire-rouge. La sous-race noire ou Indienne est considérée par quelques auteurs, mais à tort, comme une race distincte. RACE DE BRUGES OU COMBATTANT DU NORD. — Cette race paraît être le résultat d'un croisement entre le Combattant anglais et le Malais. Ses caractères sont les suivants, d'après Cornevin crête simple, rudimcn- taire, de couleur lie de vin foncée, ainsi que les margeolles et les oreillons. Queue presque horizontale. Par sa taille, son port, sa crête, son corps large en avant et étroit en arrière, elle tient de la Malaise; par sa physionomie, son plumage, ses instincts batail- leurs, elle rappelle le Combattant anglais. Ses tarses sont plombé foncé. 63 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [115] Bien que d'un élevage facile, elle n'est pas très recherchée comme race de produit ; sa chair est médiocre, son aptitude à l'incubation est faible. On l'utilise en Belgique, pour le combat, après lui avoir fait subir les mêmes mutilations qu'aux Combattants anglais. Ses variétés de coloration sont nombreuses. RACE DE YOKOHAMA. — Cette superbe race, originaire du Japon et de la Corée, n'est élevée en Europe que pour son plumage décoratif. Ses caractères la rapprochent beaucoup de la Malaise ; mais elle s'en distingue par le dévelop- pement considérable des plumes de la queue disposées en panache et son atti- tude presque horizontale. Son élevage est très délicat ; le froid lui est funeste, et son caractère batailleur ne permet pas de la laisser en compagnie des autres Oiseaux de basse-cour. On en connaît deux sous-races la Ferrugineuse et la Blanche. RACE PHÉNIX. — Originaire aussi du Japon, et importée en France en 1882, la race Phénix est très proche parente de celle de Yokohama, mais elle se fait remarquer par un développement plus considérable encore des plumes de la queue et la richesse de son plumage. C'est aussi une race de pure fantaisie et d'un élevage très délicat. Les deux variétés principales sont V Argentée et la Dorée. RACE DE SUMATRA. — On peut la considérer comme une forme demi-naine de la race de Yokohama. Son plumage est entièrement noir. Elle provient non pas de Sumatra, mais de l'Amérique, où elle a été créée et sélectionnée. III» GROUPE. — TYPE RACES UROPYGIDÉES TÉTRAHACTYLES A TARSES NUS. CRÈTE FRAISIÎE RACE DE HAMBOURG *. — L'origine de la race de Hambourg est assez embrouillée. Les Anglais, les Hollandais, les Français revendiquent chacun l'honneur de l'avoir sélectionnée et fixée. Quoi qu'il en soit, elle est très répandue dans tous les pays du nord de l'Europe. Son caractère essentiel est dans la forme de sa crête; celle-ci est une masse charnue en forme de plateau élargi en avant, pointu en arrière, hérissé de petits monticules réguliers, et surplombant le bec dans les deux tiers de sa longueur. Le corps est bien proportionné, la tête petite, le bec court et fin; les joues et les margeolles rouges ; les oreillons ronds, plats et blancs; le dos incliné; les ailes moyennes, la queue grande et bien portée ; les tarses courts et minces. Il en existe cinq sous-races principales qui sont La Pailletée argentée, la Pailletée dorée, la Noire, la Crayonnée argentée, la Crayonnée dorée. Les deux dernières forment pour certains auteurs la Race de Campiue. PI. \.\.K1V. — Coq et Poules de Hambourg. — Variété pailletée argentée Planche, page 116. [lia] LES GALLINACÉS. r,', Les sous-races pailletées sont caractérisées par la présence d'une tache noire ;i l'extrémité de chaque plume; cette tache est lancéolée sur les longues plumes du camail, arrondie dans les autres régions. Dans la variété argentée que représente notre planche, les plumes du camail sont blanches, flammées de noir; la poitrine, l'abdomen, les cuisses présentent les disques noirs caractéristiques sur fond grisâtre; les ailes portent deux barres noires transversales; les plumes de la queue sont longues, élégamment recour- bées et sont marquées chacune, à l'extrémité, d'un disque noir. Les sous-races cra3'onnées sont caractérisées par la présence sur chaque plume de barres noires transversales. La race de Hambourg est très appréciée pour sa beauté, son élégance, et pour son aptitude à la ponte. Les Campines, notamment, sont connues en Angleterre sous le nom ait Poules pondant Ions les jours. Cette appellation est peut-être exagérée, mais on peut estimer à 23o œufs environ, de 5o grammes chacun, la production annuelle d'une seule Poule. La qualité de la chair est différemment appréciée par les amateurs. La Canipine à conrlcs-pattes n'est qu'une variété tératologique analogue à la Courtes-Pattes décrite plus haut. RACE DE DOMINIQUE. — Cette race, originaire d'Amérique, se place ici près des Hambourgs à cause de sa crête fraisée, horizontale, et de son plumage coucou, mais elle est le résultat du croisement entre la Lcghorn et la Dorking fraisée. C'est une race rustique, féconde, d'un élevage facile. RACE D'ORPINOTON. — La création de cette race est de date toute récente. Elle a été obtenue pour la première fois en Angleterre, en i885. Sa généalogie est assez compliquée; on ne cite pas moins de dix races a3'ant concouru à sa formation, parmi lesquelles la Langshan, la Plymouth-Rock, la Minorque. RACE DU MANS. — Par ses caractères, la race du Mans tient des Hambourgs et des La P'ièche; son origine est inconnue. Elle est remarquable par son aptitude à l'engraissement, et la renommée des Chapons et des Poulardes du Mans est restée célèbre les premiers atteignent le poids de 5 kilogrammes, sous l'inllucnce d'un gavage particulier. RACE WYANDOTTE. — La Wyandotte a des formes trapues ; ses barbillons sont de longueur moyenne, ses oreillons rouges, sa queue courte et fournie, sa crête fraisée, large en avant, pointue et recourbée en arrière, son bec et ses pattes jaunes. Issue d'un croisement compliqué où figurent la Hambourg et la Brahma, elle a hérité de la première une grande aptitude à la ponte et de la seconde une remarquable précocité. l"'!. XXXIV. — Coq et Poules de Hambourg. — Variété pailletée argentée texte, page ii5. 65 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [117] Sa chair est peu appréciée en France, mais très recherchée en Amérique, son pays d'origine. On distingue les variétés /?/a;;f/;t', Noii-e, Argentée, Dorée et Coucou. Dans la variété Argentée, les amateurs recherchent avec un soin tout spécial la régularité des taches noires de la poitrine. Races naines du UT groupe. RACE SEBRIGHT. — On ne connaît pas les croisements qui ont donné nais- sance à cette race, dont le créateur est sir J. Scbright. Sa conformation la rapproche de la Hambourg; sa crête est fraisée; ses joues, oreillons et margeoUes rouges; ses tarses gris; ses ailes pendantes, sa queue simple et très relevée; son plumage maillé. Les trois sous-races sont la Dorée, V Argentée, la Citronnée, mais dans toutes les trois se retrouve la disposition maillée du plumage. RACE BANTAM A PATTES NUES. — Les amateurs donnent le nom de Ban- tam à la plupart des races naines. Ce nom n'indique pas, par conséquent, leur origine, en particulier celle de la Bantam à pattes nues. Celle-ci a le port et la conformation des Hambourgs; les variétés de plumage sont Xa. Noire ou Java- naise, la Blanche, la Perdrix, la Dorée, V Argentée et la Soyeuse. RACE FRISÉE DU CHILI. — Cette race est connue depuis très longtemps, Aldrovande l'a signalée vers la fin du xvi' siècle. Elle se faiJ remarquer par la disposition frisée de ses plumes, notamment sur la poitrine. Ses caractères sont ceux de la race commune, à l'exception de la crête qui est fraisée. Il existe aussi une race frisée exactement semblable à la précédente, mais de plus petite taille encore on l'appelle la Petite frisée. IV'- GROL'PE. — TYPE DE MANTES RACES UROPYGUjÉES CRAVATÉES. — TARSES NUS RACE DE MANTES. — Cette race, dont les caractères tiennent à la fois de la Houdan et de la race commune, a été l'objet d'une sélection et d'un élevage par- ticuliers dans les cantons de Mantes, Houdan et Bonnières, du département de Seine-et-Oise. Elle fut créée en 1 875 par Voitellier qui en donne la description suivante Le cou et les pattes sont de longueur moyenne, le dos long, les reins larges, les épaules moyennement écartées, mais très saillantes, et la poitrine très carénée. Si elle diffère par sa forme et ses proportions de la race de Houdan, elle lui ressemble par son plumage caillouté noir et blanc. Elle n'en a pas la huppe, et sa crête est simple, de dimensions moyennes, peu proéminente sur le bec, peu profondément dentée, portée droite chez le Coq et pliée sur elle-même vers [118^ LES GALLINACÉS. ^ OT. son milieu ciiez la Poule. Les barbillons sont très réduits. La gorge est un peu moins fournie que chez la Houdan et les favoris le sont au contraire davantage. La queue est de moyenne longueur et ne forme pas chez le Coq un immense panache donnant beaucoup de prise au vent ; les plumes de la queue et celles qui recouvrent l'abdomen sont cependant relativement molles et s'ébourilTent faci- lement. Les tarses sont marbrés noir et blanc rosé, ainsi que les doigts qui sont au nombre de quatre seulement. » La race de Mantes est d'un engraissement facile, sa chair est délicate. La Poule est bonne pondeuse et les Poussins précoces. RACE BARBUE OU COSAQUE. — Connue aussi sous le nom de Race à tôle de Hibou, elle doit son nom au grand développement des petites plumes frisées de la tête qui lui forment une sorte de barbe à favoris, et à la disposition de la crête qui présente deux cornes non ramifiées. Autrefois très répandue en Hollande, elle ne se rencontre plus que sur les bords de la mer Noire. RACE BARBUE D'ANVERS. — Forme naine analogue à celle des Bantams; elle est caractérisée, outre sa petite taille et sa crête fraisée, par une cravate de petites plumes frisées avec barbe et favoris. Répandue en Belgique, où elle est connue aussi sous le nom de Race iiaiiip Aiversoisc. V GROUIH-;. — TYPE COCHlNClllNOlS RACES UROPYGHlKES TKTRADACTYLES A TARSES EMPLUMl'S Les Coqs et les Poules de ce groupe paraissent, au premier abord, tellement éloignés du type primitif, le Coq de Bankiva, que l'on serait tenté de rechercher leur origine dans une souche distincte. .Mais si l'on réfléchit, dit Cornevin, d'une part, que la brièveté de leur queue et de leurs ailes, ainsi que la massivité de leur corps sont des caractères acquis, qui ne se trouvent point sur des Oiseaux sauvages, où ils seraient une cause d'infériorité; que, d'autre part, on a vu quelquefois, sur des volailles communes et en dehors de tout croisement, apparaître spontanément des plumes aux tarses ou aux doigts ce qui n'est qu'une manifestation de l'identité histologique des plumes et des écailles\ les hésitations disparaîtront et on les rattachera au Coq de Bankiva ». Hàtons- nous aussi d'ajouter que ces races d'origine asiatique ont été considérable- ment modifiées par la sélection depuis leur introduction en I^urope. RACE DE SHANQ-HAI. — Plus connue sous le nom de Race Cochiiichiuoise, ou Cocliiii, elle provient, non pas de la Cochinchine, mais du Tonkin septen- trional et du sud de la Chine. Elle fut importée en Angleterre en 1X43 et en France en i84", par l'amiral Cécile. . Les Cochins sont de très haute stature; leurs formes sont lourdes et mas- sives. Us ont une tête relativement petite, un cou gros et court, un dos court 67 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [110] et large, des épaules saillantes; des ailes et une queue très courtes; des tarses forts, de longueur mo_venne, emplumés ainsi que les doigts. La crête est simple, peu développc'e; les joues, les oreillons et les margeolles sont rouges, le bec et les pattes jaunes; le plumage abondant affecte une forme duveteuse, touffue, sur les cuisses. Les cinq sous-races principales sont la Clianiois, la Blanche, la Nuire, la Coucou et la Perdrix. La variété Fauve est une modification du plumage cha- mois; la variété .4rtfo/5tv provient du croisement des sous-races Blanche et Noire. Les Poules cochinchinoises offrent une part égale de qualités et de défauts. Elles n'atteignent leur développement complet qu'à un âge assez avancé, et la durée de leur fécondité ne dépasse guère trois ans. Leur aptitude à la produc- tion des œufs est moyenne ; ces œufs sont relativement petits, de couleur jaune foncé; la ponte persiste pendant une partie de l'hiver. Le défaut général des Poules de cette race, dit G. Marois, c'est qu'elles sont des couveuses infatigables, et que, à cause de leur poids, parfois elles écrasent leurs œufs; mais elles sont d'excellentes mères et conductrices de poussins qu'elles défendent au besoin ; les jeunes ont, comme les père et mère, un naturel calme et tranquille. Comme nourriture, cette volaille n'est pas ditticile du blé, du maïs, du sar- rasin, une pâtée lui suffisent; elle digère facilement. Comme volaille de table, jusqu'à l'âge de cinq à six mois, le Poulet est assez agréable au goût; mais après cet cage, la chair, filandreuse, n'est pas de très bonne qualité; aussi n'a-t-elle aucune renommée chez nos gourmets; d'ailleurs, on n'aime pas les volailles à pattes jaunes. Cette race n'est pas bien précoce; le squelette est grossier, la peau dure; les jeunes Poulets ne se développent que lentement. a La Poule Cochinchinoise, quand elle couve, s'abstient presque de toute nourriture; pendant le travail de l'éclosion, il faut la lever avec précaution pour la faire manger. Tout en gloussant, elle répond, au moment de l'incubation, aux mouvements et aux cris des petits dans l'œuf. La coquille de l'ceuf de cette race est formée d'un calcaire épais et dur. Malgré l'humidité dégagée par la mère, celle-ci est obligée d'aider son Poussin à sortir de la coquille en brisant cette enveloppe; parfois même, l'éleveur lui-même est obligé d'aider à l'éclosion. La Poule est d'un naturel très doux; elle ne s'éloigne jamais de son parquet; elle ne gratte pas, elle ne dévaste pas les jardins ou prairies; elle ne cherche pas querelle à ses compagnes. Le Coq lui-même n'est pas batailleur; il manque même de hardiesse", malgré sa taille et son apparence majestueuse, avec un Coq d'une autre race, il se montre plutôt craintif et poltron. » L'une des qualités les plus importantes de la race Cochinchinoise est de per- mettre d'augmenter, par des croisements bien combinés, le format moyen de produits d'une même basse-cour. RACE DE LANQSHAN. — La race de Langshan est originaire de la Chine. Elle fut importée en Angleterre par le major Croad et c'est à A. Geoffroy Saint- Hilaire et à de Foucault que l'on doit sa propagation en France. [1201 LES GALLINACÉS. 08 C'est la race la plus volumineuse de toutes; le poids du Coq atteint 5 kilo- grammes; celui de la Poule 3'"-',5oo. Ses caractères, ses allures et ses qualités la rapprochent tellement de la Cochinchinoise que pour dilTérencier ces deux races l'une de l'autre, nous reproduisons ci-dessous un tableau comparatif intéressant, extrait de la Zouteclutie de Cornevin Race Cochinchinoise. Bec jaune. Tarses jaunes. Tarses et doigls très cmplumcs. Peau jaune. Ailes peu développées. Cliair médiocre. Très grande propension à couver. Voix rauque. Brécliet ordinaire. Queue rudimentaire. Rack Lanoshan. B3C couleur corne ou blanc. Tarses gris plombé. Tarses et doigts peu cmplumés. Peau blanche. Ailes normalement développées. Cliair ordinaire. Propension ordinaire à couver. Voix assez pénétrante. Bréchet très développé. Queue moins rudimentaire. Le plumage de la race type est uniformément noir, à rellets métalliques. Mais la fantaisie des éleveurs a déjà essayé de mettre à la mode d'autres variétés, parmi lesquelles la Bleue, la Blaudie et la Soyeuse. RACE SHERWOODS. — Peu connue en France, cette race est le résultat de croisements entre des Grands Combattants blancs, des Cochinchinois et des Brahmas. Elle a été créée par le seul fait du hasard, dans une ferme de la Vir- ginie dont elle porte le nom. RACE COUCOU DE MALINES. — L'origine de cette race est inconnue, mais sa parenté avec les volailles indo-chinoises de grande taille n'est pas douteuse. Elle est répandue en Belgique depuis une époque assez reculée. Elle a des formes lourdes et massives, une crête simple, dentée, une queue courte, des tarses forts, couleur de chair, garnis de petites plumes sur le côté externe; le port et l'allure des Langshans. Son plumage est coucou ou ardoisé uniforme. Excellente pondeuse, bonne mère, caractère pacilique, chair délicate, telles sont ses principales qualités. RACE DE BRAHMA-POOTRA. — Il n'existe aucune relation d'origine entre la race de Brahma-Pootra et le tleuve du même nom. Apportée aux Etats-Unis en i853, par un navire qui arrivait des Indes, puis introduite en Europe, elle se répandit assez rapidement. Sa parenté avec la Cochinchinoise est indéniable; elle ne s'en distingue que par sa crête lobée, sa queue un peu plus longue et relevée, son plumage moins soyeux et d'une coloration différente. Ses qualités et ses défauts sont ceux de la Cochinchinoise. Primitivement, dit Cornevin, les Brahmas étaient de plumage gris et le dessous de leur tronc se rapprochait de la nuance du Cochinchinois Perdrix; mais les éleveurs, utili- G9 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [121] sant les indications que l'on possède aujourd'hui sur la formation des races composées, ont créé deux nuances dans la race Brahma-Pootra, l'Herminée et l'Inverse. Elles ne sont transmissibles que par une élimination très attentive des sujets ne rentrant pas dans le type, et la consanguinité n'aide guère à ^^^'''?''T^-^ ^ Poules de Brahma-Pootra, fixer ces nuances; aussi ne les considérerons-nous que comme formant des variétés. La variété hcnninée est constituée par des individus a\'ant le plumage blanc, sauf pour les plumes du camail rayées longitudinalement de noir au milieu, les rémiges primaires qui sont noires, les rémiges secondaires qui ont les barbes externes blanches et les internes noires, les lancettes tachetées de noir comme [12-2] LES GALLINACÉS. 70 au camail. Les rcctrices et les faucilles sont noires, sauf les deux faucilles furcoïdcs qui ont une bordure blanche. Le dessous du corps a l'apparence blanche, mais en soulevant les plumes, on voit qu'elles sont grises à la base. La variété' Inverse, ou gris fonce, se distingue de la précédente par la prédo- minance du noir dans le plumage au lieu du blanc et surtout parce que le plastron, les pectoraux, le ventre, les cuisses et les jambes sont noirs ou noirs à petites taches blanches, tandis que ces régions sont blanches chez la première. Formes naines du V" groupe. RACE NAINE DE PÉKIN. — Connue aussi sous le nom de Bantam naine, cette race n'est que la reproduction au tiers de la Cochinchinoise fauve. Elle fut directement importée de Chine en Angleterre vers i8o. RACE BANTAM PATTUE. — Elle dérive de la Bantam du groupe précédent, mais ses pattes sont considérablement emplumées. VK GKOUPE. — RACES HUPPÉES-TYPE PADOL'E i" Races huppées sans crcte. Les races huppées sont caractérisées par le développement considérable d'une iiuppe de plumes touffues, au détriment de la crête, qui est rudimentaire ou nulle. Le développement de la huppe s'accompagne d'une déformation corréla- tive du crâne qui devient d'autant plus bombé que la huppe qu'il supporte est plus fournie. Deux races très voisines l'une de l'autre représentent ce groupe et sont assu- rément les plus ornementales des races d'amateurs. RACE DE PADOUE. — On ne connaît pas l'origine exacte de la race de Padoue, et l'étymologie de son nom n'est pas moins obscure. Certains auteurs lui reconnaissent de nombreuses affinités avec la Ham- bourg. La race de Padoue a la tète de grosseur moyenne, mais entièrement cachée par l'énorme huppe qui la recouvre; le corps ramassé, les ailes longues, la queue longue et bien portée, les jambes fines, les doigts longs; pas de mar- geolles, mais une cravate ou barbe enveloppant les mandibules et les joues; les tarses et les doigts sont d'un gris ardoisé. Bien que la race de Padoue ait de réelles qualités pour la ponte, une chair délicate et un caractère familier, on ne peut guère la considérer que comme une race de fantaisie. Le grand développement de sa huppe demande des soins tout spéciaux si l'on veut éviter la production d'ophtalmies qui amènent la perte de l'un ou des deux yeux. Les sous-races, basées sur les nuances du plumage, sont nombreuses; on 71 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [1231 cite l'Argentée, la Dorée, la Chamois, la Coucou, l'Hermincc, la Noire, l'Ar- doisée, la Blanche. RACE HOLLANDAISE. — Elle ne se distingue de la race de Padoue que par la présence de margeolles très développées, sans barbe ni cravate. Elle en a d'ailleurs toutes les qualités. Les sous-races sont les suivantes Noire à huppe blanche, Bleue à huppe blanche, Bleue h huppe bleue. Blanche à huppe noire. Blanche à huppe blanche. Coucou. Les races de Padoue et Hollandaise présentent toutes deux des formes naines correspondantes. 2° Races possédant à la fois une huppe ou un épi, et une crête. RACE DE LA FLÈCHE. — Cette race tire son nom de la localité où elle a été sélectionnée et fixée. Dans sa généalogie se retrouvent la Padoue, la Crève- cœur, la Barbézieux. Elle a pour caractères une crête représentée par deux petites cornes sur les cotés de la tête, réunies à la base par un troisième lobe médian, plus petit, s'avançant jusque sur le bec; un épi de petites plumes redressées sur le sommet de la tête; des oreillons blancs très développés, des joues rouges et nues, des margeolles très longues; une tète et un bec relativement forts; une queue movenne recourbée en un élégant panache; des tarses épais, d'un gris foncé. C'est une race de forte taille, atteignant, chez le Coq, le poids de G kilogrammes. Son plumage est entièrement noir, à reflets verts et violets. Les Poules de La Flèche sont de bonnes pondeuses et de médiocres cou- veuses. La qualité qui les fait rechercher est leur tendance à l'engraissement sous l'influence d'un régime convenable. Depuis très longtemps les éleveurs de la Sarthe ont orienté leurs efforts de perfectionnement d'après cette précieuse qualité; ils sont arrivés ainsi à obtenir une race dont la chair est extrêmement fine, blanche et savoureuse, mais dont l'élevage demande quelques précau- tions. On n'a cherché à créer, dans la race de La Flèche, qu'une seule variété celle qui est dépourvue d'épi. RACE DE CRÈVECŒUR. — La race de Crèvecœur, dont le nom rappelle celui d'une petite localité du Calvados, est abondamment répandue dans toute la Normandie et en Angleterre. Elle a pour caractères essentiels une huppe très développée coexistant avec une crête bicorne à la base du bec. C'est une race d'assez forte taille et bien proportionnée. Elle a la tête assez forte, les joues recouvertes de favoris, les oreillons rouges, en partie cachés par les plumes, le bec droit, généralement noir; les margeolles de longueur moyenne, un corps massif, une queue bien développée, des tarses forts et noirs. Son plumage est entièrement noir, à reflets verts, mais on trouve une sous- [124] LES GALLINACÉS. "72 race ardoisée et une autre blanclie passant au roussàtre avec. l'âge et sous l'in- fluence du soleil. La Poule de Crèvccœur donne de gros œufs; elle est assez bonne pondeuse, mais mauvaise couveuse. Elle aime à parcourir les prairies, les vergers. Néanmoins elle engraisse faci- lement et sa chair est très appréciée. RACE DE CAUMONT OU DE PAVILLY. — Certains auteurs considèrent cette race comme une simple variété de la Crèvecœur dont elle a les qualités et les défauts. C'est aussi à simple titre de variété qu'il faut citer les sous-races de Merle- rault et de Caux, celle-ci étant le produit non encore fixé d'un croisement entre la race de La Flèche et la Crèvecœur. RACE FAISANE. — Elle parait résulter du croisement des trois races Crève- cœur, Hambourg et Bréda. Elle a le plumage de la Hambourg, la crête et la barbe de la Crèvecœur. RACES A TARSES EMPLUMÉS RACE DE BRÉDA. — La race de Bréda est, pour les uns, originaire de la Belgique et de la Hollande, pour d'autres de l'Amérique. On la nomme aussi race à bec de Corneille en raison de la forme de cet organe. Sa crête, rudimentaire, est représentée par une petite capsule cornée située à la base du bec. Sa huppe est formée d'une petite touffe de plumes rigides, sur le sommet de la tète. Ses tarses, emplumés dans les deux sexes, sont bleuâtres. La seule qualité remarquable de cette race est son aptitude a l'engraisse- ment. Race de Gueldre. — Considérée par certains auteurs comme une variété de la Bréda, et par d'autres comme une race distincte, elle se fait remarquer par son plumage coucou. Race Ptarmican. — De formes élancées, la race Ptarmigana des caractères analogues à ceux de la Bréda, c'est une race de fantaisie. vil' CiROLPE. — TYPE I- ET HOLDAN RACES UROPYGIDÉES PENTADACTYLES RACE DE DORKINQ. — La racedeDorking a été créée en Angleterre vers la tin du xYur siècle. Son nom rappelle celui d'un bourg du comte de Surrey. Elle a été particulièrement sélectionnée en vue de la production de la chair, comme l'indiquent son corps volumineux, sa poitrine large, à plastron proé- minent, son dos large. Sa crête est simple, dentée, droite chez le Coq, renversée chez la Poule ; ses joues et ses oreillons rouges, ses margeoUes bien dévelop- pées ; ses tarses nus et courts, à écailles lisses, de couleur blanc rosé, sa queue très garnie, à larges faucilles recourbées. 73 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [125] Les sous-races les plus communes sont la Grise et l'Argentée; à côté d'elles se rangent la Dorée, la Blanche, la Coucou et la Frisée. RACE DORKINQ A TÊTE FRAISÉE. — Le caractère seul de la crête permet de fonder une race distincte pour la Dorkingà tète fraisée, qui par tous ses autres caractères ne diffère pas de la Dorking a crête simple, . RACE FLAMANDE. — Répandue dans toute la Belgique et le nord de la France, la race tiamande a beaucoup d'affinités avec la Dorking et la race commune. RACE DE FAVEROLLES. — La création de la race de Faverolles remonte à une quarantaine d'années. Son nom est celui d'une petite localité du départe- ment d'Eure-et-Loir, voisine de Houdan. Elle a été obtenue par des croisements multiples entre la Houdan, la Cochin- chinoise, la Brahnia herminée et la Dorking. De son ancêtre la Houdan, elle a hérité la cravate et les cinq doigts; de la Cochinchinoise, l'allure lourde et le plumage fauve; de la Brahma herminée, le plumage clair et les tarses garnis de manchettes; de la Dorking, le plastron cou- leur saumon. Cette volaille est d'une rusticité remarquable, bonne pondeuse et bonne cou- veuse. Son développement est très rapide; elle permet d'avoir des poulets qui, engraissés à quatre mois, arrivent à peser de 2 à3 kilogrammes. RACE DE HOUDAN. — La renommée de cette race ne date que d'une tren- taine d'années. Sa généalogie n'a jamais été nettement établie; on sait seulement que les premiers sujets de race pure furent obtenus par un habile aviculteur de Saint-Côme, petit hameau de Seine-et-Oise, voisin de Houdan. L'élevage prit rapidement une grande extension dans toute la contrée, et cette précieuse volaille se répandit un peu partout. Elle fut l'objet d'intéressants rapports au Congrès ornithologique de iqoo, par MM. G. Marois et J. Philippe; nous empruntons à ce dernier auteur le passage suivant ... C'est une volaille vive, alerte, toujours en mouvement, très élégante de plumage, de formes et d'allures. Les signes distinctifs de la race pure sont un plumage caillouté blanc et noir par moitié, irrégulièrement marqué, sans trace de jaune ni de gris, sans liséré d'aucune sorte ; une huppe très fournie, ronde comme une boule chez la Poule, et, chez le Coq, composée de plumes fines rejetées en arrière; une cravate épaisse et saillante; des oreillons blancs et courts, parfois sablés de rouge et cachés par les favoris; des barbillons de dimensions moyennes et plutôt longs chez le Coq, très courts chez la Poule la crête du Coq présente deux lobes affectant la forme vague de deux feuilles de chêne irrégulièrement dentées; ils sont séparés par un lobe beaucoup plus court, droit, et dont la partie antérieure PI. XXXV. — La Poule domestique et ses poussins texte, p. 128. La vie des illustrée. IV. — lO [126] LES GALLINACÉS. 74 s'avance légèrement sur le bec; la Poule n'otlVe qu'une crête rudimentaire en forme de petit papillon. Dans les deux sexes, les pattes sont fortes, courtes, roses, avec des taches légèrement grises ou marbrées, sans plumes ; elles portent cinq doigts, trois antérieurs et deux postérieurs bien distincts, bien détachés. Chez le Coq, le port de la tète est fier; l'œil est vif et l'ensemble de la physionomie a un air légèrement agressif; la Poule, au contraire, a les appa- rences d'une bonne bête, bien débonnaire, mais il ne faudrait pas trop s'y fier. La Houdan, malgré sa grosseur et la huppe qui lui cache presque les yeux, est une volaille très active; elle aime à vagabonder; aussi lui faut-il de grands espaces où elle se charge de trouver, du reste, une partie de sa nourriture. Il est difficile, sinon impossible, de la maintenir en parquet, et l'on calcule qu'un minimum de lo mètres carrés par tête lui est nécessaire si l'on ne peut lui donner son entière liberté; dans ce cas elle exige des rations plus abondantes qu'aucune autre espèce de Poule, même de taille supérieure; elle est vorace, mais tout ce qu'on lui donne lui profite; avec elle, rien de perdu et l'on retrouve, payée avec usure en œufs et en viande, la valeur des aliments qu'elle a consommés. Cette race n'est pas couveuse, il est excessivement rare qu'elle demande à entrer en incubation; dans notre région, pour suppléer à cette fonction natu- relle qui manque à notre Poule, nous avons recours aux couveuses et aux éleveuses artificielles. Grâce à ces appareils, portés dès à présent, comme chacun sait, à un point proche de la perfection, il nous est possible de faire éclore en tout temps, en toute saison et en aussi grand nombre que nous le désirons, les poussins dont nous avons besoin pour alimenter en volailles les marchés qui absorbent toute notre production. Pondeuse de premier ordre, la Houdan donne par an de i25à i8o œufs du poids moyen de 65 grammes ; elle ne suspend guère sa ponte qu'à la mue et pendant les très mauvais temps. Les Poulettes nées enfévrierproduisent leurs premiers a'ufs en août; celles écloses en avril commencent à pondre en octobre, et, bien soignées, continuent une bonne partie de l'hiver. Les poussins sont d'une rusticité exceptionnelle; ils naissent revêtus d'un duvet blanc et noir; leur développement est très rapide, et ils prennent leurs premières plumes sans se ressentir presque de cette espèce de crise qui, à ce moment, chez les autres races, emporte tant de petits Poulets. Comme précocité, la Poule qui nous occupe ne le cède à aucune autre; à trois mois, si elle a été bien préparée, c'est-à-dire si elle n'a souffert ni de la faim, ni du froid, on peut la mettre à l'engraissement; elle pèse alors de 1200 à i3oo grammes; trois semaines de gavage à la farine d'orge, malaxée avec du lait caillé, la porteront au poids de 1760 à 1800 grammes. On se sert, en général, pour forcer l'engraissement, de machines appelées gaj'eiises, qui simplifient le travail et le rendent beaucoup plus rapide et plus régulier. ' Dans notre région de Houdan, la race qui en a pris le nom prospère à 75 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [127] souhait sur un sol calcaire, dans un climat sec et tempéré c'est proprement son terrain d'élection; elle ne peut se maintenir sur aucun autre; les terrains argi- leux, humides, lui sont néfastes ; elle y contracte le plus facilement du monde diverses maladies, le coryza entre autres, et surtout des abcès aux pattes; mais il va sans dire, et l'expérience en a été faite cent fois, que partout où on peut l'établir dans les conditions requises, ses qualités se conservent égales à celles qu'elle possède en son lieu d'origine. C'est sur les territoires de Houdan, de Dreux et de Nogent-le-Roi que se pratique principalement l'élevage de la race dont nous nous entretenons ; les soins qu'on lui donne ne dilîèrent pas sensiblement de ceux que réclament les autres races exploitées avec intelligence et méthode. ... Dans les fermes où l'on s'occupe spécialement du commerce des œufs, c'est à la Houdan pure que l'on donne la préférence; mais maintenant, partout où l'on exploite le Poulet gras, c'est à la Faverolles qu'on s'adresse. » RACE SULTANE. — Cette race, originaire de la Turquie, se rapproche beaucoup de la variété Padoue blanche. Ses formes et son plumage sont très décoratifs; c'est une race de luxe d'un caractère très familier. RACE NÈQRE. — Parmi les races de fantaisie les plus remarquables par leur originalité, la race nègre tient une des premières places. Elle est de petite taille; son plumage, entièrement blanc, est formé de longues plumes soyeuses ; elle a la crête, les joues, les barbillons d'un violet noirâtre, les oreillons bleuâtres; lapeau et les os noirs. La forme de sa crête est très-curieuse; celle-ci est aplatie, fraisée, aussi large que longue, et forme une sorte de cou- ronne au-dessus de la base du bec ; une petite huppe dirigée en arrière lui fait suite. La race nègre a un autre intérêt que ses curieuses particularités la douceur de son caractère et son aptitude à l'incubation la font rechercher pour l'élevage des faisandeaux et des poussins de races naines. Vin- OROI'PE.— RACES SANS CROUPION RACE DE WALLIKIKI [Rumplessdes Anglais. — Cette race a pour caractères essentiels l'absence complète des vertèbres coccygienncs, et par conséquent l'absence de la région du croupion et de la queue. La tête, assez forte, porte une crête lisse, sans dentelures, et un épi. Le corps est ramassé, trapu; les tarses fins, d'un gris brun, munis d'éperons très développés. Les joues sont rouges et nues, les oreillons blancs. Le plumage offre plusieurs variétés Blanche, Noire, Dorée, Argentée, Coucou, Pile, F'errugineuse, Ardoisée. L'origine de cette race est très discutée. Elle était connue d'Aldrovande qui la décrivit en 1645 sous le nom de Coq de Perse. Plusieurs auteurs lui ayant [128] LES GALLINACÉS. 76 attribué une origine ceylanaise, M. La3fard fit remarquer que les races sans queue existaient bien à Ceylan à l'état domestique, mais non à l'état sauvage, et que Wallikiki ou mieux IVallikikilli, qui signifie Coq des bois, ne se rap- porte pas à la volaille que nous désignons sous ce nom en Europe, laquelle est désignée à Ceylan sous le nom de Choki-Kukullo ou Poule de Cochinchine. D'autre part, une race sans queue ni croupion est connue depuis très long- temps dans le nord de l'Europe et ne paraît pas avoir été importée d'Asie. Il semble donc que l'on puisse considérer les races sans croupion comme des cas tératologiques héréditairement fixés par la sélection, et pouvant apparaître dans des races diverses c'était l'avis de Darwin, c'est aussi celui de Tegetmeier. La Wallikilso- pliloii thibétain. LES ARGUS Caractères. — Les Argus ont pour caractère essentiel le développement con- sidérable des plumes du bras par rapport à celui des rémiges primaires. Leur queue, formée de douze rectrices, acquiert aussi un développement énorme. Ils présentent encore comme particularités remarquables, une dénudation presque complète des joues et de la partie antérieure du cou, et un plumage ocellé qui leur donne une certaine ressemblance avec les Paons. PI. XXXVII. — Le Faisan versicolore texte, p. i36. PI. — Le Kaisan de Mongolie texte, p. iS/. 89 LES ARGUS. 141i L'ARGUS GÉANT {Argus gigaiilciis. — Caractères. — Le plumage de l'Argus géant est remarquable moins par la vivacité des teintes que par l'élégance du dessin, dont aucune description ne pourrait donner une idée exacte. Le fond du plumage est forméde teintes ocreu- ses, rousses et brunes, réparties d'une façon très variée, et semées de points, de raies, ^ de taches, tantôt plus foncées, tantôt plus claires. Les longues plumes des ailes portent chacune une rangée de grandes taches ocellées brillantes encadrées d'un cercle foncé doublé d'un li- séré clair. La taille de cet Oi- K^i-'.-iMY -'-s. L' .Argus gOant. seau est de i°',8o à 2 mètres, dont i^.So pour la queue. La femelle est de plus petite taille, son plumage est beaucoup plus simple. Habitat. — L'Argus géant habite les îles de la Malaisie. Mœurs. — Il se tient dans les épaisses forêts des régions montagneuses. Sa nourriture consiste en Insectes, Limaces, Vers, bourgeons et graines diverses. La vie des ANIMALX ILIL'STBÉE. IV. I I [142] LES GALLINACÉS. 90 Ses mœurs sont polygames comme celles des Faisans. C'est à l'époque des amours que les mâles se montrent dans toute leur beauté; ils se promènent fièrement, les ailes entr'ouvertes et traînant à terre, et ils font entendre alors des cris singuliers, ronflants, pour appeler leurs femelles. LES ÉPERONNIERS OU POLYPLECTRONS. — On donne ce nom à quelques espèces originaires de l'Inde, cl qui établissent une transition entre les Argus et les Paons. Leur principal caractère réside dans la présence aux tarses, de à ergots ou éperoJis\ ils portent aussi sur la tète une huppe de plumes minces, effilées, et leur plumage est ocellé. Le ChtJiquis {Polyplectron chiiiquis ou Paon du lliibet est une des plus belles espèces ; on le voit souvent figurer dans les grands jardins zoologiques. LES PAONS Caractères. — Les Paons se distinguent de tous les autres Gallinacés par une particularité très caractéristique leurs plumes sus-caudales sont très développées, à barbes lâches, soyeuses ; elles sont constellées de taches ocellées et peuvent se redresser pour s'étaler en roue. Les Paons sont les plus gros des Gallinacés ils ont un bec épais, recourbé, une tête petite, surmontée d'une aigrette ou d'un épi, un cou allongé; des tarses moyens munis d'ergots peu développés, des ailes courtes. Habitat. — Ce genre n'est représenté que par deux espèces du sud de l'Asie, et qui ont toutes deux les mêmes mœurs. LE PAON VULGAIRE [Pavo cristatus. — Caractères. — Le Paon vulgaire a la tête, le cou, la poitrine et la partie inférieure du corps d'un beau bleu foncé à reflets verts; le sommet de la tête marqué d'une tache noire, l'œil sur- monté de deux petites bandes blanches; le dos d'un vert bronzé, chaque plume étant bordée de noir; les rémiges primaires d'une teinte chamois foncé, les secondaires d'un brun noirâtre à reflets bleus, les plumes de la queue d'un vert bronzé et semées de taches ocellées noires encadrées de vert. Chez cette espèce, les plumes de la huppe ne portent de barbes qu'à leur extrémité. La Paonne a la tête et le haut du cou bruns, l'aigrette moins développée, la partie inférieure du corps variée de blanc, les rémiges brunes, les plumes de la queue dépourvues d'ocelles et moins longues que chez le mâle. Habitat. — Le Paon vulgaire est originaire des Indes et de Ceyian, on l'y trouve encore à l'état sauvage. LE PAON SPICIFÈRE {Pai'o mutkiis. — Caractères. — Le Paon spicifère surpasse en taille et en beauté le Paon vulgaire. Il a la tête, le cou et la huppe 91 LES PAONS. [143] d'un vert foncé à reflets bleus; la poitrine d'un vert bleu à reflets métalliques dorés, le ventre vert bleu foncé; le dos d'une teinte cuivrée brillante, variée de vert et de brun clair; les rémiges primaires d'une teinte chamois, les secon- daires noires à reflets bleus; les couvertures des ailes d'un vert foncé, les grandes plumes de la queue semblables à celles du Paon vulgaire, mais avec des couleurs plus éclatantes. La Paonne a un plumage presque identique à celui du mâle, mais sa queue est moins longue. Habitat. — Cette espèce est originaire des îles de la Sonde. Mœurs. — Les Paons habitent les jungles, les forêts des régions monta- gneuses ; ils recherchent de préfé- rence les régions où le sol est couvert de buissons épais, de hautes herbes, et où l'eau est en abondance. Ils ne craignent pas de s'aventurer dans les plantations où ils se sentent suffisamment cachés. -»*»•,'• Le Paon spicifère. Dans plusieurs parties de l'Inde, ils sont considérés comme des Oiseaux sacrés et inviolables. Aussi se sont-ils multipliés abondamment et ne témoi- gnent-ils aucune défiance envers les Hindous. Leurs plus grands ennemis sont les Tigres et les Chiens. C'est lorsqu'ils sont perchés que ces Oiseaux se montrent dans toute leur splendeur, et on s'imagine facilement quel joli spectacle ils offrent à la vue de l'Européen qui rencontre une de leurs bandes. Leur vol est lourd et bruyant; quand ils sont poursuivis, ils cherchent d'abord leur salut dans la course et ne prennent leur volée que quand ils ont gagné une certaine avance. Le régime des Paons est celui des Gallinacés en général; ces Oiseaux man- gent des baies, des graines, des jeunes pousses, des Insectes et quelquefois de petits animaux, notamment des Serpents. La reproduction a lieu, soit au printemps, soit après la saison des pluies, suivant les régions. Le nid du Paon est établi sur quelque lieu élevé, sous un buisson, dans la [144] - LES GALLINACÉS. 92 forêt. Il est compose de quelques ramilles, de feuilles sèches, le tout grossière- ment assemblé. La ponte est d'une dizaine d'œufs environ, que la femelle couve avec ardeur. Chasse. — Le Paon sauvage est un gibier peu recherché. Sa chasse n'offre d'ailleurs aucun intérêt, cet Oiseau sans défiance se laissant facilement tirer ou prendre dans les pièges les plus simples. Captivité. — On ne sait à quelle époque le Paon vulgaire fut introduit en Europe. Alexandre le Grand ne le connaissait pas comme Oiseau domestique, puisque l'Histoire nous apprend qu'il fut saisi d'ctonnement quand il l'aperçut pour la première fois dans sa campagne des Indes; elle nous dit aussi qu'il en apporta plusieurs individus en Europe. En Grèce, on les montrait pour de l'argent, comme on exhibe aujourd'hui des bêtes rares ou intéressantes. Dans l'Empire romain, le Paon joua aussi un grand rôle; Vitellius et Hélio- gabale servaient à leurs convives des plats énormes de langues et de cervelles de Paon, assaisonnées avec les épices des Indes les plus chères. Le Paon était encore rare en Europe au xv" siècle. Les barons anglais, pour donner des preuves de leur richesse, le faisaient servir rôti et orné de ses plumes, dans les festins d'apparat. Bien que sa chair passât à cette époque pour se conserver presque indé- finiment, il est probable que ce plat luxueux n'était présenté que pour le plaisir des yeux. Le Paon est un des Oiseaux qui ait le moins varié sous l'influence de la domesticité. Cela tient probablement, comme l'a montré Darwin, à ce qu'il est rarement élevé en nombreux troupeaux et que, de cette façon, la sélection n'a pas les mêmes facilités pour répandre et perpétuer les variétés anormales. Une race assez distincte paraît avoir été obtenue sous l'influence de la domes- tication, c'est le Paon dit à épaules noires. Il apparut brusquement en .Angle- terre au milieu d'un troupeau de Paons vulgaires blancs et pies. La race blanche, très appréciée pour sa beauté et sa rareté, n'est aussi qu'une variété accidentelle. Élevage. — L'Histoire nous renseigne fort peu sur les premiers essais d'éle- vage des Paons. On ne sait au juste, dit Remy Saint-Loup, à quelle époque l'élevage des Paons fut essayé dans les pays de l'Europe moyenne et septentrionale. Cepen- dant, Olaiis Magnus, archevêque d'Upsal i35o, dit que pour leur beauté et leur excellence on en élève un grand nombre en Suède. Un nommé Jean Bruyer rapporte aussi qu'en Normandie, aux environs de Lisieux, on nourrissait de son temps des troupeaux de Paons, dont les proprié- taires tiraient un bon revenu, en les vendant à des poulaillers, qui les portaient dans les grandes villes pour les festins de noces et pour les repas somptueux des grands seigneurs. Ces beaux Oiseaux ont été portés dans tout le monde, et on en peut trouver aussi bien dans l'Amérique que dans l'Asie et l'Europe et l'Afrique. Il y a des 93 LES DINDONS. [145] nations qui les ont particuliùicnient protégés, il y en a d'autres qui n'en ont pas voulu sur leur territoire. Si les Hindous les considèrent depuis fort long- temps comme des Oiseaux sacres que les prêtres doivent soigner et qu'il est défendu de tirer, il s'est trouvé que les Suisses, à une certaine époque, se sont appliqués a les détruire, et cela, dit Buffon, en haine des ducs d'Autriche contre lesquels ils s'étaient révoltés et dont l'écu avait une queue de Paon pour cimier. » Le Paon s'est très facilement acclimaté dans noire pays; il s'y reproduit à volonté, mais il ne peut être considéré que comme un Oiseau de luxe. Dans la basse-cour, il se rend désagréable, non seulement par ses cris, mais par son caractère querelleur. Il aime à faire de fréquentes incursions dans les jardins et les potagers qu'il dévaste. Aussi est-on parfois obligé de l'enfermer en volière, ce qui nécessite de vastes emplacements. La nourriture des Paons est à peu près la même que celle des Dindons. LES DINDONS OU MÉLÉAQRIDÉS Caractères. — Les Gallinacés de la famille des Méléagridés ont pour carac- sères un cou dénudé couvert de papilles verruqueuses vivement colorées ; une caroncule charnue, pendante mais érectile, située à la base de la mandibule tupérieure; un bouquet de crins au milieu du thorax, chez les mâles; enfin, la faculté de relever et d'étaler la queue en éventail comme le font les Paons. Habitat. — Un seul genre, originaire de l'Amérique du Nord, représente cette famille. LES DINDONS Caractères. — Aux caractères de famille décrits plus haut, on peut ajouter que les Dindons sont des Oiseaux de forte taille, a\'ant un bec court et fort, à arête bombée; des tarses élevés; des doigts longs; des ailes arrondies, obtuses; une queue arrondie formée de dix-huit rectrices pouvant se développer en éventail, un plumage dur, abondant, à reflets métalliques. LE DINDON VULGAIRE [Meleagris gallopavo. —Caractères. — Le Dindon sauvage ou Dindon sauvage d'Amérique mesure jusqu'à i"',3o d'envergure. Son plumage est entièrement d'un brun métallique, avec les couvertures de la queue rayées de vert et de noir, les rectrices moirées, rayées et finement ponctuées de noir; la peau dénudée du cou est bleue, les barbillons rouges, ainsi que les pattes. La femelle se distingue du mâle par des caroncules et des plumes caudales moins développées; les sujets âgés seuls portent à la poitrine la touffe de crins caractéristique. Habitat, — Le Dindon sauvage d'Amérique, autrefois très répandu dans toute l'Amérique du Nord, tend ii devenir de plus en plus rare dans les limites de ri4>] LES GALLINACÉS. 04 son aire de disperaion qui sont au nord, le Canada au sud, le Texas et la Floride; à l'ouest, les confins des grandes plaines des États-Unis. Mœurs. — C'est un habitant des grandes forêts; on le rencontre aussi bien dans les régions humides et marécageuses qui bordent les grandes rivières, que dans les régions montagneuses. Il est partout sédentaire. Avant les chasses acharnées qu'on lui a faites, il se montrait d'un naturel peu farouche, et il ne s'envolait même pas devant l'homme. Mais de nos jours, il est devenu l'un des gibiers les plus difficiles à approcher. Ses moeurs sont polygames; il vit en sociétés de trois à vingt individus. Son cri est un glougloutement exactement semblable à celui des Dindons domestiques de nos basses-cours. Il se nourrit des fruits du châtaignier, du hêtre, de graines et baies diverses, de Sauterelles et autres Insectes. Il meta nu les graines et les Vers en grattant la terre au pied des arbres. Dès le mois de février, commence l'époque des amours, qui dure environ trois mois. Les allures de cet Oiseau sont à ce moment intéressantes à observer, et elles ont été fort bien décrites par Audubon Les femelles, dit cet auteur, se séparent et s'envolent loin des mâles, qui les poursuivent avec persévérance. Les deux sexes se perchent à part, mais à peu de distance l'un de l'autre. Quand la femelle fait entendre un cri d'appel, tous les mâles lui répondent par des sons répétés avec rapidité. Si le cri de la femelle est venu de terre, les mâles s'y élancent aussitôt, puis, à peine l'ont-ils touchée, qu'on les voit épanouir et redresser leur queue, porter la tête en arrière jusque sur leurs épaules, abaisser leurs ailes avec une secousse convulsive, et, marchant avec une gravité solennelle, repoussant l'air de leur poitrine par des secousses rapides, ils s'arrêtent d'espace en espace pour écouter et pour regarder; et ils continuent ces mouvements, soit qu'ils aient ou non aperçu la femelle. Dans ces moments, il arrive souvent que les mâles se rencontrent, et alors ils se livrent des combats acharnés qui se terminent par des blessures, souvent même par la mort des plus faibles, qui succombent sous les coups multipliés que les vainqueurs leur portent à la tête. J'ai plusieurs fois assisté au spectacle de deux mâles qui, tantôt avançant, tantôt reculant, suivant qu'ils avaient repris ou perdu l'avantage, les ailes tom- bantes, la queue à demi relevée, les plumes en désordre et la tête sanglante, se livraient à une lutte des plus violentes. Si, au milieu du combat, l'un pour respirer, cède et lâche prise, il est perdu car l'autre, le poursuivant avec énergie, le frappe violemment des ongles et de l'aile, et réussit en peu de minutes à le renverser à terre. Vers le milieu d'avril, quand la saison est sèche, les Poules s'occupent à chercher une place pour déposer leurs œufs. » Le nid, composé seulement de quelques feuilles sèches, repose par terre, dans un trou que la lemelle creuse au pied d'une souche, ou dans la cime tombée de quelque arbre à feuilles mortes; quelquefois sous un buisson de sumac et de ronces; ou bien entîn, au bord d'un champ de cannes, mais toujours en place sèche. Les œufs, couleur de crème brouillée, pointillés de roux, sont rarement 95 LES DINDONS. [147] au nombre de vingt. Il y en a plus souvent de dix à quinze ; quand la Poule va pondre, elle s'approche toujours de son nid avec une extrême pre'caution, presque jamais deux fois de suite par le même chemin, et avant de quitter ses œufs, elle n'oublie pas de les couvrir de feuilles; de sorte qu'on peut bien voir l'Oiseau, mais qu'il est très diffi- cile de mettre la main sur le nid. De fait, on en trouve peu, à moins qu'on n'en fasse partir la femelle à l'impro- viste, ou qu'un Lynx à l'œil perçant, un Re- nard ou une Corneille, après avoir sucé les œufs, n'en aient disper- sé les coquilles aux en- virons. » Les jeunes croissent très vite. Au bout d'une quinzaine de jours, ils peuvent s'envoler sur les basses branches des arbres pour y passer la nuit sous l'aile ma- ternelle. Le jour, ils quittent les bois et s'ap- u.'-ée de quatorze rectrices; des tarses robustes, médiocrement allonges, des doigts courts. Les plumes de la tête sont allongées en forme de huppe. LE LEIPOA OCELLÉ {Leipoa oceltatà. — Le Leipoa ocellé a les parties dénu- dées d'un bleu clair, passant au noirâtre après la mort; les plumes du dos et des épaules ornées de bandes transversales grises, blanches, noires et rousses; les rémiges brunes, à barbes externes marquées de lignes brunâtres en zigzag sur fond jaune ; les rectrices d'un brun noirâtre, bordées de gris fauve, et cachées par les sus-caudales d'un gris roux rayées de noir; une large bande de plumes noires à tige blanche couvre le menton et la poitrine. Sa taille est celle d'une Dinde. Habitat. — Il habite le sud-ouest de l'Australie. Mœur.i. — Il se tient de préférence dans les plaines couvertes débroussailles, où se trouvent çà et là quelques clairières dont le sol est formé d'un gravier fer- rugineux. D'une timidité extrême, il se réfugie sur les arbres quand il est poursuivi, ou se glisse dans les broussailles avec tant de précipitation qu'il s'y enlace parfois sans pouvoir se dégager. Sa nourriture se compose de graines et d'Insectes orthoptères ou hémiptères dont les téguments sont mous. Son cri, lugubre, ressemble au roucoulement du Pigeon, mais il est plus sourd, plus profond. La partie la plus intéressante de son histoire est celle qui a trait a sa repro- duction. De même que la plupart des Mégapodiidés, en effet, les Leipoas ne couvent pas leurs œufs. Ils les enfouissent dans des buttes formées de sable, de détritus végétaux, qu'ils construisent eux-mêmes. L'incubation a lieu sous l'influence de la chaleur solaire et de celle produite par la fermentation des détritus végétaux. Ces buttes, appelées mounds ou tHinuli, ont la forme de dômes de i mètre à i",5o de hauteur, et de 12 à 14 mètres de circonférence. Ils sont situés dans les clairières. Mâles et femelles y travaillent de concert. A l'éclosion, les jeunes traversent le rempart de feuilles qui les protégeait et sont aptes à courir et à voler. Ils trouvent même parfois comme premier ali- ment, des Fourmis qui s'étaient établies dans cette sorte de couveuse arti- ficielle. LES TALÉGALLES Caractères. — Les Talégalles ont le bec fort, à arête recourbée, les joues et les côtés du cou presque entièrement nus, couverts seulement d'un léger duvet, 1 PI. XL. — La Pintade vulgaire texte, p. i52. 105 LES TALEGALLES. [157^ la peau de ces régions étant ornée de teintes vives, et susceptible de se dilater en simulant des pendeloques et des caroncules ; les ailes médiocres, arrondies; la queue allongée, voûtée ; les tarses très robustes, scutellés; les doigts longs et forts. On les a subdivisés en trois sous-genres Catheturits^ .Eprpodiiis et Talc- g-allus. Au premier appartient l'espèce désignée sous le nom de Talégalle ou Cathé- ture de Latham. LE CATHÉTURE DE LATHAM {Catheliirus Lalhami . — Caractères. — Celte espèce, appelée par les colons du nom de Dindon ou Coq des Buissons, mesure environ o'°,-jj de longueur. Son plumage est en dessus d'un brun- chocolat, en dessous d'un brunclair rayé de gris d'argent ; les parties nues de la tète et du cou sont d'ur rouge écarlate, les fausses caron- cules d'un jaune vif; le bec gris l'œil et les pattes brun clair. La femelle est semblable au mal Habitat. — Le Cathéture de Li; tham habite presque toute la parti orientale et septentrionale de l'Australie. Il est cependant de- venu rare dans certaines régions par suite des déboisements et sous l'influence de la chasse ac- tive qu'on lui a faite. Mœurs. — Il se rencontreaussi bien dans les forêts de l'intérieur que dans celles qui avoisinent la côte. Il vit par couples ou par petites familles. D'un naturel farouche et défiant, dit Oustalet, à la moindre apparence de danger, il s'empresse de chercher un abri dans le fourré; mais quand il ne peut se cacher assez vite, quand il est serré de trop près par les Chiens, il s'élance sur une branche basse, et de là, par une série de bons successifs, gagne les points les plus élevés de l'arbre, pour s'envoler de la vers une autre retraite. Pendant la chaleur du jour, il se perche également, et cette habitude lui est fatale, car, dit M. Gould, le chasseur profite de la sieste de l'Oiseau pour s'en approcher sans bruit et le descendre d'un coup de feu. Le Talégalle de Latham est en effet extrêmement recherché, à cause des qualités de sa chair, qui est tendre et savoureuse. » De même que les Mégapodes et les Leipoas, le Talégalle de Latham ne couve pas ses œufs. Plusieurs couples de ces oiseaux travaillent en commun à l'édification d'un tumulus fait de substances végétales diverses qui ne tardent La vie des animaux illustrée. 1\'. — 12 La Catliéturc de Latham. [158] LES GALLINACÉS. M pas à entrer en décomposition et à dégager une certaine chaleur. Les femelles déposent leurs œufs dans cette couveuse artificielle et ne s'occupent plus dès lors de l'avenir de leur progéniture. La forme de ces tumuli est celle d'un cône. Il en est qui mesurent jusqu'à 2 mètres de hauteur et 4 mètres de diamètre à la base. Cet édilice est construit de la manière suivante Les matériaux nécessaires à sa construction sont enlevés de la surface du sol, qui se trouve ainsi nettoyé à une distance de 45 mètres à la ronde ; ils sont invariablement amoncelés de la manière suivante l'Oiseau gratte la terre avec ses pattes robustes et, au moyen de ses longs doigts, terminés par des ongles énormes, il rejette en arrière de lui les matériaux qu'il tend sans cesse à ramener vers un centre commun. Quelquefois même, il leur fait franchir de la sorte des obstacles que l'on jugerait presque insurmontables c'est ainsi que M. Ramsay a remarqué, sur les bords de la rivière Richmond, une pleine char- retée de débris végétaux, qui avaient été traînés par les Talégalles d'une rive à l'autre d'une petite crique ayant au moins 33 mètres de largeur. A de rares exceptions près, les tumuli ne s'élèvent point dans un terrain en pente. Leur portion centrale consiste en feuilles réduites en poussière et mélangées avecdu terreau, autour desquelles sont disposés des matériaux plus grossiers, dont la décomposition est moins avancée ; enfin, vers l'extérieur se trouve un revête- ment très épais de feuilles mortes, de branches et de rameaux encore intacts. » Quand le tumulus est l'ouvrage d'un seul couple, les œufs sont très réguliè- rement disposés autour de son axe central; mais quand il renferme les œufs de plusieurs couples, sa disposition est quelconque. Les œufs du Talégalle de Latham sont d'un blanc pur ou jaunâtre, à coquille finement granuleuse; leur forme est variable. Ils ont un goijt agréable et sont très riches en principes nutritifs. Aussi les colons et les indigènes en font-ils parfois une ample récolte. Les petits Talé- galles, arrivés au terme de leur éclosion, prennent rapidement un tel dévelop- pement qu'ils font éclater leur coquille en une multitude de fragments ; et aussitôt, ils se mettent à courir à droite et à gauche, ramassant les Vers et les Insectes qu'ils rencontrent avec autant d'agilité que des poussins âgés d'un mois. Captivité. — Le Talégalle s'acclimate facilement en Europe. Il supporte les rigueurs de nos hivers, et se reproduit aussi aisément qu'en Australie. Il faut néanmoins, pour réussir, mettre cet Oiseau dans un vaste parc et non dans une basse-cour, et lui procurer de la terre et des feuilles mouillées pour qu'il puisse construire ses tumuli. Les allures du Talégalle, en captivité, sont celles des Gallinacés domestiques. Le mâle aime à se promener en se pavanant comme les Coqs et les Dindons, en faisant entendre une sorte de gloussement qui se transforme en un cri gut- tural, ronliant, quand l'Oiseau est irrité. Les Talégalles sont d'un naturel très doux, très familier. On peut les aban- donner dans un parc ou un jardin; ils ramassent les ^'ers, les Chenilles, les Limaces, sans jamais toucher aux plantes potagères. Leur chair est exquise, paraît-il. 107 LES MÉGAPODES. [159] LES MEGAPODES Caractères. — Les Mégapodes, qui ont donné leur nom à la famille entière, se distinguent des Talégalles par un bec plus faible, des ailes médiocres, arrondies, une queue courte, des tarses et des doigts plus robustes et plus allon- gés, terminés par des ongles très puissants. Il en existe un grand nombre d'espèces qui se font toutes remarquer par leur livrée sombre, uniforme, et la dénudation de la tète et du cou. Habitat. — Ils vivent dans les îles de l'Océanie. Mœurs. — Ils se tiennent dans les forêts et les broussailles, dans le voisinage de la mer. Leur nourriture consiste en fruits, graines. Vers, Insectes. Très agiles à la course, ils volent lourdement; ils so perchent souvent sur les arbres pour dormir ou échapper à un danger. Leur mode de reproduction présente les mêmes curieuses particularités qui ont été décrites à propos des Talégalles. Les œufs sont déposés dans d'énormes tumuli, formés de sable, de terre, de détritus végétaux. Ces tumuli sont parfois l'œuvre de plusieurs générations, ils atteignent alors des dimensions énormes jusqu'à plus de 4 mètres de hau- teur et 45 mètres de circonférence ; ils sont placés sur le rivage, hors des atteintes de la marée, cachés par des jungles, et ombragés par des arbres au feuillage épais. C'est du moins le cas pour leMégapode de Duperrey. Les indigènes, dit Oustalet, affirment qu on ne voit jamais qu'une seule paire de Mégapodes à la fois sur un tumulus, que les œufs sont pondus le soir, qu'ils se succèdent à quelques jours d'intervalle, qu'ils sont toujours placés vertica- lement et chacun dans un trou distinct. Immédiatement après la ponte, l'Oiseau se hâte de ramener la terre par-dessus l'œ^uf, de combler entièrement le trou et de remettre toutes choses en état on peut néanmoins toujours reconnaître qu'un tumulus a reçu récemment la visite des Mégapodes, car dans ce cas les parois portent les traces laissées parles pattes des Oiseaux, et la terre n'est pas encore assez tassée pour que, à l'aide d'une petite baguette, il ne soit poj^sible de reconnaître la direction des trous fraîchement creusés. Les naturels sont particu- lièrement habiles dans ce genre de recherches; en se servant de leurs mains seu- lement, ils pratiquent dans le monticule de terre une excavation de plus en plus profonde, et finalement mettent la main sur les œufs qui, lorsqu'ils sont frais, sont d'une grande fragilité. Un semblable travail exige beaucoup d'adresse et de patience, car il faut souvent fouiller à près de 2 mètres de pro- fondeur. C'est en elfet à cette distance du sommet du tumulus que se trouvent généralement les œufs. Ceux-ci, toutefois, ne sont pas aussi éloignés de la paroi externe qu'on pourrait le croire, les trous creusés par l'Oiseau étant dirigés obliquement en bas, de dedans en dehors. » Les jeunes sortent de l'œuf entièrement développés, et se mettent aussitôt à courir et à voler, comme ceux des autres Mégapodiidés. > [1001 LES GALLINACÉS. 108 LES CRACIDES Caractères. — Les Cracidés sont des Oiseaux détaille mcncnne, aux formes élancées. Leur bec, plus long que chez les autres Gallinacés, est rcnHé et re- courbé à la pointe; il est recouvert à la base d'une cire épaisse très dévelop- pée. Leurs ailes sont for- tement arrondies, leur queue longue, arrondie, , ,..;' leurs tarses longs, assez robustes, leurs doigts longs et minces insérés au même niveau. Un ca- ractère assez particulier réside dans la forme des plumes, dont la tige est considérablement élargie vers la partie moyenne où les barbessontremplacées par du duvet. Habitat. — Cette famille est exclusivement compo- ™, sée d'espèces américaines. w 'np . LES HOCCOS ^ Caractères. — Indépen- "^ damment des caractères pro- pres à la famille des Cracidés, les Hoccos présentent encore comme particula- rité distinctive une huppe ou cimier placé sur le sommet de la tète, et formé de plumes redressées, inclinées en arrière, à leur origine, puis recourbées en avant à l'extré- iiocco HiobicOrc. mité; les joues, le cou et le croupion garnis de plumes molles, duveteuses, tandis que le reste du corps est recou- vert de plumes dures et fermes. Le poignet de l'aile est armé d'un éperon obtus. Habitat. — Les Hoccos sont propres à r.\mérique centrale. LE HOCCO jLOBICÈRE i^C m X globicera. — Caractères. — La taille de cette espèce est intermédiaire entre celled'unegrosse Poule et celle d'un Dindon. Son plumage a une teinte bronzée uniforme, avec le ventre blanchâtre. Le bec est noir, les caroncules qui garnissent la base du bec, d'un jaune vif. 100 LES PENELOPES. ICI Habitat. — Lu Hocco globicùre habite, comme ses congénères, les forêts de l'Amérique tropicale. Mœurs. — On le rencontre par groupes de deux a quatre individus. 11 court sur le sol avec une grande rapidité, mais se perche volontiers sur les arbres pour se reposer. Son vol est lourd, de peu de durée. Il aime à se rouler dans la poussière à la façon des autres Gallinacés ou Pul- vérateurs, mais il ne gratte pas le sol de ses pattes comme la plupart de ces der- niers. . Sa voix a un timbre guttural très singulier. Il la fait surtout entendre à l'époque des amours. Le matin, il quitte la forêt et vient s'abattre dans les clairières, au bord des ruisseaux. Sa nourriture se compose principalement de fruits. Il construit son nid sur les arbres, à l'aide de bûchettes et de brindilles gros- sièrement assemblées. La femelle ne pond que deux œufs qu'elle couve pendant un mois environ. Captivité. — Les Hoccos ne sont pas encore très répandus dans les volières des amateurs. Si les adultes s'acclimatent et s'apprivoisent très facilement, les jeunes, par contre, sont très difficiles à élever. On ne cite que quelques rares aviculteurs qui soient arrivés à faire reproduire ces Oiseaux en captivité. Les Pauxis. — On a créé ce genre spécial pour une espèce voisine des Hoccos et qui se fait remarquer par un bec très surélevé à la base, ce qui donne à l'Oi- seau une physionomie très particulière. De plus, la tête ne porte qu'une huppe très courte. Les mœurs des Pauxis ou Hoccos à casque, Pierres de Cayeiine, etc., sont les mêmes que celles des autres Hoccos. Les Oréophases. — Au groupe des Hoccos se rattachent aussi les Oréophases ou Hoccos de montagne, qui établissent une transition vers les Pénélopes. LES PENELOPES Ce genre est le t3'pe d'un groupe delà famille des Cracidés, caractérisé par des formes plus sveltes, l'absence d'éperon au poignet de l'aile, la présence d'une huppe allongée retombant sur l'occiput, un bec moins élevé à la base, une dénu- dation plus complète des joues et de la gorge. Habitat. — Ces Oiseaux habitent tous les forêts de l'Amérique centrale et tropicale. L'un d'eux se rencontre cependant dans le sud des Etats-Unis. Leurs mœurs ne diffèrent pas sensiblement d'une espèce à l'autre. Mœurs. — Us vivent dans les forêts en troupes plus ou moins considé- rables. On est averti de leur présence par leurs cris gutturaux singuliers en rapport [162] LES GALLINACES. 110 avec la conformation spéciale de leur trachée. C'est surtout au lever et au coucher du soleil qu'ils se font entendre. Ils se nourrissent de baies, de fruits, d'Insectes. Leur nid est placé dans les branches des arbres; chaque couvée est, en général, de trois ccufs. Chasse. — On chasse assez activement les Péné- lopes, et ce gibier hgure souvent sur les marchés américains, bien que sa chair soit peu délicate. Captivité, — Les Pénélopes s'apprivoisent facilement en viennent même parfois d'une fami- liarité désagréable. Mais le climat de l'Europe ne leur est pas favorable et on n'a pu jusqu'ici les faire reproduire en captivité. I.'lloazin hupoé. LES HOAZINS Caractères. — Le genre Hoazin est caractérisé par des formes très élancées, un cou mince, une tête petite, des ailes longues, obtuses une queue longue, élargie à l'extrémité; un bec de la longueur de la tète, convexe, large à la base; des tarses courts, des doigts et des ongles longs. Les plumes de l'occiput et du sommet de la tête sont longues, étroites, pointues, relevées en une sorte de huppe; celles du cou minces et pointues. L'HOAZIN HUPPÉ {Opisthocovius cristatiis. — Caractères — L'espèce unique du genre Hoazin a la tête, le cou, le dos d'un fauve brun à reflets vert bronzé, avec quelques raies longitudinales blanches; la poitrine blanchâtre, le reste des parties intérieures d'un marron clair; les ailes et la queue marquées de raies blanches transversales sur un fond marron; les parties dénudées de la face et du cou, ainsi que les pattes, d'une teinte couleur de chair. La taille de cet Oiseau est d'environ o'",6o. Habitat. — H habite la Guyane et le Brésil. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses dans les forêts. Son existence est plus arboricole que celle des autres Cracidés. A m LES HOAZINS. [163j On le rencontre le plus souvent sur les arbustes qui bordent les lacs et les rivières. Sa nourriture se compose presque uniquement de fruits, notamment de certaines espèces d'aroïdées. Sa voix est très forte, et c'est moins un cri qu'un hurlement. Il établit son nid dans les buissons, au-dessus de l'eau. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d'un blanc grisâtre, tachetés de rougeàtre ; ils ressemblent par leur forme à ceux des Péné- lopes, et par leur dessin à ceux des Râles. Une particularité curieuse que pré- sente cet Oiseau est l'odeur infecte qu'il exhale et qui lui a fait don- ner le nom d'Oiseau puant. Cette odeur, forte et pénétrante, rappelle celle du fumier de Cheval, ou mieux celle du Bouc. On s'imagine ai- sément le goût dé' sagréable que peut avoir la chair de cet Oiseau et le peu d'enthousiasme que l'on met à le chasser. LES MÉSITI- ^- t^*^ DÉS. — A la suite des Mégapodiidés, Le Mésite varié. se place la petite fa- mille des Mésitidés, représentée par un seul genre originaire de Madagascar. Les Mésitidés appartiennent aussi bien aux Gallinacés qu'aux Echassiers, et ils peuvent être considérés comme faisant partie des nombreux termes de passage qui existent entre ces deux ordres. Caractères. — Le genre unique Mésiles est caractérisé comme il suit bec presque aussi long que la tète, droit, comprimé, à pointe mousse; narines basales, linéaires, se prolongeant par un sillon jusque vers le milieu du bec; ailes courtes, sub-obtuses, dépassant un peu la queue; celle-ci, de longueur moyenne, légèrement arrondie sur les côtés; tarses médiocres, de la longueur du doigt médian, dénudés au-dessus de l'articulation, doigts allongés, libres ou faiblement unis à la base par une mince membrane; ongles faibles, comprimés, recourbés. Lorums dénudés. L'espèce représentée dans notre texte est le Mésite raric {Mesites variegatus. [164] LES GALLINACÉS. 112 Cet Oiseau mesure environ o°',3o de long. Son plumage est, en dessus, d'un roux feuille morte ; la poitrine est d'un jaune clair, tachetée transversalement de noir; la gorge blanche, les côtés de la tète et du cou marqués par une raie jaune clair passant immédiatement au-dessus de l'œil, une autre sous les lorums et soulignée par une tache noire; le ventre est roux avec des raies irrégulières noires. Habitat. — Le Mésite varié habite Madagascar. Il fut rapporté pour la pre- mière fois en Europe, par le D' Bernier, chirurgien de la marine. Les Èchassiers Les Oiseaux de l'ordre des Echassiers ont une physionomie particuhère, malgré les formes très variées que présentent les différents genres. Leur exis- tence spéciale dans les localités marécageuses se révèle par des caractères généraux communs, dont le plus frappant est la longueur souvent démesurée des jambes, en grande partie dénudées, ce qu'exprime très bien le nom d'Échas- siers qui a été donné à ces Oiseaux. Un autre caractère assez constant, est la longueur et la gracilité du cou. Quant à la forme du bec et des ailes, la disposition des doigts, on observe des variations trop considérables pour pouvoir les réunir en un seul type mor- phologique. Certains Echassiers sont plus particulièrement adaptés à la course, leurs pieds sont dépourvus de doigt postérieur; d'autres nagent et plongent comme les Palmipèdes, leurs doigts sont réunis à la base par une membrane. Les Echassiers proprement dits vivent dans les marais, sur les bords des rivières et des lacs, ils marchent sur les fonds vaseux, mais ils courent peu, nagent rarement; leur vol est rapide, de peu de durée. En volant, ils laissent leurs jambes pendantes, ou étendues en arrière, au lieu de les replover sous le corps, comme la plupart des autres Oiseaux. Leur nourriture consiste en Vers, Mollusques, l nsectes. Grenouilles, Pois- sons, petits Reptiles. La plupart des Echassiers sont migrateurs et errants. Les uns sont polygames, ils nichent à terre et les petits en naissant sont en état de recueillir eux-mêmes leur nourriture d'autres sont monogames, ils nichent sur les arbres, sur les roseaux, leurs petits restent au nid jusqu'à ce qu'ils soient en état de voler. La mue est, chez ces Oiseaux, ordinairement double. Classification. — Les Echassiers peuvent être divisés en trois grands groupes ; A. Les Echassiers coureurs, représentés par les fainilles suivantes i" Les Outardes ou OtidiiIés\ 2" Les Kamichis ou Palamédéidcs; 3° Les Pluviers ou Charadriidés\ 4° Les Bécasses ou Scolopacidès ; La vie des ANIMAIX ILLLSTRÉE \' . 3 [166 LES ÉCHASSIERS. 2 5" Les Ai'oceltes on Récuri'iroslr'idi's ; B. Les Poules d'eau et les Foulques ou Ralidés; C. Les Echassiers proprement dits, représentés par les familles suivantes 1 " Les Grues ou Gruidés ; 2° Les Hérons ou Ardéidcs ; 3° Les Cigognes ou Ciconidés; 4" Les Ibis ou Tantalidcs\ 5° Les Flamants ou Phcnicoptcridés. Les Echassiers du premier groupe vivent dans les endroits découverts prairies, plaines, plages sablonneuses ou boueuses de la mer, des rives des fleuves et des lacs. Ils courent avec une grande vitesse, grâce à la disposition de leurs pieds. La plupart nichent sur le sol, et les jeunes quittent le nid aussitôt la naissance. Les Echassiers du deuxième groupe ont de nombreuses affinités avec les groupes voisins; ils présentent aussi des termes de passage des Echassiers vers les Gallinacés et vers les Palmipèdes. Néanmoins, par l'ensemble de leurs caractères et leurs habitudes, ils forment un groupe bien spécialisé. Quant aux Echassiers du troisième groupe, ils répondent exactement à l'idée que l'on se fait ordinairement du type le plus parfait de l'ordre. Ce sont de grands Oiseaux à la démarche grave et compassée, au vol lourd, mais soutenu et élevé. Ils vivent dans les régions humides, marécageuses; leur nourriture est essentiellement animale. Ils ne pondent qu'un petit nombre d'œufs et les jeunes restent longtemps au nid avant d'être en état de se suffire à eux-mêmes. A chacun de ces trois groupes correspondent des caractères morphologiques particuliers en rapport avec les habitudes variées des espèces qui les composent. LES OUTARDES OU OTIDIDÉS Les Ocididés rappellent par leur corps massif, leur physionomie générale, la structure de leur bec et jusqu'à leurs habitudes, les Oiseaux de l'ordre des Gallinacés. Mais par tous leurs autres caractères ils sont de véritables Echassiers. Caractères. — Leur bec est fort, déprimé à la base, voûté et courbé vers la pointe; leurs ailes amples, concaves, recouvrant la queue, celle-ci généralement courte; leurs tarses robustes, de longueur moyenne, réticulés; leurs doigts courts, au nombre de trois. Habitat. — Mœurs. — Ils habitent les plaines désertes, arides et sablon- neuses de l'ancien continent. Ils sont bien adaptés à la course, tandis que leur vol est lourd, peu rapide. Leurs mœurs sont polygames. Par leur genre de vie, ils ont plus d'un trait commun avec les Gallinacés. Les principaux genres de cette famille sont les Outardes, les Houbaras, les Syphéotides. LES OUTARDES. [167] LES OUTARDES Caractères. — Les Outardes ont un bec plus court que la tête, robuste, élevé et large à la base, la mandibule supérieure dessinant une courbe bien prononcée depuis les narines jusqu'à la pointe, qui est échancrée ; la mandi- bule inférieure rectiligne; des narines basales, elliptiques, percées dans la membrane qui entoure la base du bec; des ailes amples, concaves, sub- aiguës; une queue médiocre, large, arrondie; des tarses deux fois aussi longs que le doigt médian, et recouverts d'un réseau de petites écailles hexagones; des doigts courts, épais, réunis à la base, et bordés latéralement par une étroite membrane rugueuse. L'OUTARDE BARBUE COtis larda. — Caractères. —L'Outarde barbue, ou grande Outarde, a la tête d'un cendré foncé avec une bande médiane longitu- dinale rousse; le cou d'un blanc lustré, et présentant, de chaque côté, un espace violet couvert de duvet, et le dos d'un jaune roux rayé transversalement de noir ; la partie mo\'enne des ailes blanche, le bord des ailes d'un cendré brun, la queue blanche coupée de deux bandes noires, la poitrine couverte d'un large plastron d'un roux foncé écaillé de noir; l'abdomen d'un blanc grisâtre, avec la partie duveteuse des plumes d'un rose vineux ; le bec brun, l'iris jaune orangé, les tarses gris. La base de la mandibule inférieure porte de chaque côté une petite touffe de plumes allongées. L'Outarde barbue mâle atteint i mètre à i", lo de longueur; la femelle est beaucoup plus petite, mais porte une livrée analogue. Habitat. — L'Outarde barbue habite une grande partie de l'Europe et l'Afrique septentrionale, mais elle tend à devenir de plus en plus rare. En France, où elle apparaissait autrefois par bandes de plusieurs milliers d'indi- vidus, elle n'est plus aujourd'hui signalée que très accidentellement. Mœurs. — On ne peut la considérer comme un Oiseau migrateur, car ses voyages sont très irréguliers, ils dépendent de l'abondance plus ou moins grande de nourriture dans un endroit donné. Les pays de plaines où l'on cultive des céréales, les steppes sont les régions qu'elle affectionne particulièrement. Elle évite avec autant de soin les grandes forets que le voisinage des habitations. C'est un Oiseau craintif, farouche, défiant, ayant toujours l'œil au guet, fuyant de loin à la moindre apparence de danger. On la rencontre généralement en compagnies de quatre à dix individus. Sa démarche est lente et mesurée, mais en cas de nécessité, elle court avec une grande rapidité. Avant de prendre son vol, elle fait d'abord deux ou trois bonds, comme pour prendre son élan, puis s'étant enfin élevée à une certaine hauteur, elle glisse dans l'air O PI. XLI. — L'Outarde barbue Planche p. 168. [168] LES ECHASSIERS. i avec une grande viteïrse, le cou tendu en avant, les pattes en arrière, le tronc légèrement incliné. Sa voix est une sorte de ronflement difficile à traduire, mais à la vue d'un ennemi, elle émet aussi parfois un cri ou sifflement aigu. L'Outarde barbue se nourrit surtout de substances végétales feuilles vertes, jeunes pousses d'herbes, graines de céréales. Dans les pays où abondent les Insectes, elle fait de ces derniers une ample destruction, mais sans les recher- cher spécialement. Ses mœurs sont polygames. A l'époque des amours, les mâles piaffent et font la roue comme les Dindons; ils prennent les postures les plus singu- lières, gonfîent leur gorge, laissent pendre leurs ailes, renversent la tête en arrière. La jalousie qui les anime est fréquemment l'origine de luttes violentes, et les vaincus sont chassés loin du troupeau. Les coups d'ailes qu'ils se por- tent, dit le D' Dorin, sont si violents, qu'on rencontre souvent, chez les derniers, non seulement des ecchymoses considérables, mais encore des dénudations à toute la face inférieure des ailes, sur les humérus, les radius et les cubitus. » Après l'accouplement qui a lieu en février, les femelles s'isolent et se prépa- rent à s'adonner, chacune de son côté, aux soins de l'incubation. L'Outarde barbue niche dans les champs de blé, de sarrasin, de seigle, dans les steppes. Elle choisittrès soigneusement l'emplacement de son nid, au milieu des herbes les plus hautes, mais dans une sorte de clairière, où la terre, nue et battue sur une étendue de 2 à 3 mètres, lui permet, en cas de besoin, de prendre rapidement son essor. Elle creuse alors, en grattant la terre, une petite exca- vation, et y dépose deux ou trois œufs ovales, courts, à grain grossier, d'un gris cendré olivâtre, semés de taches irrégulières d'un brun plus ou moins foncé. La femelle se montre alors plus farouche que jamais elle ne s'approche de son nid qu'avec une grande prudence, en rampant et en évitant de se montrer. Dès qu'elle aperçoit quelqu'un, elle se couche à terre. Un ennemi s'avance-t-il, elle rampe dans les blés sans être vue. Le danger la surprend-il, elle s'envole, mais bientôt elle s'abat dans les moissons, et se sauve en courant. Si Ton touche à ses œufs, elle les abandonne, excepté dans le cas où les petits sont près d'éclore. L'incubation dure environ trente jours. Les jeunes naissent couverts d'un duvet laineux, brunâtre, tacheté de noir, qui se confond avec la teinte du sol. Ils se nouriissent surtout d'Lisectes, que leur mère récolte pour eux et leur donne. A l'âge d'un mois, ils peuvent voler et ils commencent à mener la même existence que les adultes. Chasse. — L'Outarde barbue est, selon l'expression des chasseurs, un gibier noble. Elle mérite cette considération, non seulement à cause de sa taille élevée, de l'originalité de son plumage et de la majesté de sa démarche, mais aussi en raison de la difficulté que l'on éprouve à s'en approcher à portée de fusil. PI. XLI. — L'Outarde ilexle p. 1671. .f •» TMi' \ ^ Jis / y c^> ^/y -^ I 5 LES OUTARDES. Hj'.] Les pièges et les lacets ne sont, pour cette chasse, d'aucune utilité, car cet Oiseau méfiant ne se laisse pas prendre à des embûches grossières. Le chasseur doit donc remettre à un iieureux hasard le plaisir de ce beau coup de fusil. En Russie, on fait poursuivre les Outardes par des Lévriers; en Asie, on les chasse au Faucon. Dans les pays du Nord, on profite, l'hiver, de leur engour- dissement pour les poursuivre à cheval et les tuer à coups de bâtons. Mais le procédé de chasse le plus usité, dans les localités aujourd'hui peu nombreuses où cet Oiseau est encore abondant, consiste à se mettre en embus- cade dans un chariot extérieurement garni de paille, et que l'on fait avancer vers la troupe que l'on convoite jusqu'à une distance convenable. Les Outardes, peu défiantes à la vue d'un objet auquel elles sont accoutumées, se laissent approcher plus facilement. Captivité. — L'Outarde barbue étant un gibier très recherché, on a essayé de l'élever en captivité. Mais jusqu'ici, les résultats ne paraissent pas encourageants, en raison du caractère farouche de cet Oiseau. Cependant, d'après Nordmann, elle vit en demi-domesticité, au milieu d'autres Oiseaux de basse-cour, dans les fermes de la Russie méridionale. L'OUTARDE CANEPETIÈRE {Otis Ictrax. — Caractères. — L'Outarde canepetière se distingue de l'Outarde barbue par sa taille moindre qui n'excède guère o°',45, par l'absence de plumes sous la mandibule inférieure, et par les caractères de son plumage. Le mâle adulte a les parties supérieures du corps d'un jaune clair, tachetées et rayées de noir; les côtés de la tête et le devant du cou, d'un cendré foncé ; un collier blanc descend en sautoir, des oreilles vers la gorge; un demi-collier de même couleur, mais plus large, et suivi d'une autre bande également noire, orne la poitrine; le bord des ailes, les couvertures supérieures et infé- rieures de la queue, le ventre, sont blancs; les rémiges d'un brun foncé, les rectrices blanches barrées transversalement de noir ; le bec et les pieds gris, l'iris laune. En automne, le collier blanc et les ornements noirs de la poitrine dis- paraissent. La femelle, de plus petite taille que le mâle, est presque entièrement d'un jaunâtre clair, rayé de noir; elle a les couvertures supérieures des ailes blan- ches tachetées de noir, le ventre blanc. Habitat. — L'Outarde canepetière, petite outarde ou Poule Ac Cartilage, a une aire de dispersion assez étendue. Elle habite, en général, toutes les contrées chaudes et tempérées de l'Europe, et le nord de l'Afrique. Elle a été observée accidentellement en Angleterre, en Belgique, en Hollande. En France, elle se cantonne de préférence dans les plaines de la Champagne et de la Beauce elle arrive au printemps, et repart de septembre à novembre. Mœurs. — Ses mœurs sont à peu près les mêmes que celles de l'Outarde barbue; mais ses allures sont plus vives. Elle court très rapidement; son vol est léger, rapide, soutenu. Elle est timide et craintive à l'excès la vue d'un Oiseau de proie l'inquiète. [170] LES ÉCHASSIERS. G et sous l'influence d'un danger imminent, elle prend les postures les plus grotesques. Son régime est à la fois animal et végétal, mais les Insectes, Vers, Mol- lusques, en formenfnéanmoins le lond. La Canepetière est un Oiseau sociable; elle vit par bandes d'une dizaine d'in- dividus, qui ne se séparent qu'à l'époque des amours. A ce moment les mâles se livrent aux mêmes évolutions que celles qui ont été décrites pour l'Outarde barbue. Ils font la roue, hérissent les plumes de leur collerette, laissent pendre les ailes. Ils se provoquent aussi en combat singulier; le plus faible, généralement le plus jeune, est chassé hors de la société, tandis que le vainqueur se promène fièrement autour des femelles. Puis l'accouplement a lieu. La Canepetière établit son nid dans les champs, parmi les herbes. Ce nid est une excavation creusée dans la terre et tapissée de quelques herbes. Les reufs, au nombre de trois ou quatre, ont le volume des œufs de Poule, mais ils sont également arrondis aux deux bouts; leur couleur est d'un brun olivâtre avec des macules irrégulières d'un brun roux. Les jeunes, une fois éclos, se montrent extrêmement gloutons; ils se jettent avec avidité sur les Insectes, notamment sur les Sauterelles et autres Ortho- ptères ; ils mangent aussi des Vers, des Limaces, des petits Escargots. Chasse. — La Canepetière a une chair estimée, rappelant assez bien celle du Faisan. On la chasse de la même façon que l'Outarde barbue, mais cependant avec plus de chances de succès. La Canepetière, en effet, ne reste pas toujours en rase campagne; elle s'aven- ture dans les endroits montucux et un peu couverts, où elle est plus facile à tirer. Quand elle est surprise ou poursuivie, elle se tapit d'abord contre terre, cherche à se cacher, puis, au dernier moment, elle s'envole brusquement et bruyamment, en ligne droite. Captivité. — L'élevage de la Canepetière présente de grandes difficultés, en raison du caractère timide et craintif de cet Oiseau. LES HOUBARAS Caractères. — Les Houbaras ont le bec aussi long que la tète, très déprimé dans les deux tiers de sa longueur a partir de la base, les narines presque médianes, latérales, s'ouvrant dans des fosses nasales larges se prolongeant en un sillon au delà du milieu du bec les ailes allongées, amples, sur-obtuses, le sommet de la tête, le bas et les côtés du cou ornés de faisceaux de plumes décomposées. Aux caractères distinctifs tirés de la forme du bec et des ornements du cou. s'ajoutent la couleur des ailes, variées de blanc et de noir, et celle de la queue, marquée de trois bandes transversales. Habitat. — Le genre Houbara est représenté par deux espèces dont l'une, 7 LES KAMICHIS. [171] la Hoiihara onciiilde, habite particulièrement le nord de l'Afrique, et l'autre, la Houbara de Maçqiiceii, est propre à l'Asie. La première se montre presque régulièrement chaque année dans le midi de l'Europe. La seconde n'}' apparaît qu'accidentellement. Mœurs. — Les mœurs des Houbarassont les mêmes que celles des Outardes. LES PALAMÉDÉIDÉS La famille des Palamédéidés a été fondée pour deux genres d'Oiseaux de l'Amérique tropicale, auxquels on peut assigner les caractères suivants Caractères. — Ces Oiseaux ont un corps lourd, massif, un bec crochu rap- pelant à la fois celui des Outardes et celui des Gallinacés; des ailes amples, longues, sur-obtuses, armées au poignet de deux éperons robustes ; des tarses épais, réticulés, de la longueur du doigt médian ; des doigts allongés, au nombre de trois, les deux antérieurs réunis à la base par une étroite palmature, le pos- térieur armé d'un ongle robuste et droit comme celui des Alouettes. Les Palamédéidés ne comprennent que les genres Kamichi et Chauna, chacun d'eux n'étant représenté que par une seule espèce. LES KAMICHIS Caractères. — Les Kamichis ont pour caractères distinctifs ; le front orné d'une corne mince, longue d'environ o'",i5; la ligne naso-oculaire emplumée, la tête et le cou garnis de plumes courtes et veloutées. LE KAMICHI CORNU Palamedea cornuta. — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o'",8o de longueur. Son plumage est presque entièrement d'un brun noir, à l'exception du ventre et du croupion qui sont d'un blanc pur, du sommet de la tète qui est blanchâtre, du haut de la poitrine dont les plumes sont d'un gris argenté et bordées de noir, des petites couvertures qui sont d'un jaune rougeàtre. L'iris est orangé, le bec brun noir avec la pointe blanchâtre, les taises d'un gris ardoisé. Habitat. — Le Kamichi cornu habite le Brésil, la Guyane, la Colombie, où il est désigné vulgairement sous le nom de Aniuma. Mœurs. — 11 se tient dans les grandes forêts vierges, où il vit par cou- ples durant la saison des amours, et par bandes de quatre à six individus pen- dant le reste de l'année. Il cherche sa nourriture, essentiellement végétale, dans les endroits bas et marécageux. Sa démarche est lente et grave. Il construit son nid sur le sol, mais toujours très près de l'eau. La ponte est de deux tufs blancs, de la grosseur de ceux de l'Oie. Les petits, à peine éclos, sont déjà en état de courir et de chercher leur nour- riture. [1721 LES ÉCHASSIERS. LES CHAUNAS Caractères. — Les Cliaunas se distinguent des Kainichis par l'absence de corne frontale, celle-ci remplacée par une huppe occupant la région de la nuque; par une ligne naso-oculaire nue. Les plumes de la tête et du cou sont molles, mais non veloutées. LECHAUNA CHAVARIA * [Chaiiua chavaria\. — Caractères. — La taille de cet Oiseau est un peu plus faible que celle de son congénère, le Kamichi, elle n'est que de o^jl-îtS. La tête et la huppe sont grises ; les joues, la gorge, le haut du cou blancs; la nuque et la partie antérieure de la poitrine d'un gris cendre foncé, le manteau brun foncé; le bord des ailes, le ventre et le croupion blan- châtres; la ligne naso-oculaire et les lorums d'un rouge de chair; l'iris jaune, le bec noir, les tarses d'un rouge clair. Habitat. — Le Chauna chavaria habite le sud-est du Brésil et la Plata. PAœurs. — Il fréquente les marécages, ou les bords des rivières, dans les endroits où l'eau est peu profonde, le courant peu rapide. Bien que vivant près de l'eau, il ne nage pas. Sa démarche est lente et majestueuse comme celle des Kamichis. Son vol est léger et facile. Il s'élève quelquefois dans les airs à une grande hauteur en décrivant des cercles, comme les Urubus, il res- semble d'ailleurs par ses allures et ses longues ailes. Son cri est fort et perçant ; il le fait entendre aussi bien dans le jour que pen- dant la nuit; le mâle et la femelle se répondent alternativement. On rencontre le Chauna chavaria soit isolé, soit en sociétés de plusieurs indi- vidus, soit par couples. Son existence est celle du Kamichi. Il recherche sa nourriture parmi les plantes marécageuses, mais il mange aussi des petits Poissons, des Vers, des Grenouilles. Il niche dans les roseaux, comme les Poules d'eau. Captivité. — Le Chauna chavaria s'habitue mieux à la captivité que le Kamichi. Il s'apprivoise même facilement, et lorsqu'il a été pris jeune, il vit en parfaite intelligence avec les Oiseaux de basse-cour. LES CHARADRllDES Le groupe des Charadriidés a une composition assez hétérogène. Certains genres établissent une transition vers les Outardes; d'autres, tels que les Glaréoles, mériteraient presque d'être isolés dans une famille spéciale. Les Charadriidés, dont le t}pe est le Pliii'ier, sont des Échassiers coureurs, vivant dans les plaines marécageuses ou dans les steppes arides et incultes. Cl PI. \ . — Le Chauna chavaria. 9 LES GL ARE OLE S. [173] Le seul caractère général qui soit constant dans tous les genres, c'est que le bec n'est corné que dans son dernier tiers, il reste membraneux dans les deux tiers postérieurs. LES GLARÉOLES -^ Caractères. — Les Glaréoles ont un bec beaucoup plus court que la tète, convexe, plus large que haut à la base, plus haut que large vers la pointe, à bords mandibulaires dessinant une courbe bien prononcée; des narines ovales, basales, obli- ques; des ailes beaucoup plus lon- gues que la queue, sur- aiguës ; une queue four- chue, des tarses médio- cres, minces, réticulés sur les côtés de l'articulation tibio-tarsienne, scutellés dans le reste de leur étendue; des doigts grêles, le médian et l'externe réunis à la base par une petite membrane. LA QLARÉOLE PRATINCOLE [Gla- reola pratiiicola. — • Caractères. — La Glaréole pratincole a la tète et le dos gris brun; la gorge d'un jaune roussàtre, entourée d'un cercle brun; la poitrine, le ventre et le croupion blancs; les extrémités des rémiges et des rectrices noires, l'iris brun, le bord des paupières rouge ; le bec et les pieds bruns. Sa taille est d'environ o^.'in. Habitat. — Elle habite l'Europe méridionale et orientale, l'Asie et l'Afrique septentrionales. Elle est connue vulgairement sous ditférents noms Poule des sables, Perdrix de mer, Hirondelle de marais, noms qui rappellent, les uns ses habitudes, l'autre la forme de son corps. Mœurs. — La Glaréole pratincole est un Jiseau migrateur. Elle arrive dans le midi de la France vers le milieu d'avril et repart vers la lin d'août, voyageant par petites troupes de quinze à vingt individus. Elle se plaît dans le voisinage de l'eau, sur les plages sablonneuses de la Méditerranée, sur le bord des étangs. On la reconnaît de loin à ses allures qui ne permettent pas de la confondre avec aucun autre Echassier. Elle court très bien et vole encore mieux. Sa course La vie des animalx illustrée. IV. — 14 La Glaréole pratincole. [i'ii] LES ÉCHASSIERS. 10 est saccadée comme celle du Pluvier, mais avec cette différence que tout en courant, elle hoche continuellement de la queue. Son vol ressemble à celui de la Mouette, il est remarquable par sa rapidité, sa variété, ses brusques détours. Dans les pays où elle doit se reproduire, la Glaréole vit par couples. On la rencontre, courant ou volant, faisant la chasse aux Insectes, aux larves, aux Libellules, aux Sauterelles, surtout le soir, vers le coucher du soleil. Elle déploie dans ses évolutions autant d'adresse et d'élégance que les Hirondelles, ce qui ajoute encore à la ressemblance qu'elle présente avec celles-ci. La Glaréole niche sur les rives inclinées des marais, dans les steppes dégarnies d'arbres. Son nid consiste en une simple excavation tapissée de chaumes et de racines. Chaque couvée est de quatre œufs courts, ventrus, d'un jaune d'ocrc avec des points et des taches foncés formant des marbrures irrégulières. Le dévouement que montre la mère pour sa progéniture est bien digne de remarque lorsqu'on s'approche de ses petits, elle accourt en criant, pour les défendre, et ne craint pas de fondre sur les Chiens. La même affection unit tous les individus d'une même bande; lorsque l'un d'eux est tué, les autres viennent en poussant des cris, se poser près de son cadavre, et se laissent tuer à leur tour plutôt que de s'enfuir. Chasse. — Oij chasse surtout les Glaréoles en Hongrie et en Russie. Leur chair, quand elle est grasse, est très succulente. Captivité. — On a pu conserver des Glaréoles pendant plusieurs mois en captivité, en les nourrissant de pain trempé dans du lait, et d'Insectes. Elles s'apprivoisent facilement. LES ŒDICNÈ/HES Caractères. — Aux caractères du groupe s'ajoutent, pour le genre Œdi- cnèmc, un bec de la longueur de la tête, ou plus court, épais, triangulaire, légè- rement déprimé à la base, comprimé dans sa moitié antérieure ; des narines linéaires, étendues jusqu'au milieu du bec; des ailes moyennes, aiguës, n'atteignant pas l'extrémité de la queue, celle-ci conique, composée de douze rectrices; des tarses longs, minces, recouverts d'un réseau de petites écailles; des doigts courts, épais, bordés et réunis à la base par une étroite membrane. L'ŒDICNÈME CRIARD [Œdicnemus crepitans. — Caractères. — Cet Oiseau, dont la taille est d'environ o'",4o, a un plumage assez uniforme rappe- lant celui de l'Alouette sur un fond roussàtre, se détachent de longues mèches brunes marquant le centre de chaque plume; les lorums, la gorge, le ventre, les cuisses, sont d'un blanc pur; les rémiges noires, avec une tache blanche sur les deux premières, les autres terminées de blanc les rectrices noires à la pointe, blanches sur les côtés; les paupières, l'iris et la base du bec sont jaunes, le bout du bec noir, les pieds d'un jaune-paille. La femelle porte le même plumage que le mâle. 11 LES ŒDICNEMES. [175] ^^•^ Habitat. — L'Œdicnème criard habite toute l'Europe, particulièrement les contrées méridionales, le nord de l'Afrique et l'Asie occidentale. Sédentaire sur les rivages de la Méditerranée, il est migrateur partout ailleurs. Mœurs. — Il s'établit de préférence dans les plaines crayeuses et sablon- neuses, mais on le trouve aussi parfois dans les prairies humides. Il a des mœurs presque nocturnes; ce n'est qu'après le coucher du soleil qu'il se met en mou- vement pour rechercher sa nourriture exclusivement animale Insectes divers, petits Limaçons, Lézards, Campagnols, etc. Brehm, qui observa cet Oiseau en Afri ses allures singulières. C'est, dit-il, un ami de la solitude, qui peu de ses semblables. Il ne se lie à aucune mais il les étudie toutes et sait conformer conduite aux résultats de son expérience, ne sait ce que c'est que la confiance tout animal lui semble suspect, si- non dangereux. Il observe tout, en toutes circonstances, et se laisse rarement tromper. Il sait qu'il est aussi en sûreté sur les toits en ter- rasse des maisons d'Egypte, que dans nos plaines sablonneuses ; au voisi- nage d'un bois de pins, que dans les cam- pos d'Espagne ou qu'au sein du désert. La confiance qu'il montre en Egypte n'existe qu'en apparence il se tient sur ses gardes tout aussi bien que chez nous. Cependant, il est rare qu'on l'aperçoive ; il a vu l'homme qui se dirige sur lui, bien avant que celui-ci ait pu soupçonner sa présence. Se trouve-t-il dans une plaine, loin de tout fourré où il puisse se chercher un abri, il se rase et, grâce à la teinte couleur de terre de son plumage, il disparaît complètement aux regards. Un fourré est-il dans son voisinage, il y court rapidement, mais ne s'}' arrête pas ; il le franchit en toute hâte, et gagne les champs du côté opposé à celui par lequel arrive l'ob- servateur. Dans le campo ou dans le désert, il commence par se raser ; mais si on continue à l'approcher, il se lève, court toujours hors de la portée du fusil, se retourne de temps à autre, s'arrête, recommence à courir, et gagne bientôt une avance suffisante, sans qu'il ait été obligé de recourir à ses ailes. Un cava- lier ne peut pas mieux le surprendre qu'un piéton ; il sait que ce n'est que du cheval sans cavalier qu'il n'a rien à craindre. Sa marche, tant qu'il n'est pas presssé, a quelque chose de raide, de trotti- nant; quand il est poursuivi, il court avec une rapidité étonnante. Son vol est léger, assez facile, mais rarement soutenu ; l'Œdicnème criard sait bien que le Faucon a encore de meilleures ailes que lui. » Sa voix singulière et retentissante se fait entendre après le coucher du soleil. L'Œdicnème criard. [170J LES ÉCHASSIERS. 12 L'Œdicnème criard aime beaucoup à se désaltérer il franchit souvent plusieurs kilomètres pour aller chaque soir étancher sa soif dans quelque cours d'eau. Au printemps, les mâles se livrent souvent des combats, pour la possession des femelles. La construction des nids a lieu en avril. L'Œdicnème niche dans quelque dépression du sol, dans des endroits pier- reux et les guérets. Sa ponte se compose de deux à quatre œufs, relativement gros si on les compare au volume de l'Oiseau, et de la forme des œufs de Poule; leur couleur est gris jaunâtre ou roussàtre; ils sont tachetés, mouchetés irrégu- ièrement, de gris brun ou de brun foncé. Les pettis, une fois nés, apprennent très vite à capturer les Insectes qui for- ment le fond de leur nourriture, et aussi à se blottir dans les retraites naturelles qu'ils rencontrent à l'approche de quelque danger. Chasse. — L'Œdicnème criard est très difficile à chasser. On a vu plus haut, à propos de ses mœurs, avec quelle adresse il échappe à ses ennemis, sans toutefois les redouter. Aussi ne connaît-on aucun moN'en infaillible pour le capturer ou pour le tirer au fusil. Captivité. — En captivité, il s'apprivoise facilement. LES COURVITES Caractères. — Le genre Courvite est caractérisé par des formes élevées, un bec relativement long, mais plus court que la tête, déprimé à la base, recourbé à la pointe; des narines basales, s'ouvrant dans des fosses nasales peu profondes, ne se prolongeant pas en un sillon; des ailes moyennes, suraiguës, une queue courte, large; des tarses longs et grêles, scutellés; des doigts courts, au nombre de trois seulement. Habitat. — Les Courvites sont propres aux contrées chaudes de l'Afrique et de l'Asie; l'un d'eux fait de fréquentes apparitions en Europe. LE COURVITE ISABELLE [Cursoriiis isatielliniis. — Caractères. — Le Cour- vite Isabelle a, comme son nom l'indique, un plumage couleur Isabelle s'harmo- nisant parfaitement avec la couleur du sable des déserts. Deux lignes noires, séparées par une bande blanche, partant de l'œil et se dirigeant en arrière, limitent l'occiput qui est d'un gris bleu; les rémiges sont d'un brun noir avec l'extrémité jaune rougeàtre ; les rectrices, à l'exception des deux médianes, tachetées de noir et terminées de blanchâtre ; l'iris est brun clair, les jambes bleuâtres, les pieds jaunâtres. La taille de cet Oiseau est d'environ o'°,25. Le mâle et la femelle ne diffèrent pas l'un de l'autre. Habitat. — Le Courvite Isabelle habite toute l'Afrique; il se montre acciden- tellement en Europe. Mœurs. — Il se tient dans les déserts les plus arides, les plus desséchés, là 13 LES PLU VI AN S. [1771 où ne pousse qu'une maigre végétation. Ce n'est pas un Oiseau migrateur, mais il entreprend souvent de grands voyages ; il apparaît subitement dans des régions où on n'est pas habitué à le rencontrer, puis il disparaît aussi rapidement qu'il est venu. C'est surtout à l'époque des amours, que les mâles sont ainsi portés à errer loin de leur domaine. Par ses allures et son genre de vie, il mérite bien le nom de coureur du désert qui lui a été donné. ^- L'Huitrier-Pie. tempérées de l'Asie, et l'Afrique septentrio- nale. Ses migrations ne s'étendent jamais bien loin ; les bandes d'Huîtriers qui habitent les côtes de la Baltique viennent passer l'hiver sur les côtes de France et d'Es- pagne; celles qui habitent l'Islande passent simplement de la côte septentrionale à la côte méridionale, quittant les régions envahies par la glace pour venir sur les côtes baignées par le Gulf-Stream. Mœurs. — Les Huîtriers sont des Oiseaux très sociables, vivant en troupes la plus grande partie de l'année. Ils sont très vifs et très remuants. Sur le sol, ils courent avec rapidité ; ils peuvent aussi se soutenir aisément sur les sables vaseux grâce à la conformation de leurs pattes. Leur vol est facile, rapide et bas. Sans être des Oiseaux nageurs, ils entrent fréquemment dans l'eau et plongent même en cas de besoin. Leurs allures sont très intéressantes à observer Plus vigilants que les autres Oiseaux de rivage, dit Brehm, ils trouvent toujours à s'occuper. Chaque petit Oiseau qui passe près d'eux, ils l'observent; un grand, ils le saluent de leurs cris ; pas un Canard, pas une Oie qui échappe à leurs regards. Mais voici que s'approchent de nos Huîtriers d'autres Oiseaux qu'ils savent être des ennemis. Dès qu'un de ceux-ci apparaît, que ce soit un Corbeau, une [188] LES ECHASSIERS. 24 Corneille ou une grande Mouette, un Huitrier donne le signal de l'attaque; tous se lèvent, fondent sur l'ennemi, crient pour dénoncer sa venue aux autres Oiseaux, et le poursuivent avec fureur. En cela, ils ressemblent tout a fait aux Vanneaux, mais leurs armes sont meilleures, la victoire leur est plus fidèle. Les autres Oiseaux de rivage savent parfaitement ce que signifient leurs cris; ils distinguent très bien le cri d'appel du cri d'avertissement. Partout où se trou- vent des Huîtriers-Pies, ce sont eux qui jouent le rôle principal, qui règlent et commandent, en quelque sorte, les allures des autres Oiseaux. » Le nom d'Huitriers ne signifie pas que ces Oiseaux se nourrissent d'Huîtres, mais ils mangent une grande quantité de petits Mollusques bivalves, de Vers, de Crustacés et même de petits Poissons. A l'époque des amours, les couples se séparent; on entend alors retentir le chant des mâles et on assiste parfois aux combats qu'ils se livrent pour la pos- session des femelles. Les nids sont placés sur les dunes, sur les grèves, parmi les débris de coquilles et les cailloux roulés, au milieu des herbes ou des fucus rejetés par la mer. La ponte est de deux ou trois œufs, d'un roux sale ou jaune verdàtre, avec des traits irréguliers et des taches d'un brun noir. La femelle les couve seule, pendant la nuit et une partie de la journée, mais le mâle la remplace si elle périt. Les jeunes éclosent au bout de trois semaines; ils sont très vite en état de courir, de nager et d'éviter les plus grands dangers qui les menacent. — Les Huîtriers se laissent difficilement approcher parle chasseur. D'ailleurs, leur chair a un goût très désagréable. Captivité. — En captivité, ils s'apprivoisent facilement, vivent en assez bonne intelligence avec les autres Oiseaux de basse-cour, leur servent même de sentinelles en les avertissant par leurs cris perçants de l'approche de quelque ennemi. LES TOURNE-PIERRES Caractères. — Les Tourne-pierres ont un bec à peu près aussi long que la tète, conique, à arête aplatie, à pointe dure, comprimée, mousse; des ailes étroites, suraiguës, dépassant un peu l'extrémité de la queue, celle-ci composée de douze rectrices ; des jambes peu dénudées au-dessus de l'articulation ; des tarses médiocrement allongés, épais, garnis en avant de petites plaques imbri- quées, et en arrière de fines écailles; quatre doigts, presque libres, dont trois antérieurs, le pouce de la longueur du tarse. LE TOURNE PIERRE VULGAIRE OU INTERPRÈTE {Strepsilas interpres. — Caractères. — Le Tourne-pierre interprète a un plumage d'un dessin très varié. Le front, les joues, une large bande qui traverse la nuque, le bas du dos, la gorge et une bande transversale sur l'aile sont d'un blanc pur; une ligne en arrière de l'œil, le devant et les côtés du cou, la poitrine noirs; le dessus de la tète rayé longitudinalement de blanc et de noir les rémiges noirâtres; le 25 LES BÉCASSES OU SCOLOPACIDÉS. [189] manteau tacheté de noir et de rouge; l'iris et le bec sont bruns, les pattes jaune- orange. La taille de cet Oiseau est d'environ o"',22. Habitat. — Le Tourne-pierre interprète habite le nord de l'Europe et de l'Amérique, mais, à l'époque de ses migrations, il se répand dans toutes les parties du monde. Il se reproduit dans les régions arctiques. Mœurs. - C'est un des Oiseaux les plus communs que l'on rencontre sur les bords de la mer. Son nom de Tourne-pierre lui a été très justement appliqué; il a, en eft'et, l'habitude de faire rouler avec le bec les petits objets qu'il trouve sur la plage quand la mer s'est retirée, pour happer les petits Crustacés qui se cachent des- sous. Il fouille aussi de son bec les touffes de varechs, les anfractuosités des roches; il sonde les bancs de sable pour y attraper quelques Vers. C'est un Oiseau très vif, courant et voletant de place en place, en faisant entendre son petit cri d'appel. Tout le jour, il est en mouvement. Son vol est extrêmement rapide et aisé. De tous les Oiseaux qui vivent au bord de la mer, il est l'un des plus prudents et des plus craintifs. Il niche sur les bancs de sable, mais parfois aussi dans l'intérieur des terres, parmi les hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs à peu près semblables à ceux du Van- neau. LES BÉCASSES OU SCOLOPACIDÉS Cette famille renferme un nombre considérable d'espèces d'Oiseaux de rivage et de marais assez dissemblables, et qui n'ont de commun entre elles que la structure du bec et le genre de vie. Le bec des Scolopacidés a une forme et une longueur variables, mais il est toujours plus long que la tête, grêle, plus ou moins cylindrique, flexible ; la mandibule supérieure est formée de deux branches qui jouissent d'une assez grande mobilité et font l'office de pince lorsque l'Oiseau enfonce son bec profon- dément dans le sable pour y capturer les petits Vers dont il se nourrit. Tous les Oiseaux de cette famille vivent sur les bords fangeux des rivières, des lacs, de la mer, dans les prairies humides, les marécages. Ils ont une nourriture exclusivement animale, composée de "\'ers, Mollusques, Insectes, qu'ils capturent en fouillant la vase avec leur long bec merveilleuse- ment conformé pour cette existence spéciale. Leurs mœurs sont sociables. Leurs habitudes nocturnes ou semi-nocturnes. Tous sont migrateurs, et presque tous subissent chaque année une double mue. On les répartit dans les sous-familles suivantes Les Courlis ou Numéniens ; Les Barges ou Limosiens; Les Bécasses ou Scolopaciens La vie dks animais illustuée. I \ — l 5 luoi LES ECHASSIERS. >c> Les Bécasseaux ou Tringiens ; Les Chevaliers ou Totaniens Les Phalaropes ou Phalaropodiens. LES NUMÉNIENS Caractères. — Les Numénicns sont de grands Echassicrs aux formes élé- gantes, élancées. Ils doivent leur nom à la forme en croissant de leur bec. Ils ont pour caractères distinctifs ; une mandibule supérieure sillonnée dans les trois quarts de son étendue, dure, obtuse, lisse à l'extrémité ; des tarses presque entièrement réticulés sur toutes les faces ; quatre doigta-, les trois anté- l'ieurs unis à la base par deux palmatures égales. LES COURLIS Caractères. — Le genre Courlis a pour caractères un bec beaucoup plus long que la tète, grêle, très arqué, mince à l'extrémité, la mandibule supérieure dé- passant et recouvrant l'inférieure; des ailes longues, suraiguës; une queue courte, légèrement arrondie ; des tarses allongés, scutellés dans leur partie anté- rieure et inférieure, réticulés dans le reste de leur étendue; des doigts courts, le médian beaucoup moins long que le tarse, le pouce ne por- tant à terre que par son extrémité. Le plumage ne varie presque pas, suivant le sexe ni même suivant l'âge. LE COURLIS CENDRE {N^uuieiiius \ — Caractères. — La taille du Courlis cendré est d'environ o"',ôo. Son plumage est entièrement d'un cendré clair, nuancé de roux et tacheté de brun; l'iris et le bec sont bruns, les pieds gris de plomb. Habitat. — Le Courlis cendré, ou Grand Courlis, habite l'Europe et l'Asie. L'hiver, il émigré jusqu'en Grèce, en Sicile, en Afrique. Il fréquente les bords des cours d'eau et des lacs aussi bien Le Courlis cunJré. Mœurs, que les côtes de la mer, les pays de plaine comme les pays de collines, mais 27 LES COURLIS. 101 il se plaît painiculièrement dans les vastes toundras des pays septentrionaux. Dans ses migrations, il ne suit aucun itinéraire régulier, et traverse indifférem- ment les montagnes ou les steppes. D'un naturel très sociable, il se réunit volontiers à ses semblables pour former de petites troupes. Il est prudent et méfiant iiTexcès, et à l'approche d'un ennemi, il est, comme le ^'anneau, un des premiers à lancer le signal d'alarme. Sa démarche est élégante et mesurée. Il fait de grands pas et, quand il se hâte, il ne double pas le nombre de ses pas, mais il en augmente l'étendue. Son vol est aisé, régulier, mais peu rapide; il plane quelquefois avant de se poser. La nourriture du Courlis consiste en Vers, Mollusques, Insectes, petits Poissons, qu'il ramasse dans les terrains que l'eau met à découvert en se retirant. 11 niche en général sur les plages ou les endroits marécageux. La femelle construit son nid, simple dépression tapissée de quelques herbes, sur une petite élévation du sol, et pond trois ou quatre œufs ventrus, d'un jaune verdàtre, semés de taches grises, rousses et noirâtres. Chasse. — On chasse le Courlis le long des côtes ou au marais. Dans le pre- mier cas, le procédé le plus intéressant est la chasse en bateau, mais elle demande de la part du chasseur une grande prudence et une grande habileté. Les jeunes Courlis arrivés les premiers dans nos pa3's se laissent facilement attirer quand on imite leur cri, mais les sont extrêmement défiants et dif- ficiles ù approcher. La chasse au filet n'est pas moins délicate. Fréquemment, ces Oiseaux rusés se posent près des filets qu'on leur a tendus mais n'en approchent pas. La chair du Courlis est assez estimée ; elle rappelle un peu celle de la Bécasse. Captivité. — Ces Oiseaux supportent facilement la captivité quand on les met dans des volières spacieuses ou de grands parcs. Il faut leur donner une nour- riture variée dans laquelle la viande doit entrer pour une grande part. LE COURLIS A BEC GRÊLE Niimeiiiiis lenuiroslris. — Le Courlis à bec grêle est de plus petite taille que le précédent; il mesure environ o", 40. Son plumage est moins uniforme; le blanc pur et le roussàtre dominent au croupion et il la face inférieure du corps. Il habite plus spécialement l'Egypte, l'Algérie, la Sicile. Ses mcEurs sont les mûmes que celles du Courlis cendré. LE COURLIS CORLIEU {Ntimeiiiiis PIuvupus. — Cette espèce, très semblable aux précédentes par ses caractères et ses moeurs, a une aire de dispersion aussi étendueque le Courlis cendré, mais elle est beaucoup moins commune. LE COURLIS DE LA BAIE D'HVDSON iNinueiiiiis /indsnuicus. —DansV Amé- rique Nord, le genre Courlis est représenté par une espèce peu ditférente de [102] LES ÉCHASSIERS. 28 celle de l'ancien monde, et qu'on appelle le Courlis de la baie d'Hudson. Son apparition a été signalée en Islande et dans le nord des îles Britanniques, à l'époque des migrations. LES LIMOSIENS Les Limosiens ont la mandibule supérieure sillonnée jusqu'à l'extrémité, qui est molle, déprimée, lisse ; leurs tarses sont scutellés en avant, réticulés en arrière; leurs doigts interne et externe souvent unis au médian par une pal- mure. LES BARGES Caractères. — Les Barges sont des Échassiers d'assez forte taille, ayant un corps épais, massif, un bec près de trois fois aussi long que la tète, mou et tiexible dans toute son étendue, fort et haut a la base, légèrement dé- primé, aplati vers son extrémité; des ailes allongées buraiguës, la première rémige dépassant les au- tres; une queue courte, égale; des tarses grêles, plus longs que le doigt médian, celui-ci plus ou moinsuni àrextcrne et à l'interne par une mem- brane. LA BARGE COMMUNE [I iniosa a'gocephaLi. — Caractères. — La Barge commune mesure environ o"".4i ii o"',42. Elle a le dessus de la tète et le cou d'un roux ardent, strié de noir; les plumes du dos et les sca- pulaires noires bordées de roux ; les couvertures des ailes cendrées; les rémiges noires avec une tache blanche ; la poitrine et les flancs roux zébrés de noir; l'abdomen d'un blanc pur; la queue noire bordée de blanc le bec orangé à la base, ^^.^ brun à l'exirémité l'iris brun-noisette; les pieds noirs. Habitat. — La Barge commune ou à queue noire habite l'Europe, l'Asie, l'Afrique. Elle est de passage régulier en France durant les mois de mars, avril, septembre et octobre. Mœurs. — Les prairies humides, les marécages, sont les en- droits où elle se plaît le mieux. Elle ne fréquente les bords de la mer que très accidentellement. Sa nourriture se compose de ^'ers, de larves et d'Insectes aquatiques, de frai de Grenouille. Lii Bari>e commune •i! LES BECASSES l'.Ci D'un caractère très sociable, on la voit toujours en très grandes troupes. Son vol est rapide, sa voix criarde. Elle construit son nid dans les herbes et les joncs des marécages qu'elle fré- quente. Ses œufs, généralement au nombre de quatre, sont renflés, pyriformes, d'une couleur olivâtre foncé, avec des points et des taches roussàtres ou bruns. Captivité. — Les Barges s'apprivoisent très vite en captivité. Dans quelques régions du nord de la France, on conserve ces Oiseaux dans les jardins, après leur avoir amputé le bout des ailes. Ils détruisent un grand nombre de larves et d'Insectes, mais l'hiver, ils périssent souvent, faute de cette indispensable nour- riture. LA BARQE ROUSSE Limosa riifa. — Cette espèce, qui habite plus particu- lièrement les régions tempérées et l'extrême nord de l'Europe, a un plumage très semblable à celui de la Barge commune, et n'en diftère pas sous le rapport des mieurs et du enre de vie. LES SCOLOPACIENS Les Scolopaciens forment un groupe très naturel et bien caractérisé. Ils ont une tète comprimée latéralement, et dont les côtés sont comme coupés verticalement; des yeux gros et reculés vers l'occiput; des ailes plus courtes et plus arrondies que celles des autres Scolopacidés. Leur bec est creusé d'un petit sillon médian dans sa partie terminale molle et renflée. Ces Oiseaux vivent le plus souvent solitaires ou par couples. Leurs mœurs sont semi-nocturnes. Dans leur vol, ils décrivent de brusques crochets, et la plupart ont la singulière habitude de se laisser tomber lourdement à terre et d'y rester immobiles avant de se mettre en marche. Leur nourriture consiste surtout en "\'ers. Limaces, larves, etc. LES BECASSES Caractères. — Les Bécasses ont le bec près de deux fois aussi long que la tête, droit, à pointe obtuse et comme barbelée sur les côtés ; les narines creusées dans une rainure profonde; les ailes médiocres, amples, aiguës; la queue très courte ; les jambes entièrement emplumées jusqu'aux tarses, caractère presque unique chez les Echassiers ; les tarses courts, épais ; les quatre doigts totalement divisés; le médian de la longueur du tarse. Le plumage varie peu suivant le sexe et suivant les saisons. LA BÉCASSE COMMUNE [ rusliaila\ - Caractères. — La taille de la Bécasse commune est très variable; cette particularité, jointe à quelques varia- 11941 LES ECHASSIERS. 30 tions légères dans le plumage, avaient même conduit certains naturalistes à dédoubler cette espèce en plusieurs autres. En général, on peut admettre que la Récasse commune mesure envion o"',4o. Son plumage est, en dessus, varié de marron, de roussâtre, de jaunâtre, de cendré, avec des taches et des raies transversales noires en dessous, il est d'un roux jaunâtre avec des traits bruns en zigzags. Habitat. — La Bécasse commune est très répandue dans toute l'Europe on la rencontre aussi en Asie et dans l'Afrique septentrionale. En France, elle est surtout abondante dans la Bretagne. Mœurs. — Les dates de son passage dans un pays, lorsqu'elle émigré au prin- temps pour aller se reproduire dans le nord, ou lorsqu'elle se dirige à l'automne vers le midi, sont très variables et paraissent dépendre surtout des conditions atmosphériques. En général, elle arrive dans le nord de la France en mars; elle repart à la fin d'octobre et son passage dure jusqu'au i5 novembre. La route qu'elle suit dans ses vo\'ages est aussi très variable d'une année à l'autre. La Bécasse commune se tient de préférence sur la lisière des bois dont le sol est humide et couvert d'une épaisse couche de terreau. C'est là qu'elle trouve la nourriture qui lui convient. Elle enfonce son bec dans les tas de feuilles ou dans le sol humide, pour découvrir les Vers, les larves, les petits Mollusques qui s'y cachent elle visite les bouses de Vaches où elle trouve une grande quantité d'Insectes. Ses allures, son genre de vie, présentent beaucoup d'intérêt, mais sont très dirticiles à observer en raison de son naturel craintif et défiant. Le jour, elle ne se montre jamais à découvert. Ce n'est qu'au crépuscule qu'elle commence à courir de côté et d'autre. Elle court avec rapidité. En s'envolant, elle produit un bruit caractéristique bien connu des chasseurs. " En voyant une Bécasse vivante, dit Brehm, on est tenté de la prendre pour un des Oiseaux les plus stupides; ce serait là une erreur ses sens sont très développés ; elle est très prudente, rusée ; elle sait parfaitement de quelle res- source lui est son plumage couleur du sol ou couleur d'écorce, et quand elle se rase, elle sait toujours choisir un endroit où elle soit en sûreté. L'ne Bécasse couchée, immobile parmi des feuilles sèches, des morceaux de bois, a côté d'un fragment d'écorce ou de racine, échappe à l'œil le plus exercé. Elle demeure dans cette posture tant qu'elle croit devoir le faire ; quand elle est poursuivie, elle laisse le chasseur l'approcher à quelques pas, avant de se lever. Elle s'envole alors, mais pour gagner le côté opposé du buisson près duquel elle était. Elle fait toujours en sorte qu'il y ait des arbres et des buissons entre elle et le chasseur. Avant de s'abattre, elle décrit souvent une ligne longuement ondulée quand elle a atteint le fourré, elle continue à s'y enfoncer assez loin, fait souvent un crochet et trompe ainsi le chasseur. Elle sait que celui-ci la cherchera là où il croit l'avoir vue s'abattre. Comme les autres Oiseaux de la même famille, la Bécasse commune s'in- quiète peu des autres animaux, et même de ses semblables, autant, du moins, que l'amour n'est pas en jeu. Elle va son chemin sans se préoccuper des Oiseaux 31 LES BECASSES. [vro] animal le plus qui sont dans le voisinage. Cependant, elle se métie de tout doux, le plus inolïensif lui est suspect. » Les mâles se livrent de furieux combats; ils se poursuivent dans les airs, se saisissent mutuellement et tombent parfois ensemble sur le sol. La Bécasse a une voix peu agréable ; elle ne fait enten- dre que quelques cris rau- ques. étouffés, ou parfois une sorte de sifflement. Après l'accouplement, la femelle cherche, pour nicher, un endroit abrité, derrière un buisson, sous une grosse racine ou dans la mousse. Elle profite d'une dépres- sion déjà existante, ou en creuse une elle-même, qu'elle tapisse gros- sièrement d'herbes sèches, de petits brins de bois. On doit admettre cependant que la cons- truction de ce nid n'est pas le fait d'un arran- gement dû au hasard. La description sui- vante, empruntée à un méticuleux observa- teur, Lescu_ver, le dé- montre bien " ...J'aperçus en effet, à quelques pas en avant, quatre œufs dans une jolie coupe, composée de feuil- les sèches, établie dans une petite cavité, sur une pente légère d'un terrain très résistant. A neuf centimètres au-dessus du nid, il y avait une tige de ronce desséchée, d'un diamètre de quinze millimètres et qui apparaissait comme l'anse d'un panier. La Bécasse entrait d'un côté et sortait de l'autre. Cette petite branche, d'une longueur de soixante-dix centi- mètres, aboutissait à droite et à gauche à un tremble et à un saule de l'âge du taillis. Huit autres brindilles du genre de la première, amenées en avant et en arrière de cette ligne, complétaient les obstacles des abords de celte rési- dence. Bécasse commune. H9G LES ÉCHASSIERS. Presque au milieu du bouleau et du saule, se dressaient deux autres petites ronces très vivaces et couvertes de feuilles vertes. La cuvette du nid avait, à la partie supérieure, un diamètre de ii centi- mètres, en profondeur 4 centimètres, et pour cube intc'rieur 200 centimètres; l'épaisseur était pour le fond de -ib millimètres, et pour les parois de 2 centi- mètres à la base et de 2 ou 3 millimètres au point le plus élevé. Le 5 avril, c'est-à-dire jours après, j'y retournai; les jeunes étaient éclos et partis. Je pus donc sans inconvénient pren- dre le nid, en désagréger toutes les parties et constater ce qui suit Il 11 y avait quatre cent trente feuilles sè- ches de chêne et de tremble. Elles avaient été plaquées les unes contre les autres, ra- massées à terre au moment de leur em- ploi, et alors un peu mouillées et très flexi- bles, elles s'étaient prêtées facilement à cette opération. Elles avaient été du reste reliées par leurs queues et par quelques brindilles de bois et de mousse, et il en était resté un feutrage d'une certaine adhérence. v ".. de notre fidèle compagnon, de aire de temps a autre de courts arrêts, mais seule- ment dans les places où on peut épauler facilement. Quand on connaît bien la région où on chasse, on ga- gnera beaucoup de temps en \ w / f-' ' 'ÎP'3M?f v'^V^lF ' "^ s'astreignant pas à battre ^, toutes les parties d'un bois, f . ' f T Un • ' celles notamment où de mé- / '-^iwk.^- moire d'homme, par suite de la nature du sol ou de l'expo- sition, on n"a jamais rencon- tré de Bécasses. On sait les lieux d'habitation de la dame au long bec les fouil- lis de feuilles et surtout les larges miroirs » qui sont les excréments liquides et blancs qu'elle laisse, en sont des indices certains. C'est là qu'il faut con- centrer toute notre attention. Il est nécessaire de mar- cher toujours à bon vent, car, bien que le fumet de la Bé- casse soit de ceux que le Chien évente de loin, cela facilitera la recherche. On par- courra ainsi tous les endroits susceptibles de receler le précieux Oiseau. Mis en éveil par le bruit du chasseur et du Chien qu'il entend d'assez loin, celui-ci, après avoir démêlé la direction d'où vient le danger, se met à piéter et, malgré ses petites pattes, il court très vite. Mais le Chien a éventé sa trace et le voilà qui s'attache à ses pas. La quête s'accentue car la voie devient plus chaude un vieux Chien habitué à toutes les ruses de la Bécasse, a bientôt le sentiment de la direc- tion qu'elle suit dans sa fuite; il coupe alors la voie en forçant en avant et en décrivant un circuit de manière à lui couper la retraite et à la placer entre son maître et lui. Déroutée par cette manœuvre, la pauvre bête s'arrête, demeurant dans l'immobilité la plus complète, quoique debout, et se demandant de quel côté fuir encoie. A ce moment, le Chien est en plein arrêt, regardant alternativement par terre d'où lui viennent les émanations de la fugitive et jetant à son maître un regard intelligent semblant lui dire attention! elle est là. C'est un moment solennel, plein d'émotion et où tout le sang afflue au cœur du vrai La Bécasse et ses jeunes. 35 LES BECASSINES. ^l'M, chasseur dans l'attente du départ de l'Oiseau à bonne portée, récompense de ses pénibles recherches. Mais ce monient ne dure qu'un instant, la Bécasse ne tenant pas bien l'arrêt après la fuite apeurée qu'elle vient de faire, surtout si le temps est sombre et humide. Au contraire, si elle a été surprise par l'apparition subite et silencieuse du Chien, pendant qu'elle était en train de vermiller sous la jonchée de feuilles, tournant et retournant à droite et à gauche, au moyen de son long bec, la couverture du sol la Bécasse ne se sert jamais de ses pattes pour gratter le sol comme les Gallinacés, jugeant qu'il est trop tard pour fuir, elle espère échapper aux regards grâce à sa livrée feuille-mortc qui se détache peu du sol. Alors elle se tapit, se rase, tout le corps allongé et collé à terre, y com- pris le cou, la tête et le bec. Dans cette position, elle tient ferme et longtemps l'arrêt et donne amplement au chasseur le temps d'approcher et de se préparer à la tirer. Celui-ci s'efforcera d'avancer en décrivant un circuit, de manière à avoir le gibier entre son Chien et lui. Enfin elle s'envole lourdement, en faisant beaucoup de bruit. Elle est gênée, en effet, comme le sont les Hirondelles et les Martinets à cause de leurs pattes trop courtes, pour déployer ses longues ailes en même temps qu'elle quitte le sol; elle appuie alors son bec à terre et donne un vigoureux coup de jarret qui lui fait faire comme une cabriole pendant laquelle elle bat l'air violemment pour prendre son vol. C'est là ce qui explique le mouvement relativement long de son envolée. » Captivité. — En captivité, la Bécasse perd son naturel craintif et s'apprivoise facilement. Sa nourriture doit consister surtout en Vers de terre qu'elle ramasse d'ailleurs très bien elle-même dans les gazons, puis on l'habitue à manger du pain, des eufs de F'ourmis, etc. LES BÉCASSINES Caractères. — Les Bécassines ditTèrent peu des Bécasses par leurs caractères généraux, mais elles s'en distinguent principalement par leurs formes plus élancées, leur bec plus grêle, leurs jambes dénudées, leur taille moindre et leur plumage rayé longitudinalement. L.\ BÉCASSINE ORDINAIRE 'Gallinago scolopacimis — Caractères. — La Bécassine ordinaire mesure environ o"',25. Son plumage est, comme chez la Bécasse, varié de roux et de noir, mais ces couleurs sont différemment disposées. Toutes les parties supérieures du corps sont noires, avec une raie longitudinale médiane d'un blanc roussàtre, et deux bandes semblables de chaque côté sur les épaules et le dos; le cou, la poitrine et les flancs sont d'un roux clair, tachetés de brun, l'abdomen blanc; le bec brun, l'iris noir, les pieds d'un verdàtre pâle. Au printemps, les couleurs deviennent plus vives. La femelle porte en toute saison le même plumage que le mâle. habitat. — La Bécassine ordinaire habite l'Europe, l'Asie et une partie de l'Afrique. Elle est de passage sur tous les points de la France au printemps et à l'au- tomne. L'hiver elle est commune dans les terrains montagneux du midi. Mœurs. — D'un caractère peu sociable, elle voj'age isolément ou par paires traversant sans s'arrêter les terrains secs, recherchant, au contraire, les régions 20 LES ECHASSIERS. JG humides, marécageuses. Elle s'établit dans les grands marais, les tourbières, où le sol, couvert d'herbes, de joncs, est d'une faible consistance. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes, de Mollusques. Elle fouille de son bec les terrains fangeux, les mousses, ramassant de-ci de- là quelque proie. Bien que ses habitudes soient moins nocturnes que celles de la Bécasse, c'est surtout au crépuscule qu'elle se montre active. La Bécassine est craintive, défiante, mais elle est plus gaie, plus joyeuse que la Bécasse. Sa démarche est aisée, rapide. Son vol est très irrégulicr, rapide et étendu. Elle s'élève haut dans les airs, décrit de grands cercles puis se laisse tomber obli- quement en fermant les ailes. En cas de danger, elle cher- che quelquefois son salut en plongeant sous l'eau. C'est à l'époque des amours, que les mâles se livrent sur- tout à leurs évolutions aériennes. En prenant leur essor, ils poussent un petit cri rauque. Pendant le vol, les vibrations de leurs grandes rémiges produisent un bruit très singulier. Le nid de la Bécassine est placé dans une légère dépression, au milieu des plantes maré- cageuses, entouré d'eau de toutes parts. Les plantes, en continuant à croître, fi- nissent par le recouvrir et le cacher en- tièrement. La ponte a lieu en avril; elle est de quatre ou cinq œufs, un peu renflés, quelquefois p_\riformes, de couleur variable; en général, ils sont maculés, tachetés de brun sur un fond verdàtre ou roussàtre. La femelle couve seule pendant quinze ou dix-sept jours. Les petits naissent couverts d'un léger duvet, mais à l'âge d'une di- zaine de jours, ils sont déjà couverts de plumes et quelques semainesaprcs, ils commencent à voler. Les Bécassines échappent plus facile- ment que les Bécasses aux petits Carnas- siers, en raison de leur habitat spécial. mais elles sont encore exposées aux atta- ques des Oiseaux de proie. Des crues d'eau subites noient parfois tous les nids d'un canton. 'Jf^^^ La Bécassine ordinaire. Chasse. La Bécassine s'engraisse beaucoup pendant l'été. Sa chair devient 87 LES BECASSINES. fJOll alors très délicate. Mais la chasse de cet Oiseau est très diflicile. Ians les pays où il est très abondant, on le prend avec des tilets ou traiiicaux. Dans certains cas, on attire les mâles à portée de fusil en imitant, avec un appeau, le cri des femelles. Mais la chasse la plus intéressante est la chasse au Chien d'arrêt. Les conditions les plus favorables pour réussir cette chasse sont de posséder un bon Chien, d'être un excellent tireur, de ne se mettre en route que par un beau temps clair, sans trop de vent. Toutes ces conditions étant remplies, le chasseur n'est pas encore assuré de rentrer avec le carnier bien rempli. Qu'on en juge par le passage suivant extrait d'un article de M. Leddct dans la Chasse moderne Le Chien doit être tenu très près. On lui fera battre les joncs, les roseaux et les grandes herbes en marchant tout doucement, tournant, revenant au besoin en arrière, mais reprenant toujours la marche à bon vent pour faciliter la quête. Il faudra toujours être sur le qui-vive » et prêt à tirer, car au moment où on s'y attend le moins, une Bécassine pourra partir en arrière alors qu'on est en train d'en tirer une autre en avant. A l'arrêt, le Chien parait parfois moins ferme que pour toute autre espèce de gibier; sa queue bat légèrement et lentement à droite et à gauche c'est que la Bécassine, si elle, tient d'abord assez bien l'arrêt, ne tarde pas à couler dans les joncs; de là, l'hésitation du brave compagnon, sur la direction qu'elle a prise. Il sait qu'elle est là, qu'elle fuit, mais où? Alors il suit, le nez à terre, plein de prudence, tout en s'animant à la poursuite; mais celle-ci n'est pas longue ; la Bécassine ne piète pas longtemps; arrêtée une seconde fois, un instant, elle se lève. Vive émotion! Elle a jeté, en s'envolant, son cri d'effroi caractéristique, et la voilà déjà hors de portée, grâce à son vol rapide. D'abord elle a fui en ligne droite comme pour s'éloigner au plus vite, semblant penser, dans son instinct très fin, que ces premières secondes lui sont moins dangereuses parce que son ennemi, surpris, n'est pas encore prêt. Puis, tout à coup, comme si elle pensait que le moment du danger était venu, elle fait, coup sur coup, deux ou trois crochets irréguliers, vivement dans plusieurs plans, manœuvre susceptible de dérouter même les meilleurs tireurs, et tout en conti- nuant à s'éloigner; enfin, se croyant sans doute en dehors de la zone dangereuse, elle file de nouveau en ligne droite en montant rapidement dans les airs. On a beaucoup discuté et on discute encore sur la question du tir de la Bécassine au moment où elle s'envole. Les uns prétendent qu'il faut lui laisser faire son pre- mier vol rectiligne en avant, ainsi que ses crochets avant de la tirer, ce qui per- met de bien épauler et de la tirer posément. Les autres, et je suis du nombre, la tirent au cul levé, à peine au-dessus du couvert d'où elle sort, au premier moment où elle parait et avant qu'elle n'ait fait ses crochets. Pour cela, il faut toujours être prêt et épauler vivement en tirant un peu haut, jetant pour ainsi dire son coup de fusil sans viser. Ce tir a le double avantage de pouvoir bien plus sou- vent être pratiqué à bonne portée et de permettre de doubler la Bécassine après qu'elle aura exécuté ses crochets si elle n'est pas tombée au premier coup. Comme la moindre blessure suffit pour l'arrêter, le second coup même tiré de loin, aura encore la chance d'être couronné de succès. Il arrive même, si on a >ty> LES ECHASSJERS. aS l'habitude de tirer vite au coup d'épaule », qu'on a le temps d'envo}er son second coup avant que l'Oiseau n'ait commencé ses crochets si déconcertants. » Captivité. — Les Bécassines peuvent être conservées quelque temps en captivité, mais leurs habitudes nocturnes n'en font pas des Oiseaux très diver- tissants. LA BÉCASSINE DOUBLE OU GRANDE BÉCASSINE [Galliiiagu major. — Cette espèce diffère surtout de la Bécassine ordinaire par sa taille plus forte et son plumage où doinine le noir sur un fond plus clair. Elle habite le nord de l'Europe et la Sibérie en été, et ne descend dans les contrées tempérées et méridionales qu'à l'automne. On la rencontre le plus souvent solitaire ou par groupes de deux a trois indi- vidus. LA BÉCASSINE SOURDE OU PETITE BÉCASSINE {Galliuago irallimila . — Cette Bécassine, dont la taille n'est que de o'", ij a o'°, i 7, est encore désignée dans certaines provinces sous les noms de Bécol et de Jaquct. Ses mœurs sont les mêmes que celles de la Bécassine ordinaire. Elle est très abondante en France à ses passages d'automne et du printemps. . C'est un gibier très recherché, car sa chair est plus délicate que celle des autres Bécassines. Elle est aussi moins difficile à chasser; lorsqu'elle s'élève dans les airs, son vol a moins d'étendue et il présente moins de crochets. LES TRINGIENS Les Tringiens sont des Échassiers de petite taille, dont le bec est rarement plus long que la tète, et dont les doigts sont presque entièrement divisés ; l'externe et le médian sont seuls unis par une très courte membrane. Leurs tarses sont de la longueur du doigt médian. Leur bec a la forme générale de celui des Scolopaciens, mais l'extrémité en est peu dilatée et sans sillon médian. Chez la plupart d'entre eux, les rectrices médianes se terminent en pointe et dépassent notablement les latérales. On les désigne quelquefois, iwcc laison, sous le nom de coiireiiis Je riragc. LES BÉCASSEAUX Les différents genres que l'on a établis dans le groupe des Tringiens se dis- tinguent entre eux par des particularités si peu sensibles, qu'on peut les réunir en un seul sous le nom de Bcccissciiiix, dont les caractères sont ceux de la sous-famille. LE BÉCASSEAU SANDERLINQ [Tringa areimria L. — Caractères. — Cette espèce se distingue de toutes les autres de la famille par l'absence du pouce. Sa taille est de o™, i5 à o", iî. En été, son plumage est presque entièrement d'un noir tacheté de blanc et de roux, avec l'abdomen d un blanc pur. En hiver, toute la face inférieure du corps est blanche le dos passe au gris cendré. iO LES BECASSEAUX. 203 Habitat. — Le Bécasseau Sanderling, ou Saïuio-iiiig des sables, habite les con- trées boréales de l'ancien et du nou\'eau monde; il descend, en automne et en hiver, sur les rivages des pays tempérés. Il est de passage régulier sur les côtes du nord de la France, de l'Angleterre, de la Belgique, de la Hollande. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses en hiver, et par paires en été. Toute son existence se passe sur les bords de la mer; il ne s'avance que très rarement dans l'intérieur des terres. Sa marche est élégante, son vol rapide. C'est un Oiseau peu bruyant, inollénsif, mais peu craintif; souvent il se mêle aux bandes d'autres petits Echassiers. Sa nourriture se compose des petits animaux que les vagues rejettent sur le rivage, Vers, Mollusques, Crustacés. On le voit suivre la vague qui se retire, reculant rapidement quand une autre arrive, et continuant ce manège durant des heures entières. Le Sanderling des sables se reproduit dans les régions arctiques. Il niche sur les bords de la mer. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, par- semés de taches brunes, irrégulières, sur un fond verdàtre. LE BÉCASSEAU CANUT OU M AUBÈCHE ^Tringa camitiis. —Caractères. — La taille de la Maubèche est d'environ o",25. Son plumage varie beaucoup selon les saisons. En été, la livrée du mâle est, comme chez la plupart des espèces du genre, variée de noir, de loux et de blanc. En hiver, le plumage des deux sexes prend une teinte cendrée en dessus, et blanche rayée de noir en dessous. Celui des jeunes est toujours très bariolé, car il passe insensiblement par des transitions graduelles à celui des adultes. Habitat. — Mœurg. — Le Bécasseau Maubèche habite les régions arctiques des deux continents. Il vient passer l'hiver dans les régions tempérées; on le trouve à ce moment en assez grande abondance sur nos côtes de la Picardie. 11 repart nicher au printemps dans les prairies marécageuses des contrées boréales. Sa noui'riture se compose de ^'ers, de petits coquillages marins. Ses eufs sont d'un gris verdàtre, lavé de roussàtre, et couverts surtout au gros bout de taches arrondies, noirâtres, plus ou moins confluentes. LE BÉCASSEAU MARIllME ^Triuga marilima\. - L'aire de dispersion de cette espèce est la même que celle de la Maubèche, dont elle a exactement les mœurs. LE BÉCASSEAU COCORLI [l'i iiiga subarcuala. — Le Bécasseau Cocorli habite, comme les précédents, les rivages des contrées septentrionales, mais l'hiver il étend ses migrations jusqu'en Afrique. LE BÉCASSEAU CINCLE OU BRUNETTE. _ L'habitat et la zone de dispersion du Bécasseau Brunetie sont les mêmes que ceux du Cocorli. '20 V LES ECHASSIERS. ',> Cet Oiseau niche, comme ses congénères, dans les endroits marécageux ; il pratique une dépression au milieu des herbes et des joncs qui bordent les marais et 3"^ dépose trois ou quatre cufs semblables à ceux de la Maubèche. Sa préférence marquée pour les rivages maritimes lui a valu le nom d'Alonct/e de mer. LE BÉCASSEAU PLATYRHYNQUE •Triiiga plalyrhynchus. — Il habite aussi le nord de l'I-^urope et de l'Amérique; il est de passage régulier en France. Il niche dans les marais. Ses mreurs n'offrent rien de particulier. LE BÉCASSEAU MINULE 7V/';/i,'c7 minuta. — Caractères. — Cette petite espèce ne mesure que o"", i3. Son plumage est, en dessus, d'un noir tacheté de roux sur la bordure des plumes, en dessous d'un blanc pur; la face, les côtés et le devant du cou sont d'un roux clair, finement tachetés de brun les rémiges noires à baguettes blanches ; le bec, les pieds et l'iris noirs. Habitat. — Le Bécasseau minule habite le nord de l'Europe et de l'Asie, mais il étend ses migrations jusque dans l'Afrique australe. Il est de passage régu- lier en France. Mœurs. — Dans ses voyages, rivières. Il forme des bandes plus ou moins nornbreuses, mais qui ne se mêlent pas aux autres petits Echassiers. C'est un Oiseau léger, vif, actif, confiant, volant rapidement et bon coureur. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes, de petits coquillages, qu'il ramasse sur les bords vaseux des cours d'eau et des étangs. Il niche dans les contrées marécageuses du nord de l'Europe, dans la Sibérie. On a aussi trouvé son nid au Groenland. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont lisses, à grain lin, brillants, d'un gris jaunâtre, semés de taches d'un gris cendré, sur lesquelles reposent des points d'un brun foncé ; ces dessins sont plus abondants et même confluents vers le cros bout. Le Bécasseau minule. il suit toujours les côtes ou le cours des 41 LES COMBATTANTS. [20b] Le Bécassiîvu Temmia. — C'est une espèce très voisine du .Minule, mais qui se rencontre plus particulièrement dans les zones tempérées. L'AcTiTUKi; RôussET. — ^ Cette espèce, originaire de l'Amérique, ne diffère des Bécasseaux que par sa queue plus allongée. Elle apparaît accidentellement en Europe. LES TOTANIENS Les Totaniens ont des formes plus élancées que les Scolopacidés précédents; leurs tarses sont minces et élevés; ils se terminent par quatre doigts dont l'externe et quelquefois l'interne sont unis au médian par une palmure; leur bec grêle, à mandibule supérieure sillonnée seulement jusqu'à sa partie moyenne, effilée à l'extrémité et recouvrant la mandibule inférieure; leur plu- mage est émaillé de taches oblongues. Ces Oiseaux ont le même genre de vie que tous les petits Echassiers. Ils fré- quentent les bords vaseux des cours d'eau, ou les rivages de la mer. Leur nourriture se compose de ^"ers, d'Insectes, de coquillages. Mais la particularité la plus curieuse de leurs mœurs est que quelques-uns d'entre eux nichent, non seulement dans les herbes des marécages, mais aussi sur des arbres élevés. Quelques-uns ont l'habitude de se tenir fréquemment sur un seul pied, l'autre étant iiéchi sous les plumes. Ils se meuvent aussi parfois dans cette position, en sautant, sans poser l'autre pied à terre. LES COMBATTANTS Caractères. — Les Combattants ont pour caractères un bec de la longueur de la tète, droit, médiocrement flexible, sillonné dans ses deux tiers postérieurs, a peine renflé à l'extrémité; des narines basales, latérales, coniques; des ailes longues, suraiguës, dépassant la queue qui est courte et arrondie ; des jambes largement déplumées au-dessus de l'articulation; des tarses grêles, allongés; quatre doigts dont l'externe et le médian unis par une palrnature ; le pouce très court. Les mâles se distinguent des femelles par leur taille plus forte et par une collerette de très longues plumes qui se développe chez eux à l'époque des amours. LE COMBATTANT ORDINAIRE .\A7c/R'/c'5/7i/^ — Le plumage de cet Oiseau subit de telles variations suivant l'âge, les saisons, et même suivant les individus, qu'il serait impossible d'en donner une description d'ensemble. — En général, les parties supérieures sont d'un brun varié de noir et de roussàtre, les parties inférieures blanches. Quant aux plumes de la collerette, elles présentent, sur un fond noir bleu, brun roux ou blanchâtre, des dessins plus foncés extrêmement variés. La VIE DES ANIMAUX ILLUSTREE. I\. l6 r20G LES ECHASSIERS. 't> Habitat. — Les Combattants habitent les contrées septentrionales et tem- pérées de l'ancien continent; mais quelques-uns se sont parfois égarés jusqu'en Amérique. Ils sont de passage régulieren France durant les mois d'août et de septembre, lorsqu'ils vont passer l'hiver dans les contrées méridionales, et au printemps lorsqu'ils vont se reproduire dans leur véritable patrie. Ces passages s'effectuent suivant un certain ordre a l'automne, les mâles passent les premiers, puis les femelles et ensuite les jeunes; le contraire a lieu au printemps. \n grand nombre d'entre eux se reproduisent en Hol- lande, en Angleterre, et même en France dans le Boulonnais. Mœurs. — Les Com- battants vivent dans les marais et les prairies hu- mides, quelquefois dans le voisinage de la mer. Leurs allures varient beau- coup suivant les saisons. Avant et après l'époque des amours, les mâles et les femelles diffèrent peu les uns des autres, mais con- sidérablement pendant cette période. L'amour exerce sur les Combattants une influence plus grande que sur les autres Oiseaux. Tant qu'ils ne sont pas soumis à son empire, ils ont les allures des autres Échassiers de rivage mais, dans la saison des amours, on ne peut plus les comparer à aucun autre Oiseau leur démarche est gracieuse; ils marchent plus qu'ils ne trottinent ils sont fiers et comme conscients de leur dignité ; ils volent rapidement, planent souvent, se détournent brusquement et facilement. Jusque vers l'époque des pariades, les Combattants sont pacifiques, sociables; ils restent unis, se mêlent pour quelque temps seulement à d'autres Oiseaux, vaquent gaiement à leurs occupations dans l'intérieur d'un certain district, et paraissent à des heures fixes en certains endroits. Comme tous les Tringiens, ils sont vifs et actifs avant le lever du jour, après le coucher du soleil, et même toute la nuit par le clair de lune; ils ne dorment et ne se reposent que dans le milieu du jour. Le matin et le soir ils sont fort occupés à chercher les divers animaux aquatiques, les Insectes, les Vers terrestres, les graines dont ils se nourrissent. Ce genre de vie change dès qu'arrive l'époque des amours. Le Combattant montre alors combien il mérite son nom. Les mâles sont con- tinuellement en lutte, sans cause appréciable; il est même probable que la pos- session d'une femelle n'en est pas le mobile, car ils se battent pour une .Alourhe, Le ".ombatuint ordinaire. •43 LES COMBATTANTS. \-20i Le Combattant. un Ver, un Insecte, pour tout et pour rien, qu'il }' ait ou non des femelles dans leur voisinage, qu'ils soient libres ou captifs, qu'ils aient passé en cage quelques heures ou plusieurs années, et quelle que soit l'heure de la journée. Ces combats ont lieu en des places déterminées, véritables champs de ba- taille, sur quelque élévation tapissée d'un gazon court. Jamais plus de deux adversaires ne se battent ensemble. Naumann a fort bien décrit ces sortes de duels Deux mâles qui se provoquent, dit-il, commencent à trembler, à hocher la tète; ils hérissent les plumes de la poitrine et du dos, relèvent celles de la nuque, étalent leur collerette, fondent l'un sur l'autre, se portent des coups de bec ; les verrucosités de la tête leur servent de casque, leur collerette de bouclier. Les attaques se suivent, se précipitent avec une rapidité étonnante; l'ardeur de ces Oiseaux est telle qu'ils trem- blent de tous leurs membres. Ils se reposent par mo- ments. Knfin, le combat fmit comme il avait commencé, par un tremblement général de l'Oi- seau et par des hochements de tête. Le Combat- tant semble lancer un coup de bec à son adver- saire, et celui-ci lui répond de la même façon. Tous deux secouent leur plumage, et retournent a leur ancienne place; s'ils sont trop las, ils se séparent pour quelque temps. Ils n'ont d'autre arme que leur bec mou, en massue à son extrémité, à tranchants émoussés; ils ne peuvent se blesser, faire couler leur sang; il est même rare qu'ils penlent quelques plumes; le pis qui puisse arriver à l'un d'eux, c'est d'être pris par la langue et tué ainsi par son adversaire. Il n'est pas invraisemblable que, dans leurs attaques, leur bec ne se recourbe quel- quefois, et il est probable que c'est là l'origine des tubérosités, des saillies que portent sur leur bec les vieux mâles, qui sont les batailleurs les plus acharnés. • Les Combattants nichent généralement très près de l'eau. Leur nid consiste en une dépression creusée dans le sol, tapissée de quelques chaumes et de brins d'herbe secs. Les œufs, au nombre de trois, quatre ou cinq, sont ven- trus, p3'riformes, d'un gris verdàtre ou jaunâtre, avec des points et des taches d'un brun roux et d'un brun noir. La femelle couve seule pendant dix-sept à dix-neuf jours, tandis que le mâle continue à se battre avec ses semblables. Chasse. — On chasse peu les Combattants; leur chair n'est bonne à manger qu'en automne. Ils se laissent prendre facilement dans des collets. Captivité. — En captivité, ils s'apprivoisent très vite, et conservent leur caractère batailleur. On les nourrit d'abord avec quelques Insectes, puis on les habitue a manger du pain trempé dans du lait, de la viande hachée, enfm, du pain ordinaire. Ils peuvent vivre dans conditions durant plusieurs années. [-^OS] LES ÉCHASSIERS. LES CHEVALIERS Caractbres. — Les Chevaliers ont le bec une fois et demie aussi lon^; que la térc, droit ou un peu retrousse, grêle, à mandibule supérieure coniprinu'e à la pointe, fléchie sur l'inférieure qui est un peu plus courte; des tarses longs et minces, le doigt médian aussi long ou un peu plus long que la partie nue des jambes. Leurs autres caractères ne les distinguent pas des Combattants. Les Chevaliers sont des sociables, aux mœurs douces et paisibles. Ils vivent sur les bords des eaux douces, ou les plages maritimes. Leurs allures légères et précipitées offrent une particularité digne de remarque. Lorsque quelque chose les affecte, ils s'arrêtent, dressent le corps, l'inclinent brus- quement, et répètent ce mouvement plusieurs fois de suite. Dans leurs migrations, ils présentent les mêmes habitudes que les Com- battants. LE CHEVALIER GRIS OU ABOYEUR Totanus griseits . — Caractères. — Le Chevalier aboyeur, en plumage d'été, a les parties supérieures noires, la tête et le cou rayés longitudinalenient de blanc, les plumes du dos bordées de blanc et de brun rougeàtre; les parties inférieures d'un blanc pur, avec le cou, la poitrine et les flancs tachetés longitudinalenient de noirâtre; la queue blanche, les deux rectrices médianes zébrées de brun cendré; le bec noirâtre, l'iris noir, les pieds d'un brun verdàtre. Habitat. — Il habite le nord de l'Europe et de l'Asie. Dans ses migrations il s'étend jusqu'en Afrique, et passe régulièrement dans plusieurs départements de notre pays, notamment dans le Gard, la Savoie, dans la Picardie et le Nord. Mœurs. — Il vit par petites troupes de six à douze individus. On le rencontre sur les bords des fleuves, des lacs et des rivières, rarement près des plages maritimes, et toujours dans des endroits découverts. Sa nourriture se compose non seulement de Vers, de Mollusques, mais aussi du menu fretin qui nage à la surface de l'eau. Il est d'un naturel très craintif, et en cas de danger, il n'hésite pas à se mettre à la nage pour s'éloigner et se mettre en sûreté. LE CHEVALIER STAGNATILE OU A PIEDS VERTS [l'ohvnis — Caractères. — Cette espèce mesure environ o", -24. Le mâle et la femelle adultes, en été, ont le dessus de la tète et du cou d'un blanc cendré, rayé longi- tudinalement de noir; les plumes des parties supérieures du corps d'un cendré rougeàtre varié de taches noires; tout le dessous du corps d'un blanc pur, avec quelques petites taches noires sur les joues, le cou, la poitrine et les flancs; les rémiges noirâtres ; les rectrices blanches avec bandes noires, à l'exception des deux médianes qui sont d'un gris cendré et rayées diagonalement de brun; le bec noir, l'iris brun ; les pieds d'un vert-olive clair ou jaunâtre. 45 LES CHEVALIERS. [209; En hiver, les plumes des parties supérieures passent au cendré clair, celles de la nuque rayées de brun, les autres bordées de blanchâtre; le croupion devient blanc. Habitat. — Le Chevalier à pieds verts habite les contrées orientales de l'Europe, et l'Asie. Il se montre dans le nord de l'Afrique à l'automne. Il est de passage irrégulier dans quelques localités de la France. Mœurs. — On le rencontre près des lacs, des rivières; rarement sur le bord de la mer, en compagnie souvent d'autres Oiseaux de rivage, tels que les Barges, et même les Canards. Ses allures et ses mœurs en font l'espèce la plus caractéristique du groupe, ainsi que Brehm l'a très bien fait remarquer On peut dire que le Chevalier à pieds verts réunit en lui toutes les qualités des autres Oiseaux de sa famille. Il en a toute la gaîté, toute l'agilité, toute la vivacité; il a une tenue fière, pourrait-on dire; il marche vite, légèrement, le corps horizontal; il aime à entrer dans l'eau; il nage, en franchissant souvent des espaces assez considérables; il plonge, en ramant avec ses ailes; il vole généralement en ligne droite, en battant forteinent des ailes, et décrit des courbes hardies et élégantes ; il se laisse tomber brusquement jusqucs auprès du sol, puis il ralentit son impulsion par des coups d'ailes. De tous ses congénères, il est assurément le plus prudent, le plus méfiant, le plus propre, par conséquent, pour jouer le rôle de guide. A toute heure du jour on le voit en mouvement; il ne dort, en effet, que vers midi, et peut-être vers minuit; mais son sommeil est si léger que le moindre bruit suffit pour l'éveiller. Un homme s'approche-t-il, il l'observe attentivement et avec méfiance. Il fuit le cavalier comme le fantassin, le batelier dans son canot, comme le conducteur sur sa voiture. Toute apparition inaccoutumée lui fait prendre la fuite, et il se montre d'autant plus craintif qu'il a moins affaire à l'homme. Il n'est nullement sociable; il ne s'inquiète guère de ses semblables, bien qu'on voie parfois plusieurs de ces Oiseaux réunis. Ce n'est pas lui qui se joint à ses compagnons, ce sont eux qui le suivent. Son cri d'appel s'adresse à tous les Oiseaux du rivage; et ce cri est pour eux le signal que tout danger est passé. On ne sait quelles sont les proies dont le Chevalier à pieds verts se nourrit de préférence. Il mange des animaux aquatiques de toute espèce, probablement des Insectes, des larves, des Libellules; des têtards de Grenouilles, de petites Grenouilles, de petits Poissons. Naumann l'a vu prendre, avec une satisfaction visible, des Girins qui se tenaient à la surface de l'eau et les pour- suivre même dans l'eau. » Le Chevalier à pieds verts niche dans les régions tempérées de l'hémisphère boréal. Il établit son nid dans les marécages, les tourbières; il choisit à cet effet une petite éminence gazonnée, y creuse une légère dépression, et la tapisse grossièrement d'herbes et de chaumes. Sa ponte est de trois ou quatre reufs d'un jaune verdàire, avec des taches irrégulières brunes, oblongues, en zigzags ou en virgules. Chasse. — Le Chevalier à pieds verts, lorsqu'il est bien engraissé, a une chair -MO LES ECHASSIERS. 40 assez délicate. Mais le caractère défiant et craintif de cet Oiseau en rend la chasse très dillkile. On le capture cependant quelquefois dans des pièges, en l'attirant avec un appeau. Captivité. — Il peut vivre en volière durant plusieurs années, lorsqu'il est bien soigné. Il s'apprivoise facilement. LE CHEVALIER GAMBETTE OU A PIEDS ROUGES ToLviiis calidfis. — Caractères. — La taille de cette espèce est d'environ o'°,2. Son plumage d'été est, en dessus, d'un brun cendré olivâtre, rayé longitudinalement de noir; en dessous, d'un blanc pur, mais chaque plume finement rayée de noir au centre; les rémiges primaires sont noires, les secondaires noires à la base, blanches dans le reste de leur étendue ; la queue blanche, à l'exception des quatre rectrices médianes qui sont barrées de noirâtre; le bec est rouge à la base, brun à la pointe; l'iris brun; les pieds d'un beau rouge-vermillon. Habitat. — Le Chevalier à pieds rouges, désigné dans le Bourbonnais sous le nom de Gambette en raison de la longueur de ses tarses, est l'espèce la plus commune de l'Europe. Il se reproduit dans les régions tempérées; un grand nombre de couples restent sédentaires dans le midi de la France. Dans le nord, on le trouve aussi bien dans les marais d'eau douce que dans le voisinage de la mer. On le prend en grande quantité dans d'immenses filets à son arrivée en automne. Mœurs. — De tous les Chevaliers, c'est le plus sociable. Un individu de son espèce vient-il h passer, il l'aperçoit de fort loin, l'invite à s'arrêter par un sifflement de rappel, note d'une originale interrogation, qui ne manque jamais son effet, et le nombre augmente ainsi de tous les individus qui viennent à passer dans la journée. Cette note de rappel, ajoute .AI. Hardy à qui nous empruntons ces lignes, fait aussi venir la majeure partie de nos Échassiers, les Chevaliers gris, brun, sylvain, les Bécasseaux, les Barges, et même le Pluvier suisse lorsqu'il est isolé; le Chevalier cul-blanc et la Guignette vulgaire font exception. Le Chevalier à pieds rouges se nourrit de \'ers, de petits Crustacés et Mollusques d'eau douce ou salée. Il niche en petites colonies parmi les hautes herbes des prairies humides, marécageuses. La ponte est de quatre œufs, renflés, d'une teinte roux clair, ou jaune ver- dàtre, avec des taches irrégulières d'un gris foncé, d'un roux brun ou d'un brun noir, suivant qu'elles sont superficielles ou profondes. Chasse. — On prend cette espèce en grande quantité à l'aide de filets dans la plupart des marais de nos contrées. Sa chasse ne présente pas de difficultés. Captivité. — Un Chevalier à pieds rouges, conservé en captivité dans un jardin, vit en très bonne intelligence avec les autres petits Echassiers qu'on lui donne pour compagnons Pluviers, V^anneaux, Combattants. On met à profit son remarquable instinct de sociabilité et la faculté qu'il 47 LES GUIGNETTES. 21i] possède d'attirer près de lui par son cri d'appel particulier les autres Échassiers, pour l'utiliser comme appelant. LE CHEVALIER BRUN. — Il habite le nord de l'Europe et de l'Amérique; il est de passage régulier en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, dans la Russie et l'Italie. Il fréquente de préférence les marais d'eau douce, et se montre beaucoup plus défiant que le précédent. LE CHEVALIER SYLVAIN [Totauiis ffhveola. — II habite les conti-ées orien- tales et septentrionales de l'Europe, l'Asie et le nord de l'Afrique. Il est de passage régulier en France. On le trouve généralement isolé ou par paires, dans les marais d'eau douce, sur les bords des rivières et des lacs. Il se reproduit dans les contrées froides et tempérées de l'hémisphère boréal, niche dans les marécages, et quelquefois aussi parmi les bruyères. On l'a vu aussi s'établir dans des nids abandonnés sur les arbres. Son cri est plus agréable que celui des autres espèces, c'est une sorte de court ramage que l'Oiseau fait entendre avant de se poser. LE CHEVALIER CUL-BLANC {Tolaiiiis ochi-opiis. — Cette espèce, qui doit son nom à la couleur de ses plumes du croupion, est répandue dans toute l'Europe, dans une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. Elle est sédentaire dans quelques localités du midi de la France, et de passage régulier dans presque toutes les autres régions. Elle recherche, comme la précédente, les étangs d'eau douce, les bords des rivières. Son nid est généralement placé près de l'eau, mais on a observé chez cet Oiseau une particularité qui lui est commune avec les Sylvains dans certaines localités il dépose ses œufs sur un arbre, dans le nid abandonné d'un autre Oiseau. LES GUIGNETTES Les Guignettes, que certains auteurs rangent dans le même genre que les Chevaliers, se distinguent de ceux-ci par des tarses moins élevés, une queue plus ample et arrondie. LA GUIQNETTE VULGAIRE Aclilis hypoleiicos. — Caractères. — La Gui- gnette vulgaire mesure environ o"',i8 à ©".ic. Elle est en dessus d'un brun olivâtre à reflets pourpres ou verdàtres, chaque plume marquée sur sa tige d'une raie noire, et sur ses barbes de zigzags de même couleur; toute la face inférieure du corps blanche; les sourcils également blancs; les joues, les côtés du cou et de la poitrine rayés de noir sur fond blanc; les deux rectrices médianes de la couleur du dos, les autres blanches rayées de brun ; le bec est cendré, l'iris brun, les pieds d'un cendré verdàtre. [212 LES ÉCHASSIERS. 48 Le mâle et la femelle portent la même livrée durant toute l'année, mais en hiver, les reflets du plumage sont moins intenses. Habitat. — Cet Oiseau a une aire de dispersion très étendue; on le rencontre dans toute l'Europe, une grande partie de l'Asie, et en Afrique. Mœurs. — Il fréquente les bords des fleuves, des rivières et des lacs, et niche sous presque toutes les latitudes de son aire de dispersion. Dans notre pa\'s, il se reproduit notamment dans le Boulonnais et dans certaines localités sur les bords de la Seine. La Guignette a des allures très spéciales qui la distinguent de tous les autres Totaniens, comme l'a fait remarquer M. Hardy. Son vol est bas et saccadé. Elle balance constamment la queue à la façon des Bergeronnettes. Elle plonge très bien et très longtemps, surtout quand elle est poursuivie par un Chien, ce que ne font pas les autres Totaniens. Elle se perche aussi fréquemment soit sur les buissons, soit sur les arbres. Dans ses migrations, elle ne voyage que la nuit. Elle se fait encore remarquer par sa prudence et sa défiance. Dès qu'elle voit un ennemi ou une chose inaccoutumée, elle se précipite dans les fourrés les plus épais, ou si elle se trouve à proximité d'une pièce d'eau, elle plonge aussitôt. Les Oiseaux de proie, l'Épervier même ne la capturent que difficilement. La juignette se nourrit de Larves, de ^'ers, de Limaces, d'Araignées, d'Insectes, de Mouches, qu'elle happe au vol, ou ramasse sur les feuilles qui couvrent le sol humide. Sa façon de chasser est très curieuse à observer elle se tient à l'affût dans les hautes herbes dès qu'elle aperçoit une proie, elle s'a\ancc prudemment, silencieusement, le cou rentré, puis subitement elle s'élance le bec en avant et happe le petit Insecte ou le petit Ver qu'elle convoitait. Le cri de la Guignette est un sifflement clair et perçant, mais, à l'époque des amours, les mâles font entendre une sorte de trille assez agréable. Chaque couple choisit, pour nicher, un endroit convenable et n'en souffre aucun autre dans le voisinage. Le mâle parait très excité il vole en décrivant des zigzags; il chante, il tourne autour de sa femelle. Celle-ci cherche un endroit de la rive à l'abri des hautes eaux; et la, dans un buisson, de préférence dans un fourré de saules, elle construit un nid avec des brindilles, des joncs, des feuilles sèches. Ce nid est si bien caché qu'on a de la peine à le trouver, malgré l'inquié- tude que témoignent les parents, inquiétude qui en trahit l'emplacement. Les œufs, au nombre de quatre, sont tantôt courts, tantôt allongés, pyriformes, fmement grenus, lisses, marqués, sur un fond jaune roux clair, de taches dont la teinte varie selon qu'elles sont plus ou moins profondes les inférieures étant grises, les mo3'ennes brun roux, les supérieures brun noir. Les parents ne veulent pas être troublés; si on leur enlève un œuf, ils abandonnent leur nichée. Le mâle et la femelle couvent alternativement. Les jeunes éclosent au bout de deux semaines d'incubation; la mère les réchauffe quelque temps, puis les conduit dans les fourrés de saules. Là, ils savent se cacher à mer- veille, et on ne peut les trouver sans l'aide d un bon Chien, quoique leurs parents volent autour d'eux, en poussant des cris plaintifs. .\u bout de huit 40 LES LOBIPÈDES. '213] jours, les plumes des ailes et de la queue apparaissent; à quatre semaines, les jeunes prennent leur volée et deviennent indépendants. La Guicnette Aclilis maciilaria. — Cette espèce est propre à l'Amérique du Nord, mais elle s'égare parfois en Europe. Son genre de vie est exactement le même que celui de la Guignette vulgaire de nos pays. LES TOTANIENS DE L'AMÉRIQUE DU NORD Dans l'Amérique du Nord, les Chevaliers et les Combattants sont remplacés par des genres très variés et qui n'en dilTèrent nullement sous le rapport des mceurs et du genre de vie. Tels sont les Btitrariiies ou Chevaliers à loiig-iie queue et les SynipJiéinies. Quelques individus de ces espèces américaines se sont parfois égarés jusque dans les régions septentrionales de l'Europe. LES PHALAROPODIENS Les Phalaropodiens sont caractérisés par la disposition palmée de leurs doigts, ce qui leur donne un faux air de Palmipèdes; par tous leurs autres caractères, ils appartiennent à la famille des Scolopacidés. Leurs pieds sont de longueur médiocre; les trois doigts antérieurs sont réunis à la base par une palmature qui se prolonge sur les côtés des dernières pha- langes en une membrane festonnée. Grâce à cette particularité, les Phalaropodiens sont les Oiseaux nageurs les plus accomplis. Us courent aussi avec une grande vitesse, mais la mer est leur habitat de prédilection. On les répartit dans deux genres différents Les Lobipèdes ; Les Phalaropes. LES LOBIPÈDES Caractères. — Les caractères du genre Lobipède sont les suivants bec plus long que la tête, droit, pointu, comprimé, très grêle, régulier de la base à la pointe; des narines basales, latérales, semi-lunaires; des ailes allongées, suraiguës, atteignant l'extrémité de la queue, celle-ci courte et presque cunéi- forme; les doigts unis à la base par une palmure ; le pouce est allongé et grêle; le médian plus court que le tarse. LE LOBIPÈDE HYPERBORÉ Lobipes hyperboreiis. — Caractères. — Le Lobipède h3-perboré ou Poule d'Odiii des Irlandais, a le dessus de la tête, la nuque, un trait en arrière des yeux et les parties supérieures du corps, d'un brun cendre, avec quelques taches roussâtres sur le haut du dos; la gorge et le ventre blancs, les côtés et le bas du cou ornés d'un collier roux vif, les flancs gris; les r21/i] LES ÉCHASSIERS. 50 ailes de même couleur que le dos mais offrant une bande transversale blanclic; rextrémité des grandes couvertui'es lisérée de blanc. Les rémiges brunes à tiges blanches, les rectrices latérales grises bordées de blanc, les médianes brunes; le bec et l'iris bruns; les pieds brun verdâtre. La femelle ressemble au mâle, mais ses couleurs sont plus vives et présentent en dessus des reriets veloutés. En hiver, le plumage, dans les deux sexes, passe en dessus au cendré pur, en dessous au blanc ^ rosé. La taille de cet Oi- seau est d'environ o^.iS. Habitat. — Le Lo- bipède hyperboré ha- bite les régions arc- K^i*»* ^-^^•*». , tiques des deux mondes. Il est abondant en Ecosse, en Islande et en Laponie ; il est de passage irrégulier sur les côtes maritimes du nord de la France, de la Hol- lande, de l'Allemagne, a la suite de violentes tempêtes immenses qui les projettent en bandes sur notre littoral. Mœurs. — Le Lobipède a, comme son congénère le Phalarope, une existence bien spéciale. Ce sont l'un et l'autre de vrais Pélasgiens. Us passent la plus grande partie de leur vie à nager sur la mer ou sur les grands lacs salins des contrées boréales, péchant les \'ers, larves et Insectes qui forment leur nourriture. Ces Oiseaux, dit Brehm, sont on ne peut plus attrayants; ils ont des mou- vements légers et gracieux; ils sont admirablement doués; ils sont à l'aise sur la terre ferme comme dans les marais, dans l'eau comme dans l'air. gros œufs coinme du Vanneau; ces œufs sont pyrifonnes ou arrondis, à coquille mince, terne, d'un roux clair ou d'un jaune olivâtre, semés de points plus ou moins nombreux, noirâtres et violets. Les deux sexes les couvent alternativeinent pendant dix-sept à dix-huit jours; ils témoignent à leur progéniture beaucoup de sollicitude; ils entourent, en poussant des cris d'inquiétude, l'homme qui s'est approché. Dès que leurs petits sont secs, ils les conduisent à un endroit où ils puissent se cacher plus tard, ils les mènent dans de grandes Haques d'eau, et cntin, quand ils com- mencent à voleter, il les conduisent à la mer. LES ECHASSES Les Echasses frappent l'observateur le plus indifférent par la longueur démesurée de leurs jambes et de leurs ailes. Aussi leur nom est-il bien justifié. Caractères. — Les Oiseaux de ce genre ont un bec environ une fois et demie aussi long que la tète, presque droit, arrondi à la base, légèrement déprimé vers le milieu, coinprimé en avant, sillonné dans la moitié de son étendue, à mandibules inégales et infléchies l'une vers l'autre à la pointe; des ailes très longues, suraiguës, dépassant la queue; celle-ci de moyenne longueur, égale; des jambes nues sur presque toute leur étendue; des tarses très longs, minces, réticulés; le doigt médian est réuni par une palmure à l'externe, et par un simple repli membraneux à l'interne. L'ÉCHASSE BLANCHE {Himaiitopiis caiididiis\ — Caractères. — L'Echasse blanche ne mesure pas moins de o", 40 de longueur. Son plumage d'été est presque entièrement d'un blanc pur tirant sur le rose à la poitrine et à l'ab- doiricn; la nuque, les ailes et le dos sont d'un noir à reflets verdâtres; la queue cendrée; le bec noir, l'iris et les pieds rouges. Habitat. — Elle est propre à l'Europe méridionale, à l'Afrique et à l'Asie. On la désigne aussi sous les noms d'l'\'hassc à nmiileaii noir, ou t'clmssc a».v pieds rouges. En France, elle fréquente les plages du Midi, et apparaît quelquefois dans les marais de la Normandie, de la Picardie. Ses migrations sont irrégulières. Un grand nombre de couples ne quittent pas leur station d'hiver, et s'y reproduisent. Mœurs. — C'est donc un Oiseau de marais autant qu'un Oiseau de littoral, comme le fait remarquer Brehm. L'Echasse aux pieds rouges, dit-il, aime les eaux salées, sans avoir LES ÉCHASSES. [219] cependant son existence liée a leur présence. On ne peut pas dire qu'elle soit un Oiseau maritime. On la voit parfois sur les côtes, au milieu des Totanidés et des Avocettes; mais d'ordinaire on la rencontre dans les petits étangs et, pendant la saison des amours, dans les grands lacs d'eau douce ou saumâtre. Elle paraît être plus sociable que les auties Totanidés. Vivant par paires pendant la sai- son des amours, elle est, tout le reste de l'année, par bandes de six à douze individus, et en hiver par trou- ^'-. pes extrêmement nom- breuses. Ce n'est que dans le Soudan que j'ai rencontré des Échasses isolées, et encore étaient elles en compagnie d'au- tres Oiseaux de la même famille. Les petites ban- des d'Echasses semblent s'inquiéter fore peu des autres Oiseaux ; les grandes troupes se mêlent sou- vent à d'autres Échassiers, sur- tout aux Avocettes; il se pour- rait cependant que ces réunions fussent déterminées plutôt par des conditions locales que par un instinct de sociabilité. ' L'Échasse aux pieds rouges a dans ses mœurs et ses allures beaucoup de points communs avec les Totanidés, mais, grâce à ses longues jambes, elle peut s'avancer plus loin dans l'eau pour chercher sa nourriture. On la surprend rarement au bord de l'eau ; on la voit plutôt là où l'eau est assez profonde, marchant ou nageant; sa démarche n'est nullement maladroite, ni vacillante; son vol est léger, beau, rapide, gracieux. En s'envolant, elle bat rapidement des ailes, et lorsqu'elle atteint une certaine hauteur, elle vole plus lentement, plus posément; avant de s'abattre, elle décrit en planant une ou plusieurs lignes ondulées. En volant, elle étend directement en arrière ses longues pattes, ce qui lui donne un aspect singulier, qui la fait aisément reconnaître. » Sa nourriture se compose principalement de Vers, de larves, de Mouches et d'Insectes aquatiques. Les Échasses sont des Oiseaux naturellement craintifs, mais quand ils ont L'Échasse blanche-. [2201 LES ÉCHASSIERS. 50 une fois été chassés dans un endroit, leur détiancc devient extrême, et ils ne se laissent plus approcher. Ils nichent dans les marais, dans quelque îlot a. l'abri des grandes crues. Leur nid est formé d'herbes et de roseaux secs; il est placé généralement au milieu des hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un brun verdatre ou aunâtre clair, parsemés de taches noires confluentes au gros bout. Les Poules d'eau ou Rallidés Les Rallidés pourraient être définis des Èchassiers nageurs, en raison de leur genre de vie, que révèlent d'ailleurs des caractères morphologiques très nets. Caractères. — Ces Oiseaux ont un corps comprimé latéralement, une tète petite, un cou mince, de longueur moyenne; un bec comprimé, rarement plus long que la tète des jambes fortes; des tarses médiocres; des ailes courtes et arrondies, parfois armées d'un éperon corné; une queue médiocre ; les doigts au nombre de quatre, le médian aussi long que le tarse, le pouce bien développé, portant plus ou moins sur le sol; un plumage épais, serré, et un duvet court mais abondant. Habitat. — Us sont répandus sur toute la surface du globe. Mœurs. — Doux, paisibles, timides, ils sont cependant peu sociables, et vivent en général solitaires. On les rencontre dans les endroits humides et marécageux. Tous marchent et courent remarquablement bien, nagent et plongent avec facilité, mais leur vol est lourd, pénible. Aussi n'entreprennent-ils jamais de grandes migrations. Leur nourriture est à la fois animale et végétale. Leurs habitudes sont plus crépusculaires que diurnes. Utilité. — La plupart des petits Echassiers de la famille des Rallidés peuvent être considérés comme des Oiseaux utiles. Il est vrai que leur existence dans les marais, les étangs, n'appelle pas sur eux l'attention des agriculteurs, mais on leur doit la destruction d'un grand nombre de larves d'Insectes nuisibles, notam- ment des Tipules. Dans quelques régions marécageuses où ces Oiseaux sont abondants, les jar- diniers utilisent leurs qualités d'insectivores en les laissant courir dans les pota- gers après leur avoir amputé l'aileron pour qu'ils ne puissent s'envoler. Classification. — Les deux seules divisions rationnelles que l'on puisse établir dans cette famille sont celles des Rallicns et des Fuliciens. La vie des animaux illlstrée. ' > • '7 [222j LES POULES D'EAU OU RALLIDES. Z Puis, à côté d'elles, se rangeront, à titre de groupes satellites les Pan-ides, les Chionidés, les Eurvpvgidés, les Cariamidés, les Psophiidés. LES RALLIENS Les Ralliens ont des tarses épais, des doigts lisses, ou garnis d'un très mince repli membraneux; le pouce articulé presque au niveau des autres doigts. LES RALES Caractères. — • Les Râles ont un bec plus long que la tète, élevé à la base, puis comprimé, mince à l'extrémité; des ailes courtes, subaiguës; une queue ^ courte, conique, formée de =">-.^ ../ , '^ douze rectrices molles, sen- siblement courbées; des jambes peu dénudées; des tarses médiocres, robustes, scutellés; des doigts longs, grêles, les trois doigts anté- rieurs bordés d'une mince membrane, le médian plus long que le tarse, le pouce court; jt- , le front couvert de plumes. .->^W •f- ^ ^^ r LE RALE D EAU [Ralltis ^ »^ ' Ji/.7//Vm5'i. — Caractères. — Le Râle d'eau mesure envi- ron o"',27. Il est en dessus d'un roux olivâtre, tfammé de taches noires au centre des plumes; d'un cendré bleuâ- tre sur les côtes de la tête, le *>••'-;— cH, devant du cou et la poitrine; '"^ *> ' d'un blanc rayé de noir sur les iws.^ ^^'^^l'-i^- flancs; d'un roux de rouille sur le ventre rJ^-^.^p^^ ^ et le croupion. Les rémiges et les rectrices sont noires, rî^vAviCi.' celles-ci bordées de brun olivâtre le bec ^ - - rougeâtre ; l'iris d'un rouge orangé les pieds d'un brun rougeâtre. — En au- tomne, la couleur cendrée est moins pure et les flancs variés de roussâtre. Le mâle et la femelle portent le même plumage. '. LES RHYCHÉES. [2231 Habitat. — Le Râle d'eau habite toute l'Europe, une partie de l'Asie et l'Afrique. En France, il est de passage dans les régions septentrionales, sédentaire dans le midi. Mœurs. — Il se tient, comme le dit Naumann, » dans les marais où l'homme n'aime pas à s'aventurer, les lieux déserts et humides, où l'eau des marécages se cache sous un épais tapis de plantes entremêlées de buissons, les pièces d'eau couvertes de joncs et de roseaux, au voisinage même ou au milieu des forêts; les fourrés d'aulnes et de saules, entremêlés de joncs et de hautes herbes, coupés par des canaux, des étangs ou des marécages ». Cet habitat lui convient parfaitement, car il est très craintif et se cache à la moindre apparence de danger. Sa marche est gracieuse et légère. Il court avec une grande rapidité, la tête et le cou tendus en avant, les jambes fortement fléchies. Quand il est pressé, il franchit tous les obstacles avec une célérité remar- quable, glissant sur les feuilles flottantes, traversant les fourrés les plus serrés. Il nage et plonge avec facilité, mais son vol est pénible, peu soutenu. Il se nourrit principalement d'Insectes, de Vers, de larves; il mange aussi des graines de graminées. Le nid du Râle d'eau est toujours profondément caché dans les roseaux et les hautes herbes, sur le rebord de quelque fossé. Il est lâchement construit à l'aide d'herbes sèches, sa forme est celle d'une coupe assez profonde. Les œufs, au nombre de six à dix, sont allongés, à coquille lisse; leur couleur est d'un blanc lavé de jaune et de verdàtre, avec des points et des taches arrondis d'un gris violet surtout abondants au gros bout, et sur lesquels se montrent d'autres taches superficielles d'un brun rouge. Les jeunes quittent le nid dès qu'ils sont éclos. Ils sont de bonne heure très agiles, se glissent au milieu des herbes comme des Souris et nagent avec facilité. Captivité. — Le Râle d'eau perd, en captivité, son naturel craintif. On en cite même qui sont ainsi devenus très familiers. La douceur de ses mœurs et ses allures gracieuses lui conquièrent toutes les sympathies. LES RHYCHEES Près des Râles, se rangent le genre africain des Rh_vchées ou Rdlcs-Bécasses. Ces Oiseaux, dont les caractères sont à peu près les mêmes que ceux des Raies, ont des mœurs qui tiennent à la fois de ces derniers et des Bécasses. Ils vivent dans les marais, les champs humides, se montrent rarement à décou- vert, et en cas de danger, se précipitent dans les buissons et les fourrés les plus épais. Ils courent très rapidement sur le sol dur ou vaseux, mais leur vol est vacil- lant, incertain, de peu de durée. [2241 LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. LES COURLANS Caractères. — Les Courlans ont le bec plus long que la tète, vigoureux, for- tement comprimé latéralement, à arête dorsale convexe; des tarses hauts et minces; des doigts entièrement séparés, armés d'ongles longs, acérés, recour- bés; des ailes obtuses, atteignant le milieu de la queue, celle-ci de longueur moyenne. LE COURLAN GÉANT A}\imus '{ig-^is — Caractères. — Le Courlan géant est à peu près de la taille d'une Poule ordinaire. Il a la tête, la partie antérieure du cou et les cuisses d'un gris ardoisé; l'occiput et le haut du cou d'un brun roux; le dos et les couvertures des ailes d'un vert olivâtre; le bas-ventre et le croupion noirs; les rémiges, les flancs et le bas de la poitrine d'un roux de rouille vif; les rectrices noirâtres, l'iris rouge, le bec jaune verdàtre à pointe grise, les tarses couleur de chair. Habitat. — Il est propre aux contrées chaudes de l'Amérique où il est connu sous le nom de Se>'i\ikin\i. Mœurs. — Il fréquente les étangs et les bords des ruisseaux couverts de joncs, de hautes plantes aquatiques, les pièces d'eau stagnante dans les forêts. Il se tient généralement caché dans les hautes herbes, mais décèle sa pré- sence par son cri perçant très singulier. Son genre de vie est celui des Râles. Captivité. — Les Courlans captifs deviennent vite familiers, et se contentent du régime le plus vulgaire. Ils sont très intéressants à observer. Leurs allures rappellent celles des Râles. Ils marchent avec élégance et rapidité, courent avec une vitesse incroj-able. Le soir, ils s'élèvent en voletant sur un arbre ou un objet élevé et font entendre leurs cris singuliers. Bien que vivant en assez bonne intelligence avec les autres Oiseaux de basse- cour, ils peuvent devenir insupportables par leur voracité, comme le démontre l'anecdote suivante ayant trait à un Courlan captif observé par d'Azara. i-i' LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. IJ Habitat. — La Foulque noire, désignée, suivant les pays, sous les noms de Ironique inoi-cUc, ou Macroiilc, ou Macreuse, est répandue dans une grande partie de l'Europe, en Asie et en Afrique. Elle se reproduit dans plusieurs départements de l'ouest, du centre et du midi de la France. Elle est aussi très abondante, pendant Tété, en Hollande où l'on fait un grand commerce de ses œufs. Mœurs. — Elle s'établit de préférence dans les pièces où l'eau est dormante et profonde, et dont les bords sont garnis de joncs et de roseaux élevés. Moins craintive mais aussi prudente que la Poule d'eau, elle ne craint pas de se fixer dans le voisinage des endroits habités. Ses mœurs sont aussi plus sociables, excepté à l'époque des amours, où chaque couple défend son domaine, non seulement contre ses congénères, mais aussi contre les autres Oiseaux aquatiques; elle se réunit en bandes immenses. Sa nourriture se compose d'Insectes aquatiques, de larves, de Vers, de petits Mollusques, et aussi de substances végétales, graines, herbes tendres. Elle recherche ses aliments tout en nageant ou en plongeant, selon qu'ils se trouvent à la surface ou au fond de l'eau. On lui a reproché, à tort ou à raison, de piller les nids des petits Oiseaux. Comme le montre déjà la structure de ses pattes, la Foulque noire vit plus dans l'eau que sur la terre, où elle descend rarement, et seulement vers midi, pour se reposer et pour lisser son plumage. Elle court encore assez bien sur un sol lisse et uni, mais elle nage mieux qu'elle ne court, et cette allure doit être regardée comme étant son allure naturelle. Du reste, on peut dire qu'elle passe la majeure partie de sa vie à nager. Ses pattes sont des rames excellentes; ce qui peut leur manquer en largeur, elles le possèdent et au delà en longueur. Elle plonge parfaitement, et ne le cède pas, sous ce rapport, à beaucoup de Palmipèdes. C'est en plongeant qu'elle prend la plupart de ses aliments; c'est aussi en plongeant qu'elle fuit devant le danger. Son vol, quoique plus parfait que celui de la Poule d'eau, est cependant lourd et pénible aussi se décide- t-elle difficilement à prendre son essor. Lorsqu'elle y est contrainte, elle prend un fort élan, et court, en voletant, à la surface de l'eau, qu'elle frappe de ses pattes avec une telle force, qu'on entend à une grande distance le bruit qu'elle produit de cette façon. Sa voix est perçante et semble exprimer l{œiv ou kujv; lorsqu'elle est excitée, elle répète ce cri deux ou trois fois on dirait alors l'aboiement d'un jeune Chien. Elle fait entendre en outre un cri dur, bref /r//^, ou bien une sorte de sourd grognement. La Foulque noire établit son nid parmi les herbes au bord de l'eau. Ce nid n'est souvent qu'un frêle esquif fiottant à la surface de l'eau, et enchâssé entre quelques touffes de joncs. La ponte a lieu en mai ; elle est de sept à quinze œufs, couleur café au lait, et couverts d'une multitude de petits points bruns, parfois réunis en taches. L'éclosion a lieu au bout de vingt à vingt et un jours. Les petits naissent couverts d'un duvet noir, sauf à la tète qui est d'un rouge feu. Ils courent de bonne heure parmi les roseaux et les hautes herbes, mais reviennent passer la 13 LES FOULQUES. 2',3 nuit dans leur nid jusqu'à ce qu'ils puissent se passer détinitivemcnt de leurs parents. Chasse. — Bien que la Foulque noire ait une chair d'un goût peu agréable, on lui fait cependant la chasse par simple amu- sement. Dans les marais du nord de la France et de la Hollande, on lâchasse au Chien d'arrêt. Dans le Midi, lors- que ces Oiseaux arrivent en bandes immenses à l'automne, on leurfait une véritable guerre d'exter- mination. On organise dans ce but d'im- portantes battues en barques le long des côtes. Les bar- ques, au nombre dune centaine, sont divisées en deux groupes les unes portent les chasseurs, à rai- son de un ou deux par barque, les autres sont des- tinées aux ra- v masseursdegi- ^^'^ ^ »^ - ^ bier. On cite des chasses de ce genre où il fut tué près de mille Foulques en une seule journéi.. Kn italie, on attrape aussi ces Oiseaux en grandes quantités dans des filets tendus sur leur passage, et on les expédie ensuite sur les marchés oii, en raison du peu de valeur de leur chair, ils sont vendus à des prix insignifiants. En Lorraine, on chasse les Foulques au mois de septembre et voici, d'après le baron d'Hamonville, le procédé que l'on emploie On réunit sur un étang un certain nombre de barques montées chacune par un chasseur posté à l'avant et par un marinier qui doit, sans quitter l'arrière de la nacelle, la diriger avec un aviron. Toutes les embarcations étant placées en ligne et à égale distance les unes des autres, quittent ensemble la chaussée, s'avançant en bataille vers la queue de l'étang. Dès l'abord, on peut tirer quelques pièces qui se sont laissé La Foulque noire. 2ViJ LES POULES D'EAU OU RALLIDES. 14 surprendre, mais en général, elles filent devant les chasseurs et se laissent con- duire jusqu'à la queue de l'étang. C'est alors que, se sentant pressées de trop près, elles s'enlèvent, rebroussent sur les bateaux et viennent passer entre les tireurs. Comme la Foulque vole droit et à peu de hauteur, on conçoit combien de victimes tombent à cette première attaque. " J'ajoute que ces Oiseaux ne quittant jamais l'étang et se portant invariable- ment du côté traqué à celui qui ne l'est pas, on peut recommencer plusieurs fois la même manœuvre avec les mêmes chances de succès. » Captivité. - - La Foulque noire, placée dans un parc convenable où se trouve une grande pièce d'eau, s'habitue très vite à la captivité et peut même s'}' repro- duire. LA FOULQUE A CRÊTE {Fulica cristata . — Cette espèce, caractérisée par la forme de sa plaque frontale prolongée en arrière par deux tubercules membra- neux, et par quelques particularités secondaires dans le plumage, est propre à l'Afrique. Ses moeurs ne diffèrent pas de celles de la Foulque noire. LES HÉLIORNES OU QRÉBIFOULQUES. — Les Héliornes sont des petits Oiseaux de l'Amérique du Sud, dont les caractères tiennent à la fois, comme leur nom l'indique, des Foulques et des Grèbes. On les rencontre dans les endroits solitaires et tranquilles, sur les rives ombragées des marécages. Ils se nourrissent d'Insectes aquatiques, de graines, et mènent le même genre de vie que les Foulques. LES PARRIDES Les Parridés se rattachent intimement aux Fuliciens. Ce sont des Oiseaux adaptés a un genre de vie spécial dans les marécages où pousse une végétation luxuriante. Les uns sont propres à l'Amérique tropicale, les autres à IWsie. LES .lACANAS Caractères. — Ils sont caractérisés par des formes sveltes, un bec long et mince, des tarses élevés, des doigts longs et grêles, armés d'ongles très longs des ailes allongées, étroites, pointues, une queue médiocre un plumage abon- dant, serré, vivement coloré. Ils portent, comme les Foulques, un ergot pointu au poignet de l'aile, et une plaque membraneuse sur le front. Habitat. — On rencontre des Jacanas dans presque tous les marais d'eaux dormantes de l'Amérique tropicale. Mœurs. — Ils marchent et courent sur les feuilles flottantes de nénuphars avec une légèreté et une rapidité remarquables, en s'aidant parfois de leurs ailes. 15 LES HYDROFAISANS. i23r Par contre, ils sont très maladroits sur le sol uni ou dans les hautes herbes. Leur vol est lourd, de peu de dure'e. Ils nagent et plongent aisément. Ils se nourrissent d'Insectes aquatiques, de larves, de graines. A l'époque de la reproduction, les couples vivent chacun dans un assez étendu, mais dont ils chassent tous les intrus. Leur nid est grossièrement construit au bord d'un marais ou d'un fossé. Les cufs, au nombre de quatre ou six, sont marqués de points jaune brun sur un fond bleuâtre ou gris de plomb verdàtre. LES HYDROFAISANS Les Hydrofaisans représentent en Asie les Jacanas de l'Amérique, mais ils se distinguent principalement de ces derniers par l'absence de plaque frontale, et le grand développement de leur queue. ^ \l L'HYDROFAISAN DE CHINE HrdropliasiLiniischirurgus. — Caractères. — La taille de cet Oiseau est d'environ o"',5o chez le mâle, et de o°',55 chez la femelle. Il a la tête, la partie antérieure du cou, le haut de la poitrine d'un blanc pur, la partie postérieure du cou d'un blanc jaunâtre, et séparée de l'antérieure par une ligne noire ; le dos et la queue brun olivâtre foncé, à reflets pourpres, la poitrine d'un brun noir ; les deux premières rémiges noires, les autres blanches ainsi que les couvertures des ailes ; l'iris brun, le bec bleu à la racine, verdàtre à la pointe, les tarses d'un vert bleuâtre pâle. Habitat. — L'H_\'drofaisan de ^liine habite les Indes, Ceylan, Java, les Phi- lippines. Il vient passer l'été dans le sud de la Chine. Mœurs. — Connu aussi sous le nom de Chirurgien ou Pana de la Chine, cet Oiseau vit dans les lacs et les étangs, nageant ou courant à la recherche de sa nour- riture, composée surtout de petits Mollusques aquatiques Lymnées, Paludines. l.'llvdroraisan de- Chine. iSiîo; LES POULES D'EAU OU RALLIDES. 10 Son vol est droit, soutenu, sa voix sonore, étrange. Lorsqu'il est blessé, il plonge aussitôt dans l'eau et peut rester submergé, dit- on, près d'un quart d'heure. Son nid est placé tantôt au milieu des tiges de riz, tantôt sur des feuilles tlottantes. LES CHIONIDÉS Près des Rallidés se place une petite famille d'Oiseaux qui tiennent à la fois des Charadriidés, des Rallidés, et des Mouettes. Ils sont essentiellement caractérises par la présence d'une gaine cornée qui recouvre la base du bec et les narines, et par une face nue, verruqueuse. Cette famille ne comprend qu'un seul genre. LES CHIONIS Caractères. — Les Chionis ont un corps gros et massif; un bec de la lon- gueur de la tête, robuste, conique, légèrement comprimé, à arête convexe ; des narines s'ouvrant vers le milieu du bec, et protégées par un fourreau corné ; des ailes médiocres, aiguës, armées d'un éperon ; une queue moyenne, presque carrée des tarses trapus, épais, à peine aussi longs que le doigt médian, entièrement ré- ticulés; des doigts allon- gés, bordés d'une mince membrane ; le pouce bien développé. LE CHIONIS BLANC [Cliioiis all\i]. — Carac- tères. — Le Chionis blanc mesure environ o^iO* de longueur to- tale. Tout son plumage est d'un blanc éclatant ; les parties nues de la face sont couleur de chair; le bec verdàtreavec la pointe " -" noire et une tache d'un rouge brun vers le milieu; 'iris gris bleu, cerclé de rouge brun. Le Chionis blanc. Habitat. — 11 est propre aux terres australes. On le dési- gne aussi vulgairement sous le nom de P/^'-.'oa?z/art7/,/!/t'. Mœurs. — Son genre de vie est peu connu. Il se tient sur les rochers à fleur d'eau qui bordent les plages maritimes; quelquefois il s'aventure assez loin en mer, et se pose sur les vagues pour se reposer. 17 LES C AU RALES. [237] C'est un Oiseau très sociable. Sa nourriture se compose surtout d'œufs de Cormorans et de Manchots. La structure de son bec lui est, dans ce but, d'un utile secours, par la disposition de la lame cornée qui protège ses narines quand il brise la coquille de ces œufs. LES EURYPYQIDÉS Parmi les groupes qui établissent une transition des Râles aux Echassiers proprement dits, se place la famille des Eurypygidés. Ces Oiseaux tiennent des Hérons par la forme de la tête, du cou, des ailes, par la nature de leur plumage, et des Râles par la structure du bec et celle des pieds. Ils ne sont représentés que par le seul genre suivant. LES CAU RALES Caractères. — Les Caurales ont des formes très élancées, un bec long, droit, fort, pointu, comprimé latéralement, convexe en dessus, des ailes larges, légèrement subaiguè's ; une queue très longue, à pennes larges, des tarses élevés et grêles, le doigt postérieur bien développé ; un plumage lâche, abon- dant, orné de couleurs variées. LA. CAURALE SOLEIL [Einypyga Hélias. — Caractères. — La Caurale soleil ou Héron soleil mesure environ 0^,44 de long. Elle a la tête et la nuque noires, la gorge et une ligne sur les côtés de la tète blanches; le cou ra_yé de brun et de noir; le dos et les couvertures des ailes rayés de roux de rouille sur fond noir; le croupion et la queue rayés de blanc et de noir, ainsi que les rémiges ; tout le dessous du corps d'un blanc jaunâtre ou brunâtre; l'iris rouge, le bec et les pattes jaunes. Habitat. — Cet Oiseau est répandu dans toute l'Amérique du Sud. Mœurs. — 11 fréquente les bords des grands fleuves et les rivages de la mer; la couleur de son plumage s'harmonise si bien avec la teinte du milieu où il vit, que sa pré'^ence n'est souvent décelée que par son cri d'appel, consistant en une sorte de sifflement doux et prolongé. Son beau plumage, gris, jaune, vert, noir, blanc et brun, dit Schomburgk, fait de la Caurale soleil un des plus beaux Oiseaux de ces contrées si riches en types éclatants; il est splendide surtout lorsqu'il étale ses ailes et sa queue comme un Dindon, et les fait miroiter aux rayons du soleil. On le voit dans les clairières des forêts, surtout sur les bords des cours d'eau, solitaire, rarement par paires. Il se nourrit de Mouches et d'autres Insectes, qu'il poursuit avec une agilité surprenante. Toujours en mouvement, portant la tête en tous sens, il va cherchant sa proie sur le sol et sur les feuilles des plantes les moins élevées. La vie des ANIMAIX ILLUSTRÉE. IV. l8 238J LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. 18 Son œil perçant découvre-t-il un Infecte, aussitôt il ralentit son pas; il s'avance lentement, puis il lance habilement son cou en avant, saisit sa proie et l'avale. » La Cau aie .'okil niche sur les arbres, à une faible hauteur. Elle construit un nid solide à l'aide d'herbes, de racines agglutinées avec de la vase, de l'argile. La ponte est de deux œufs d'un jaunâtre-carmin pâle, ils sont parsemés de taches d'un rouge-brique et de quelques points d'un brun violacé. Captivité. — Les Caurales qui ont été importés dans les Jardins zoologiques de l'Europe se sont montrés d'un apprivoisement facile. Si on les place dans des conditions convenables en leur procurant de l'eau et des matériaux pour la construction de leur nid, ils se reproduisent sans difiiculté sous notre climat. LES CARIAMIDbS Cette famille a été établie pour un genre d'Oiseaux du nouveau continent, qui présente des caractères le rattachant, d'une part aux Râles, d'autre part aux Grues. LES CARIAIVIAS Les Cariamas sont des Oiseaux très singuliers dont la physionomie et les mœurs rappellent plus ou moins le Serpentaire. Caractères. — Ils ont un corps allongé, un cou long, une tête relativement forte, des ailes médiocres, sur-obtuses, un bec plus court que la tète, largement fendu, droit à la base, crochu à la pointe ; des jambes très dénudées, des tarses élevés, des doigts courts, des ongles recourbés, pointus, rappelant les serres d'un Oiseau de proie. Leur front est orné d'une huppe de plumes redressées; leurs lorums nus; les plumes du ventre molles et duveteuses. LE CARIAMA HUPPÉ Dicholopiis cristaius. — Caractères. — Le Cariama huppé est un grand Oiseau d'une taillej de o^.SS environ. Son plumage est presque entièrement gris, chaque plume étant marquée de lignes très fines, ondulées, alternativement claires et brillantes. Les plumes de la tète et du cou sont d'un brun noir, les rémiges brunes, avec les barbes internes rayées de blanc, les rectrices brunes, avec la pointe blanche; l'iris jaune-soulre, les lorums bleuâtres ; le bec et les tarses rouges. Habitat. — Cet Oiseau est propre à l'Amérique méridionale. Mœurs. — Bien que la disposition de ses pattes le rapproche des Oiseaux de rivage, il a un genre de vie bien différent de ces derniers. Il ne vit même pas près des eaux, mais bien sur la lisière des forêts, dans les plaines et les collines rocailleuses, où les bosquets alternent avec des massifs de hautes herbes et des buissons. C'est un Oiseau très craintif; il fuit l'homme de très loin, et comme la couleur de son plumage se confond merveilleusement avec celle du milieu qu'il lu LES CARIAMAS. [2391 habite, il est bientôt devenu invisible, mais sa voix forte et retentissante trahit souvent sa présence. Il se nourrit d'Insectes et surtout de Reptiles Lézards, Serpents; d'où le nom de Cigogne des serpen Is qui lui a été donné; il mange aussi les petits Oiseaux, et m è m e Le Cariama liuppé. On rencontre habituellement les Cariamas par paires, et menant une existence paisible, mais à l'époque des amours, avant que les couples ne se soient formés, les mâles se provoquent et se livrent des combats acharnés. Pendant le combat, ils prennent les postures les plus singulières, hérissent leur plumage, exé- cutent des bonds fantastiques, témoignant ainsi de l'ardeur belliqueuse qui les anime. Les Cariamas nichent sur les arbres peu élevés. Leur nid est formé de branches sèches et d'argile. La ponte est de deux œufs blancs parsemés de quelques points d'un roux de rouille. Chasse. — La chasse du Cariama est difficile, car cet Oiseau est craintif et se dissimule fort bien dans les buissons. La meilleure façon de le chasser quand on l'a fait lever est de le poursuivre à cheval, jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Il cherche alors un arbre où on peut le tirer, ou parfois il se tapit contre terre et se laisse prendre à la main. Captivité, — Les Cariamas captifs deviennent rapidement aussi apprivoisés que des Oiseaux de basse-cour. Ils perdent toute timidité, viennent prendre dans [240] LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. 20 la main la nourriture qu'on leur lend et vivent en bonne harmonie avec leurs compagnons de basse-cour. LES PSOPHIIDÉS Les Psophiidés, de même que les familles précédentes, établissent une tran- sition entre les Râles et les Grues. Cette famille repose sur le genre suivant. LES AGAMIS Caractères. — Les Agamis, appelés vulgairement Oiseau.\-lruinpettes, ont pour caractères un corps épais, un cou de longueur moyenne, un bec plus court que la tête, conique, bombé supérieurement, un peu comprimé latéralement, à pointe crochue; des ailes courtes, bombées, sur-obtuses ; une queue très courte, co- nique; des tarses allongés, scutellés ; des doigts courts, l'externe légèrement uni au médian par une faible palmature; des ongles crochus, acérés. La tète et le cou sont garnis d'un plumage ve- ^ louté, le ventre est recouvert de plumes duve^ teuses. L'AGAMI BRUYANT [Psophia crepitans. — Caractères. — Cet Oiseau mesure envi- ron o°,55 de long. Son plumage est orné de teintes sombres la tête, le cou, le haut du dos, les ailes, le bas de la poitrine, le ventre et le croupion sont noirs; le pli des ailes est d'un noir pourpre à retiets bleus ou verts l'aisselle d'un gris de plomb ou gris argenté, le haut de la poitrine d'un bleu d'acier à retiets bronzés, mais ces reflets varient sui- vant l'incidence de la lumière; l'iris brun roux, les lorums couleur de chair, le bec blanc ver- dàtre, les tarses couleur de chair. Habitat. — Les Agamis sont propres à l'Amé- rique méridionale, chaque espèce a une aire de dispersion spéciale. L'Agami bruyant se rencon- tre au nord du tleuve des Amazones. Mœurs. — Ils vivent en bandes nombreuses dans les forêts. Par leurs allures, ils rappellent beaucoup les Grues ; ils ont parfois de brusques accès de gaieté pendant lesquels ils exécutent les danses les plus bizarres, puis ils reprennent leur gravité habituelle. L'Agami bruyant. 21 LES AGAMIS. [241] Quand un danger les presse, ils peuvent courir très rapidement, mais leur vol est tellement lourd qu'ils ne peuvent le soutenir longtemps. Le fleuve des Amazones est pour ces Oiseaux un obstacle infranchissable ils tombent à l'eau avant d'atteindre la rive opposée. Les Agamis se nourrissent de fruits, de graines, d'Insectes et de Vers. On leur a donné vulgairement le nom d'Oiseaiix-trompetles, en raison des cris singuliers qu'ils émettent, mais qui ne rappellent en rien le son de la trom- pette. Ils consistent en un appel perçant, auquel succède durant une minute environ un roulement sourd qui va en s'affaiblissant de plus en plus. Les ornithologistes ne sont pas encore bien fixés sur l'origine de ce dernier bruit ; l'Oiseau l'émet le bec fermé; aussi avait-on cru qu'il était produit par l'air des sacs aériens refoulé lentement au dehors par l'orifice de la trachée; mais aujourd'hui cette explication est contestée, sans qu'on en ait fourni d'ailleurs une autre. Les Agamis font leur nid soit sur les arbres, soit à terre. Ils pondent une dizaine d'œufs d'un vert clair. Les jeunes une fois éclos restent plusieurs mois en compagnie de leurs parents, puis ils se réunissent à d'autres familles de la même espèce en constituant des bandes de plusieurs milliers d'individus. Captivité. — Les Agamis s'apprivoisent très facilement. A Cayenne, on prend les jeunes lorsqu'ils sont encore au nid, on les nourrit avec du manioc humecté d'eau, du pain trempé, des bananes, un peu de viande, et quand ils sont adultes, on les utilise comme gardiens de troupeaux ils conduisent les Oies dans la prairie, les canards à la mare. Ces aptitudes remarquables ont été maintes fois observées en Europe, chez des sujets captifs. Malheureusement, le climat du nord de l'Europe ne permet pas à ces Oiseaux de s'y reproduire. Chasse. — On chasse parfois l'Agami, dont la chair blanche et d'un goût agréable rappelle un peu celle du Hocco. Les Grues LES QRUIDÉS Les Gruidés se distinguent nettement des autres familles du groupe des Echassiers proprement dits. D'autre part, ils présentent encore quelques affinités lointaines avec les Râles et leurs familles satellites. Caractères. — Ces Oiseaux ont le corps allongé, le cou long et mince, la tête petite et gracieuse, le bec de grosseur moyenne, droit, pointu, un peu com- primé sur les côtés, à arête dorsale mousse, de même longueur ou un peu plus long que la tête; les narines médianes, allongées, percées de part en part; les ailes amples, aiguës; une queue courte et arrondie ; les jambes longues, dénudées bien au-dessus de l'articulation les doigts au nombre de quatre, les antérieurs médiocrement allongés, l'externe et le médian unis à la base par une étroite palmure, le pouce médiocre, élevé, ne portant sur le sol que par l'extrémité; la tête et le cou en partie nus ou garnis d'ornements variés, les lorums emplumés ou velus. Habitat. — Les Gruidés sont cosmopolites, mais ils ne s'éloignent guère des zones tempérées. Mœurs. — Ils vivent dans les terrains marécageux. Leur nourriture est à la fois animale et végétale. Ce sont des Oiseaux migrateurs effectuant chaque année, à époque fixe, de grands voyages parfaitement ordonnés. Ils attirent l'attention par leurs allures nobles et gracieuses. Quelquefois, cependant, ils se livrent à des bonds et à des danses désordonnées qui contras- tent singulièrement avec leur gravité ordinaire. Leur voix est forte et perçante; leur vol puissant, élevé. Leur naturel est très sociable; leurs sens bien développés. L'une de leurs qualités les plus remarquables est la prudence, aussi échappent-ils à la plupart des dangers qui menacent les autres Oiseaux. Us nichent sur le sol même, dans les marais. 23 LES GRUES. [243] LES GRUES Caractères. — Les caractères du genre Grue sont les suivants bec sensible- ment plus long que la tête, peu fendu, un peu fléchi et obtus à l'extrémité, a bords mandibulaires tranchants ou finement échancrés; narines elliptiques, percées dans un large sillon, qui s'étend au delà de la moitié du bec; ailes longues, sub-obtuses; les trois ou quatre rémiges secondaires allongées, larges, arquées, a barbes décomposées et formant panache sur la queue, qu'elles recou- vrent complètement celle-ci très courte ; tarses très longs, robustes, entièrement réticulés; doigts latéraux courts; vertex et tour des yeux nus chez les adultes. LA GRUE CENDRÉE [Grtis cinerea. — Caractères. — La Grue cendrée ou Grue commune a presque tout le plumage d'un beau gris cendré, à l'exception des régions suivantes. Le front, le dessous des yeux, les lorums sont d'un noir profond à reflets bleu verdàtre, le devant du cou d'un brun noir, et séparé du noirde l'occiput par une large bande blanche; les rémiges et les rectrices noires, le vertex marqué d'un espace presque nu et rouge; le bec noir verdàtre, l'iris rouge brun, les pieds noirâtres. Sa taille est d'environ i™,3o à i'",4o. Le mâle et la femelle portent la même livrée. Habitat. — La Grue cendrée habite l'Europe et l'Asie dans leurs zones tem- pérées, et le nord de l'Afrique. Elle est de passage en France dans le Centre, l'Est et le Midi. Mœurs. — On peut dire avec Brehm, que c'est un des Oiseaux les plus gra- cieux, et en même temps les plus prudents et les mieux doués. Tous ses mouvements sont élégants, toutes ses allures sont intéressantes au plus haut degré. Ce grand Oiseau bien conformé, agile, aux sens bien déve- loppés, parfaitement intelligent, a conscience de ses qualités et il le montre dans tous ses actes. Il s'en va à pas légers, mais mesurés, tranquillement, dignement ; ce n'est que lorsqu'il y est forcé qu'il se hâte et qu'il court; c'est sans effort qu'il s'élève du sol, après avoir fait un ou deux bonds; en quelques coups de ses puissantes ailes, il gagne une hauteur suffisante, puis, le cou et les pattes étendus, il continue son vol tranquillement, mais rapidement, vers le but qu'il s'est proposé d'atteindre. Cependant, ce même Oiseau, à certains moments, se livre à des exercices récréatifs il saute de joie, il prend les postures les plus singulières, il ouvre les ailes, il danse, ou bien il s'envole et décrit des cercles superbes. » Néanmoins, même dans ces évolutions excentriques, la Grue n'est jamais grotesque. Une de ses qualités les plus remarquables est la prudence, et cette qualité se manifeste d'autant plus que l'Oiseau est plus âgé. Elle apprend plus rapidement que tous les autres Échassiers à juger des choses, et dirige en conséquence sa manière de vivre. Elle n'est pas craintive, mais prudente au plus haut degré; aussi est-il fort difficile de la surprendre. Seule, elle veille sans cesse à sa sûreté; réunie à ses semblables, elle pose tou- [244] LES GRUES. 24 jours des sentinelles, qui ont à veiller au salut commun; a-t-elle été dérangée d'un endroit, elle }' envoie des éclaireurs avant d'y retourner. La Grue cendrée vit en bons rapports avec ses congénères, et même avec les autres Echassiers; ce! n'est cependant qu'avec les espèces les plus voisines [qu'elle contracte réellement amitié. Quant à celles qui lui sont inférieures, elle cherche à leur faire sentir sa suprématie. Elle semble avoir besoin de société, mais cette société, elle la choisit. Elle voue à sa compagne une fidélité inébranlable; elle a pour ses petits la plus grande tendresse; elle témoigne à ses congénères une certaine estime. Cepen- dant, il arrive que des Grues se mettent en colère, se combattent avec fureur, non seulement à l'époque des amours, mais encore pendant les vo3'ages, à l'occasion de leurs autres réunions. On a vu plusieurs Grues fondre sur une de leurs compagnes, la maltraiter à coups de bec et la mettre dans l'impossibilité de continuer sa route. La Grue^^cendrée a une nourriture très va- riée elle mange des céréales, des fruits, des 'Vers, des Insectes de divers ordres, des Gre- nouilles, des Reptiles et autres petits ani- maux. Dans les régions cultivées, elle produit parfois'des dégâts importants lorsqu'elle s'abat sur les moissons. Les migrations des Grues ont toujours lieu à des époques fixes; elles se font du nord au midi et du midi au nord. Ces Oiseaux voyagent en troupes nombreuses, disposées sur deux lignes formant un triangle, de façon à fendre l'air plus facilement; chaque individu de la bande occupe à tour de rôle le sommet du triangle, puis se place au dernier rang dès qu'il est fatigué. Ce qui a trait aux voyages de la Grue cendrée a été fort bien observé et décrit par Brehm. D'après mes observations, dit cet auteur, les Grues arrivent par bandes dans le Soudan, au mois d'octobre,'^et y fréquentent les grands bancs de sable qui émergent au milieu des fleuves. C'est aussi sur ces lies qu'elles demeurent pendant tout l'hiver elles ne les quittent que quand celles-ci se transforment en presqu'îles. Aux Indes, elles apparaissent à la même époque, et se fixent dans les localités analogues. On les voit traversant nos contrées au commencement d'octobre et a la fin de mars; elles volent dans les hautes régions de l'atmosphère en bandes nombreuses, toujours disposées en coin ; de temps à autre seule- Grue cendrée. PI. XLlll. — La Grue de Mandchourie Texie. p. 246. 25 LES GRUES. [245] ment, elles décrivent des cercles desordonnés, et s'abattent sur le sol pour y manger, mais elles ne s'arrêtent jamais longtemps. Elles poursuivent leur route le plus rapidement qu'elles peuvent. Ces bandes suivent invariablement, toutes les années, une direction déterminée ; c'est la route ordinaire de tous les Oiseaux migrateurs, et il faut des circonstances extraordinaires pour les en faire dévier. Ainsi, mon père vit une bande de Grues attirée par l'incendie du village d'Ernstroda, en Thuringe, tournoyer longtemps au-dessus des flammes. Les cris perçants de ces Oiseaux dominaient encore les cris des travailleurs, les gémissements des incendiés, les mugissements des bestiaux, le crépitement des flammes, le bruit des bâtiments qui s'écroulaient. » Les Grues voyagent à toute heure du jour, on les voit traversant l'air du lever au coucher du soleil, on les entend à tous les instants de la nuit. Lorsqu'elles se dirigent vers le nord, elles s'assemblent à certains endroits, sur les îlots, au bord des côtes notamment, et elles partent de là en commun pour traverser la mer. Avant d'entreprendre leur voyage vers le sud, elles se réunissent comme les Cigognes dans des localités déterminées, d'où elles partent toutes un jour, prenant leur vol en poussant de grands cris. Lorsqu'on voyage le long d'un des fleuves du Soudan oriental, à l'époque de leur arrivée, on les voit, on entend leurs cris perçants jour et nuit. Parvenues aux lieux où elles doivent passer l'hiver, elles s'abattent, rasent le sol, cherchent une ile qui leur convienne et dont une autre bande n'ait pas encore pris possession. Tout le temps qu'elles séjournent dans les pays étrangers, elles vivent en bandes nombreuses et admettent parfois dans leur compagnie des espèces voi- sines, par exemple, en Afrique, des Anthropoïdes demoiselles; aux Indes, des Grues tutigones; des Grues leucogéranes et des Grues neigeuses à Siam et dans le sud de la Chine. Tous les matins, elles s'en vont dans les champs pour y chercher leur nourriture, retournent après à leurs îles, y passent le jour et la nuit, s'y livrent à divers jeux, nettoient et lissent leur plumage, soin que rend nécessaire la mue qui se fait continuellement. C'est par bandes qu'elles s'en vont, c'est par bandes encore qu'elles revien- nent dans leur patrie; mais là, elles se séparent en petites troupes, qui elles- mêmes se divisent en couples, et chaque couple cherche un lieu convenable pour se reproduire, lieu bien différent de celui que ces Oiseaux habitent dans leurs quartiers d'hiver. Aux Indes et dans le Soudan, la Grue cendrée est un Oiseau de rivage; dans le nord de l'Europe et de l'Asie, c'est un Oiseau de marais. Elle gagne les grands marécages des plaines, surtout les tundras, et dans les marais où elle s'établit, elle recherche les endroits couverts de joncs et de graminées, d'où elle peut découvrir un vaste horizon, où par conséquent, elle se sent le plus en sûreté. Ce sont là ses pâturages, c'est de là qu'elle part pour aller dans les champs où elle prélève ses impôts. Elle n'aime pas les marais où croissent beaucoup de buissons, des roseaux élevés, à moins toutefois qu'ils ne soient assez étendus pour qu'elle n'ait pas à y redouter la visite de l'homme. A peine arrivé dans sa patrie, chaque couple de Grues prend possession de l'étang où il veut nicher, et ne souflVe aucun autre couple dans un certain >43] LES GRUES. 26 espace. Il laisse passer sans s'en inquiéter ceux qui se dirigent vers les con- trées plus septentrionales, et se borne à les saluer de cris perçants. Lorsque les marais verdissent, que les buissons se couvrent de feuilles, les Grues commencent à construire leurs nids. Elles apportent des branches sèches sur quelque petit ilôt de gazon, sur un buisson peu élevé, ou sur quelque autre endroit analogue; sur ces branches, elles déposent sans trop d'art, une plus ou moins grande quantité de chaumes, de feuilles sèches, d'herbes, de joncs, et exca- vent légèrement le milieu de cette construction. La femelle 3' pond des œufs grands, allongés, à coquille épaisse, à grain grossier, presque ternes, de couleur gris vert, brunâtre, ou vert clair, et marqués de taches grises et rougeàtres, sur lesquelles se montrent d'autres taches d'un brun rouge et d'un brun foncé. Les deux parents les couvent alternativement. Tous deux défendent leur progéniture contre les ennemis qui la menacent, lorsque celui qui ne couve pas et qui monte la garde aux environs du nid ne peut suffire seul à cette défense. Chez les Grues captives qui couvent, on peut voir avec quelle fureur celle qui est en sentinelle fond sur tout animal qui s'approche du nid, sur l'homme lui- même, quelque habituée qu'elle soit à sa présence. En liberté, par contre, même lorsqu'elles couvent, elles fuient l'homme, qui est pour elles le plus dangereux ennemi. » Les Grues cendrées ne trahissent jamais l'emplacement de leur nid ; elles possèdent, au contraire, au plus haut point l'art de le cacher, de le dérober aux regards. Non seulement elles l'établissent dans des endroits peu accessibles, au milieu des joncs et des hautes herbes, mais quand elles doivent y entrer ou en sortir, elles le font avec d'infinies précautions, ne se montrant à découvert qu'à une distance assez grande du point où reposent leurs œufs. A ces précautions, leur vient aussi en aide la couleur de leur plumage durant la période de l'incubation. On a remarqué en elTet que les Grues, en cette saison, salissent leurs belles plumes, en les lissant avec leur bec enduit du limon ferrugineux des marais, de sorte qu'elles prennent la teinte du milieu environnant. Il ne faut sans doute voir là qu'un cas de mimétisme occasionnel mais qui néanmoins peut être d'une réelle utilité pour cet Oiseau. Chasse. - — L'excessive prudence de la Grue rend sa chasse très difficile. On ne peut tuer cet Oiseau qu'à l'affiàt. Sa chair n'a d'ailleurs pas un goût bien agréable. Captivité. — La Grue, prise eune, s'apprivoise facilement et s'accommode volontiers du régime le plus simple. Elle mange avec plaisir des pois, des fèves, du pain, des pommes de terre, des fruits, mais ne dédaii;ne pas non plus la viande. Elle s'attache très vite à son maitre, et à la maison où elle a été élevée. LA GRUE DE MANDCHOURIE * {G>-iis viridirostris. — Caractères. — Cette belle espèce se distingue de la Grue cendrée par son plumage, où la couleur gris cendré est remplacée par une teinte d'un blanc pur. PI. XLIIl. — La Grue de Mandchourie Planche, p. 244. 27 LES anthropoïdes. [247] Habitat. — Mœurs. — Elle est originaire du nord de la Chine. Ses mœurs sont exactement les mêmes que celles de sa congénère la Grue cendrée. ha Grve A'STiGoyE [Grus autigotie et la Grue leucogérane sont deux espèces asiatiques dont les mœurs ne présentent pas de particularité spéciale. LES ANTHROPOÏDES Caractères, — Les Grues du genre Anthropoïde se distinguent des autres par leur bec arrondi, à peine plus long que la tête; leur tête ornée de chaque côté et en arrière de deux touffes de longues plumes effilées; leur jabot garni aussi d'une touffe de plumes, leurs couvertures alaires très allongées, pointues, dépassant la queue. L'ANTHROPOÏDE DEMOISELLE, OU DEMOISELLE DE NUMIDIE [Anthro- poides virgo. — Caractères, — La taille de l'Anthropoïde demoiselle est à peine de un mètre, environ. Son plumage est d'un gris bleuâtre, avec les joues, le devant du cou, d'un noir lustré; les rémiges d'un noir profond, les touffes de plumes des côtés de la tête d'un blanc éclatant. L'iris est rouge ; le bec noir verdàtre à la base, jaune clair à la pointe; les pieds d'un brun noirâtre. Habitat. — Elle habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique, mais elle est surtout abondante dans la Russie méridionale, la Grèce, la Turquie, et de passage dans un grand nombre d'autres parties de l'Europe. Mœurs. — L'Anthropoïde demoiselle paraît préférer les grandes plaines, les steppes, aux régions marécageuses. Ses mœurs, ses habitudes sont celles de la Grue cendrée, mais elle est encore plus gracieuse, plus élégante, et c'est ce qui lui a valu son nom de Demoiselle. Ses facultés sont au moins aussi développées que celles de ses congénères. Elle met une extrême prudence dans le choix de ses lieux de repos; lorsqu'une bande doit s'ébattre en un point déterminé, toujours quelques éclaireurs la précèdent. A l'époque des amours, elle se livre à des jeux, des danses, des évolutions curieuses dont le récit pourrait passer pour fabuleux s'il n'avait été rapporté par des naturalistes dignes de foi, tels que Nordmann, cité par Degland. C'est le soir et le matin que les Demoiselles s'adonnent de préférence à ces exercices; elles choisissent, à cet effet, un endroit convenable, très nivelé, sur le bord d'un ruisseau. Là, placées en cercle sur un ou plusieurs rangs, elles sautent et dansent d'une manière burlesque les unes autour des autres, s'avan- cent l'une vers l'autre, s'arrêtent, et se retournent en tenant le cou tendu, baissé ou relevé, et les ailes déployées; pendant ce temps, d'autres se disputent le prix de vitesse ; elles courent dans une direction sans but appréciable, retournent à leur place à pas lents et mesurés, et toute la bande pousse alors des cris, et témoigne sa joie par des sortes de salutations, par des gestes et des mouvements mimiques des plus bizarres. [248] LES GRUES. 28 L'Anthropoïde demoiselle recherche, pour nicher, les endroits tranquilles des steppes. Elle construit son nid sur un sol bien asséché, à l'aide d'herbes et de petites branches. La ponte est de deux ceufs à peu près semblables à ceux de la Grue cendrée. 'lM*i- A ' \ - L'Anthropoïde demoiselle. Les deux parents les couvent alternativement et, plus tard, ils défendent coura- geusement leur progéniture contre tout ennemi. Captivité. — L'Anthropoïde demoiselle s'apprivoise avec une très grande faci- lité. Elle est recherchée dans certains pays, comme Oiseau de basse-cour, non seulement pour la beauté et l'élégance de ses formes, mais pour ses qualités de gardienne, qui peuvent être comparées à celles de l'Agami. 29 LES BALÉARIQUES. [2^0] LES BALÉARIQUES Les Baléariques ou Grues couronnées ont les formes générales des Grues précédentes, mais elles s'en distinguent par de nombreux caractères. Caractères. — Elles ont le bec de la longueur de la tête, à mandibule supé- rieure déprimée à la base, puis légèrement courbée à l'extrémité ; les narines petites, ovales, percées obliquement; les ailes allongées, sub-obtuses; la queue courte, tronquée; les tarses minces, élevés, complètement réticulés, ainsi que la partie nue des jambes; leur front proéminent, couvert de plumes veloutées ; la tête ornée en arrière d'un faisceau de plumes filiformes contournées en spirale ; le cou garni de plumes longues, lancéolées; les joues et la gorge nues. LA BALÉARIQUE PAVONINE * [Balearica pavonina. — Caractères. — La Baléarique pavonine a le front et le dessus de la tête couverts d'un duvet noir et velouté, l'occiput orné d'une touffe de plumes filiformes, spiralées, d'un jaune d'or, le cou et le corps d'un cendré clair brunâtre, les plumes du bas du cou et de la poitrine longues, étroites, pointues; les côtés de la tête garnis d'une peau nue, blanche dans la région de la tempe, rouge vif sur les joues, et se termi- nant sous la gorge par un fanon également d'un rouge vif; les couvertures supérieures des ailes blanches; les rémiges primaires et les rectrices noires ; les secondaires d'un brun marron, et s'étendant jusqu'à l'extrémité des rémiges primaires et de la queue; l'iris blanc, le bec et les pieds noirâtres. Sa taille est d'environ un mètre. La femelle ne diffère guère du mâle que par sa taille moindre. Habitat. — La Baléarique pavonine était connue des anciens sous le nom de Gt^iie des Baléares, parce qu'elle habitait jadis ces îles, mais aujourd'hui son habitat est limité à l'Afrique septentrionale et occidentale. Elle est remplacée dans le centre et le sud de l'Afrique par une espèce très voisine. Mœurs. — Elle fréquente les rives des lleuves couvertes de buissons, les forêts clairsemées. Pendant la saison des pluies, elle vit par paires ; le reste de l'année, on la rencontre en bandes plus ou moins considérables qui, chaque jour, viennent sur les bancs de sable des fleuves pour s'y abreuver. Elle se mêle parfois avec les Anthropoïdes demoiselles qui habitent les mêmes contrées, mais sans jamais se lier intimement avec elles. Ses moeurs sont douces, sociables. A l'époque des amours, elle exécute des danses singulières analogues à celles qui ont été décrites à propos de l'Anthro- poïde demoiselle, mais l'originalité de ces évolutions est encore rehaussée par la brillante livrée de cet Oiseau, et la grâce de ses allures. La Baléarique pavonine se nourrit principalement de graines, mais elle mange aussi des fruits, des bourgeons, des Insectes, exceptionnellement des coquil- lages et des petits Poissons. "i PI. — La Baléarique pavonine Planclie, p. 252l [250] LES GRUES. 30 Elle niche habituellement sur le sol, mais certains auteurs croient pouvoir affirmer qu'elle fait aussi son nid dans les arbres. Ses œufs, au nombre de deux, sont d'un brun olivâtre foncé ou jaunâtre, marqués de taches oblongues, les unes profondes, roussâtres ou d'un gris vineux, les autres superficielles, d'un brun roux, souvent confluentes au gros bout. Chasse. — La chasse de la Baléarique pavonine est encore plus difficile que celle des autres Grues, en raison de son caractère prudent et défiant. On ne peut guère tirer cet Oiseau que dans un affût bien disposé à cet effet dans un endroit qu'il fréquente habituellement. Captivité. — En captivité, la Baléarique pavonine se fait remarquer par sa douceur et sa familiarité. Elle semble aimeret rechercher la société de l'homme. On la voit fréquemment dans les Jardins zoologiques, suivre d'une allure grave et mesurée les promeneurs qui passent près d'elle. Quand elle nage, on la voit remuer ses pattes avec une telle vitesse que, malgré l'absence totale de palmatures, elle glisse rapidement à la surface de l'eau. Tout en nageant, elle regarde de tous les côtés et elle baisse la tète à chaque coup de patte. De temps à autre elle s'arrête, se pose sur quelque branche, sur une tige de roseau, de préférence sur un morceau de bois flottant; elle nettoie son plumage, l'oint de matière grasse, se remet à nager ou s'en va dans les roseaux et dans les herbes, pour les fouiller. L'étroitesse de son corps, la longueur de ses doigts lui sont alors d'un grand secours. Elle peut, grâce à ses formes sveltes, se glisser au milieu des fourrés les plus serrés grâce à l'étendue de ses doigts, elle peut courir très facilement sur des surfaces recou- vertes à peine d'une mince couche d'herbes ou de joncs ; ses doigts couvrent une telle surface, qu'elle se soutient là où d'autres Oiseaux enfonceraient; ils lui servent aussi à grimper aisément le long des roseaux. D'une seule patte, elle peut embrasser plusieurs tiges, et monter et descendre ainsi sans danger. Sur le sol ferme, elle marche facilement, rapidement, à grands pas. Lorsqu'elle est chassée, elle court aussi vite que le Chien qui la poursuit. Souvent, on la voit s'avancer assez loin sur la surface de l'eau recouverte de quelques feuilles, puis s'envoler. Elle plonge admirablement, et lorsqu'un danger la menace, elle dis- paraît subitement sous l'eau. A l'aide de ses ailes, elle nage rapidement entre deux eaux, sort de temps à autre le bec pour respirer, et continue ainsi sa fuite. Elle vole péniblement, lentement, en ligne droite, en rasant d'ordinaire la sur- face de l'eau, avec le cou et les pattes étendues. Ce n'est que quand elle a atteint une certaine hauteur que son vol devient plus facile. Brehm n'est pas le seul à avoir été victime d'aventures du genre de celles-ci Nous chassions un jour une Poule d'eau, dit-il, qui disparut subitement. Je savais où elle s'était cachée, mais ce ne fut qu'après de longues recherches que je l'aperçus, tapie contre la rive, de telle façon qu'on n'entrevoyait que le rouge de son bec. Elle était à un endroit où l'on n'aurait pas cru qu'un petit Passereau pût se cacher. Une autre fois, je tirai une Poule d'eau dans un petit étang où ne pous- saient que quelques touffes d'herbes, et qui n'avait pas douze pas de diamètre 31 LES BALÉARIQUES. [251] elle disparut. Nous fîmes à plusieurs reprises fouiller Tétang par un bon Chien de chasse, mais en vain. Un des chasseurs se déshabilla, entra dans l'eau, explora le fond et la surface et ne put trouver trace de l'Oiseau. Une autre Poule d'eau que je tirai plongea immédiatement et ne reparut plus. Un de mes amis chercha une perche, en frappa l'eau partout où l'Oiseau pouvait être; celui-ci reparut et on le tua. Une autre encore, qui disparut de la même façon, fut après de longues recherches trouvée au fond de l'eau, cram- ponnée à des herbes ; nous pûmes la prendre avec la main. » Un observateur méticuleux, Lescuyer, en a donné la description suivante, en faisant remarquer que la Poule d'eau, de même que la Morelle, ne dispose pas ses matériaux au hasard Pour en composer le fond, dit-il, les parois et la garniture intérieure, elle cherche et arrache au besoin des feuilles de jonc. Etant moins lourde que la Morelle, elle ne se croit pas obligée d'en réunir les tiges pour les fondations. Elle cherche ordinairement, dans des eaux peu profondes, une touffe de joncs bien enracinés et offrant beaucoup de résistance. Au milieu de cette toutfe, elle emboite ses premiers et plus gros matériaux. Ensuite, elle place et plaque les unes sur les autres, des feuilles de joncs et d'arbres. En les mouillant et en les pressant, elle obtient une certaine adhérence. Les feuilles de jonc composant les parois sont croisées et contournées de manière à donner toute la solidité désirable. Les plus minces et les plus souples sont naturellement réservées pour l'intérieur. Ce nid, construit sur pilotis, comme celui de la Morelle, se trouve ainsi fixé au sol et ne bouge pas plus que la touffe de joncs avec laquelle il fait corps. Une fois seulement, j'ai vu une Poule d'eau établir son nid autrement qu'à l'ordinaire. On venait de lui détruire celui qu'elle avait fixé dans des joncs. Alors l'idée lui vint d'en faire un second sous un vieux tronc de saule qui de la chaussée de l'étang était incliné au-dessus de l'eau. Il est bon de faire remarquer que les nids de Morelle et de Poule d'eau ne sont faits que pour la période de la ponte et de l'incubation. A peine éclos, les petits vont à l'eau. Plusieurs fois j'ai pris dans ma main des œufs qui s'agi- taient ; les petits faisaient de nouveaux efforts, ouvraient la coquille, se sauvaient, s'élançaient à l'eau, se mettaient à nager et même à plonger. Ils étaient alors d'autant plus intéressants, qu'ils ont l'avant de la tête orné de plumes d'un rouge vif. » Les jeunes, dit Brchm, nagent à côté de leurs parents, ou derrière eux, et sont attentifs à tous leurs mouvements; ceux-ci ont-ils pris quelque Ver ou quelque Insecte, ils accourent rapidement pour le recevoir. Au bout de peu de jours, ils sont capables de chercher eux-mêmes leur nourriture, et les parents se contentent de les conduire, de les avertir, de les protéger. Au premier signal, ils disparaissent en un clin d'oeil. Après quelques semaines, ils se suffisent à eux-mêmes. Les parents se préparent alors à faire une seconde couvée. » Celle-ci a-t-elle également réussi, le spectacle devient encore plus attrayant. Au moment où les jeunes de la seconde ponte arrivent sur l'eau, dit Nau- [252] LES GRUES. 32 mann, ceux de la première, à demi adultes maintenant, accourent, les reçoivent avec amitié, leur prêtent secours, les guident. Grands et petits, jeunes et vieux, ces Oiseaux ne font tous qu'un cœur et qu'une âme, si j'ose m'exprimer ainsi. Les aînées font avec leurs parents l'éducation de leurs jeunes sœurs elles leur témoignent amour et sollicitude, leur cherchent des aliments, les leur apportent dans leur bec, les déposent devant elles, tout comme les parents l'ont fait autre- fois pour elles-mêmes. » PI. XLIV. — La Baléarique pavonine Texte, p. 249. ^*?wi**- r uL Les Hérons ou Ardéidés Caractères. — Les Ardéidés sont de grands Échassiers ayant un corps mince, comprimé latéralement, un cou long et grêle, une tète petite, aplatie, un bec long et droit, profondément fendu, des ailes bien développées; une queue courte et arrondie; des tarses élevés, des doigts longs et déliés, l'ongle du doigt médian dilaté et pectine sur son bord interne, le pouce long, articulé dans le prolongement du doigt externe, cette dernière particularité facilitant à ces Oiseaux la faculté de percher. Leur plumage est mou, lâche, à teintes variées; il est agrémenté chez les adultes de divers ornements qui disparaissent après la saison des amours. Habitat. — Cette famille, très riche en espèces, est représentée dans toutes les parties de la terre à l'exception des zones arctiques. Mœurs. — Tous les Ardéidés fréquentent le bord des eaux; les uns se tien- nent sur les rivages maritimes, d'autres près des lacs, des rivières et des étangs. Leur nourriture est exclusivement animale; elle consiste en Insectes, Mollus- ques, Vers, Crustacés, Poissons, petits Oiseaux et petits Mammifères. Ils sont d'un naturel triste, indolent, marchent gravement et lentement. Ils prennent parfois, pour se reposer, les postures les plus singulières, le cou replié, la tête cachée entre les épaules. La plupart ont des habitudes semi-nocturnes. Tous sont migrateurs ou errants. Les uns vivent solitaires, d'autres en petites troupes, mais à l'époque des migrations, ils s'assemblent souvent en bandes immenses. Ils nichent sur les arbres ou dans les roseaux. Leurs œufs, dont le nombre varie de trois à six, ont une couleur uniforme. Les jeunes, une fois éclos, ont encore longtemps besoin de leurs parents avant de prendre leur essor définitif. PI. XLV. — Le Héron cendré Texte, page 254. La vie des animaux illustrée. 1 » • '9 [254] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 2 Nous allons étudier successivement les différents genres de cette famille, c'est-à-dire les Hérons proprement dits, les Aigrettes, les Garde-Bœufs, les Cra- bicrs, les lîlongios, les Butors, les Bihoreaux. LES HERONS Caractères. — Les Hérons sont caractérisés par un bec beaucoup plus long que la tête, régulièrement conique, plus haut que large des sillons nasaux larges et profonds; des ailes sub-obtuses, une queue médiocre des jambes emplumées sur la moitié de leur longueur; des tarses longs, épais, scutellés en avant, réticulés en arrière; le doigt médian, d'un tiers moins long que le tarse, uni à l'interne par un repli membraneux, et à l'externe par une large membrane se prolongeant sur les côtés des doigts; un cou long et grêle, com- plètement emplumé. Le gris et le cendré disposés par grandes taches sont les couleurs dominantes du plumage. Les plumes de l'occiput, sont, chez les mâles, effilées, allongées en une huppe pendante, celles du jabot forment un fanon en avant du cou; les scapulaires sont allongées, étroites, décomposées. LE HÉRON CEJ^DRÉ {' {A?-dea ciuerea. — Caractères.— La taille du Héron cendré est de i^jOÔ à i",i5. Son plumage est très varié, mais une description sommaire permet cependant de s'en faire une idée assez exacte le front, le sommet de la tête, le cou, le bord des ailes, le milieu du ventre et les cuisses sont d'un blanc pur; le dos et les ailes d'un cendré bleuâtre; une ligne allant de l'œil à l'occiput et se continuant sur une huppe de longues plumes effilées, trois rangées de taches en avant du cou et les rémiges primaires, d'un noir pur; une cravate de longues plumes effilées pendant au-devant du cuu, d'un blanc lustré; le bec et l'iris jaune; les pieds brunâtres lavés de jaunâtre. Habitat. — Le Héron cendré habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique. En France, on le rencontre toute l'année dans le Languedoc, le Roussillon, à l'embouchure du Rhône. Il séjourne de mars à septembre ou octobre, dans le nord de la France, la Hollande, quelques contrées de l'Allemagne, le sud de la Russie, la Suisse, l'Italie. Mœurs. — Le Héron cendré est un Oiseau triste, solitaire, méfiant, très craintif. Cependant, dans certaines héronnières où il est protégé, il perd de sa sauva- gerie naturelle et s'enfuit à peine à l'approche de l'homme. Il se tient sur les rives des étangs, des lacs, des ruisseaux, parfois au bord de la mer, mais toujours dans les endroits où l'eau est peu profonde. Sa vie entière se passe à pêcher des Poissons et divers animaux aquatiques. Aucun régime animal n'est plus varié que le sien ; outre les Poissons qui constituent la base de ce régime, le Héron mange aussi des Mollusques d'eau ' PI. XLV. — Le Héron cendré Planche, page 253. 3 LES HÉRONS. [255] douce et marins, des Insectes, des Grenouilles, des Lézards, des Limaces, des Rats d'eau, etc. On le voit marcher dans l'eau à pas lents, silencieux, le cou Héchi, le bec incliné en avant. Une proie se montre-t-elle, le cou se détend comme un res- sort, et en un clin d'œil, elle est happée et avalée. Mais le plus souvent, le Héron reste immobile à la même place durant des ournées entières, debout sur une seule patte, le cou replié, la tête enfoncée entre les épaules, attendant philosophiquement que ses proies ordinaires passent à bonne portée. La voix de cet Oiseau est un cri rauque que l'on peut traduire par les sjilabes krat'ik. Les Hérons nichent en véritables colonies sur les arbres élevés, qui bordent certains étangs. Ces lieux de rassemblement s'appellent des héronnieres. Très nombreuses au moyen âge, lorsque la chasse au Faucon était en honneur, ces héronnieres tendent à disparaître de plus en plus devant le déboisement des marais. On ne cite plus aujourd'hui que pour mémoire celles des environs de Fontainebleau, si célèbres au temps de François I", et dans toute la France, à peine en subsiste-t-il deux ou trois, dont la plus importante est celle du parc d'Ecury Marne près des marais de ChampigneuUes ; Lescuyer nous en a laissé une étude très complète dont nous extrayons quelques passages Les arbres sur lesquels elle était établie étant morts , les nids furent reconstruits à loo mètres plus au nord, c'est là que je les ai trouvés en i865. Ils étaient placés sur des aunes et des frênes, hauts de i6 à 19 mètres, généra- lement sans branches jusqu'à la hauteur de 8 à 10 mètres, d'une écorce lisse et difficile pour les Grimpeurs, ayant le pied dans l'eau et la vase. De la sorte, les nids sont non seulement d'un accès diflicile pour les dénicheurs, mais encore inaccessibles aux Ecureuils, Fouines, Martres. En 1871, M. le comte de Sainte-Suzanne a creusé un petit canal pour assainir ces terrains marécageux. Depuis lors, des Fouines et des Martres ont visité les nids et ont surtout pris des œufs. Les taillis et quelques arbres ayant été coupés en 1872, près de la héron- nière du côté du château, un certain nombre de nids ont été reportés dans la direction opposée. En 187?, une dizaine de ces nids s'avançaient presque à l'extrémité du bois, c'est-à-dire de 80 à 180 mètres en avant des autres, et à i5o mètres environ d'une ferme. Le groupement de ces nids, comme d'autres faits que nous avons signalés et que nous signalerons, donne à penser que les Hérons se sont préoccupés du moyen de protéger leurs nichées contre leurs ennemis de l'air, aussi bien que contre ceux de la terre. En effet, l'enceinte de la héronnière affecte la forme d'un ovale ayant pour grand diamètre, du nord au midi i 10 mètres, et du levant au couchant, 90 mètres. Au centre de l'ovale et en raison de la profondeur du marais, il y a très peu d'arbres, et par suite très peu de nids, en sorte que presque tous les nids for- ment pour la héronnière une imposante ceinture. De quelque côté que viennent les Oiseaux de proie et les Corbeaux, ils se trouvent en face d'une ligne de [256] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 4 Hérons, et ils trouvent dans le nombre, les tourbillonnements et les cris de ces Oiseaux, de véritables épouvantails qui suffisent le plus souvent pour effrayer et éloigner les agresseurs. En iS63, j'ai trouvé au sud-est de la héronnière, sur le même arbre, douze nids contenant douze œufs et vingt-huit petits, total quarante. Si l'on y ajoute les pères et mères de ces douze nids, on a, pour cet arbre, soixante-quatre individus. Comme on le voit, les Hérons aiment à vivre en société et non isolément, comme la plupart des autres Oiseaux. Ils sont souvent si rapprochés que d'un seul point j'en ai touché quatre et vu les œufs et les petits de huit autres. Ces nids sont établis dans les crochets que forment les branches à leur naissance, et composés de baguettes de bois mort, solidement enchevêtrées les unes dans les autres; celles qui servent de base à l'édifice ont environ 2 centi- mètres de diamètre ; elles sont recouvertes de brindilles sur lesquelles on trouve quelquefois de petits joncs et des végétaux herbacés. Je n'ai vu ni les feuilles sèches, ni les plumes, ni la mousse mentionnées par quelques auteurs, comme faisant partie de l'ameublement que le Héron prépare pour ses petits. Il est à remarquer que ces nids, au lieu d'être appuyés contre le tronc d'un arbre ou contre quelques grosses branches comme ceux de Buse, de Bondrée ou de Milan, sont le plus souvent perchés sur les extrémités des cimes. Cet emplacement le plus rapproché de l'espace libre, permet à l'Oiseau de prendre son vol, quoiqu'il ait de taille i",2i5 et d'envergure i"',~6, sans compter qu'il lui offre de sérieuses garanties contre les dénicheurs de toute espèce. Il lui faut d'autant mieux calculer la force de résistance qu'il trouvera dans les matériaux qu'il emploie et dans les branches qui doivent les porter et les contenir, Toutes ces constructions sont en forme de coupe, c'estii-dire plus ou moins demi-sphériques et creuses. A l'époque de mes visites, beaucoup étaient aplaties, parce que les jeunes et les pères et mères s'étaient maintes fois posés sur les bords. Pour se renseigner sur les proportions de ces nids, il faut mesurer ceux qui contiennent des œufs. Ils ont, en général, en hauteur de o"',3o à i mètre, en largeur de o^.-^o à I mètre; et pour la cuvette, en profondeur de o'",o5 à o'",22, en largeur de o-^.So à o'",4o. a. — Caractères. — L'Aigrette blanche est de la taille du Héron cendré. Tout son plumage est d'un blanc pur éclatant, l'iris jaune brillant; la partie nue des paupières verdàtre, le bec noir, les pieds brun verdàtre. Habitat. — Elle habite le sud-est de l'Europe et le nord de l'Afrique. Elle est de passage dans quelques localités de l'est et du midi de la France. Mœurs. — Comme le Héron cendré, l'Aigrette blanche habite les pièces et les cours d'eau de toute espèce; elle préfère surtout les marais étendus, et, dans ceux-ci, les lieux les plus tranquilles, où elle est le moins exposée à se trouver en contact avec l'homme. Par ses allures, elle diffère peu des Hérons, mais elle est plus gracieuse. L'Aigrette blanche niche sur les arbres ou dans les roseaux, suivant les localités. L'AIQRETTE GARZETTE {Eg-rella Gar-^etla.— L'Aigrette garzette a aussi un plumage entièrement blanc, mais sa taille n'est guère que de o°',55 à o^jôo. Habitat. — Elle habite particulièrement les contrées méridionales de l'Eu- rope, l'Afrique, l'Asie jusqu'au Japon, l'Australie. Mœurs. — Elle niche en colonies dans les marais, parmi les joncs et lesroseaux. Ses mœurs ne diffèrent pas de celles des Hérons. Utilité. — Les longues plumes fines et soyeuses des Aigrettes ont toujours été l'objet d'un commerce important. Elles servaient jadis à composer les superbes panaches de nos preux chevaliers; aujourd'hui leur usage est très répandu dans la mode. 7 LES GARDE-BŒUFS. [259] Aussi le nombre des Aigrettes diminue-t-il de jour en jour, devant les chasses sans merci qu'on leur fait dans tous les pays qu'elles habitent. Il } aurait donc un grand intérêt à élever ces Oiseaux en domesticité. Domestication. — Avoir ces volatiles sous la main, dit Ernest Olivier, pouvoir leur enlever au moment précis où elle a atteint tout son développement leur précieuse parure, nullement endommagée par l'action des pièges ou des armes à feu ; supprimer les fatigues et les frais considérables de la chasse qui, se faisant au de la chaleur dans les régions basses et marécageuses, par conséquent, malsaines, entraine avec elle tout un cortège de fièvres et de mala- dies; et, en outre, accroître chaque année par des naissances la population de sa volière, sont des résultats tentants pour un éleveur intelligent qui comprendra qu'une large rémunération est attachée à la réussite d'une telle entreprise et qui n'hésitera pas à avancer quelques capitaux qu'il retrouvera rapidement avec un bénéfice considérable. » Le même auteur donne la description d'un parc à Aigrettes, qu'il visita en Tunisie. Nous en extrayons le passage suivant, reproduit aussi par J. Forest dans un article de la Revue scientifique. Un marchand naturaliste de Tunis a acheté à une petite distance de la ville un terrain clos de murs où l'eau peut être amenée en quantité plus que suffisante. Dans ce terrain, il a fait entourer et recouvrir d'un grillage une superficie de 540 mètres carrés où se trouvaient quelques gros figuiers et tamaris. Puis il s'est procuré de jeunes Aigrettes Egrelta gar^ettci prises au nid, qui ont grandi et se sont habituées facilement à la perte de leur liberté ; l'année dernière quelques femelles ont pondu et ont mené à bien trente petits. Aujourd'hui 1 895, la volière comprend environ deux cent cinquante Oiseaux, superbes de plumage et en parfaite santé, qui se promènent et volent avec aisance dans l'espace qui leur est affecté. Ces Oiseaux sont nourris avec de la viande de Cheval ou de Mulet hachée en petits morceaux, qui leur est distribuée deux fois par jour. Les plumes précieuses du dos sont enlevées deux fois par an, en mai et septembre. Mais ce n'est que quand l'Oiseau est arrivé à l'âge de trois ans qu'elles atteignent toute leur beauté, et la première plumaison, celle de mai, est toujours la meilleure. Chaque Oiseau en fournit 7 grammes dans ses deux plumaisons de l'année, soit 35 francs par tète à 5 000 francs le kilo. » On voit par cet exemple quels immenses avantages on pourrait retirer de l'élevage des Aigrettes dans nos colonies africaines. LES GARDE-BŒUFS Caractères. — Ce genre se distingue des Hérons par des formes ramassées, un bec court et vigoureux; les Garde-Bœufs n'ont des Hérons ni le cou déme- surément long, ni les longs pieds. [2Q0] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 8 LE GARDE-BŒUF IBIS {Biibukiis Ibis. — Caractères. — Le Garde-Bœuf Ibis ou vulgairement Héron des Bœufs a, comme les Aigrettes, un plumage d'un blanc éclatant, mais le haut de la tête, la partie antérieure de la poitrine et le dos sont ornes de longues plumes "décomposées d'un roux de rouille; la partie nue des paupières, l'iris, le bec et les pieds sont jaunes. Sa taille est de o'",46 à o°',47. Habitat. — Il habite particulièrement le nord-est de l'Afrique et le nord de l'Asie. Mais il fait de fréquentes apparitions dans le midi de l'Europe. Mœurs. — Il vit en troupes nombreuses qui fréquentent indistinctement le bord des eaux et les plaines découvertes ou les grands bois. Sa nourriture se compose de petits Poissons, de Grenouilles, de Vers, de Mollusques, d'Insectes, particulièrement d'Insectes parasites des grands ani- maux. Il se perche en Afrique sur le dos des Buftles, en Asie sur les Éléphants et leur rend les mêmes services que certaines espèces d'Etourneaux, en les débarrassant des tiques fixées dans l'épaisseur de leur peau. On conçoit facilement, dit le voyageur Delegorgue, combien il est aisé de soupçonner la présence d'un Buffle, lorsqu'à travers les grandes herbes, on voit se mouvoir cette blancheur supportée à plusieurs pieds du sol. » Le Garde-Bœuf Ibis niche en colonies, dans les marécages, au milieu des roseaux; il n'est pas rare de trouver, dans une même touffe, quatre ou cinq nids à côté les uns des autres ou superposés. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, à coquille très fragile, d'un blanc verdàtre pt\le. Captivité. — En captivité, cet Oiseau s'apprivoise facilement, fait la chasse aux Mouches et aux Insectes, et se familiarise avec son maitre au point de venir chercher sa nourriture dans la main. LES CRABIERS Les Crabiers se distinguent au premier abord des autres Hérons par l'épaisse touffe de plumes allongées et pendantes qui ornent la partie postérieure de leur tête, par leurs tarses relativement élevés, et par leur bec bicolore. Ils ont aussi des habitudes un peu spéciales. LE CRABIER CHEVELU {Biiphiis conmtus. — Caractères. — Le Crabier chevelu, ou Héron crabier. a la tête ornée de longues plumes jaunâtres ravées de noir et d'une dizaine de plumes blanches bordées de noir retombant en arrière de l'occiput; le cou, le haut du dos, les scapulaires d'un roux clair, le reste du plumage blanc ; le bec bleu à la base, noir dans le reste de son étendue; l'iris, les paupières, les lorums et les pieds jaunes. Sa taille est un peu moindre que celle des Garde-Bœufs. Habitat. — Il est propre à certaines régions de l'Europe méridionale et orientale, et à l'Afrique occidentale. Mœurs — Il vit dans les marécages couverts de joncs, de roseaux, de hautes LES BLONGIOS. [261] herbes, ou sur les bords des rivières. Sa nourriture consiste surtout en petits Crabes, d'où lui est venu le nom de Crabicr, et en Insectes, Vers, Gre- nouilles, etc. 11 niche rarement sur les arbres, mais souvent dans les roseaux, en compagnie d'autres espèces. Il est peu farouche et très sociable, mais il fait preuve d'un naturel hardi et courageux lorsqu'il est attaqué. LES BLONGIOS Caractères. — Les Blongios pre'sentent des caractères intermédiaires entre les Hérons et les Butors. Us ont un bec allongé, de la longueur de la tête et finement denté à l'extrémité; des tarses médiocres, des jam- bes emplumées jusqu'à l'articulation ; des ailes lon- gues; une queue courte; un plumage coloré par grandes masses. LE BLONGIOS HMH{Ardetta minuta.— Carac- tères. — Le Blongios nain mesure environ o",35. Il a le dessus de la tête, le dos, les scapulaires, les rémiges et les rectrices d'un noir verdàtre ; les couvertures des ailes, les côtés du cou et tout le dessous du corps d'un jaune roussàtre. La femelle diffère du mâle en ce que les par- ties foncées du plumage sont d'un brun noir, et les parties claires d'un jaune pâle. Habitat. — Le Blongios nain habite pres- que toute l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Il arrive dans le nord de notre pa3's en mai, et repart en automne. Mœurs. — • H se plaît dans les marais couverts de hautes plantes maréca- geuses; de la Hollande, de la Hongrie, de la Grèce paraissent à cet effet lui convenir parfaitement. Ses habitudes sont complètement nocturnes. Il reste toute la journée caché dans les roseaux ou parmi les branches d'un arbre, immobile, et se dérobant presque entièrement à la vue. Il sait à merveille choisir des endroits dont la teinte générale s'harmonise par- te Blongios nain. faitement avec celle de son plumage. En mêmejtemps, il prend^des postures très Pi. XL\1. — Le Butor étoile Texte, page 262. [262] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 10 singulières, qui le font souvent méconnaître. Quand il est au repos, il a le cou incliné vers la terre, et paraît de très faible taille. En marchant, il tient la tête en avant et avance d'un pas rapide, en hochant continuellement la queue. Dans ces circonstances il ressemble un peu à un Râle. Son vol est assez rapide, et très vif. Il volette, au moment où il s'élève, et au momentoù il va se poser, il plane quelques instants, puis se laisse tomber. Son adresse à grimper est merveil- leuse, et il rivalise, sous ce rapport, avec tous les autres Oiseaux. Lorsqu'un danger le menace, il s'élève rapidement le long des tiges de roseaux, avec une adresse réellement surprenante. Aussi est-il très difficile de le chasser de sa retraite dont il ne sort d'ailleurs que le soir. Sa nourriture se compose principalement de petits Poissons, de Reptiles, de Vers, d'Insectes. Son nid est grossièrement construit, et cependant solide; il est fait de ro- seaux secs, de feuilles, de joncs; l'intérieur est tapissé d'herbes et de joncs. Il est ordinairement établi sur une vieille souche de roseaux, au-dessus de l'eau; plus rarement on le trouve sur le sol, et exceptionnellement à la surface de l'eau. Au commencement de juin ou au milieu de ce mois, dans les mauvaises années, les pontes sont achevées. Elles sont de trois ou de quatre, quelquefois de cinq ou six œufs, petits, à coquille mince, lisse, sans éclat et d'un blanc tirant sur le vert bleuâtre. La durée de l'incubation est de seize à dix-sept jours. Les petits, en naissant, sont couverts d'un duvet roux de rouille. Les deux parents les nourrissent, ils apportent la nourriture dans leur jabot et la rejettent au bord du nid. Si on ne les trouble pas, ils demeurent au nid jusqu'au moment de prendre leur essor; les effraye-t-on, ils s'enfuient en grimpant le long des tiges de roseaux. Les parents aiment leurs petits avec beaucoup de tendresse, et il n'est pas facile de les chasser d'auprès d'eux. LES BUTORS Caractères. — Les Butors ont des formes ramassées, un cou médiocre, un bec de la longueur de la tête, légèrement échancré et un peu Héchi à l'extré- mité de la mandibule supérieure, des ailes sub-obtuses, une queue courte des jambes complètement emplumées jusqu'à l'articulation; des tarses médiocres, plus courts que le doigt médian ; des doigts et des ongles longs et forts. Ils sont encore caractérisés par la disposition de leur plumage ; les plumes de la partie supérieure du cou sont remplacées par un fin duvet; celles du devant et des côtés sont, au contraire, longues, touffues; le reste du corps est ra3'é diagonalement de lignes foncées. Le mâle et la femelle portent la même livrée. LE BUTOR ÉTOILE * [Botiiui-iis stellaris]. — Caractères. — Le Butor étoile est un Oiseau trop facilement reconnaissable pour que son plumage mérite une •} PI. XLVl. - U- Butor étoile Planche, page 261. 11 LES BUTORS. ' [203] description détaillée. Le sommet de la tête est noir, le duvet qui recouvre le cou est roux; tout le reste du plumage est d'un roux jaunâtre clair, parsemé de taches allongées noires et brunes, disposées longitudinalement. Les taches du cou et de la poitrine forment par leur en- semble trois raies longitudi- nales régulières. Le bec est brun en dessus, jaune en des- sous; le tour des 3'eux, les pieds et l'iris d'un jaune ver- .j^*" dàtre. '\^^^^ Habitat. — Le Butor étoile habite toute l'Europe, l'Asie et le nord de l'Afrique. On le ,' trouve toute l'année dans le midi de la France, et sur quelques points de l'ouest; il n'est que de passage dans les autres régions. Mœurs. — Il fréquente exclusi- vement les lacs, les étangs, les J. marais couverts de roseaux élevés. Mieux que tous les autres Oiseaux du groupe des Hérons, il excelle dans l'art de prendre les postures les pi us singulières, affectant même parfois une physionomie des plus stupides. Brehma tracé de ses al- Itl. ÉÊIk^^^^V lures le tableau suivant ; Est-il tranquille, dit ce natu- raliste, il penche un peu son corps en avant et retire son long cou, de façon que la tête semble reposer sur la nuque ; en marchant, il lève le cou; lors- /-Ijrr'T^ qu'il est en fureur, il gonfle son plumage, hérisse les "plumes de sa nuque, ouvre le Le Butor étoile. bec et se tient prêt à attaquer. Lorsqu'il se cache pour 'éviter un danger, il s'assied sur ses tarses, et redresse son tronc, son cou, sa tête et son bec de manière que le tout forme une seule ligne, dirigée obliquement en haut; dans cette posture, il ressemble moins à un Oiseau qu'à un vieux pieu pointu, ou à une touffe de roseaux morts. Sa démarche est lente, paresseuse; il ne met qu'après réflexion un pied devant l'autre. Son vol est silencieux, mais lent et maladroit en apparence; il bat nonchalamment ses grandes et larges ailes ; ce n'est qu'au moment où l'Oiseau s'élève dans l'air, que les coups d'aile se précipitent un peu. Pour gagner une certaine hauteur, le [264] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 12 Butor décrit quelques spirales, en voletant, non en planant; lorsqu'il s'abat, il descend de la même façon jusqu'au niveau des roseaux, puis, tout à coup, il i'erme les ailes et se laisse tomber verticalement. Ce n'est que la nuit qu'il s'élève jusque dans les régions supérieures de l'atmosphère; le jour il ne fait que raser le sommet des roseaux. C'est également la nuit, pendant qu'il vole, qu'il pousse son cri d'appel, sorte de croassement rauque comme celui du Corbeau, et que l'on peut rendre par krat ou kraotih. » Pendant la saison des amours, il fait souvent entendre un cri grave qui retentit au loin, et que l'on a comparé avec plus ou moins d'exactitude au mugis- sement du Taureau. D'après certains auteurs, ce serait pour rappeler cette particularité de sa voix qu'on aurait créé le nom de Butor. Le Butor étoile se nourrit surtout de Poissons, de Grenouilles, de petits Mam- mifères qu'il capture de la même façon que le Héron. Ses habitudes sont crépusculaires et nocturnes. D'un naturel paresseux, indolent, il reste des journées entières perché sur la même branche. Il vit solitaire ou par couples. Son nid est placé au milieu des roseaux et dans un endroit bien caché, peu accessible. La structure de ce nid varie suivant les localités et les conditions du milieu. Le plus souvent, le Butor choisit, dans le fourré le plus épais, un certain nombre de roseaux, les coupe vers le milieu de façon à ce qu'en tombant et s'cnchevétrant les uns sur les autres, ils forment une sorte de plate-forme sus- pendue; puis sur cette première assise, il dispose des joncs, et les entrelace grossièrement pour former le nid proprement dit. La ponte a lieu en mai; elle est de trois ou quatre œufs d'un brun jaunâtre ou d'un roux olivâtre sans taches. La femelle couve seule pendant ce temps, le mâle la nourrit, et il la distrait par ses cris singuliers. L'incubation dure de vingt et un à vingt-trois jours. Les jeunes sont nourris quelque temps par les parents avant de prendre leur essor. Chasse. — On emplojait autrefois des Faucons dressés pour la chasse au Butor. De nos jours, on le chasse au Chien d'arrêt, mais il est souvent difficile d'approcher cet Oiseau à portée de fusil. D'ailleurs, sa chair est peu estimée à . cause du désagréable goût de marécage dont on ne peut la débarrasser. Le Butor de la baie d'Hudson {Botaiiriis Freti Hndsonis. — Cette espèce remplace dans l'Amérique septentrionale le Butor étoile de l'Europe. Elle a les mêmes mœurs que ce dernier. On l'a rencontrée quelquefois accidentellement dans le nord de l'Europe. LES BIHOREAUX Caractères. — Les Bihoreaux ont, comme les Butors, des formes ramassées, mais ils s'en distinguent par différents caractères. Us ont un bec de la longueur de la tête, épais et relativement élevé à la base, infléchi à la pointe, l'inflexion portant sur les deux mandibules, la supérieure échancrée; des ailes larges, sub- . obtuses; une queue courte, égale; des tarses aux deux tiers emplumés, réticulés 13 LES BIHOREAUX. [263] dans leur partie nue; des tarses médiocres, de la longueur du doigt médian, couverts en avant de deux rangées de plaques hexagonales, et finement réticulés en arrière et aux articulations. Ils ont aussi la partie supérieure du cou dégarnie de plumes, l'occiput orné d'une huppe de plumes filiformes, des yeux remarquablement grands. LE BIHOREAU D'EUROPE [Mj-cticorax eiiropaeus. — Caractères. — Le Bihoreau d'Europe a le dessus de la tête, le haut du dos, les épaules d'un noir à reflets verdàtres, les longues plumes de l'occiput blanches, le reste des parties supérieures du corps d'un gris cendré; toute la face inférieure du corps d'un blanc pur; le bec noir, les lorums et les pieds d'un jaune verdàtre, l'iris rouge. habitat. — L'aire de dispersion du Bihoreau est très étendue. On rencontre cet Oiseau non seulement en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique, et même en Amérique. Commun dans le midi de la France, il n'est, dans le nord, que de passage. Mœurs. — Toutes les régions marécageuses ne lui conviennent pas égale- ment bien, comme le fait remarquer Brehm, qui étudia de près cet Oiseau en Egypte. Pour que le Bihoreau d'Europe s'établisse dans une contrée, dit-il, il faut que celle-ci soit riche en arbres ; c'est sur les arbres qu'il va se reposer, c'est sur les arbres qu'il établit son nid. Des marais éloignés de toute forêt ne l'héber- gent jamais, ou seulement d'une façon tout à fait irrégulière et passagère; par contre, il se montre souvent en quantité incroyable dans des terrains bas, abon- damment arrosés et où se trouvera un seul groupe d'arbres, convenablement disposé. Il n'est pas nécessaire que la place de repos soit au voisinage d'un marais; peu importe à l'Oiseau d'avoir toutes les nuits une grande distance à franchir pour arriver à son domaine de chasse et pour en revenir. Il n'y a d'exception que pour la saison des amours, et cela est facile à comprendre Hors l'époque des amours, le Bihoreau consacre sa journée au repos et au sommeil; ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'il se met en route et en chasse ses allures diffèrent donc notablement de celles des autres Ardéidés. Les petits pas qu'il fait rendent sa démarche remarquable. Son vol s'exécute par des coups d'aile relativement rapides, souvent même précipités, mais complètement silen- cieux, et que suit un court glissement dans l'air. D'ordinaire, on voit la bande nocturne à une grande hauteur, formant un amas confus et désordonné; souvent, elle est assez nombreuse pour couvrir un quart de l'horizon. A mesure qu'elle approche des marais, elle s'abaisse de plus en plus, et avant de se poser, elle plane un instant. D'ordinaire, le Bihoreau d'Europe semble ne pas aimer les mouvements trop brusques, et cependant il est très agile et adroit; il grimpe parfaitement et se meut au milieu des branches avec autant de facilité que le Blongios. Sa voix est rauque, mais retentissante; elle rappelle le croassement du Corbeau. » Le Bihoreau d'Europe se nourrit, comme ses congénères, de petits Poissons, de Mollusques, de larves, d'Insectes. [2JG] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. l 'i Son nid est généralement placé à la bifurcation de deux, grosses branches d'un saule, aune hauteur moyenne. Il est assez grossièrement construit et res- semble un peu extérieurement à celui d'une Corneille; il est formé de branches sèches lâchement assemblées, et revêtues intérieurement de quelques feuilles et d'herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un bleu pâle verdâtre. La femelle couve seule, mais lorsque les jeunes sont éclos, les deux parents sont fort occupés à les nourrir. Il arrive même qu'ils modifient en cette période leurs habitudes, et vont pêcher même dans la journée. Peu de temps après que les jeunes ont pris leur premier essor, ils se joignent à leurs parents et aux familles voisines pour effectuer leur migration vers le midi. Captivité. — Le Bihoreau d'Europe, malgré l'existence spéciale à laquelle il est adapté, supporte facilement la captivité. Dans les Jardins zoologiques, on le conserve vivant plusieurs années de suite en le nourrissant de Poissons, mais c'est un Oiseau peu divertissant, car il dort presque toute la journée. Les Cigognes ou Ciconiidés Les Ciconiidés forment la seconde famille des Échassiers proprement dits. Caractères. — Le caractère principal des Oiseaux de cette famille est la pré- sence de membranes interdigitales larges, se prolongeant en bordures sur les côtés des doigts. Ils se font encore remarquer par leurs tarses réticulés de toutes parts, leurs doigts médiocrement allongés, le pouce court, articulé sur le côté interne; des ongles courts, le médian entier sur son bord interne. On pourrait encore ajouter qu'ils ont le menton dénudé ainsi qu'une grande partie de la face ; des narines basales s'ouvrant dans des sillons presque nuls, un bec moins fendu que celui des Hérons, et dont la forme caractérise les diffé- rents genres. Mœurs. — Les Ciconiidés ont la démarche grave et mesurée des Hérons. Leur vol est aisé, mais lent. Ils sont sociables, doux, confiants, taciturnes, et n'émettent aucun cri, soit qu'ils volent, soit qu'ils se reposent. Presque tous sont migrateurs. Aux Ciconiidés nous rattacherons quelques genres exotiques, séparés par certains auteurs en quelques familles indépendantes, mais dont les affinités avec la Cigogne d'Europe sont très étroites. LES CIGOGNES Caractères. — Les Cigognes ont pour caractères des formes robustes, une poitrine large, un cou de longueur moyenne, une tète de grosseur moyenne; un bec très fort, droit, plus long que la tête, épais a la base, échancré à la pointe; des narines étroites, oblongues, percées de part en part dans la substance cornée du bec; des ailes longues, amples, sub-obtuses ; une queue médiocre, arrondie; des tarses longs et robustes; le pouce petit, mais portant sur le sol; des ongles larges, aplatis; la peau des lorums et de la face nue, verruqueuse, les plumes du jabot longues, pointues, pendantes. [268] LES CIGOGNES OU CICONIIDES. IG >.-' .r» X LA CIGOGNE BLANCHE [Ciconia alba.— Caractères. — La Cigogne blanche a tout son plumage d'un blanc plus ou moins pur, à l'exception des rémiges et des grandes couvertures des ailes qui sont noires la peau nue de la face est noire ; celle du menton d'un noir rougeàtre ; l'iris brun foncé ; le bec et les pieds rouges. Sa taille est de i", i5 à i",2o. Habitat. — La Cigogne blanche est ré- pandue dans tout l'ancien continent, mais elle devient rare dans plusieurs contrées de l'Europe. En France, elle n'est guère que de pas- sage au printemps et à l'automne. Mœurs. — Elle arrive par couples ou par petites troupes, au mois d'avril, et va se reproduire dans le nord de l'Europe, particulièrement en Hollande. Elle repart en bandes immenses vers la fin de juillet, pour aller passer l'hiver en Afrique. Ses migrations se font avec une grande régularité, et on a pu dire que la Cigogne blanche est, mieu.\ que l'Hirondelle, la messagère du printemps. Néanmoins, cette assertion s'est montrée parfois en défaut. Les Cigognes voyagent la nuit; elles par- courent d'une seule traite d'immenses distan- ces, et ne s'arrêtent que rarement dans les pays qu'elles traversent. Chaque année, elles reviennent dans la localité où elles ont passé l'été précédent, et quelquefois dans le même nid. Elles recherchent les plaines étendues, basses, non accidentées, riches en cours d'eau et surtout en marais. Elles évitent, au contraire, les plaines sèches et élevées, La Cigogne, dit Brehm, est un des Oiseaux de marais les plus parfaits; il est juste de dire qu'il n'en est pas que nous ne connaissions aussi bien. Elle a dans tout son être quelque chose de digne. Sa démarche est lente et mesurée elle tient le corps assez relevé; son vol, qui est précédé de quelques bonds, est assez lent, mais beau, facile, et surtout remarquable par les superbes lignes spirales qu'il représente. Quand elle est debout, la Cigogne rentre un peu le cou; la pointe de son bec est légèrement inclinée vers la terre, mais jamais elle ne prend une posture aussi singulière et aussi désagréable à l'œil que celle de la plupart des Hérons, et même quand elle est au repos, elle montre encore une certaine dignité. Rarement, elle court c'est une allure, d'ailleurs, qu'elle ne pourrait soutenir longtemps sans lassitude, tandis qu'elle peut marcher plu- La Cigogne blanche. 17 LES CIGOGNES. [269] sieurs heures de suite. Le vol ne la fatigue pas; elle bat peu des ailes et, très rarement, elle en donne des coups précipités; mais elle sait à merveille tirer parti du vent, des courants aériens. Quand elle se repose, elle se tient sur un pied, le cou replié, la tète en arrière et couchée sur l'épaule. Si on l'inquiète, elle fait claquer bruyamment ses mandibules l'une contre l'autre. Elle traduit de la même façon ses impres- sions agréables. » On s'accorde à reconnaître à la Cigogne blanche un caractère doux, paisible, inoffensif. Cependant, quand elle est en danger, elle se défend coura- geusement. Très sociable, elle vit en bonne intelligence avec ses semblables. Elle aime le voisinage de l'homme, s'établit près des habitations et même sur les toits des maisons lorsqu'elle }' trouve un emplacement convenable. Dans certains pays, tels que la Hollande, où cet Oiseau jouit d'une consi- dération spéciale, on lui prépare pour niches de grandes roues de voiture supportées à plat par un long mât; elle trouve là une sorte d'aire sur laquelle elle construit son nid. Malgré la confiance qu'elle témoigne envers l'homme, elle devient méfiante si elle a une fois été chassée ou inquiétée. Le baron d'Hamonville a rappelé, à ce sujet, un fait curieux Pour donner une idée de l'esprit de réflexion de ces Oiseaux, dit-il, je rappellerai que les Cigognes de Strasbourg, parties en 1870 aux premiers coups du bombardement, furent quatre ans sans revenir dans leur cité favorite. Un poète n'eijt pas manqué de dire qu'elles partageaient la douleur de leurs amis et protecteurs, et qu'elles ne se sentaient pas le courage de revenir partager avec eux le deuil de la patrie perdue. La Cigogne blanche se nourrit d'animaux de diverses espèces. Elle chasse les Grenouilles, les Lézards, les Poissons, les Serpents, les Insectes, les petits Rongeurs; les Crapauds semblent cependant lui causer une certaine aversion. Dès son arrivée dans le pays où elle doit se reproduire, elle se met aussitôt à réparer son ancien nid ou à en construire un nouveau. Ce nid est toujours placé sur un endroit élevé, soit sur un arbre, soit sur une tour abandonnée, quelquefois cependant au milieu d'un marais. Dans les pays où elle est protégée pour les services qu'elle rend en détruisant les Serpents et autres Reptiles nui- sibles, et où les habitants lui préparent des sortes d'aires, comme il est dit plus haut, elle s'établit très volontiers sur ces plates-formes d'un genre spécial. Son nid est grossièrement construit. Des branches de la grosseur du pouce, des épines, des mottes de terre et de gazon en forment le fond; des branches plus fines, des tiges et des feuilles de roseaux forment une seconde couche, au-dessus de laquelle en existe une troisième, celle qui sert de berceau aux jeunes, et cette dernière couche est composée d'herbes sèches, de fumier, de paille, de chifl'ons, de papier, de plumes. Le mâle et la femelle apportent ces matériaux dans leur bec; mais la femelle seule les coordonne. Les Cigognes se livrent à ce travail avec une telle ardeur, qu'un nid est construit à nouveau en huit jours, et qu'un Pi. — Le Marabout à sac et le Jabiru du Sénégal Texte, pages 272 et 273. VIE DES ANIMALX IV. 20 [270] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 18 nid ancien est réparc en deux ou trois jours. Au moment où la construction commence, la défiance des propriétaires s'éveille, et pendant que l'une des Cigognes est en quête de matériaux, l'autre monte la garde autour du nid. En même temps, elles claquent du bec sur tous les tons et sur tous les rythmes. Au milieu ou à la fin d'avril, la femelle pond son premier œuf, et, si elle est âgée, elle pond les trois ou quatre autres en quelques jours. Ces œufs sont ovoïdes, à coquille lisse et fine ils sont blancs, tirant quelquefois sur le jaunâtre ou le verdàtre. La femelle couve seule avec beaucoup d'ardeur pendant vingt- huit ou trente et un jours ; le mâle la nourrit, veille sur elle, la protège et quitte rarement le nid. Lorsque les jeunes sont éclos, la sollicitude des parents redouble, et jamais ils n'abandonnent ensemble le nid. Au commencement, les jeunes sont nourris principalement d'Insectes, de Vers, de Sangsues, de larves, de Coléoptères, de Sauterelles; plus tard, ils reçoivent une nourriture plus substantielle. Les parents les empâtent et les abreuvent en leur apportant de l'eau dans leur jabot; plus tard, ils se contentent de régurgiter devant eux leurs aliments. Le spectacle de la vie de famille des Cigognes est intéressant, sinon agréable. Au commencement, leur voisinage est supportable, mais plus tard, elles causent bien des désagréments. Le toit qu'elles habitent est affreusement sali, des substances alimentaires qu'elles laissent tomber se putréfient et exha- lent une grande puanteur. Souvent, des Orvets, des Couleuvres, d'autres ani- maux vivants qui s'échappent de leur bec, roulent en bas du toit dans la cour et inspirent du. dégoût et de la terreur. Cependant le plaisir que cause une pareille famille est plus grand que les désagréments qu'elle amène. Dans les premiers jours, les jeunes Cigognes se tiennent assises sur leur tarses; plus tard, elles se lèvent; mais les parents apportent de nouveaux branchages pour garnir le nid et les einpêcher de tomber. Elles apprennent bientôt à connaître la contrée; elles donnent immédiatement des preuves de la puissance de leur vue, car elles aperçoivent de loin leur mère qui revient, chargée de nourriture, la saluent dans les premiers temps par leurs mouvements, plus tard par leurs claquements de bec leur croissance demande deux mois pleins. \'ers la fin de cette période, elles commencent à faire l'essai de leurs ailes; elles se dressent sur le bord du nid, battent des ailes, et se risquent facilement à voler du nid jusque sur le toit. Les parents semblent prendre plaisir à les considérer ils les instruisent, répètent devant elles tous les mouvements du vol, les attirent hors du nid. Après des exercices préliminaires, le moment vient enfin où les jeunes Cigognes osent se fier à leurs ailes. Chaque jour, elles entreprennent avec leurs parents une excursion aux alentours, et reviennent chaque soir à leur nid. Bientôt l'attachement qu'elles ont pour leur berceau va se perdant ; l'époque, d'ailleurs, approche, à laquelle toutes, jeunes et vieilles, vont quitter le pays et entreprendre leurs migrations. Cette époque arrivée, toutes les familles de Cigognes d'une même contrée se réunissent en un lieu déterminé, d'ordinaire dans une prairie marécageuse, le nombre des nouvelles arrivées va croissant de jour en jour. Vers la Saint- Jacques, à la fin de juillet, des épreuves ont lieu, et à la suite de ces épreuves, 10 LES JABIRUS. [271] il est quelquefois arrive' que des individus incapables d'entreprendre le voyage ont été tués par les autres. Bientôt toute la bande se met en route. Après avoir longuement claqué du bec, les Cigognes s'élèvent dans les airs, tournent encore quelque temps en cercle au-dessus des lieux qu'elles abandon- nent, puis elles se dirigent à tire-d'aile vers le sud-ouest, en ramassant d'autres émigrantes sur leur passage. Captivité. — La Cigogne blanche est susceptible de s'apprivoiser et de s'attacher à son maître. On en cite qui vécurent dans une basse-cour et se montrèrent aussi privées qu'un Chien domestique. Lâchées en demi-liberté dans un parc, elles le débarrassent des Vers et des Insectes. Cet Oiseau a joué un rôle important dans l'antiquité. Les Egyptiens le pla- çaient au nombre des divinités bienfaisantes; les Romains en firent l'emblème de la piété filiale. Un fait digne de remarque est que dans tous les pays, les Cigognes ont toujours été l'objet, sinon d'une certaine vénération, tout au moins d'un certain respect. On n'a d'ailleurs jamais songé à les chasser, car leur chair a un goût très désagréable. Utilité. — L'utilité de la Cigogne, au contraire, paraît évidente. Elle dévore un grand nombre d'animaux nuisibles, Vers, Insectes, Chenilles, Serpents, Rats, Mulots, Taupes. Les quelques dégâts qu'elle peut commettre dans certaines contrées, en s'attaquant aux jeunes couvées de Bécasses et aux Levereaux, ne semblent avoir été signalés jusqu'ici qu'à titre d'exception. Dans l'Alsace, la Hollande, les habitants essaient, au contraire, de favoriser la multiplication de la Cigogne blanche, en lui préparant, sur les toits des maisons, des caisses pour qu'elle puisse y nicher, ou bien ils construisent une sorte de plate-forme élevée, généralement formée d'une roue de voiture fixée à plat au sommet d'un long mât et sur laquelle l'Oiseau peut facilement construire son nid. LA CIQOQNE NOIRE [Ciconia nigra. — Caractères. — La Cigogne noire a le plumage d'un brun noirâtre à reflets violets, pourpres et vert doré ; le bas de la poitrine et l'abdomen seuls sont d'un blanc pur; le bec, les parties nues de la face et de la gorge d'un rouge vif; l'iris brun, les pieds d'un rouge foncé. Habitat. — Elle habite particulièrement les régions méridionales de l'Europe, de l'Asie, et l'Afrique occidentale. Elle est de passage en France, à l'automne. Mœurs — Ses mœurs diffèrent sensiblement de celles de la Cigogne blanche. Les forêts marécageuses et sauvages paraissent lui convenir beaucoup mieux que les étangs peu boisés à proximité des lieux habités. Elle est d'un naturel farouche et peu sociable. LES JABIRUS Caractères. — Les Jabirus sont les plus grands et les plus élancés de tous les Ardéidés. Ils ont le bec très allongé, déprimé, recourbé en haut à l'extrémité, recouvert à la r272] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 20 base d'une cire épaisse, en forme de selle; les ailes longues, sub-obtuses; la queue courte, carrée; les tarses très élevés, les doigts unis à la base par un repli mem- braneux, le pouce allongé, portant en entier sur le sol ; les ongles faibles et courts. Ce genre comprend trois espèces, l'une de l'Afrique, l'autre d'Amérique, la troisième de l'Australie. Chez l'espèce américaine, la peau de la tête et du cou est nue, parsemée seulement de quelques soies courtes, elle est en même temps flasque et pendante en forme de fanon. LE JABIRU DU SÉNÉGAL {' [Mfcteria senegalensis . — Caractères. — Le Jabiru du Sénégal est un grand Oiseau qui mesure environ r",5o de long. Il a la tête, le cou, les ailes et la queue d'un noir brillant à reflets métalliques; le reste du plumage d'un blanc éclatant; l'iris et la cire d'un jaune doré; le bec rouge, avec une tache noire en son milieu ; les pieds d'un gris brun, marqués de rouge à la naissance des doigts. Habitat. — Il est propre ii l'Afrique, mais il n'y est pas très commun. On le trouve plus particulièrement dans l'ouest et le sud-ouest. Mœurs. — Il vit par paires sur les bords des grands fleuves, et parfois au voisinage de la mer. Ses allures graves, élégantes, nobles, jointes à la beauté de son plumage, produisent une profonde impression sur le voyageur qui rencontre cet Oiseau pour la première fois. Il marche majestueusement, le bec incliné vers le sol, la mandibule inférieure reposant presque sur le cou. Il ne saute ni ne danse jamais comme le font les Grues. Il se sert de son bec avec une adresse remarquable il ramasse des petites pierres, ou des Insectes, les jette en l'air et les rattrape. Malheureusement, il est d'un naturel très craintif, et ne se laisse pas aisément observer. Son régime ne paraît pas diflerer beaucoup de celui des Cigognes. Il mange des Insectes, notamment des Sauterelles, et un grand nombre de petits ani- maux Reptiles, Poissons, etc. Son nid est construit sur les arbres et ressemble à celui de la Cigogne blanche. Le mâle et la femelle paraissent avoir l'un pour l'autre un profond attachement et ne se séparent pas de toute l'année. Captivité. — Le Jabiru du Sénégal figure aujourd'hui dans la plupart des Jardins zoologiques. Il vit très bien en captivité, et malgré son naturel craintif, il s'apprivoise au point de se laisser caresser par son maître. Il vit en parfaite harmonie avec tous les autres Oiseaux. LES MARABOUTS Caractères. — Les Marabouts ont le corps robuste, massif; le cou épais, nu ou couvert de quelques plumes duveteuses, la tête dénudée; le bec énorme. PI. XLVll. — Le Marabout à sac et le Jabiru du Sénégal Planche, p. 269. 21 LES MARABOUTS. [273] quadrangulairc à la base, pointu à rextrétnité; les ailes amples et obtuses; la queue moyenne, les tarses longs et robustes; les doigts unis à la base par une mince palmure, le pouce bien développé. LE MARABOUT A SAC {* [Leploplilos crumenifer. — Caractères.— hc Mara- bout à sac a un aspect singulier et peu attrayant, que lui donne son énorme bec, sa tête et son cou dénudés, d'une couleur rougeàtre, et parsemés de quelques soies courtes, son jabot proéminent. Les parties supérieures de son plumage sont d'un vert foncé à reflets métalliques; les rémiges et les rectrices noires, les grandes couvertures des ailes bordées entièrement de blanc; la nuque et le dessous du corps d'un blanc pur; l'iris brun, le bec d'un jaune sale; les tarses noirâtres. Sa taille est d'environ i'°,6o, dont près de o"',5o pour le bec. Habitat. — Le Marabout à sac habite le sud de l'Asie et l'Afrique centrale. N[œurs. — On est sûr de le rencontrer dans toutes les localités où se trouvent des abattoirs. Il vient s'emparer, en effet, de tous les déchets, de toutes les viandes corrompues qu'on lui abandonne. Sa voracité est incroj'able; il avale des morceaux énormes, des os, des débris de toute nature ; on a trouvé une fois dans l'œsophage de l'un de ces Oiseaux, une oreille entière et un pied de Bœuf. Les allures du Marabout à sac sont indolentes, compassées, elles lui donnent parfois un air grotesque qui lui a valu les sobriquets les plus divers Adjudant, Conseiller privé, Frac, etc. Bien que d'une prudence excessive, il devient hardi et agressif dans certaines localités de l'Asie où il se sent protégé. Il pénètre dans les abattoirs et même dans les maisons. Les habitants se gardent bien, d'ailleurs, de le chasser, car il est pour eux d'un précieux revenu, SCS belles plumes ayant une grande valeur commerciale. Mais le Marabout à sac ne se contente pas pour nourriture des débris que l'homme lui abandonne. Il se partage, avec les Vautours, toutes les charognes disséminées dans la plaine, et grâce à la force de son énorme bec, il sait se réserver une large part à chaque curée. Il pêche aussi sur le bord des rivières, il la façon des Hérons. Chasse. — Dans les pays où le Marabout n'est pas l'objet d'une protection spéciale, comme à Calcutta et quelques autres localités du sud de l'Asie, la chasse de cet Oiseau est très difficile. Les indigènes emploient cependant un procédé qui réussit très souvent, ils attachent un os de mouton à une ficelle et le jettent au milieu d'un tas de débris de viande. Le Marabout avale l'os attaché à la ficelle et se trouve pris comme à un hameçon. Captivité. — On rencontre fréquemment aujourd'hui des Marabouts à sac dans les Jardins zoologiques de l'Europe. Ils supportent facilement la captivité, et vivent en bonne intelligence avec les autres Oiseaux. Ils se montrent habi- tuellement d'un caractère très doux, tout en exerçant sur leur entourage une PI. \LVli. — Lu .Marabout ;i sac et le Jabiru du Sénégal Planche, p. 269. [274] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 00 certaine suprématie qu'ils savent maintenir au besoin par quelques vigoureux coups de bec. Utilité. — Les plumes des Marabouts sont, dans l'Inde, l'objet d'un commerce très important. Aussi protège-t-on ces Oiseaux le plus possible en leur pro- curant de la nourriture et en facilitant leur reproduction dans certains marais disposés dans ce but. Chaque année, un massacre partiel a lieu ; les Oiseaux sont immédiatement plumés, les corps sont vidés, salés et fumés, les plumes servent ii confec- tionner des écrans. Les Becs-ouverts ou Anastomes. — On range parmi les Cigognes le genre Anastome caractérisé par une structure spéciale du bec, dont les deux mandi- bules laissent entre elles, vers leur milieu, un espace vide. Les Becs-ouverts ou Anastomes habitent les uns l'Afrique centrale, d'autres le sud de l'Asie. Ils ont à peu près les allures et les mœurs des Cigognes. LES OMBRETTES Caractères. — Les Ombrettes ont pour caractères un bec plus long que la tête, épais à la base, comprimé latéralement, à arête vive en dessus, un peu renflé en des- sous, la mandibule supé- rieure recourbée a. la pointe et dépassant l'inférieure; des ailes allongées, sub-obtuses; une queue médiocre, presque carrée ; des tarses unpeu plus longs que le doigt médian, les doigts antérieurs sou- dés à la base par un re- pli membraneux, le pouce court, portant à terre sur toute sa lon- gueur, l'ongle du doigt médian denticulé. L'OIMBRETTE DU SÉNÉ- GAL [Scopiis umbrctta. — Caractères. — L'Ombrette ou Scops du Sénégal mesure environ o^.do de long. Tout son plumage est d'un brun terre d'ombre presque uniforme ; le ventre un L'Ombrette du 23 LES BALÉNICEPS. [273] peu plus clair que le dos, les rémiges foncées et brillantes; les rectrices mar- quées de plusieurs bandes d'un brun-pourpre; l'iris est brun, le bec noir, les pieds noirâtres. Habitat. — Elle habite l'Afrique centrale et méridionale, et Madagascar. Mœurs. — L'Ombrette du Sénégal ressemble davantage, extérieurement, à un Corbeau qu'à un Echassier. Mais sa démarche est légère, gracieuse, me- surée; son vol ressemble à celui de la Cigogne. On ne rencontre cet Oiseau qu'auprès des petits cours d'eau qui traversent les forêts, et sur les rives ombragées des rivières. Son genre de vie est celui des Oiseaux de marais. L'Ombrette se nourrit surtout de Poissons, mais elle mange aussi des Mol- lusques, des Reptiles, des Grenouilles, des Vers, etc. Elle se met en mouve- ment au crépuscule. Peu craintive, mais prudente, elle ne se laisse pas appro- cher de près. Son nid est généralement placé sur un mimosa, à la bifurcation des branches inférieures il est fait de rameaux de diverses grosseurs assemblés avec de l'argile. Sa forme est celle d'un dôme de i'",5o à 2 mètres de hauteur l'intérieur en est partagé, d'après J. Verreaux, en plusieurs compartiments. Les jeunes éclosent presque nus, et restent longtemps dans ce nid avant de prendre leur essor. LES SAVACOUS Les Savacous sont, par leurs caractères, très voisins des Ombrettes. On les désigne aussi parfois sous le nom de Becs-cii-ciiillcr, parce que leur mandibule supérieure à crête dorsale obtuse et arrondie rappelle la forme d'une cuiller renversée. Les Savacous habitent les forêts du Brésil, le long des rivières et des fleuves. Leur genre de vie est assez analogue à celui des Ombrettes. LES BALENICEPS Caractères. — Les Baléniceps attirent l'attention par la forme en apparence monstrueuse de leur bec. Celui-ci ressemble à un sabot renversé ; il est très large, bombé, à bords arrondis; l'arête dorsale, légèrement incurvée, se termine brusquement par une petite pointe crochue; la mandibule inférieure, concave, rentlée, s'cmboite dans la supérieure, et s'insère sur la tête par une membrane dure, coriace. Ces Oiseaux ont encore parmi leurs caractères principaux des ailes amples, sub-obtuses, une queue courte et carrée; des tarses très élevés, de la longueur du doigt médian des doigts longs, les antérieurs réunis par une membrane a la base; le pouce portant sur le sol; l'occiput surmonté d'une petite huppe. LE BALÉNICEPS ROI [Balœnkeps rex.— Caractères. — Le Baléniceps roi a toutes les parties supérieures du corps d'un brun bleuâtre plus ou moins >76 LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. loncc, avec les plumes du manteau et les couvertures supérieures des bordées de blanchâtre ; les rémi- ges et les rectrices noirâtres ; les parties inférieures d'un gris ccn- Quand une bande de Flammants s'est abattue sur le bord d'un lac, les indi- vidus qui la composent se groupent suivant un certain ordre qui rappelle la marche d'un escadron en bataille. Aussi les Sénégalais appellent-ils ces Oiseaux des Soldais anglais. Défiants et farouches, les Flammants se laissent difficilement approcher. Il semble qu'un certain nombre de sentinelles soient préposées à la garde de chaque troupe, car à la moindre apparence de danger, un cri rauque et reten- tissant poussé par quelques individus se fait entendre, et tous, comme à un signal, prennent leur essor. Les allures des Flammants ressemblent à celles des autres grands Echassiers, mais elles sont beaucoup plus lentes, plus irrégulières, plus vacillantes. Dans l'eau comme à terre, ces Oiseaux prennent les postures les plus singulières. Pour se reposer, ils contournent leur long cou, en renversant la tête sur le dos, et se posent sur une seule patte, l'autre étant fléchie sous le ventre. Quand ils nagent, leur cou fléchi en S les fait ressemblera des Cygnes. [284] LES FLAMMANTS OU PHÉNICOPTÈRES. 32 Leur attitude, lorsqu'ils barbotent dans la vase, est très remarquable ils ne fléchissent que le haut du corps, et avancent leur long cou vers la surface de l'eau de façon que leur bec et leurs pieds soient sur le même plan. Tout en fouillant la vase, ils tournent la tête de façon que leur mandibule supérieure fonctionne comme si elle était inférieure. Le nom de Becharu ou Bec-en-cliarrue donné à ces Oiseaux dans le Languedoc rappelle fort bien cette particularité. Les Flammants se nourrissent principalement de Vers, de Mollusques, de Crustacés. Ils nichent dans les golfes tranquilles, parsemés d'ilôts, comme on en trouve dans la mer Caspienne, ou dans les étangs les plus fréquentés, comme ceux de Valcarès. Leur nid consiste en un amas de vase desséchée, formant un cône d'environ o'",!'o de hauteur et dont le sommet tronqué et excavé est destiné à recevoir les œufs. Ceux-ci sont au nombre de deux; leur couleur est d'un blanc pur très mat, sans taches, leur surface est rude au toucher, crayeuse. Quelque extraordinaire que cela puisse paraître, la femelle les couve en enfourchant le nid, comme un cavalier enfourche son cheval. Les jeunes, à peine éclos, sont déjà en état de courir et de nager, mais ils ne peuvent prendre leur vol que quelques mois après. Chasse. — Les anciens estimaient beaucoup la chair du Flammant rose; la langue et la cervelle étaient pour eux un régal. Héliogaballe entretenait une troupe de chasseurs chargés spécialement de lui procurer ce délicieux gibier. La chasse aux Flammants est difficile en raison de leur caractère farouche et de leurs remarquables qualités de prudence. Cependant, à l'époque de la mue, ils perdent pendant un moment leurs grandes rémiges et ne peuvent plus voler, de sorte qu'on peut les capturer plus facilement. Captivité. — Pris jeune, le Flammant montre les mêmes aptitudes à la domestication que les autres grands Echassiers. PI. XLVIIl. — Le Flammant ou Phcnicoptère rose Texte, page 282. Les Palmipèdes Les Palmipèdes pourraient être appelés les Oiseaux nageurs par exceWencc, ou encore Oiseaux d'eau. Tous leurs caractères, en effet, révèlent une adaptation parfaite à une exis- tence aquatique. Le plus saillant de ces caractères est la structure des membres inférieurs; ceux-ci sont courts, insérés très en arrière sur le tronc; les doigts antérieurs, et quelquefois aussi le pouce, sont unis par une palmure entière ou festonnée. Les Palmipèdes ont des formes lourdes et ramassées, un cou relativement long, une poitrine large; un plumage épais, serré, formé de plumes rigides où la matière cornée prédomine sur la matière spongieuse, permettant à ces Oiseaux de glisser facilement sur l'eau ; cette dernière faculté est encore favorisée par l'existence de la glande du croupion qui sécrète une substance huileuse empêchant les plumes de se mouiller. Mais si tous les Palmipèdes sont, grâce à leur conformation spéciale, d'excel lents nageurs, ils présentent entre eux des aptitudes très différentes au point de vue du vol. Les uns, pourvus de très longues ailes, fendent l'espace avec une rapidité égale à celle des meilleurs voiliers que nous avons vus jusqu'ici. D'autres, munis seulement d'ailes plus ou moins atrophiées, volent peu ou point. Les premiers passent la plus grande partie de leur existence en pleine mer; les seconds n'abandonnent pas les rivages, La forme du bec chez les Palmipèdes est variable selon la nourriture que prennent ces Oiseaux; il est tantôt bombé, à bords tranchants, tantôt large et plat, tantôt allongé et pointu; la première forme se rencontre chez les Palmi- pèdes rapaces, qui vivent principalement de Poissons; la seconde forme se voit chez les Palmipèdes qui cherchent leur nourriture dans la vase; la troisième enfin est propre à ceux qui se nourrissent de Vers, de Crustacés et autres petits animaux aquatiques. Les Palmipèdes vivent en grandes troupes, mais ils sont monogames. Les uns habitent les eaux salées, les autres les eaux douces. Presque tous sont migrateurs. Utilité. — Un grand nombre d'espèces sont utiles à l'homme les unes four- Pl. XLIX. — Le Pélican onocrotale ou Pélican blanc Texte, page 287. La vie des ANIMALX ILLUSTRÉt. IV. — 21 [280] LES PALMIPÈDES. 2 nissent ù l'industrie de la plume des matières premières de grande valeur, d'autres sont utilisées pour leur chair ou leurs œufs. Classification. — Les Palmipèdes se divisent en quatre grands groupes, d'après les caractères tirés de la forme du bec, des pieds et des ailes. Chacun de ces groupes, à son tour, se compose d'un certain nombre de' familles naturelles qui sont les suivantes ; i" groupe. — Palmipèdes totipalmes Les Pélicans ou PéUcanidés, Les Phaétons ou Phaétonidés. 2' groupe. — Palmipèdes grands voiliers Les Pétrels et les Albatros ou Proccllaridés, Les Mouettes ou Laridés. 3' groupe. — Palmipèdes lamcUirostres Les Cygnes, Oies, Canards ou Aiiatidés. 4° groupe. — Palmipèdes brachyptères Les Grèbes ou Podicipidés, Les Plongeons ou Colymbidés, Les Pingouins ou Alcidés. Les Manchots ou Aplénodytidés. Les Palmipèdes du premier groupe tirent leur principal caractère de la mem- brane qui unit le pouce au doigt interne et qui fait que tous les doigts sont palmés. Ces Oiseaux ont de plus des jambes courtes, un corps massif la marche sur le sol leur est pénible, mais par contre ils ont un vol puissant. Les petits sont longtemps nourris par leurs parents avant d'être en état de prendre leur essor. Les Palmipèdes du deuxième groupe sont remarquables par la longueur de leurs ailes, ce qui leur permet un vol soutenu à une grande distance du rivage. Ils sont aussi d'excellents nageurs, mais ne plongent pas. La marche et la course leur sont relativement faciles. Les petits restent aussi longtemps au nid avant de pouvoir voler. Les Palmipèdes du troisième groupe sont surtout caractérisés par la forme de leur bec; celui-ci est aplati, et garni sur les côtés de petites lamelles per- mettant à ces Oiseaux de recueillir leur nourriture dans la vase. Ils sont excellents nageurs et plongeurs. Leur vol est en général rapide et soutenu. A terre, ils se meuvent maladroitement et ne peuvent courir sans le sgcours de leurs ailes. Les Palmipèdes du quatrième groupe doivent leur nom à la brièveté de leurs ailes. La position de leurs jambes tout à fait en arrière du corps, leur donne une attitude caractéristique. Ils sont mauvais voiliers, mauvais marcheurs, mais ils nagent et plongent avec une remarquable habileté. Les jeunes, à peine éclos, nagent aussitôt avec autant de facilité que les adultes. LES PÉLICANS. 2871 LES PELICANS OU PELECANIDÉS Les Pélécanidés, ou Slégaiiopodes de quelques auteurs, sont de grands Oiseaux au corps allongé, dont les caractères essentiels sont les suivants leur bec, de forme variable, est long, profondément fendu, généralement crochu à l'extré- mité ; leurs narines étroites, linéaires. La peau qui unit les deux branches de la mâchoire inférieure est susceptible de se dilater en une poche plus ou moins grande. Ils ont des ailes longues, pointues; des pattes insérées peu en arrière du corps, le pouce long. La plupart ont la face dégarnie de plumes. Ces Oiseaux vivent près des côtes, ou sur le bord des lacs, des étangs. Assez bons voiliers, ils peuvent s'aventurer en mer, mais ils s'éloignent géné- ralement peu du rivage. Leur nourriture se compose essentiellement de Poissons. On les répartit dans deux sous-familles qui sont celles des Pélécaniens et des Frégatiens. LES PÉLÉCANIENS Les Pélécaniens ont la mandibule infe'rieure droite ou presque droite, les tarses nus; les membranes interdigitales étendues jusqu'au bout des doigts; la queue arrondie ou cunéiforme. LES PELICANS Caractères. — Les Pélicans sont principalement caractérisés par une énorme poche insérée sous la mandibule inférieure, et formée par la membrane très dilatable de cette région. Ils ont le bec droit, large, déprimé, plus long que la tète, fendu jusqu'à l'angle postérieur de l'œil ; la mandibule supérieure très aplatie, crochue et comprimée à l'extrémité; la face nue; les ailes allongées, aiguës; la queue ample, légèrement arrondie; le bas des jambes dénudé sur une faible étendue; les tarses courts et forts, l'ongle du doigt médian lisse sur son bord interne. LE PÉLICAN ONOCROTALE * iPeleaviiis onocrotalus. — Caractères. — h& Pélican onocrotale ou Pélican blanc a tout le plumage d'un blanc nuancé de rose clair, à l'exception de la région du jabot qui est d'un jaune d'ocre, et des rémiges qui sont noires. Le bec est bleuâtre dans sa plus grande partie, jau- nâtre vers l'extrémité, avec les bords des mandibules rouges; l'iris rouge; les pieds rosés, nuancés de jaune-orange. ' PI. XLIX. — Le Pélican onocrotale ou Pélican blanc Planche, page 285. [288] LES PALMIPÈDES. 4 Sa taille est en moyenne de i^j^jG. Les jeunes ont un plumage brun cendré plus ou moins foncé selon les régions; ils n'acquièrent que progressivement la splendide livrée des adultes. La femelle est semblable au mâle, mais déplus petite taille. La belle couleur rose qui teinte presque toutes les plumes disparaît après la mort de l'Oiseau. Habitat. — Le Pélican onocrotale habite les contrées orientales de l'Europe et l'Afrique. Il se montre accidentellement en France. Mœurs. — Il vit en bandes immenses sur les lacs, les rivières, à l'embou- chure des fleuves, et sur les bords de la mer. Il a, comme ses congénères, des allures assez lourdes, lorsqu'il est à terre; mais par contre il nage très bien, et son vol est relativement aisé. — Cette faculté du vol, en apparence paradoxale si l'on considère le poids de l'Oiseau, est due au grand développement du système pneumatique. D'une voracité insatiable, il détruit une quantité considérable de Poissons; il en emplit sa poche gutturale qui prend alors des dimensions énormes; puis, quand il est repu, il se perche sur un rocher ou un arbre près du rivage, le cou renversé, la tête appuj'ée sur le dos, et il attend paisiblement que l'ample pro- vision de nourriture dont il s'est garni soit digérée. Quand sa poche est par trop pleine, il la vide sur le sable, semble prendre plaisir à en contempler le contenu, qu'il ne tarde pas à avaler de nouveau. La façon de pécher des Pélicans est très curieuse. Elle a été fort bien décrite par Nordmann Après avoir choisi un endroit convenable, une baie où l'eau soit basse et le fond lisse, ils se placent tout autour, en formant un grand croissant ou un fer à cheval; la distance d'un Oiseau à l'autre semble être mesurée; elle équivaut à son envergure. En battant fréquemment la surface de l'eau avec leurs ailes déployées, et en plongeant de temps en temps, avec la moitié du corps, le cou tendu en avant, les Pélicans s'approchent lentement du rivage, jusqu'à cequeles Poissons réunis de la sorte se trouvent réduits à un espace étroit; alors commence le repas commun. » Gerbe reproduit ce récit de Nordmann, et le fait suivre de la remarque suivante, qui ne manque pas d'intérêt La manière dont s'y prennent les Pélicans pour capturer le Poisson, rap- pelle un singulier procédé de pèche mis en usage par certaines peuplades de l'Afrique centrale. Voici, d'après le major Denham, en quoi consiste ce procédé qu'il a vu employer dans le lac Tchad, près de Lari Une quarantaine de femmes entrent dans le lac avec leur pagne passé entre les jambes et noué autour des reins ; elles se rangent sur une ligne, le visage tourné vers la terre, à un certain éloignement des bords, et poussent les Poissons devant elles en les serrant de si près, qu'on les prend avec la main, ou qu'ils sautent à terre. » Il y a ici une telle analogie de procédé, que l'on est tenté de se demander si l'Arabe de ces contrées n'aurait pas emprunté aux Pélicans qui, du reste, abondent dans le lac Tchad, leur moyen de pêche. » C'est surtout le matin que les Pélicans s'adonnent à la pêche, ^'ers dix heures 5 LES PÉLICANS. [289 1 du matin, ils sont tous rassasiés et gagnent alors les bancs de sable qu'ils ont adoptés, ou un groupe d'arbres, pour s'y reposer, digérer et en même temps nettoyer leur plumage et le graisser. Cette dernière occupation demande beau- coup de temps, carie peu de souplesse du cou rend l'opération difficile et néces- site des positions très singulières, surtout quand il s'agit de nettoyer les plumes du cou. Quand la toilette est terminée, les Oiseaux, alourdis par tout ce qu'ils ont absorbé, prennent les poses les plus variées, suivant qu'ils sont sur les arbres ou sur le sable. Sur les arbres, ils se placent d'habitude perpendiculairement aux branches, le cou profondément rentré entre les épaules ; tandis qu'à terre on les voit sou- vent couchés à plat sur le ventre. Jusque vers midi de nouveaux individus viennent incessamment se joindre aux premiers et la troupe augmente de minute en minute. Dans l'après-midi, entre trois et quatre heures, les rangs s'éclaircissent, et les Pélicans partent de nouveau en troupes pour faire de nouvelles prises. La der- nière chasse dure jusqu'au coucher du soleil, et alors toute la compagnie vole vers la place OL^elle doit passer la nuit. Là où les arbres font défaut, les Péli- cans choisissent pour dormir un banc de sable uni, ou une île solitaire. Le Pélican onocrotale est d'un naturel paisible ; il vit en bonne intelligence avec ses semblables et avec les autres animaux qui ne le provoquent pas. II niche à terre, mais dans le voisinage de l'eau, dans les endroits couverts de hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un blanc pur, très mat, revêtus d'une couche de matière crétacée d'un blanc laiteux. Chasse. — On se livre surtout à la chasse au Pélican dans le midi de l'Europe. Cette chasse se pratique à l'affût. Elle est généralement très fructueuse, car il n'est pas besoin, pour tuer ces Oiseaux, décharger à gros plomb la moindre blessure leur est fatale. La chair des Pélicans est peu estimée, car elle exhale une odeur désagréable. Captivité. — Pris jeunes, les Pélicans s'habituent facilement à la captivité, et deviennent même très familiers. Malgré leur régime exclusivement piscivore, on arrive à les nourrir avec du pain et de la viande. LE PÉLICAN FRISÉ [Pelecanus crispus. — Cette espèce doit son nom à la disposition frisée des plumes de la partie supérieure du cou. Son plumage est blanc nuancé de roux sur la poitrine. Elle habite l'Europe orientale, l'Asie et l'Afrique septentrionales. Ses mœurs, ses habitudes, sont les mêmes que celles du Pélican blanc. LE PÉLICAN BRUN. — Il habite les Antilles, le Pérou. Sa façon de pêcher diffère sensiblement de celle du Pélican blanc. Il attrape les Poissons en plon- geant de haut après avoir décrit dans l'air quelques cercles au-dessus de l'eau. Les autres espèces de Pélicans, dont l'une est propre aux régions australes, ne présentent point de particularité spéciale. [290] LES PALMIPEDES. LES FOUS Caractères. — Les Fous ont le bec plus long que la tète, robuste, droit, conique, épais à la base, fendu au delà de l'angle postérieur de l'ieil les bords mandibulaires finement dentelés en scie, la mandibule supérieure légèrement tléchie à l'extrémité; les narines basales se prolongeant dans deux sillons de la face supérieure du bec; les ailes allongées, atteignant presque l'extrémité de la queue; celle-ci médiocre, conique; les tarses courts, le doigt médian plus long que le tarse et muni d'un ongle pectine sur son bord interne. Ils ont aussi, outreleurs caractères, des mœurs bien spécialesqui les distinguent des autres Pélécanidés. LE FOU DE BASSAN {Siila — Caractères. — Le Fou de Bassan a tout son plumage d'un beau blanc, avec le vertex, l'occi- put et une partie de la nuque d'un jaune d'ocre, les ré- Fou de Bassan. miges noires; les paupières, la partie nue des joues et de la gorge d'un noir bleu, l'iris jaune, le bec bleuâtre, les pieds d'un brun verdàtre, les doigts rayés longitudinalement de vert jaune, les membranes interdigitales d'un brun de suie. 7 LES CORMORANS. [^2911 La femelle ne dill'ùre du màle que par sa taille moindre. Les jeunes ont d'abord le plumage d'un brun cendre tacheté de blanc; ils ne prennent la livrée d'adulte qu'à l'âge de trois ans. Habitat. — Le Fou de Bassan habite les mers de l'hémisphère nord. 11 est commun en Ecosse, aux îles Hébrides et en Norvège. On le voit parfois sur les côtes de France et même dans l'intérieur des terres, quand il y a été entraîné par des tempêtes. Mœurs. — C'est un habitant de la haute mer. Il ne fréquente le rivage que pour nicher ou parfois pour }' passer la nuit, et encore choisit-il de préférence dans ce but les rivages des îlots escarpés, ou les rochers qui surgissent isolés au milieu de la mer. Il se nourrit exclusivement de Poissons. Sa manière de voler et sa façon de pêcher sont très remarquables. Il glisse dans les airs avec la rapidité d'une flèche; tout à coup il voltige, ou décrit des cercles sans presque battre des ailes, ou s'élève à des hauteurs prodigieuses. C'est en plongeant qu'il attrape sa proie. Quand il est repu, il se pose sur l'eau, se laisse flotter au gré des vagues et s'endort parfois d'un sommeil profond. Son cri est rauque, saccadé, et rappelle celui de l'Oie. Le Fou de Bassan niche parmi les rochers, en véritables colonies. Mac-Gilli- vray évaluait à vingt mille le nombre de ces Oiseaux qu'il rencontra en visitant l'île de Bass, et, d'après des observateurs modernes, ce chiffre n'a pas sensible- ment diminué. Les nids sont construits à l'aide de plantes marines, principalement de fucus. La ponte a lieu en mai; elle ne se compose que d'un ou deux œufs un peu renflés, à surface rude, recouverte d'un enduit crayeux d'un blanc nuancé de verdâtre. Chasse. — A certaines époques de l'année, on pratique de véritables mas- sacres de Fous de Bassan et on les envoie sur les marchés des grandes villes. Captivité. — • Cet Oiseau supporte facilement la captivité et peut même deve- nir très familier, on en a vu qui vivaient en demi-domesticité dans les maisons, au milieu des Chats et des Chiens. LES CORMORANS Les Cormorans forment, comme les Fous, un genre bien spécialisé par ses caractères et ses habitudes. Caractères. — Ils ont le bec de la longueur de la tête, épais, droit, com- primé, fendu au delà de l'angle postérieur de Tceil, à bords lisses ; la mandibule supérieure arrondie en dessus et terminée en crochet; la mandibule inférieure, plus courte, tronquée; les ailes allongées, subaigucs, ne recouvrant que la base de la queue; celle-ci longue, arrondie, composée de pennes raides, élastiques ; les tarses courts, le doigt médian d'un tiers plus long que le tarse, et pourvu d'un ongle pectine, le doigt externe plus long que les autres. [2921 LES PALMIPEDES. 8 On compte de nombreuses espèces de Cormorans réparties dans toutes les contrées du globe, mais dont les moeurs sont les mêmes que celles des espèces européennes dont il va être question. Toutes ont un plumage dont la couleur dominante est le brun noir en dessus, noir mêlé de blanc en dessous. LE CORMORAN ORDINAIRE [Phalacrocorax carbo. — Caractères. — La taille du Cormoran ordinaire est d'environ o", 77. Son plumage est presque entièrement d'un vert noirâtre à reflets métalliques; la peau dénudée de la face et de la gorge est jaunâtre ; les rémiges et les rectrices sont noires, les flancs marqués d'une tache blanche ; l'iris vert ; les paupières verdâtres, les pieds noirs. Chez les mâles, à l'époque des amours, le sommet de la tête est orne de petites plumes effilées, soyeuses, d'un blanc argentin. Les jeunes ont un plumage d'un cendré foncé en dessus, jaunâtre ou gris clair en dessous. Habitat. — Le Cormoran ordinaire habite l'Europe, la Sibérie et le nord de l'Amérique. D'après Degland et Gerbe, il vit sédentaire en France sur quelques points des côtes de l'Océan, et se montre de passage régulier, au printemps et à l'automne, dans beaucoup de localités de nos départements septentrionaux limitrophes de la mer. Il se reproduit dans le Boulonnais, sur les falaises qui bordent la mer depuis iMontreuil jusqu'à Dieppe, sur presque toutes les côtes rocheuses et les îles de la Bretagne, et dans les rochers de Biarritz. Mœurs. — Les Cormorans s'établissent sur les bords de la mer, à l'embou- chure des fleuves, dans les endroits où le courant est rapide et l'eau peu pro- fonde. Ils se réunissent parfois en bandes très nombreuses dans les régions où les Poissons abondent, car ils font de ceux-ci une destruction incroyable. Accidentellement, quelques individus s'égarent au milieu des terres et s'v fixent, s'ils trouvent une place convenable pour pêcher selon leurs besoins. Les Cormorans poursuivent leurs proies dans l'eau en se submergeant com- plètement, et en nageant avec une rapidité vertigineuse. Une fois repus, ils regagnent la terre et vont se reposer, soit sur un arbre, soit sur un bloc de rocher. Dans certaines îles habitées par ces Oiseaux, on les voit rangés en file, comme une compagnie de soldats, assis sur la pointe des rochers et tous tournés dans la même direction. Ils aiment à se sécher au soleil en prenant une attitude très curieuse le corps droit, le cou rentré, les ailes entr'ouvertes. Au point de vue de leurs instincts, on peut dire des Cormorans qu'ils sont prudents, rusés et méfiants. Ils se montrent toujours agressifs et méchants envers les autres Oiseaux, sur- tout quand la jalousie et la voracité sont en jeu. Pour établir leur nid, ils choisissent les excavations et les crevasses de rochers en des points peu accessibles ; quelquefois ils nichent sur les arbres. Dès qu'ils se sont fixés en un endroit, ils ne s'en laissent pas facilement déloger. 9 LES CORMORANS. [2931 Ils construisent leur nid à l'aide de branches, de joncs et autres matériaux, et en tapissent l'intérieur d'herbes vertes. L'époque des amours commence généralement en avril ; les œufs sont pondus en mai. Ces œufs, au nombre de quatre ou cinq, ont une forme allongée ; leur couleur est d'un bleu verdàtre, dissimulée par une couche crétacée blan- châtre. Le mâle et la femelle couvent alternativement pendant quatre semaines, et nourrissent en commun leurs petits. Ils leur apportent une grande Le Cormoran ordinaire. quantité de petits Poissons qu'ils viennent dégorger dans le nid. Aussi les jeunes Cormorans grandissent-ils très vite sous l'influence de ce régime abondant. A la mi-juin, ils prennent leur volée et sont en état de se suf- fire à eux-mêmes. Chasse. — Le Cormoran ordinaire exhale une odeur forte et désagréable, dont la peau reste imprégnée, même quand elle a été séchée. Sa chair est réputée dé- testable, bien que les Lapons et les Arabes en fassent, paraît-il, beaucoup de cas. Aussi cet Oiseau est-il peu chassé.. Son caractère prudent, méfiant, ne permet d'ailleurs pas de le tirer facilement. Captivité. — Les Cormorans supportent très bien la captivité, à condition qu'on mette à leur disposition une pièce d'eau très poissonneuse. Ils sont intéressants à observer et perdent leur naturel farouche, les Chinois ont utilisé depuis longtemps cette aptitude des Cormorans à la domesticité pour les dresser à la pèche. Ce genre de sport, dont on eut récemment le spectacle en France, se pratique de la manière suivante i294] LES PALMIPÈDES. iO Le pêcheur se tient sur un radeau de bambous, large a peu près de o'^go, long de 3 à 7 mètres, et mis en mouvement à l'aide d'une rame. Quand les Cor- morans doivent pêcher, le pêcheur les pousse ou les jette à l'eau, et quand ils ne plongent pas, il bat l'eau de sa rame ou même frappe les Oiseaux jusqu'à ce qu'ils aient plongé. Aussitôt que le Cormoran a un Poisson, il reparaît à la sur- face avec son Poisson dans le bec, dans l'intention de l'avaler ; mais un fil ou un anneau de métal qui lui entoure le cou l'en empêche, et il regagne bon gré mal gré le radeau. Le pêcheur se hâte d'arriver pour ne pas laisser échapper sa proie, car il s'élève parfois, surtout quand l'Oiseau a affaire à de grands Poissons, un véritable combat entre lui et sa victime. Quand le pêcheur se trouve assez près, il lance sur son Cormoran une espèce de filet, en forme de poche, assujetti a une perche, l'attire ainsi sur le radeau, lui prend son Poisson et, après avoir desserré l'anneau qui l'cmpeche d'avaler, lui donne quelque nourriture comme récompense. Il laisse quelque repos à son Oiseau et le renvoie de nouveau au travail. Il arrive parfois que le Cormoran cherche à s'enfuiravec sa proie. Le pêcheurs'em- presse alors de le poursuivre; il réussit quelquefois à l'atteindre, mais d'autres lois aussi ses tentatives sont vaines. Quand un Cormoran a pris un Poisson trop grand pour qu'il puisse à lui seul s'en rendre maître, on en voit quelques autres accourir, ce qui amène par- fois un combat, les Cormorans cherchant réciproquement à se disputer la proie. Dans ces circonstances, l'intérêt des spectateurs est à son comble, et l'on voit des paris s'engager en faveur de l'un ou de l'autre des Oiseaux. Utilité. — Le Cormoran doit être classé parmi les Oiseaux nuisibles à l'homme. D'une voracité remarquable, il détruit une quantité considérable de Poissons. LE CORMORAN HUPPÉ ^Plialacrocorax crislatiis. — Caractères. — Le Cormoran huppéest d'un vert foncé à reflets bronzés, avec les scapulaires et les couvertures des ailes encadrées de noir velouté. Il porte, comme son nom l'indique, une sorte de huppe ou de toupet sur le sommet de la tète. Habitat. — Il habite les côtes occidentales de l'Europe et quelques iles de la Méditerranée. On le rencontre aussi sur nos côtes de la Manche et de l'Océan, notamment aux îles Jersey et aux environs de Cherbourg. Mœurs. — Ses mœurs ne diffèrent pas de celles du Cormoran ordinaire. Il niche dans les crevasses des rochers. Son nid est formé principalement de plantes marines. LE CORMORAN PYQMÉE {Phalacrocora.\ pygvuvus . — La taille de cette espèce n'est que de o°',5o à o^.SS. Son plumage est d'un noir verdàtre, et par- semé à la tête, au cou et sur les jambes, d'un grand nombre de points et de traits blancs formés par des petites plumes effilées. habitat. — Le Cormoran p3'gmée habite l'Asie septentrionale et occidentale, l'Europe orientale et l'Afrique septentrionale. Mœurs. — Il niche de préférence sur les arbres, en compagnie des Hérons, dont il aime la société. 1 1 LES ANHINGAS. r295 LES ANHINGAS Les Anhingas ont été définis avec raison, par certains auteurs, des Cormorans il bec droit. Caractères. — Ils ont pour caractères un corps allongé, un cou extrêmement long; une tête petite, plate; un bec long, droit, fusiforme, pointu, à bords dentelés vers l'ex- trémité, tranchant dans le reste de son étendue; des jambes insérées très en arrière du corps; des tarses courts, gros et forts ; des doigts larges; des ailes relati- vement courtes, subai- guës ; une queue très longue, à pennes flexi- bles. Habitat. — Les espè- ces qui composent ce genre sont disséminées les unes en Amérique, d'autres en Afrique, en Asie, en Australie. Mais toutes ont le même genre de vie. L'ANHINQA VUL - CAIRE [Plotus au- hinga . — Caractères, — L'Anhinga vulgaire est un peu plus grand que le Cormoran or- dinaire, en raison de la longueur de sa queue. 11 a la tète, le cou et toutes les parties inférieures d'un noir velouté à reflets ver- dàtres; l'occiput et le front tachetés de brun gris ; le dos et la partie supérieure des ailes marqués de petites taches plus claires; les scapulaires et les couvertures des ailes ra\'ées longitudina- lement de blanc; les rémiges et les rectrices noirâtres ; l'iris rouge-orange foncé; le bec brun gris en dessus, brun rouge tirant sur le jaune en dessous; la gorge d'un jaune rougeâtre; les tarses d'un brun gris ou jaunâtres. [2901 LES PALMIPÈDES. 12 Habitat. — Cette espèce liabitc rAmériqucdu Sud et la partie méridionale de l'Amérique du Nord. Mœurs. — Les mœurs des Anhingas ont été étudiées par divers naturalistes, dans les différentes contrées du globe où se rencontrent ces Oiseaux, et les obser- vations qu'ils ont recueillies concordent exactement avec celles qu'en a tracées Brehm, qui s'exprime ainsi Les Anhingas habitent les fleuves, les lacs et les marais, dans les environs desquels se trouvent des arbres, surtout quand, au milieu de ces cours d'eau, il y a des îles boisées. Ils quittent les arbres le matin et commencent leur chasse, puis y reviennent pour y dormir ou s'y reposer; c'est sur des arbres que se trouve d'habitude leur nid. Cependant il leur arrive quelquefois de se reposer, comme les Cormorans, sur des rochers, mais c'est seulement quand ils ne peuvent trouver d'arbre. Les merveilleux marais du sud des Etats-Unis, d'une si prodigieuse richesse en animaux, où les fleuves et les lacs formés par les pluies, de l'Afrique centrale, de l'Asie méridionale et de la Nouvelle-Hollande, suflisent à tous les besoins de la vie, sont fréquentés par un grand nombre d'Anhingas. On ne peut pas dire que ces Oiseaux soient aussi sociables que les Cormorans, car on n'en voit presque jamais plus de dix à vingt réunis; cependant ils se tien- nent ensemble volontiers à cinq et même jusqu'à huit sur une même partie de lac, d'étang ou de rivière, et souvent plusieurs de ces petites familles se réu- nissent le soir sur les arbres qui leur offrent l'abri préféré pour dormir. Pendant la saison de la ponte, ils se réunissent sur les places favorables en nombre encore plus grand. Il n'est presque pas possible de trouver un nom mieux choisi que celui d'Oiseau à cou de Serpent, que les Hottentots ont donné aux Anhingas. Leur cou rappelle réellement le Serpent, mais encore il se meut d'une manière ana- logue. Quand l'Oiseau nage entre deux eaux, il se transforme lui-même en Serpent, et quand il se prépare à se défendre ou à attaquer un ennemi, il lance son cou en ayant avec une rapidité tellement foudroyante, qu'on ne peut s'em- pêcher de penser à l'attaque de la "\''ipère. Tous les Anhingas déploient leur puissance d'action sur l'eau ; ce sont des nageurs consommés et des plongeurs plus parfaits encore. Un Cormoran n'est qu'un maladroit auprès d'eux. Ils l'emportent sur tous, du moins dans leur ordre, quoiqu'il me paraisse difficile qu'ils soient dépassés par un autre plongeur ou nageur. Lorsqu'ils peuvent pêcher sans être distraits et qu'ils se sentent en sûreté, ils nagent en enfonçant à moitié leur corps au-dessous de la surface ; mais sitôt qu'ils aperçoivent un homme ou un animal dangereux, ils s'immergent si profondément qu'il n'va plus que leur cou mince qui se montre à la surface. Le vol des Anhingas ressemble à un tel point à celui des Cormorans qu'il arrive de confondre les deux genres d'Oiseaux. Ce vol parait se faire sans effort, et néanmoins il est très rapide et se soutient longtemps. ^ Elle est commune sur les côtes delà Méditerranée, et apparaît accidentellement dans le nord de la France, dans les marais de l'Artois et de la Picardie. On la voit au printemps sur les lacs de la Suisse. Mœurs. — Ses mœurs sont très différentes de celles des Sternes, bien qu'elle ait toutes 'es allures de ces dernières. Elle recherche non pas les embouchures des tieuves, mais les grands étangs, les marais aux eaux tranquilles. Ses habitudes sont diurnes toute son existence se passe à voler au-dessus de la surface de l'eau, c'est-à-dire à chasser les Insectes, les larves aquatiques et les petits Poissons dont elle fait sa nourriture. Les Guifettes ne s'emparent pas de leur proie en fon- dant dessus; elles chassent à la façon des Hi- rondelles; elles rasent la surface de l'eau, exé- cutent des crochets, plus par plaisir, semble-t-il, que par nécessité; elles planent longtemps, et quand elles aperçoi\'ent une proie, elles ne se laissent pas tom- bersurelle brusquement et presque vertica- lement à la manière des Oiseaux plon- geurs elles des- cendent plus obliquement, etiasaisissent avec leur bec, sans plonger entièrement. " Ces mouvements, dit Brehm, s'exécutent cependant avec une grande rapidité; aussi, voir une Hydrochélidon pécher, c'est assister à un spectacle toujours changeant. Lorsque le vent est violent, l'Hydrochélidon est contrariée dans son vol. Plus encore que chez ses congénères, ses ailes sont trop longues, relativement au poids de son corps et à la puissance de ses muscles. Mais quand le temps est beau, elle règne dans l'air en souveraine; elle s'élève jusque dans les nuages, en décrivant les cercles, les crochets les plus gracieux puis, de cette hauteur, elle redescend sur quelque petite pièce d'eau pour l'explorer et y continuer sa chasse. Contrairement aux autres Sternidés, elle se montre sans crainte et confiante à l'égard des autres êtres vivants. Dans nos contrées, elle fuit encore l'homme, mais dans le midi de l'Europe et en Egypte, où personne ne lui est hostile, elle pèche et vaque à ses occupations tout à côté de l'homme; elle arriveen volant si près de lui, qu'on croirait pouvoir la prendre avec la main. Cependant, ses allures changent, une fois qu'elle a été chassée, et des pour- suites réitérées peuvent la rendre extrêmement défiante et prudente. La Guit'ette noire. f322] LES MOUETTES. 2J Elle ne s'inquiète guère des autres Oiseaux, bien qu'elle soit fort sociable et qu'il soit très rare de voir un individu isolé. Les membres d'une même bande sont très attachés les uns aux autres; ils demeurent toujours ensemble; ils vaquent en commun à leurs occupations ; sauf quelques agaceries peu sérieuses, ils vivent entre eux dans la meilleure harmonie. Le malheur qui frappe l'un des membres d'une pareille société est profondément ressenti par les autres. Un coup de feu a-t-il fait tomber à terre une Hydrochélidon, ses compagnes se réunissent autour d'elle, non par jalousie comme on l'a prétendu, mais par compassion, pour essayer de la secourir; peu courageuses de leur naturel, elles n'osent s'attaquer qu'à des adversaires qu'elles savent bien inférieurs à elles sous le rapport du vol, et elles fuient timidement tous ceux qui pourraient leur être dangereux. Les Hydrochélidons nichent dans l'intérieur des marais. Elles construisent leurs nids les uns près des autres, sur de petits monticules de vase qui émergent au-dessus de l'eau, dans des touffes d'herbes ou de joncs, sur des îlots flottants de joncs, de roseaux, sur des feuilles de nénuphar mais, alors même qu'ils flottent, ces nids sont souvent détruits par une subite crue des eaux. Excep- tionnellement, on en trouve au milieu des feuilles de roseaux élevés, ou même sur des buissons. Le nid des Hydrochélidons varie suivant l'endroit où il est établi; mais, en somme, il ressemble à celui des autres Sternidés. Le fond en est formé d'une couche souvent considérable de matières végétales, au centre de laquelle est creusée une légère dépression. Des feuilles sèches, des joncs, des roseaux, des racines, sont les matériaux de cette construction, toujours gros- sièrement établie. Au commencement de juin, on y trouve généralement trois eufs, rarement deux ou quatre. Ces œufs sont courts, fortement ventrus, à coquille mince, finement grenue, terne, d'un brun foncé, parsemé de taches et de points d'un brun rouge et d'un brun noir. Les jeunes éclosent après quatorze ou seize jours d'incubation; ils quittent le nid quinze jours après, quand ils savent un peu voler. Les parents montrent pour eux beaucoup de sollicitude, les défendent en cas de danger avec un courage extraordinaire. Lorsque les jeunes peuvent voler, ils suivent encore longtemps leurs parents dans toutes leurs excursions, leur demandant sans cesse à manger; et souvent encore, il les tourmentent ainsi pendant qu'ils émigrent. » LA QUIFETTE FISSIPÈDE OU STERNE ÉPOLVANTAIL Ilydrochclidou fis- sipes. — Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente. On la rencontre dans les mêmes régions. Elle est très commune en France. Elle niche dans les endroits marécageux, parmi les roseaux, quelquefois sur les grandes feuilles de nénuphar qui flottent sur les eaux. Son nid est construit avec art, à l'aide d'herbes sèches et de feuilles de roseaux. On prend cette espèce en grandes quantités dans nos marais pour appro- visionner les marchés des grandes villes. LES BEC-EN-CISEAUX. [323] LES RHVNCHOPIENS Les Rliynchopiens ont pour caractère essentiel la forme de leur bec, celui-ci formé de deux mandibules inégales, la supérieure la plus courte, comprimées latéralement, a bords tranchants. Cette famille ne comprend que l'unique genre suivant LES BEC-EN-CISEAUX Caractères. — Les Oiseaux de ce genre doivent leur nom à la disposition en viseaux de leurs mandibules. Ils ont encore pour caractères un cou allongé, une tête petite, des ailes très longues, une queue moyenne et fourchue ; des tarses médiocres, grêles, un pouce très réduit, une membrane interdigitale fortement échancrée. LE BEC-EN-CISEAUX ORIENTAL /?/n-"co/'Sor/e;7/a//5. —Caractères. —Cette espèce a le front, la face, la queue, les Hancs et les extrémités des grandes cou- vertures des ailes d'un blanc pur; le dessus de la tète et du cou, la gorge et le manteau d'un brun noir ; l'iris brun; le bec et les pieds rouges. Sa taille est d'environ o°',45. Habitat. — Le Bec-en-ciseaux oriental, ainsi que ses trois ou quatre congé- nères du même genre, habite les mers tropicales. Mœurs. — Ses moeurs sont crépusculaires ou nocturnes. Pendant le jour, il se tient immobile et généralement couché, sur les bancs de sable, à l'embou- chure des fleuves. Mais dès le coucher du soleil, il se met en mouvement, fait entendre son cri, et se dirige vers la surface des flots pour commencer sa chasse. Il se nourrit surtout d'Insectes et de Mollusques. La structure particulière de son bec est, sans aucun doute, en rapport avec le genre de nourriture qui convient le mieux à cetOiseau, mais n'a pas encore reçu néanmoins d'explication satisfaisante. Le vol du Bec-en-ciseaux oriental, dit Brehm, est léger, beau et singulier en même temps, caries ailes doivent être fortement relevées pour que leurs extré- mités ne troublent pas la surface de l'eau. La longueur particulière du cou de ces Oiseaux rend possible une pareille manière de voler, et leur permet de tenir leur corps à quelques pouces au-dessus de la surface des eaux, dans lesquelles ils doivent néanmoins plonger une bonne partie de leur bec. Le Bec-en-ciseaux chasse sur des étendues de plusieurs lieues du cours du fleuve, surtout alors qu'il habite en nombreuse compagnie la même ile et que, comme conséquence, son territoire de chasse se trouve partagé parles autres. Dans l'Afrique centrale, il déserte rarement le fleuve pour aller chasser dans le voisinage, sur les étangs formés par les pluies, tandis que dans le sud-est et dans l'ouest du continent, il [324] LES MOUETTES. 24 se plaît a chercher, comme son congénère d'Amérique, des parties plus tran- quilles de la mer. On entend souvent les bandes volantes pousser leur plainte particulière, petit cri qu'il est difficile de rendre par des mots et qui n'est com- mun à aucun des Oiseaux que je connais. » Les Bec-en-ciseaux nichent dans des cavités creusées dans le sable. Ils pondent de trois à cinq œufs semblables a ceux des Sternes. Les Cygnes, les Oies et les Canards LES ANATIDES Les Anatidés forment la troisième grande division de l'ordre des Palmipèdes, celle des Palmipèdes lamdli-oslres, caractérisés par un bec déprimé ou arrondi, recouvert en grande partie d'une peau molle riche en filets nerveux et dont les bords des mandibules sont garnis de petites lamelles transversales dentiformes. Ces Oiseaux ont un corps lourd, ramassé, un cou long et très mobile; des ailes médiocres dépassant rarement l'extrémité delà queue; des tarses courts, les trois doigts antérieurs réunis par une palmure complète; le pouce libre et parfois muni, chez les meilleurs plongeurs, d'une petite membrane natatoire isolée. Un caractère qui, avec la structure du bec, leur est assez spécial, est la forme de la langue; celle-ci est épaisse, charnue, garnie de nombreuses papilles, et très mobile. Les Anatidés sont de bons voiliers, ils parcourent de longues distances d'un vol rapide et soutenu. Ils sont aussi d'excellents nageurs et plongeurs. Ils habitent les lacs, les étangs, se nourrissent de Vers, Mollusques, qu'ils vont pêcher dans la vase, les bords de leur bec fonctionnant comme un crible pour retenir les proies de petites dimensions tout en laissant écouler l'eau au dehors. Beaucoup d'espèces ont des habitudes crépusculaires ou nocturnes. Les uns sont polygames, d'autres monogames, mais tous sont très féconds; les femelles couvent seules; les petits naissent couverts d'un duvet épais et abandonnent le nid aussitôt après leur naissance. La famille des Anatidés se divise en cinq sous-familles naturelles qui sont Les Cygnes ou Cygniens\ Les Oies ou Aiiser-iens ; Les Canards ou A>iaiieiis; Les Hydrobates ou Fuliguliens; Les Harles ou Mergiens. La vie des animaux illustrée. IV. — 24 f326J LES CYGNES. LES OIES ET LES CANARDS LES CVGNIENS Les Cygniens sont des Palmipèdes de grande taille, pourvus d'un cou exces- sivement long et hors de proportion avec la hauteur des jambes. Leurs lorums sont nus, leurs ailes amples, à rémiges cubitales ou brachiales plus longues que les grandes primaires. Leur trachée-artère est sans renflement, mais elle forme, chez quelques espèces, des replis qui se logent dans l'épaisseur du ster- num. Ce sont des Oiseaux essentiellement nageurs. Cette sous-famille ne comprend qu'un seul genre. LES CYGNES Caractères. — Les Cygnes se distinguent aisément, à première vue, des autres genres voisins par leurs formes générales, leur cou allongé mais gra- cieux. Ils ont encore pour caractères un bec de la longueur de la tête, d'égale lar- geur dans toute son étendue, épais à la base qui est renllée ou surmontée d'un tubercule charnu; des narines médianes, latérales, des ailes amples, subaiguës; une queue courte, arrondie ou carrée; des tarses épais, de la longueur ou plus courts que le doigt interne; des palmures amples, entières; un pouce très petit, ne portant à terre que par l'extrémité de l'ongle. Les différentes espèces de ce genre se rencontrent dans toutes les contrées de la terre, mais se répartissent de la façon suivante r Espèces d'origine européenne ou asiatique Cygne muet, CN'gne chanteur, Cygne de Bewik; 2° Espèces d'origine américaine Cygne à cou noir. Cygne à cou blanc de la Plata et du Chili; 3° Espèce d'origine australienne Cygne noir de la Nouvelle-Hollande. LE CYGNE CHANTEUR [Cygnus férus. — Caractères. — Le Cygne chanteur ou C-gnc sauvage mesure environ i^jbo de long. Son envergure varie entre 2°',5o et 3"°, 60. Il a tout le plumage d'un blanc pur, avec le dessus de la tête et le haut de la nuque légèrement teintés de jaunâtre; le bec, dépourvu de caroncule charnue, est noir dans sa partie antérieure, jaune dans le reste de son étendue, les lorums nus et jaunes, l'iris d'un brun noir, les pieds noirs. La femelle ne dilTère du mâle que par sa taille un peu moindre. Les jeunes sont d'abord d'un gris clair, avec le bec et les pieds rougeàtres, puis après la deuxième mue, ils sont maculés de blanc; enfin, ils prennent le plumage des adultes. Habitat. — Le Cygne chanteur habite les régions du cercle arctique; l'hiver, 3 LES CYGNES. [327] il émigré dans les zones tempérées et même jusque dans le nord de l'Afrique. Mœurs. — La description des mœurs et du genre de vie du Cygne chanteur s'applique également à toutes les autres espèces. Par leurs allures, les Cygnes diffèrent de presque tous les autres nageurs. L'eau est véritablement leur domaine; ils ne vont pas à terre volontiers, et ils ne se décident à voler que quand la nécessité les y contraint. Leurs pattes, insérées très en arrière de leur corps, ne leur permettent pas de marcher facile- ment; leur démarche semble lourde et vacillante. Ils ne volent qu'avec de grands efforts, surtout au moment où ils s'enlèvent de dessus l'eau, mais ils le font rapidement lorsqu'ils sont arrivés à une certaine hauteur; lorsqu'ils sont à terre, ils prennent difficilement leur essor, aussi n'aiment-ils pas à s'y abattre. Avant de s'envoler, ils étendent le cou horizontalement, battent des ailes, frappent de leurs larges pattes palmées la surface de l'eau, et ainsi, moitié volant, moitié courant, ils franchissent de quarante à quatre-vingts pas, en produisant un bruit assez fort. Ce n'est qu'après ce trajet qu'ils ont un élan suffisant pour pouvoir s'envoler. Ils étendent alors leur cou dans toute sa longueur, étalent large- ment leurs ailes, en frappant l'air à coups redoublés, et produisent un bruisse- ment assez désagréable, entendu de près, mais qui, de loin, ne manque pas d'une certaine harmonie, et rappelle un peu le son lointain d'une clochette. Pour s'abattre, ils descendent les ailes étendues et immobiles, ils arrivent obli- quement à la surface de l'eau, la touchent, glissent assez loin sur elle, et étendent leurs pattes pour ralentir leur vitesse. Les Cygnes se nourrissent de végétaux aquatiques, de racines, de feuilles, de graines, d'Insectes, de larves, de Vers, de Mollusques, de petits Reptiles, de Poissons. Ils ne sont pas herbivores au même degré que les Oies, ni carni- vores comme les Canards; pour le régime, ils tiennent le milieu entre ces deux familles. Ils prennent leurs aliments en barbotant; ils enfoncent leur long cou dans l'eau, y cueillent des plantes, ou remuent la vase pour y prendre de petits ani- maux. Ils ne peuvent vivre dans des eaux profondes, si des myriades de petits animaux ne peuplent les couches supérieures de ces eaux. En captivité, ils s'habituent au régime le plus varié; mais ils préfèrent tou- jours les substances végétales. Sous le rapport de l'intelligence, les C3'gnes ne le cèdent pas aux autres Lamel- li rostres. Ils sont prudents, judicieux; ils règlent leur conduite suivant les circons- tances, suivant les dispositions que l'homme leur montre ; mais il est rare qu'ils dépouillent entièrement leur timidité et leur sauvagerie naturelles. Dans leurs mœurs, tout respire un sentiment de contentement d'eux-mêmes, de conscience de leur dignité, d'amour de la domination, qui se traduit vis-à-vis de leurs semblables du même sexe en querelles, vis-à-vis des animaux plus faibles en despotisme. Ce n'est qu'entre Cygnes de même espèce que se forment des sociétés nombreuses, et ils ne souffrent au milieu d'eux aucun étranger; un Cygne isolé préfère même rester solitaire, que de se mêler à d'autres Oiseaux. Ils sont méchants pour les espèces plus faibles qu'eux; la domination qu'ils conquièrent facilement sur elles ne semble pas les satisfaire; souvent, ils poursuivent d'autres Oiseaux [328J LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 4 nageurs, les attaquent avec fureur, les tuent, sans autre motif apparent que celui de faire preuve de leur force. La voix du Cj'gne se traduit par une sorte de gloussement sonore. Elle a donné lieu, dans l'antiquité, aux légendes les plus curieuses, mais que Schilling a réduites à leurs justes proportions. Le Cygne chanteur, dit-il, charme l'amateur, non seulement par sa beauté, sa grâce, sa prudence, mais encore par sa voix l'orte, riche en notes pures et variées ; il la fait entendre à toute occasion ; c'est un cri d'appel, d'avertissement. Quand il est réuni à ses semblables, il semble causer avec eux ou rivaliser à qui chantera le mieux. Lorsque par les grands froids, la mer est couverte de glace dans les endroits non occupés par les courants, que les Cjgnes ne peuvent plus se rendre là où l'eau peu profonde leur garde une nourriture abondante et facilement acces- sible, alors on voit ces Oiseaux se rassembler par centaines sur les points où des courants maintiennent la mer libre et leurs cris mélancoliques racontent leur triste sort; souvent alors, dans les longues soirées d'hiver, et pendant des nuits entières, j'ai entendu leuis cris plaintifs retentir à plusieurs lieues. On croit entendre tantôt des sons de cloches, tantôt des sons d'instrument à vent; ces notes sont même plus harmonieuses ; provenant d'êtres animés, elles frappent nos sens bien plus que des sons produits par un métal inerte. C'est bien là la réalisation de la fameuse légende du chant du Cygne ; c'est, en effet, souvent le chant de mort de ces superbes Oiseaux. Dans les eaux profondes, où ils ont dû chercher un refuge, ils ne trouvent plus de nourriture suffisante; affamés, épuisés, ils n'ont plus la force d'émigrer vers des contrées plus pro- pices, et souvent on les trouve sur la glace, morts ou à moitié morts de faim et de froid. Jusqu'à leur trépas, ils poussent leurs cris mélancoliques... » Telle est l'origine du fameux chaut du Cr^ue, célébré par les poètes. Il faut bien leur pardonner leurs fables, dit BufFon, en parlant de ces derniers elles étaient aimables, touchantes; elles valaient bien de tristes et d'arides vérités, c'étaient de doux emblèmes pour les âmes sensibles. Les Cygnes, sans doute, ne chantent point leur mort mais toujours, en parlant du dernier essor et des derniers élans d'un beau génie prêt à s'éteindre, on rappellera avec sen- timent cette expression touchante c'est le chant du Cygne. » A l'époque des amours, les Cygnes mâles se livrent entre eux de violents combats pour la possession d'une femelle. Ils donnent souvent des témoignages de jalousie, d'envie, de fourberie. Par contre, le mâle et la femelle d'un même couple ont l'un pour l'autre une grande fidélité, et, une fois unis, ils le sont pour la vie. Les parents ne témoignent pas moins de tendresse à leur progéni- ture; si le mâle ne prend pas part directement à l'incubation, il reste toujours auprès de sa femelle, veillant sur elle, se couchant à ses côtés, la distrayant par sa présence. La femelle construit le nid ; le mâle se borne à lui apporter dans son bec les matériaux qu'il est parfois allé chercher au loin. Le nid est très grand, construit sans art, formé de toutes sortes de plantes aquatiques et d'une dernière couche de joncs secs. La femelle cherche de petits îlots bien abrités pour l'y établir; à défaut, elle r, LES CYGNES. [3291 entasse des plantes, en forme un îlot flottant et assez grand pour porter le couple. Chaque couvée est de six à huit œufs, à coquille épaisse, d'un blanc sale ou d'un vert pâle sale; l'incubation est de cinq à six semaines; les jeunes éclosent couverts d'un duvet épais; ils restent environ un jour dans le nid, à se réchauffer et à se sécher, et sont ensuite conduits dans l'eau, où ils apprennent à chercher leur nourriture la femelle les porte souvent sur son dos ; la nuit, elle les garde sous ses ailes; en cas de danger, elle les défend avec vaillance, leur prodigue ses soins jusqu'à ce qu'ils aient leur plumage complet, et qu'ils soient en état de se suffire à eux-mêmes. Ils quittent alors leurs parents, et pour toujours. Si, l'année suivante, ils reviennent à leur lieu natal, les parents les traitent comme des étrangers et les chassent hors de leur domaine. Chasse. — La chasse au Cygne est difficile, car cet Oiseau est craintif et pru- dent. Elle se pratique surtout à l'époque des migrations. La chair du Cygne âgé est dure et coriace. Aussi la seule raison de cette chasse est de se procurer des plumes très appréciées dans le commerce. LE CYGNE NAIN, OU DE BEWICK [Cygniis miuor. — Cette espèce, dont les caractères diffèrent peu de ceux du Cygne sauvage, n'atteint, chez les mâles, qu'une taille de i"',26. Elle habite l'Islande, la Sibérie et se montre accidentellement de passage dans le nord de l'Europe, notamment en France. LE CYGNE MUET [Cygniis maiisueliis. — Caractères. — Le Cygne muet a tout son plumage d'un blanc éclatant; le bec rouge, avec l'onglet, les narines et les bords des mandibules noirs ; l'iris brun foncé ; le bord libre des paupières, les lorums, et la caroncule charnue qui surmonte le bec, d'un noir profond; les pieds d'un noir rougeâtre. Sa taille est de i"',46 environ. La femelle porte la même livrée que le mâle, mais sa taille est moindre. Les jeunes, d'abord couverts d'un épais duvet gris chez les mâles et gris brun chez les femelles, revêtent d'abord un plumage d'un brun cendré avant d'ac- quérir progressivement la livrée éclatante des adultes. Habitat. — ' Le Cygne muet habite les contrées orientales du nord de l'Europe. Il émigré jusque sur nos côtes de France, pendant les hivers rigoureux. Mœurs. — Par ses moeurs et son genre de vie, il ne se distingue pas du Cj'gne sauvage. C'est à cette espèce qu'il faut rapporter les Cygnes domestiques que l'on élève pour l'ornement des pièces d'eau dans les parcs. Il se fait remarquer, en effet, par une grande aptitude à la vie captive. Son régime est omnivore. Sa longévité est très grande elle peut atteindre cent ans. On rencontre fréquemment dans les couvées du Cygne muet des jeunes qui, à la naissance, sont déjà entièrement blancs. C'est sur cette particularité acciden- telle que certains auteurs avaient voulu créer-la race dite du Cygne invariable. Captivité. — Les qualités qui font du Cygne l'un des ornements les plus recherchés des pièces d'eau de nos parcs, ne pourraient être mieux mises en relief [330] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. que par ces lignes emphatiques de Bufton Les grâces de la figure, la beauté de la forme répondent, dans le Cygne, à la douceur du naturel; il plaît à tous les yeux, il décore, il embellit les lieux qu'il fréquente; on l'aime, on l'applaudit, onj l'admire; nulle espèce ne le mérite mieux. La nature, en effet, n'a répandu sur aucune de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l'idée de ' ses plus charmants ouvra- ges coupe de corps élé- gante, formes arrondies, gracieux contours, blan- cheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout, dans le Cygne, respire la volupté, l'enchantement que nous font éprouver la grâce et la beauté. Tout Le Cygne blanc ou muet. " nOUS l'annonce, tOUt justifie la spirituelle et riante mythologie d'avoir donné ce charmant Oiseau pour père à la plus belle des mortelles. » Cependant, bien que les auteurs grecs et romains parlent fréquemment du Cygne, dans leurs écrits, l'origine de la véritable domestication de cet Oiseau est entourée de la plus grande obscurité. En France, il semble que les premiers essais remontent au xv'' siècle. Les Cygnes en captivité ne réclament pas de bien grands soins, s'ils peuvent disposer d'une grande pièce d'eau où ils trouvent des graines, des plantes aqua- tiques, des Vers, des Grenouilles, des Insectes, de l'herbe. Il sutlit d'adjoindre à ces aliments naturels un peu d'avoine, ou quelques pâtées de son et de farine, pour compléter leur régime *. LE CYGNE A COU NOIR ** [Cygniis iiigi-icollls. — Caractères. — Cette espèce a, comme son nom l'indique, la tête et le cou noirs ; le reste du plumage est d'un blanc pur; le bec gris; une ligne naso-oculaire et les pattes rouges. HuhitJt. — Il vit à l'état sauvage dans l'Amérique du Sud, mais il est aujour- d'hui tout à fait acclimaté en Europe. LE CYGNE NOIR DE LA NOUVELLE-HOLLANDE **' [Cygnus atratus. — Caractères. — Le Cygne noir est d'une taille un peu inférieure à celle du ' PI. LU. — Cygnes domestiques et leurs jeunes iPlanche, p. 332. " PI. LUI. — Cygnes blancs domestiques et Cygnes noirs Planche, p. 332. "* PI. LIV. — Le Cygne noir de la Nouvelle-Hollande Planche, p. 332. 7 LES CYGNES. [331] Cygne muet. Il a tout son plumage noir, avec les bordures des plumes tirant sur le gris noir, les rémiges primaires et plusieurs rémiges secondaires d'un blanc éclatant ; le bec dépourvu de caroncule, d'une couleur rouge-carmin, avec une bande en arrière de la pointe et l'extrémité des deux mandibules qui sont blanches; l'iris rouge, les pattes noires. Habitat, — Il est originaire de l'Australie, où on le trouve à l'état sauvage. Mais il est exposé à disparaître en raison de la chasse acharnée qu'on lui fait. Il se montre en quantités innombrables dans les parties peu explorées de l'intérieur. D'après Bennett, on trouve parfois réunis des milliers de ces Oi- seaux, et ils sont si peu craintifs qu'on peut en tuer sans peine autant qu'on veut. En hiver, les Cygnes noirs arrivent en Australie et s'y tiennent dans les lacs et dans les grands étangs, réunis par petites bandes, probablement formées chacune par une famille ; au printemps, c'est-à-dire pendant nos mois d'automne, ils se dirigent vers les endroits où ils nichent. Mœurs. — D'après Gould, la saison des amours du Cygne noir aurait lieu d'octobre a janvier cet auteur trouva des œufs nouvellement pondus au milieu de janvier et des jeunes couverts de duvet dès le mois de décembre. Le nid con- siste en un grand amas déplantes marécageuses et aquatiques de toute espèce; il est tantôt flottant, tantôt établi sur quelque îlot. Les œufs, au nombre de cinq à sept, sont d'un blanc sale ou d'un vert pâle, couverts de taches confluentes d'un vert fauve. Ils ont o°',i2 de long et o^joS de large, et ne sont dès lors guère plus petits que ceux du Cygne muet. La femelle couve avec ardeur pen- dant que le mâle veille fidèlement sur elle. Les jeunes éclosent couverts d'un duvet roux ou grisâtre. Dès le premier jour de leur existence, ils nagent et ils plongent et peuvent ainsi échapper à bien des dangers. Le Cygne noir a beaucoup des habitudes du Cygne muet; toutefois, il crie beaucoup plus fréquemment. Dans la saison des amours, notamment, il fait souvent entendre son cri singulier, assez semblable à un son de trompette étouffé, mais difficile à exprimer. Une note basse, peu distincte, est suivie d'une seconde plus haute, sifflante, mais également peu distincte. L'Oiseau ne semble les lancer qu'avec effort. En criant, il étend son long cou sur l'eau. Le Cygne noir semble être aussi querelleur avec ses semblables, aussi despote etméchantavec les animaux plus faibles, que ses congénères européens, surtout que le Cygne chanteur, avec lequel cependant il vit en assez bonne harmonie, hors la saison des amours. Captivité — Le Cygne noir fut importé pour la première fois en France vers 1807, à la Malmaison. Il s'acclimata très rapidement, et aujourd'hui, il est presque aussi commun dans les jardins zoologiques que le Cygne muet. Les jeunes sont un peu plus frileux que ceux de ce dernier; on les élève avec des pâtées de farine d'orge mélangée à des herbes hachées, du pain trempé dans du lait, de l'avoine écrasée, etc. On leur donne aussi un peu de viande hachée, des œufs durs, puis des Escargots, des Crustacés. Le seule race domestique créée par les éleveurs depuis la domestication des Cygnes est la race pie-noire à bec rouge. [332] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. LES ANSERIENS Les Anscriens ont des caractères qui les distinguent nettement des autres Anatidés. Leur bec est plus étroit à l'extrémité qu'à la base; la mandibule inférieure est découverte de la base à l'extrémité; leurs jambes sont placées très peu a l'arrière du corps; leurs tarses sont élevés; leurs ailes longues; leur trachée ne présente, à sa partie inférieure, ni renflements, ni replis. Ces Oiseaux sont plus marcheurs que les autres Anatidés. Ils vont peu sur l'eau et recherchent plutôt leur nourriture en broutant l'herbe des prairies qu'en barbotant dans la vase; aussi leur régime est-il essentiellement végétal. Ils ont un vol élevé, soutenu, mais peu rapide. LES PLECTROPTÈRES Les Plectroptères sont des Oies de forte taille, ayant un corps allongé, un cou long, un bec grand et fort, pourvu, comme chez les Cygnes, d'une caron- cule charnue à la base de la mandibule supérieure; des jambes hautes, des doigts longs, entièrement palmés; des ailes longues pourvues, au poignet, d'un ergot puissant. Au genre Plectroptère appartiennent plusieurs espèces considérées, par cer- tains auteurs, comme de simples races. Telles sont l'Oie de Guinée, ou de Gambie; l'Oie de Siam; l'Oie de Chine, de Madagascar, etc. LES CYGNOPSIS Le genre Cygnopsis a été créé pour quelques espèces d'Oies qui, par l'en- semble de leurs formes, rappellent autant les Cygnes que les Oies. LE CYGNOPSIS DU CANADA {Cygnopsis canadensis. — Caractères. —Cette espèce, appelée aussi Oie à cravate, a la tête et le cou noirs, à l'exception d'une bande blanche un peu en arrière de la gorge; la poitrine et le ventre d'un blanc grisâtre; le dos gris brun, les rémiges primaires d'un brun foncé, les secondaires et les rcctrices noires; l'iris gris brun, le bec et les pattes noirs. Habitat. — .autrefois très répandue dans toute r.\mérique du Nord, l'Oie à cravate tend à restreindre de plus en plus son habitat. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles des Oies sauvages de l'Europe dont il va être question. PL LU. — Cygnes domesiiques et leurs jeunes Texte, p. 33o. PI. LUI. — Cygnes blancs domestiques et Cygnes noirs Texte, p. 32oK PI. LIV. — Cygne noir de la Nouvelle-Hollande Texte, p. 33o. 9 LES OIES. [333] Son aptitude a la domestication, et à la production avec les Oies communes d'hybrides d'un engraissement facile, la fait très apprécier des éleveurs. LES OIES Caractères. — Les Oies ont le bec à peu près aussi long que la tête, très élevé à son origine, un peu renflé au bout; la mandibule supérieure garnie de lamelles espacées, saillantes, en forme de dents, et dirigées en arrière; l'onglet supérieur presque aussi large que l'extrémité du bee, et médiocrement courbé; leurs ailes sont longues, aiguës, dépassant la queue, celle-ci moyenne, arrondie sur les côtés ; leurs tarses épais, presque aussi longs que le doigt médian. Toutes ont un plumage sans éclat, peu varié et où dominent les teintes grises. L'OIE CENDRÉE Aiiser cinereus. — Caractères. — L'Oie cendrée mesure de o°',8o à un mètre. Son plumage est d'un gris cendré assez uniforme; les plumes des parties supérieures sont d'un cendré brun et lisérécs de blanchâtre, passant au blanc pur vers le croupion; celles du ventre et les sous-caudales également d'un blanc pur. La femelle est d'une taille moindre; son plumage est, en dessus, d'un cendre plus clair. Habitat. — L'Oie cendrée, ou Oie première, Oie sauvage, habite les contrées orientales de l'Europe. Elle est de passage régulier en France à l'approche des grandes gelées et immédiatement après l'hiver. Mœurs. — De même que ses congénères, l'Oie cendrée est un Oiseau sociable, vivant et voyageant par troupes. Elle fréquente les bords de la mer, les étangs, les prairies. L'été, elle se reproduit dans les contrées boréales; l'hiver, elle descend dans les régions tempérées. Les bandes d'Oies qui vivent à l'état sauvage affectent dans leur vol une disposition géométrique qui leur est commune avec les Grues et autres grands Échassiers. Tous les individus d'une même troupe se disposent en forme de V renversé; d'autres fois, ils se placent en une seule ligne oblique. Leurs voyages s'accomplissent pendant la nuit, et l'on est averti de leur passage par les cris qu'ils ne cessent de faire entendre tout en volant. D'un naturel craintif et détiant, l'Oie cendrée s'enfuit à la moindre apparence de danger, en poussant de grands cris. Elle ne se mêle jamais aux autres espèces. Mais si elle ne contracte pas amitié avec ses congénères, par contre, l'union qui retient les membres d'une même famille est très intime aussi est-il exces- sivement rare de rencontrer une Oie cendrée seule. Jusqu'à l'entrée du prin- temps, les individus d'une même famille ne se séparent pas ; à l'époque du retour, ils sont souvent encore réunis et les parents ne chassent leurs petits, âgés maintenant d'un an, qu'au moment où ils vont nicher de nouveau. L'Oie cendrée se nourrit surtout de graines et de jeunes pousses de végétaux. Dès leur arrivée au printemps, les couples déjà formés se choisissent des ti [334] LES CYGNES. LES OIES ET LES CANARDS. 10 localités convenables pour y construire leur nid; les jeunes mâles de deux ans cherchent une compagne; tandis que les Oies encore incapables de se reproduire se réunissent sur d'autres points des marais. L'Oie cendrée choisit avec beaucoup d'intelligence l'endroit où elle va établir son nid. Celui qui va à la recherche de ce nid doit se persuader qu'il ne le rencontrera que dans les parties du marais les plus écartées, les plus cachées, les plus inaccessibles. Chaque paire niche l'une près de l'autre, mais chacune a son domaine propre, dans lequel elle ne souffre aucun intrus. Le mâle fait ardemment la cour à sa femelle; il tourne autour d'elle, dans une attitude fière, en hochant la tête, et la suit partout. On dirait un jaloux qui surveille toutes les démarches de sa compagne ; il combat courageusement tout mâle encore céliba- taire qui se montre devant lui; il veille soigneusement à la sécurité de sa , femelle. Souvent, les combats entre mâles rivaux deviennent très violents; les deux adversaires se prennent au cou avec leurs becs, se frappent des ailes avec une telle violence qu'on entend de fort loin le bruit de chaque coup. Les femelles assistent d'ordinaire à la lutte, et, le cou étendu et incliné, babillent activement sans qu'on puisse reconnaître si leurs cris répétés taahtahtat, tahtat, tatatat, doivent exciter ou dimi- nuer l'ardeur des combattants. Après l'accouplement, la femelle s'occupe acti- -> vement à ramasser les matériaux destinés à la construction de son nid, el le mâle l'accompagne • pas à pas. Celui-ci ne prend pas une part di- recte au travail, mais il le surveille et veille cons- tamment [à la sûreté de sa compagne. Ses regards ex- plorent continuellement tous les alentours. L'Oie com- mence par rassembler les matériaux qui sont le plus à sa portée; elle les choisit avec plus de soin ensuite et souvent va en chercher fort loin. La base du nid est formée de branchages, de chaumes, de feuilles de ro- seaux, de joncs, etc., le tout grossièrement entrelacé; c'est au point que le nid est, dans les premiers jours, plus élevé qu'il ne le sera plus tard, lorsque l'Oiseau l'aura foulé. L'excavation en e-t tapissée de substances plus délicates, plus fines ; enfin, plus l.'Oie cendrée. U LES OIES. [335] tard, du duvet recouvrira les œufs. Dans les nids des vieilles femelles, on trouve de sept à dix et jusqu'à quatorze œufs; les jeunes n'en pondent guère que cinq ou six. Ces œufs ressemblent tellement à ceux de l'Oie domestique qu'on ne peut guère les en distinguer. Ils ont de o^.ogo à o"',096 de long et de o°',o6o à o^jOÔS de large; leur coquille est lisse, terne, à grain assez grossier, d'un blanc jaunâtre sale, tirant parfois sur le vert. Si l'Oie est vieille, le premier œuf est pondu au commencement de mars et l'incubation commence au milieu, au plus tard à la un de ce mois. A ce moment, elle arrache tout son duvet, en revêt le bord interne de son nid, et en recouvre les œufs chaque fois qu'elle les quitte. Au bout de vingt-huit jours, les jeunes éclosent; ils restent environ un jour dans le nid, puis la femelle les conduit à l'eau et leur apprend à chercher leurs aliments. Des lentilles d'eau, des graminées aquatiques sont leur première nourriture; plus tard, ils s'en vont paitre dans les champs et les prairies. Le soir, jeunes et vieux reviennent au nid; mais, après deux semaines, celui-ci devient trop petit pour les jeunes, et ils choisissent un endroit pour dormir au voisinage de leur mère. La vigilance du mâle augmente dès que les jeunes sont éclos. La mère marche ou nage la première; les jeunes la suivent, serrés les uns contre les autres; le père couvre en quelque sorte la retraite, la tête haute, regardant de tous côtés, inquiet sur la sûreté des siens, observant avec défiance le moindre objet suspect. En cas de danger, c'est lui, le premier, qui donne le signal de la fuite. C'est un véritable plaisir pour l'ami de la nature, dit Naumann, que d'assis- ter, bien caché par une belle soirée du mois de mai, aux ébats d'une famille d'Oies sauvages. Au coucher du soleil, elles apparaissent, l'une ici, l'autre là, mais toutes en même temps; elles sortent des fourrés de roseaux; elles nagent, elles gagnent la rive ; le père de famille redouble de vigilance; il veille à la sécurité des siens. Quand la bande est arrivée au pâturage, c'est à peine s'il ose prendre le temps de manger; s'il soupçonne quelque danger, il avertit sa famille par quelques faibles cris ; si le danger est réel, il pousse un cri plaintif et prend la fuite. Dans ce cas, la mère se montre plus courageuse, plus soucieuse du salut de ses petits que du sien propre; par ses cris d'angoisse répétés, elle les invite à fuir et à se cacher, et si l'eau n'est pas trop éloignée, à la gagner, s'y précipiter et y plonger. Ce n'est que quand ils sont à peu près en sûreté qu'elle se décide à se sauver à son tour. Mais jamais elle ne s'envole bien loin, et dès que le danger a disparu, elle est de nouveau là pour rassembler les siens. C'est aussi à ce moment que le père rejoint sa famille. La mère est avec ses petits dans des herbes déjà assez hautes ; le père est absent, par quelque hasard ; qu'on se glisse alors vers elle sans être aperçu, puis qu'on se montre tout à coup, elle se lève en poussant de grands cris; elle vole tout autour de l'endroit où elle a été ainsi surprise, et les petits de se cacher aussitôt dans les sillons, dans les inégalités du terrain, de rester silencieux et tranquilles. L'on peut souvent alors les prendre l'un après l'autre, sans que ceux qui restent cherchent à fuir, tan- dis qu'ils courent droit vers l'eau lorsque ceux dont on s'est emparé se mettent [336] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 12 à crier. Tant que les jeunes ne peuvent voler, ils plongent avec beaucoup d'adresse, et cherchent à se sauver de cette façon. A la vérité, ils ne peuvent rester longtemps sous l'eau, mais ils n'en plongent que plus souvent. Pendant les quatre semaines qui suivent l'éclosion, les parents sont conti- nuellement en éveil; ils voient partout un danger, auquel ils cherchent a sous- traire leur progéniture, mais parfois ils se trompent dans le choix des moyens de salut. Leurs allures sont pleines d'énigmes et de contradictions ; si les parents ne trouvent pas leurs jeunes en sûreté sur le petit étang isolé où ils sont nés, ils les conduisent, généralement au crépuscule, le soir ou le matin, vers une pièce d'eau plus étendue. Il est assez singulier qu'on puisse alors chasser devant soi, comme des Oies domestiques, ces Oiseaux généralement si pusillanimes. La crainte des parents, qui n'osent s'éloigner de leurs petits, atteint dans ces circons- tances un degré indescriptible. Si on arrive au milieu d'eux, si on en prend un, la femelle s'élance contre le ravisseur, le poursuit assez loin, puis clic revient pour rassembler ses autres petits épars et les entraîner dans l'endroit où elle avait l'intention de les conduire. Si la bande est ainsi arrêtée non loin de son point de départ, elle revient parfois sur ses pas ; mais de pareilles poursuites, même répétées plusieurs fois, ne parviennent pas à détourner la lemelle de son dessein, quand bien même plusieurs de ses petits auraient péri de cette façon. On a bien souvent pris tous les jeunes d'une famille en train d'émigrer de la sorte; on les a reportés à leur étang natal, et le soir suivant, quelquefois à la même heure, on les retrouvait sur le même chemin, et cela autant de fois que l'on renouvelait l'expérience. D'autres Oies ont des intentions toutes différentes ; elles conduisent leurs petits d'un grand étang vers un étang plus petit, et recherchent ainsi la solitude. Mais les unes comme les autres ont la même fixité, la même ténacité dans ce qu'elles ont une fois conçu. Il en est d'autres, enfin, dont les actes sont inexpli- cables. Elles entreprennent à pied, avec leurs petits, des trajets considérables, dans le seul but de changer de demeure. Plus d'une fois, les Oies cendrées qui nichaient près de l'étang de Badez, dans le duché d'Anhalt, ont eu l'idée insen- sée d'émigrer vers un autre étang, situé à deux milles et demi de la, alors que leurs petits avaient à peine deux semaines, et cependant elles avaient à faire tout ce trajet à découvert, à traverser plusieurs routes, un grand nombre de chemins, la vallée de la Nuthe, où sont plusieurs villages et plusieurs moulins, à passera un quart de mille au plus de la ville de Zerbst. Il est probable qu'à peine la dixième partie d'entre elles, deux ou trois familles au plus, atteignait le but. La cause de ces émigrations est difficile à préciser; peut-être sont-elles déterminées par le manque d'eau. Si les parents meurent avant que les jeunes aient toutes leurs plumes, un grand nombre de ceux-ci périssent ; les orphelins vont, il est vrai, rejoindre d'autre familles, mais peu de femelles les acceptent; aussi, celles qui le font réunissent-elles souvent un très grand nombre de petits. J'en vis un jour une qui avait ainsi autour d'elle soixante et quelques jeunes, qu'elle conduisait et guidait comme si tous eussent été siens. Ne trouvent-ils aucune famille qui les admette dans son sein, ils demeurent ensemble mais, privés des soins pater- 13 LES OIES. [337] nels et maternels, ils périssent rapidement pour la plupart. Si, au moment de la perte de leurs parents, leurs plumes ont déjà poussé, ils ont un sort moins malheureux. A mesure que les jeunes grandissent, le père s'en inquiète moins. A l'époque de la mue, qui chez lui précède toujours d'une à deux semaines celle de la femelle, il quitte sa famille et, aussi longtemps qu'il ne peut voler, se tient caché dans les roseaux. Lorsque la femelle mue à son tour, les jeunes sont capables de voler et peu- vent se passer de guide. » Captivité. — Prises jeunes, les Oies cendrées s'apprivoisent très facilement. Cette espèce est d'ailleurs la souche des différentes races domestiques. L'OIE DES MOISSONS OU OIE VULGAIRE {A?iser sylreslî-is. — Caractères. — L'Oie des moissons ou Oie sai/raife est un peu plus petite que la précédente. Elle a la tête, le haut du cou et les parties supérieures du corps d'un cendré brun, les plus longues scapulaires étant bordées de blanc, le croupion noir; le bas du cou, la poitrine, le haut de l'abdomen d'un cendré clair roussàtre ; le bas- ventre et les sous-caudales blancs; le bec noir à la base et à l'onglet, jaune- orange au milieu; le bord libre des paupières d'un gris noirâtre, l'iris brun, les pieds rouge-orange. La femelle ne se distingue du mâle que par sa taille plus faible et les teintes moins pures de son plumage. Habitat. — L'aire de dispersion de l'Oie des moissons est à peu près la même que celle de l'Oie cendrée. Elle apparaît dans le nord de la France en hiver et au commencement du printemps. Mœur^. — Ses mœurs sont entièrement semblables à celles de l'Oie cendrée, mais dans ses voyages elle ne s'applique pas, comme celle-ci, à longer les bords de la mer. Utilité. — Une regrettable particularité que l'on s'accorde à lui reconnaître est de produire des dégâts considérables dans les champs de blé et de colza où elle s'arrête durant ses migrations. Captivité. — Elle présente aussi une aptitude facile à la domestication, mais surtout pendant l'hiver. En Crimée, cette espèce, au contraire de la plupart de ses congénères, vit à l'état sauvage durant tout l'été et redevient volontairement domestique à l'ap- proche des grands froids. L'OIE RIEUSE OU A FRONT BLANC {Auser albifrons. — Caractères. — Cette espèce se reconnaît à la grande tache d'un gris clair qu'elle porte sur le front. Elle a les parties supérieures d'un brun cendré varié de roussàtre ; les ailes grises tachetées de blanc ; la poitrine d'un cendré blanchâtre, avec de larges bandes transversales foncées ; le ventre d'un blanc pur ; le bec jaune à pointe blanche ; l'iris brun, les pieds couleur orange. Habitat. — Mœurs — L'Oie rieusehabite le nord des deuxmondes. Elle est de [838] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 14 passage régulîer dans les régions tempérées. En France, on la voit l'hiver et au printemps venir s'abattre en troupes nombreuses dans les champs cultivés. Sa nourriture se compose surtout de graminées et de graines diverses. Elle niche dans les marais. On peut facilement l'habituera la domesticité et la faire vivre dans une basse- cour, après avoir pris soin de lui amputer l'extrémité des ailes. Elle s'accouple volontiers avec les auti es espèces. L'OIE A BEC COURT [Anser brachfrhrichus. — Elle est à peine différente par ses caractères et ses mœurs de l'oie sauvage. On la rencontre dans l'Europe orientale. L'OIE NAINE [Anser erythropus. — L'Oie naine n'est qu'une miniature de l'Oie rieuse. Sa taille n'excède pas o'°,56. Elle habite les régions du cercle arctique, et apparaît dans l'Europe tempérée à l'époque des migrations, mais elle est néanmoins considérée comme une espèce rare dans notre pays. Chasse. — La chasse aux Oies sauvages se pratique comme celle des Canards, soit à l'affût, soit en bateau, à Varlequin. Dans certaines régions du Nord, on profite de l'époque où ces Oiseaux sont en mue et ne peuvent voler; on les poursuit en canots et on les capture vivants ou bien on les assomme à coups de bâton. Une chasse plus intéressante et qui se pratique dans les étangs de nos contrées est décrite comme il suit par le baron d'Hamonville Quand le froid est très vif, surtout si le sol est couvert de neige, le chasseur part au coucher du soleil et va se placer à l'affijt près d'un ruisseau, sur lequel il sait que s'abattent les Oies et les Canards sauvages. Il se dissimule le mieux possible contre un tronc de saule, un buisson d'épine ou un poteau, se couvre d'un vêtement blanc et attend immobile, le fusil à la main. Dès que le crépuscule commence, les Anatidés se mettent en mouvement, et aussitôt que le chasseur entend le sifflement d'aile caractéristique, il porte le fusil à l'épaule sans attendre qu'il aperçoive le gibier qui est à portée dès qu'on le distingue. Quand la troupe, au lieu de passer au-dessus de la tête du tireur, s'abat à ses pieds, ce qui arrive souvent lorsqu'il a bien choisi sa place, il doit attendre que les Oiseaux, repliant à moitié leurs ailes, étendent leurs pattes pour se reposer et forment une masse confuse ; d'un seul coup, il peut faire une chasse superbe. » Utilité. — Les Oies sauvages, à quelque espèce qu'elles appartiennent, pro- duisent parfois des dégâts importants lorsqu'elles s'abattent dans les terrains cultivés. Mais comme elles représentent une partie non négligeable du gibier de marais, on peut dire qu'elles paient largement les quelques déprédations qu'elles commettent. D'autre part, leur duvet et leurs plumes sont très estimés. Quant aux espèces domestiquées, il n'est pas besoin d'insister sur les res- sources qu'elles offrent pour l'alimentation et pour l'industrie plumassière. 15 LES OIES DOMESTIQUES. [339] LES OIES DOMESTIQUES {* Les Oies domestiques de nos basses-cours dérivent de VOie cendrée, qui a fourni, grâce à la sélection artificielle et à des croisements bien combinés, les six races principales suivantes La race commune ou Oie première ; la race de Toulouse, la race d'Embden; la race frisée, la race à épi, et la race de combat. La domestication de l'Oie cendrée remonte à une haute antiquité ; on en a la preuve dans quelques vers d'Homère et dans l'histoire célèbre des Oies du Capitole 388 av. L'élevage méthodique de cet Oiseau date aussi d'une époque assez reculée, car en i555, Belon signale déjà deux variétés de la race domestique, dont l'une étaittrès appréciée en raison de sa taille et de sa fécon- dité. LA RACE COMMUNE **. — La race commune ou séquanienne est d'une taille un peu supérieure à celle de l'Oie sauvage dont elle dérive. Son plumage est d'un cendré plus foncé au cou, aux ailes et au dos, plus clair sur les parties inférieures ; les pattes d'un jaune oran- gé; le bec non caroncule. Le dimorphisme sexuel est parfois très accentué, au point que les mâles adultes sont presque en- tièrement blancs, mais, d'après Cornevin, ce ca- ractère n'a aucune fixité. L'Oie commune est ré- pandue dans toute l'Eu- rope; son élevage se pra- tique dans toutes les ré- gions où existent de gran- des prairies et des étangs; son régime se compose, en elfet, essentiellement d'herbe. L'Oie de Toulouse. C'est une race très rus- tique, féconde, d'un poids moyen de 4 kilogrammes ; le poids du plumai^c seul est de 340 grammes. 0 PI. LV. — Oies domestiques, race commune iPlanclie, p. 340 " PI. LVI. — Oies domestiques Planche, p. 340. [340] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 10 LA RACE LOURDE DE TOULOUSE.— L'Oie de Toulouse se fait remarquer par son corps lourd, trapu. Klle présente sous l'abdomen un repli cutané qui par l'engraissement acquiert un volume énorme et pend jusqu'à terre. Son plu- mage est d'une teinte générale grisâtre. Un caractère distinctif apparu récemment dans cette race mais qui s'est fixé définitivement est la présence d'un autre repli cutané appelé bavette, et situé sous la gorge- L'Oie de Toulouse est d'un développement précoce, et d'un engraissement facile. Son poids moyen est dj 7 kilogrammes. En la soumettant à un régime spécial, son foie s'hypertrophie dans des proportions énormes ; on en a obtenu qui pesaient jusqu'à 3 kilogrammes; ce sont les foies gras bien connus des gourmets. LA RACE LOURDE D'EMBDEN. — La race dite d'Embden diffère peu de la Toulousaine. Elle est originaire de la Westphalie, mais c'est surtout en Angle- terre qu'elle a été l'objet d'un élevage intensif. On la reconnaît à des formes moins massives que celles de la race de Toulouse et à son plumage blanc dans les deux sexes. LA RACE FRISÉE OU DE SÉBASTOPOL. — L'Oie de Sébastopol est une race de petit format. Son plumage est blanc; la plupart des plumes de la tète, du cou et des ailes sont relevées et frisées. On la rencontre surtout dans les régions du bas Danube. Elle fut importée en Angleterre et en France vers i856, après la guerre de Crimée. Elle n'a guère d'autre qualité que son originalité. LA RACE A ÉPL — Cette race, caractérisée par la présence, au sommet de la tête, d'un petit bouquet de plumes redressées en épi, ne diffère pas, sous les autres rapports, de la race commune. LA RACE DE COMBAT. — La race dite de combat ne diffè; e de la race commune que par sa tète forte et arrondie, son bec court et épais. Elle se fait remarquer par son naturel farouche et batailleur. Elevage. — L'élevage des Oies domestiques ne diffère pas, dans ses grandes lignes, de l'élevage des Canards, dont il sera question plus loin. Il faut mettre à la disposition de ces Oiseaux une prairie où iis iront brouter les jeunes pousses d'herbes, et une pièce d'eau où ils pourront se baigner. Les Oies ne pondent qu'une fois par an, au mois de mars ou avril ; la durée de l'incubation est de vingt-huit jours. Les jeunes éclosent donc au moment où la végétation est assez avancée et permet de leur procurer la verdure dont ils sont très friands. PI. L\'. — Oies domestiques, race commune Texte, p. Sîg. PI. LVl. — Oies domestiques Texte, p. 339. 17 LES OIES DOMESTIQUES. [341] A cette différence près, la nourriture des jeunes Oisons est celle des Canetons. On pratique surtout l'élevage des Oies en vue de la production de la chair et des œufs. Cependant la récoite des plumes et du duvet entre pour une part importante dans les bénéfices des éleveurs. D'après J. Bruyère, • Comme les Oies, les Bernaches sont sociables entre elles, vivent réunies, mais à l'écart des autres Oiseaux aquatiques. L'une d'elles s'est-elle par hasard l'.l LES BERNACHES. 5'i3] ï écartée de la bande, elle vole avec inquiétude de coté et d'autie, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé ses compagnes; se trouve-t-elle au milieu de congénères, elle se montre douce et paisible, par la raison, sans doute, qu'elle a conscience de sa faiblesse. Vis-à-vis de l'homme, elle se monri-e comme un enfant du pôle, qui n'a pas eu souvent occasion de connaître l'ennemi né de tous les animaux. Moin' craintive que tous les autres Anséridés, elle ne devient déliante qu'après des poursuites réitérées. .. ' On a dit qu'on pouvait tuer tous les individus d'une famille, l'un après l'autre, à coups de pierre ou de bâton ; ce qui est cer- tain, c'est qu'on prend les Bernaches dans des pièges beaucoup plus facilement que toutes les autres espèces d'Oies. Les Bernaches diffèrent des autres Anséridés sous le rap- elles de l'herbe ei des plantes aquatiques, mais aussi beaucoup d'Insectes et de Mollus- ques. Dans le nord, elles paissent sans doute tous les végétaux qui V croissent ; dans nos pays, elles préfèrent l'herbe fraîche. » Chasse. — La Bernache nonnette est l'objet d'une chasse impor- tante sur les côtes du nord de l'Europe, particulièrement en Hollande. Sa chair est très estimée. Cuptivité. — Cet Oiseau s'élève assez facilement en captivité, tique livrée, il est l'un des plus beaux ornements d'une basse-cour. Au genre Bernache se rattachent plusieurs autres espèces dont les principales sont La Berxache a collier, ou Oie cravatée du Canada. — Elle est caractérisée par une large bande blanche qui s'étend en forme de croissant sous la gorge en remontant en arrière jusqu'aux 3'cux. Elle est très répandue dans l'Amérique du Nord. port du régime l-a Bernache iionnctte. Par sa magni- r3i4^ LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 20 La Beknache Ckavan]-. — Cette espèce a la tète, le cou, la poitrine et la queue noires, avec une tache blanche de chaque côté du cou les ailes grises avec les rémiges brunes; le bas de la poitrine, les flancs, le dos brunâtres le bas-ventre blanc, le bec, les pieds et l'iris noirs. Klle habite les mêmes régions que la Bernache nonnettc. et se montre dans l'Europe tempérée, notamment dans le nord de la France en hiver. Ses mtuLirs sont plus aquatiques que celles des espèces précédentes. Néanmoins elle s'habitue facilement à la domesticité. La Bernache a cou roux. — Elle présente, comme l'indique son nom, sur le devant du cou et de la poitrine, une sorte de plastron d'un roux rougeàtre, bordé de blanc; la gorge et les parties supérieures de la tête et du cou noires. Elle a pour patrie le nord-ouest de l'Asie, et ne se voit que très accidentel- lement en France. LES CHENS Caractères. — Les Chens sont surtout caractérisés par la forme de leur bec qui est mince à l'extrémité et terminé par un onglet très large, membraneux et couvert de rides obliques à la base de la mandibule supérieure. Ils ont aussi des tarses plus élevés que les Oies, et un plumage très différent. Les deux sexes portent la même livrée. LE CHEN HYPERBORÉ [C/icii hypcrboreiis;. — Caractères. — Le Chen hyperboré, ou Oie des neiges, a un plumage entièrement blanc, à l'exception du front qui est d'un roux de rouille, et de la moitié postérieure des rémiges qui est noire; le bec est rouge en dessus, blanchâtre en dessous, avec l'onglet bleu, le bord libre des paupières d'un rouge vif, l'iris gris brun, les pieds jaunâtres. Habitat. — C'est un habitant des régions arctiques; il s'aventure accidentel- lement dans le nord de l'Amérique, de l'Asie, et plus rarement encore en Europe. Mœurs. — En raison de son habitat spécial, ses mœurs sont peu connues. On le chasse cependant avec ardeur dans les régions habitées où il fait quelque apparition la chair des jeunes est, parait-il, très délicate. LES CHENALOPEX Caractères. — Les Chenalopex, vulgairement appelés OiesReJiards, pré- sentent des caractères qui rappellent à la fois les Ansériens et les Anatiens. Ils ont des formes élancées, un cou long et mince des tarses élevés, des ailes longues, aiguës, armées d'un éperon saillant au poignet. Leur bec, plus court que la tête, est pourvu, sur les côtés du front, d'un petit bourrelet charnu la mandibule inférieure est en partie cachée par la mandibule •Jl LES CHENALOPEX. I-J'iô] supérieure, les lamelles ne dépassant pas les bords de cette mandibule; l'onglet est large, recourbé. LE CHENALOPEX D'ÉQYPTE [ œgypliaca. — Caractères. — Cet Jiseau a un plumage très bigarré et dont nous résumerons brièvement la description la tète et le cou sont d'un blan; légèrement Isabelle ; la poitrine, le ventre - -^ en arrière; onglet supérieur médiocrement courbé, ne fai- sant pas saillie à l'extrémité du bec; narines presque basales, assez rapprochées, élevées, médiocres, ovales; ailes de mo3'cnne longueur, aiguës; queue courte, légèrement cunéiforme; tarses épais, de la longueur du doigt médian. *>• *i 1^- >,- .^^ LE CANARD SAUVAGE [Aiias Inischas. — Caractères. — Le Canard sauvage a la tête et le haut du cou d'un vert brillant, la poi- trine d'un roux marron, limité en haut par un collier blanc; le haut du dos d'un brun cendré, finement raj'é en zigzags de gris blan- châtre; les épaules moirées de gris blanc, de brun et de noirâtre; les ailes brunes, avec miroir d'un bleu superbe en- cadré de blanc ; le bas du dos et le croupion d'un vert noir, le dessous du corps gris blanc, très finement raj'é de noirâtre; la queue grise, les quatre rectrices médianes d'un vert noir, relevées et re- courbées en demi-cercle ; le bec vert jaunâtre avec l'onglet noir; l'iris brun rougecàtre; les pieds d'un rouge-orange. Sa taille varie de o^jôo à o",55. La femelle a tout le plumage varié de brun sur un fond gris rougeàtre ; la gorge et une raie sourcilière blanches ; les rectrices médianes non recro- quevillées; l'iris brun, le bec gris verdàtre. Les variétés accidentelles sont nombreuses. Habitat. — Le Canard sau- vage ou commun est abondam- ment répandu dans tout l'hé- misphère nord, depuis le cercle polaire jusqu'aux tropiques. Il n'habite les con- trées méridionales que pendant l'hiver. En France, il est surtout abondant en no- vembre et décembre, etrestedansnosmarais, jusqu'à l'époque des grandes gelées. Le Canard sauva" [354J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 6 Mœurs. — Ses migrations s'effectuent par bandes immenses de centaines d'individus qui voyagent de jour comme de nuit, mais principalement le soir, en observant la disposition caractéristique en triangle comme la plupart des Anatides. Il fréquente les lacs, les rivières, les étangs, les eaux salées aussi bien que les eaux douces. Mais il niche de préférence dans les marais couverts de roseaux et de plantes aquatiques. Le Canard sauvage est un des Oiseaux les plus voraces que l'on connaisse; il recherche sa nourriture en barbotant dans l'eau ou dans la vase et se montre peu soucieux du choix de ses aliments. Il mange les jeunes feuilles et les pousses tendres des herbes, des plantes aquatiques, des bourgeons, des graines, des tubercules; il fait la chasse à tous les animaux aquatiques, depuis les Vers jusqu'aux Poissons et aux Reptiles; il semble toujours en proie à une faim insatiable. Ses habitudes, ses allures, ne diffèrent pas sensiblement de celles de son congénère domestique, mais il est plus agile, plus vigoureux que ce dernier. Le Canard sauvage ne craint point le voisinage de l'homme, mais il est cependant très prudent. Envers ses semblables et les autres Oiseaux, il se montre d'un caractère très sociable. Peu après son arrivée dans le pays où il doit se reproduire, il s'accouple, non sans quelques batailles préalables entre les mâles, mais une fois unis, les couples se témoignent un vif attachement réciproque, et choisissent un endroit convenable pour y construire leur nid. A cet effet, chacun d'eux recherche un endroit tranquille, sec, sous un buisson, sous une touffe de plantes, et le plus près possible de l'eau; assez souvent il niche sur les arbres et prend alors possession d'un nid abandonné de Rapace ou de Corneille. Il semble mettre plus de soin dans le choix de cet emplacement, quand le nid est construit à terre que quand il est sur un arbre. Ce nid est formé de branches mortes, de feuilles sèches, lâchement entrelacées; l'intérieur en est plus tard tapissé de duvet. Les œufs, au nombre de huit à seize par couvée, allongés, à coquille solide, luisante, d'un blanc verdàtre ou jaunâtre, sont difticiles à distinguer de ceux du Canard domestique. La durée de l'incubation est de vingt-quatre à vingt-huit jours. La femelle couve seule, et elle le fait avec le plus grand dévouement. Avant de quitter ses œufs, elle les recouvre soigneusement de duvet, qu'elle s'arrache à elle-même elle les quitte, en rampant dans l'herbe, et n'y revient que quand clic est convaincue qu'aucun danger ne les menace. Après leur naissance, les jeunes restent encore un jour dans le nid à se réchauffer, puis ils vont à l'eau. Si le nid est élevé au-dessus du sol, ils sautent en bas, sans souffrir de leur chute; jamais leur mère ne les descend dans son bec, comme on l'a prétendu. Us passent leur première jeunesse cachés dans les herbes, les joncs, les plantes aquatiques, et ce n'est qu'au moment où ils essayent leurs ailes qu'ils se montrent sur l'eau, dans des endroits découverts. La mère emploie toute sa prudence, toute sa sollicitude pour les faire échapper aux regards de l'homme et de leurs autres ennemis; elle cherche à détourner 7 LES CANARDS. 357^ l'attention sur elle-même. Si l'ennemi ne lui semble pas trop redoutable, elle l'attaque avec courage et réussit souvent à le mettre en fuite. Les jeunes, en revanche, lui témoignent beaucoup d'attachement; ils obéissent au moindre signal, se cachent dès qu'elle le leur ordonne, et restent immobiles au milieu des herbes, jusqu'à son retour. Leur croissance est très rapide; à six semaines ils peuvent voler. Le père ne partage en aucune façon ni les soins de l'incubation, ni ceux de l'éducation. Dès que la femelle se met à couver, il l'abandonne, il en cherche une autre, et quand il n'en trouve plus, il va rejoindre ses seniblables et errer avec eux. Pendant ce temps, la mue survient ; il perd son plumage de noces, et revêt sa terne livrée d'été, qu'il ne porte guère que quatre mois, et qui passe au plumage de noces, soit qu'il y ait une mue, soit qu'il y ait simplement chan- gement de couleur des plumes. C'est à ce moment aussi que les jeunes muent pour la première fois; et alors, mâles et femelles, jeunes et vieux se réunissent pour passer l'automne en société et émigrer ensemble à l'entrée de l'hiver. Les Canards sauvages ont à craindre de nombreux ennemis les Renards, les Loutres, les Putois, les Belettes, les Rats d'eau, viennent souvent dévaster leurs nids; les grands Oiseaux de proie leur font aussi la chasse, mais avec un succès variable selon le cas. Seyfferlitz eut occasion d'observer, en quelques heures, les diverses ma- nœuvres qu'employa une bande de Canards pour échapper à ses ennemis. Ces Canards, à la vue d'un Pygargue qui s'avançait lentement vers eux, s'élevèrent aussitôt dans l'air, et se mirent à voler au-dessus de l'eau de côté et d'autre, sachant bien que le Pygargue n'était pas capable de les attraper au vol. Celui-ci, en effet, abandonna sa chasse. Alors, ils se rabattirent sur l'eau et se mirent à chercher leur nourriture. Un faucon apparut, ils ne s'envolèrent plus, mais ils plongèrent continuellement jusqu'à ce que l'Oiseau de proie, dont toutes les tentatives avaient été vaines, eût disparu. Plus tard, arriva un .Milan les Canards se groupèrent aussitôt, se serrant les uns contre les autres, battant des ailes, de façon à lancer continuellement de l'eau dans l'air, ils se trouvaient entourés d'un nuage de pluie; le Milan voulut le percer, mais il en fut tellement étourdi qu'il dut aussitôt abandonner ses poursuites. Chasse, — La chair des Canards sauvages est universellement estimée. Aussi fait-on a ces Oiseaux une chasse acharnée, ils constituent le principal gibier de marais de notre pays. Cette chasse est la plus intéressante de toutes les chasses au marais. Elle se pratique la nuit, à l'aftut, et nécessite une installation spéciale, dans un endroit convenablement choisi. Dans certaines régions, elle est la source de revenus importants ; la plus grande partie des Canards sauvages apportés sur les marchés représente le produit de ce genre de chasse exercé par des profes- sionnels. Elle mérite donc de nous arrêter un instant. La mare. — Quel que soit le terrain de chasse dont on dispose, bords de la mer ou marais de l'intérieur, le choix de la mare où l'on attirera le gibier à portée de fusil n'est pas sans importance. [3> le prince de Monaco. Nous en donnons la description d'après un article de De Lesse. Un damier d'étangs long de i5 kilomètres, large de 3 au plus, couvre une grande partie du domaine ; le plus vaste a 4 hectares, c'est l'étang de Herses. La plupart sont naturels, mais, pour augmenter les chances d'attirer le gibier, quelques étangs artificiels ont été creusés dans ce sol spongieux, opération favorable en même temps à la récolte de la tourbe. anard sauvage. Les ceul's de Canards du Labrador ont une teinte d'un noir de suie, nuiis à mesure que la ponte s'avance, ils deviennent de moins en moins foncés. RACE CHANTERELLE. — Les Canards de la race Chanterelle sont remar- quables par leur petite taille, leur vivacité et leur loquacité inlassables. A l'exception de leur bec relativement court, ils ne se dilTérencient pas de la race commune. RACE HUPPEE Celte race ne présente comme particularité intéressante que la présence d'une huppe sur le sommet de la tète. Ce caractère peut apparaître spontanément dans diverses races et se fixer défi- nitivement par la sélection artificielle. RACE POLONAISE ou A BEC COURBÉ. — Le nom de PuhmaLse, donné à cette race, ne rappelle pas du tout son pays d'origine. Les Canards polonais sont, en réalité, des Canards de la race commune, chez lesquels est apparue accidentellement une courbure du bec, comme est apparue une huppe dans la race précédente. Ce caractère a ensuite été soigneusement cultivé par certains éleveurs et a produit une race qui n'est, en réalité, qu'une monstruosité héréditaire. D'ailleurs, on remarque parfois aussi la présence d'une huppe chez ces Canards à bec courbé, ce qui vient augmenter leur aspect grotesque. Leur plumage est généralement blanc. Ils sont connus depuis une époque très reculée; Willughby les avait signalés en 1676. RACE DU PINGOUIN. — Les Canards Pingouins sont ainsi appelés à cause de leur attitude redressée, comme celle des Pingouins. Us sont originaires de l'archipel Malais. Néanmoins, ils doivent être considérés comme le résultat d'une particularité morphologique anormale soigneusemrnt cultivée par les éleveurs. Les Canards Pingouins n'ont pas un plumage défini. Ils s'accouplent et donnent des métis avec la plupart des autres races domes- tiques. D'après Cornevin, il s'est accouplé au Jardin zoologique de Londres, avec l'Oie d'Egypte, et a produit un hybride très curieux. Elevage. — Les Canards domestiques, de même que les Gallinacés, exigent, pour prospérer en captivité, et être de quelque profit à leurs éleveurs, certains soins particuliers, basés sur l'observation des mœurs de ces Oiseaux. Aussi nous paraît-il intéressant, à ce point de vue, de reproduire les conseils suivants d'un aviculteur expérimenté, Rémy Saint-Loup Les Canards sont des Oiseaux d'eau, et c'est pour cela qu'il semble naturel PI. LVII. — Canards domestiques, race commune Teite. p. 3ôi. 17 LES RACES DE CANARDS DOMESTIQUES. [365] de les placer dans des conditions normales en établissant leur demeure dans le voisinage d'une rivière, d'un ruisseau ou d'une mare. Les éleveurs assurent que les Canards s'élèvent très bien en dehors de ces conditions ; qu'il suffit de les parquer dans un enclos où un peu d'eau leur est apportée dans un baquet plat et que même, de cette manière, les Oiseaux grandissent et engraissent plus vite. Ceci est exact, mais il ne faut pas en conclure que cette méthode est toujours préférable. Il y a en effet autant de manières d'élever des Canards qu'il y a de résultats à obtenir. Le cultivateur ou le fermier qui possède une bande de Canards qui doivent lui procurer un revenu accessoire à côté d'autres revenus d'agriculture qui exigent tout son temps a tout avantage à laisser ses Oiseaux aller à l'eau. Cette manière d'élevage se fait dans beaucoup de localités ; les Oiseaux habitent une hutte, un poulailler, une écurie quelconque pendant la nuit, et, le jour venu, s'en vont gagner la rivière ou la mare voisine. Là ils trouvent une grande partie de leur nourriture s'ils peuvent se promener sur une étendue considérable. Des têtards de Grenouilles, des Insectes, des plantes aquatiques sont à leur portée, ils en profitent. Le soir, une poignée de grains ou une pâtée complète l'alimentation, qui est ainsi économique. Le rendement est-il considérable? En général, non, excepté dans des conditions tout à fait particu- lières et qui sont rares. Le plus souvent la bande de Canards diminue, soit du fait des maraudeurs, soit par suite d'accidents il arrive assez souvent que les Canards se prennent à des lignes de fond et se noient. Les œufs se perdent si les Canes sont lâchées avant l'heure de la ponte. Cette manière d'avoir des Canards ne peut guère être classée comme un mode d'élevage dont on puisse établir la valeur économique. Le paysan qui parque ses Canards sur un ruisseau d'eau courante est dans de meilleures conditions. Il est délivré du souci de renouveler l'eau des réser- voirs et des abreuvoirs, mais il doit nourrir entièrement les animaux, et ici la dépense est considérable, attendu que les Canards jouissent d'un fort bel appétit, surtout quand ils prennent de l'exercice. C'est pour cette raison que les aviculteurs ont imaginé d'imposer du repos a leurs hôtes, en réduisant le baquet d'eau courante à un baquet d'eau stagnante. Dans ces conditions, le Canard profite mieux de la nourriture, mais il est essen- tiel d'entretenir les réservoirs dans le plus grand état de propreté, d'en renou- veler l'eau fréquemment. Sans cette surveillance, le parquer à Canards ne tarde pas à enfermer des animaux d'une malpropreté repoussante et leur santé s'altère. Le sol du parquet devra très souvent être balayé et sablé, surtout si les animaux sont nombreux dans un petit espace. Le trop grand nombre dans un espace restreint est une cause des maladies qui peuvent décimer en très peu de temps les animaux enfermés. Dans le terrain consacré aux Canards, un hangar devra être établi qui servira d'abri pendant la pluie et sous lequel seront disposées les huttes. Ces huttes, que chacun construira ou choisira à sa guise chez les constructeurs, seront disposées de manière à permettre largement l'accès de l'air, et seront assez nombreuses pour que, dans aucune d'elles, les Oiseaux ne soient La vie des ILLUSTRÉE. ' > . 27 [300 LES CANARDS PROPREMENT DITS. IS entassés. Chaque soir, il faut s'assurer que les Oiseaux sont également répartis dans chaque case, parce qu'il arrive qu'ils se réunissent en grand nombre dans certaines et désertent les autres. Pendant la nuit, ils se bousculent, se couchent les uns sur les autres, et les plus délicats sont quelquefois étouffés. Les huttes ou cabanes à Canards doivent toujours être disposées de manière à ce que le nettoyage du sol ou du plancher puisse être fait commodément et fréquemment. Il n'est pas sans importance d'insister sur ce point. On voit généralement dans les campagnes les Canards logés dans quelque coin inaccessible, entassés dans un bourbier immonde que l'on rend propre et salubre quand on a le temps, c'est-à-dire le plus rarement possible. Cette négligence a des effets désastreux, elle est très difficile à combattre et si l'on fait à ce sujet quelques observations, si l'on se permet de dire aux fer- miers que les animaux doivent coucher sur une litière absolument propre, ils répondent que sur ce sujet ils en savent de père en fils plus long que les cita- dins. La dépense de litière parait à quelques-uns un luxe dispendieux; la paille est d'une valeur trop élevée, mais la sciure de bois peut rendre d'excellents ser- vices, soit qu'on l'emploie seule, soit qu'on la mélange de terre ou de sable; la tourbe peut également rendre des services pour cet usage. On peut aussi faire coucher les Canards sur des claies ou des planches qui seraient chaque matin lavées à grande eau. Chacun doit s'ingénier suivant les circonstances où il se trouve; mais le principal est de veiller à la parfaite salubrité du logement des animaux, et la propreté est la première condition. Il y a beaucoup d'éleveurs qui connaissent l'importance de ces règles d'hygiène pour le profit économique, les autres se décideront à les imiter. S'il s'agit de Canards d'agrément ou plutôt d'ornement, les conditions d'éco- nomie ne règlent plus la méthode. Les animaux de luxe, quels qu'ils soient, sont d'un entretien dispendieux; ils ne peuvent être une source de revenus que pour les personnes qui s'occupent spécialement de leur élevage, non pas au point de vue artistique ou sportif, mais au point de vue commercial. Ces per- sonnes ont assez l'expérience de cet élevage industriel pour que nous n'ayons pas de conseils à leur donner, elles savent que la réussite est due bien plus à l'habileté commerciale qu'à des pratiques particulières d'aviculture. Les Canards d'ornement doivent être élevés à proximité d'une pièce d'eau, grande ou petite; autrement, ils perdent tout leur intérêt. Si la pièce d'eau est enclavée dans des grillages, dans une immense volière, ces Canards pourront nager et voler à leur guise; si leur domaine est découvert, il faut les empêcher de prendre leur vol. Différents procédés sont employés dans ce but. Le plus simple consiste à couper quelques rémiges d'une aile, de telle manière que l'Oiseau déséquilibré ne se risque plus à voler. Un procédé plus barbare, mais plus radical, attendu qu'ainsi on n'a pas à surveiller la croissance des plumes, consiste à amputer le dernier article de l'aile charnue qui correspond à la main de l'Oiseau. On trouve enfin dans le commerce une sorte de bague en caoutchouc que l'on adapte à l'aile, de manière à maintenir le bras contre la main, et à empêcher ainsi l'extension de l'organe et par conséquent le vol. L'emploi de ces 19 LES CHIPE AUX. [3G7] bagues paraît assez pratique. Le parc à Canards sera disposé suivant le goût de chacun gazonné en certains endroits, sablonneux ou rocailleux en d'autres; mais il est recommandé, pour obtenir la reproduction des petites espèces, de placer à une faible distance de l'eau, dans les roseaux, des abris ou des paniers en forme de bouteille, dans lesquels la Cane viendra cacher ses œufs. Certaines espèces s'accommodent fort bien de ces bûches creuses dont on se sert pour faire nicher les Perruches; il est bien entendu que leur dimension doit être proportionnée au volume des Oiseaux. Si la pièce d'eau est très petite, enfermée dans une volière, elle doit être peu profonde pour se nettoyer facilement. Des troncs d'arbres pourvus de quelques branches seront placés aussi dans la volière, pour que les Canards puissent se percher. L'abri ou le panier destiné à la ponte sera placé non pas sur le sol, mais à une faible hauteur; l'entrée en sera tournée du côté le moins en vue et des bran- chages ou une planche formeront un palier qui permette à la Cane d'y accéder. Ces Oiseaux aiment à cacher leurs œufs, il faut tenir compte de cet instinct et le favoriser. Pendant l'incubation, il faudra placer du foin ou de la paille faisant litière autour du nid, parce que la Cane, lorsque les petits sont éclos, a l'ha- bitude de les jeter dehors pour leur ouvrir de nouveaux horizons. Il est avan- tageux pour eux de faire leur entrée dans le monde sur un sol un peu capitonné. En terminant ce qui est relatif au choix de l'emplacement pour l'élevage des Canards de rapport ou de luxe, nous signalerons une observation qui semble un peu paradoxale, et qui cependant est juste. Les Canards craignent l'humi- dité; le terrain où ils se reposent doit être sec, les huttes ou cabanes doivent de même se sécher facilement. Il faut, par conséquent, ménager des pentes dans le sol qu'ils occupent et construire l'abri dans un terrain qui soit en contre-bas. Comme pour beaucoup d'autres animaux, il faut aménager leur parc de manière à leur laisser le choix d'une place au soleil ou d'une place à l'ombre, d'un bain dans l'eau pure ou d'une sieste sur le sable ou la litière sèche. Que les Canards soient donc heu- reux, et leur satisfaction récompensera l'aviculteur. LES CHIPEAUX Caractères. — Les Chipeaux se distinguent des Canards et genres voisins par le grand développement et la disposition des lamelles qui garnissent les bords de la mandibule supérieure; ces lamelles, visibles extérieurement dans les trois quarts du bec, sont longues, saillantes et détachées comme les dents d'un peigne. Ces Oiseaux sont les meilleurs plongeurs delà famille. Lorsqu'ils sont pour- suivis et blessés, ils plongent pour échapper à leur ennemi, au lieu de s'envoler comme la plupart de leurs congénères. Leur vol est cependant aussi soutenu et plus rapide que celui des vrais Canards. [nos LES CANARDS PROPREMENT DITS. 20 LE CHIPEAU BRUYANT Chaiilelasmiis slrepera. — Caractères. — Le Chi- pcau bruyant mesure environ o'^jÔû de long. Il a presque tout le plumage mou- cheté ou vermiculé de noir et de blanc, le dessus de la tête noir avec une raie médiane d'un brun roussàtre; le miroir des ailes formé par trois bandes trans- versales, l'une blanche, l'autre noire, la troisième d'un roux marron; le crou- pion et les couvertures inférieures de la queue d'un noir pur; l'iris brun clair, le bec noir, les pieds d'un rouge-orange avec les palmures noirâtres. La femelle, de plus petite taille que le mâle, s'en distingue encore par sa livrée; les plumes des parties supérieures sont d'un brun noirâtre, bordées de roux clair; la poitrine d'un brun roux tachetée de noir les sous-caudales grises ainsi que le croupion. Habitat. — Le Chipeau bru_\ ant habite les vastes marais du nord de l'Europe. Il est commun en Suède, en Russie, en Hollande. Il vient hiverner dans les régions tempérées et jusqu'en Italie. En Amérique, il est représenté par plusieurs variétés peu différentes de notre espèce européenne. On le connaît en Picardie sous le nom de Ridenne; il arrive dans ce pays, d'après Des Murs, au mois de novembre, lorsque soufflent les vents du nord- est ; lorsque ces vents persistent plusieurs jours, les Ridennes continuent leur route jusque dans le Midi et ne reparaissent qu'à la fin de février, aux premiers vents du sud. Mœurs. — Le Chipeau bruyant est la seule espèce du genre ; ses mœurs se dis- tinguent donc de celles des autres Canards par les particularités signalées plus haut. Sa nourriture est assez variée; elle se compose de plantes et de graines aqua- tiques, d'Insectes, de Vers, de coquillages et même de petits Poissons. Il niche dans les marais et les prairies, parmi les joncs et les hautes herbes. Sa ponte est de huit ou neuf œufs, d'un gris jaunâtre ou verdàtre très pâle. La chair des Chipeaux est excellente lorsque ces Oiseaux sont bien gras. LES CANARDS SIFFLEURS OU MAREQUES Caractères. — Les Marèques ont pour caractères essentiels un bec plus court que la tête, légèrement rétréci vers l'extrémité, garni de lamelles larges et espacées ; des narines petites, très écartées; des ailes aiguës. Les espèces de ce genre doivent leur nom à leur cri d'appel particulier, qui est une sorte de sifflement aigu. Une autre particularité qui les distingue encore des vrais Canards, est qu'au lieu de barboter dans la vase, elles se nourrissent surtout d'herbes et de plantes diverses qu'elles broutent à la manière des Oies. LA MARÈQUE PÉNÉLOPE Mureca penelope\ —Caractères. — LaMarèque pénélope a le dessus de la tète d'un blanc jaunâtre; les côtés de la tête et le cou d'un roux marron pointillé de noir; la poitrine d'un cendré lie de vin, l'abdomen blanc; le dos et les flancs d'un brun cendré, rayés de zigzags, les uns noirâtres 2i LES FILETS. m*] les autres blanchâtres; les ailes variées de brun et de gris, le miroir vert encadré par deux bandes noires; la queue noire ; l'iris brun, les pieds cendrés ; le bec bleu noir. Sa taille est d'environ o'",47. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Son plumage est assez différent il présente une teinte générale d'un roux tacheté de noir. Habitat. — La Marèque pénélope ou Vingeoi habite les contrées orientales de l'Europe; elle est de passage régulier en France, en Allemagne, en Hollande, en Italie. Quelques couples nichent parfois dans notre pays. Mœurs. — C'est une des espèces les plus sociables ", on la rencontre toujours en bandes très nombreuses qui viennent s'abattre dans les marais ou sur les rives des lacs et des fleuves. Son régime est omnivore, comme celui de ses congénères, mais les substances animales y entrent pour une grande part. Elle niche toujours au bord de l'eau. Sa ponte est de huit a dix œufs d'un gris verdàtre sale, sans taches. La Marèque pénélope a des allures très vives, un vol rapide ; ces qualités jointes à son naturel défiant rendent difficile la chasse de ce Canard. Sa chair est cependant très estimée. Captivité. — On l'élève facilement en captivité, pourvu que l'on mette à sa disposition une grande pièce d'eau et qu'on lui procure une nourriture animale abondante. Elle se fait remarquer par sa gaieté et sa vivacité. LA MARÈQUE AMÉRICAINE [Mareca americana. — Cette espèce, appelée aussi Canard siffleiir d'Amérique, représente sur le nouveau continent la Ma- rèque pénélope de l'Europe. Elle habite le nord de l'Amérique, et se reproduit abondamment dans le voisi- nage de la baie d'Hudson. Dans ses migrations^ elle s'avance jusqu'aux Antilles et commet parfois des ravages importants dans les rizières, pendant la saison des pluies. LES PILETS Les Pilets se distinguent essentiellement des genres voisins par leur queue allongée, pointue. LE PILET ACUTICAUDE OU CANARD A LONGUE QUEUE [Da/ila acuta. — Caractères. — Le Pilet acuticaude a la tète brune, le devant du cou et tout le dessous du corps d'un blanc pur ; le dos et les flancs rayés de zigzags noirs et cendrés; les rémiges brunes lisérées de gris; le miroir des ailes formé d'une large bande d'un vert pourpre, bordée en dessus d'une bande rousse et en dessous d'une bande blanche ; les rectrices brunes, les médianes dépassant les latérales d'environ o^.oS ; celles-ci cendrées et frangées de blanc; le bec d'un bleu noi- râtre; les pieds d'un cendré rougeàtre ou noirâtre; l'iris brun. [370j LES CANARDS PROPREMENT DITS. 22 Sa taille est de o'",">Jî à û"',65, de la pointe du bec à l'extrémité de la queue, celle-ci étant prolongée de o"',8 à o'", i o par les rectrices médianes. La femelle, d'une taille un peu plus faible, a le plumage varié de brun et de roussàtre. Habitat. — Le Filet acuticaude habite, en été, le nord de l'Europe et de l'Amérique; l'hiver, il descend dans le midi des deux continents; il est de pas- sage régulier en Hollande, en Allemagne, en France, en Italie; il se reproduit même dans quelques marais du centre de la France. Mœurs. — C'est une espèce bien connue des chasseurs, qui le désignent sui- vant les pays sous les noms caractéristiques de Pennard, en Picardie ; Bouis, en Provence; Canard-Faisan. Canard paillc-cn-queiic, etc. Sa chair est très estimée. Le Pilet se croise volontiers, en liberté, avec le Canard sauvage vulgaire. D'un naturel sociable et peu farouche, il s'habitue aisément à la domesticité. On peut rapporter au genre Pilet un certain nombre d'espèces exotiques très ornementales, telles que le Canard de Baliania [Dafila bahaniensis', qui est comparable par la beauté de son plumage et la grâce de ses allures aux Canards carolin et mandarin. LES SARCELLES Le groupe des Sarcelles est composé d'un certain nombre d'espèces de petite taille, aux formes élégantes et bien proportionnées, et qui présentent, en outre des caractères génériques communs, les mêmes mœurs, les mêmes habitudes. Caractères. — Les caractères du genre Sarcelle sont les suivants, d'après Degland » Bec presque aussi long que la tète, assez élevé à la base, droit à partir des narines, étroit, demi-cylindrique, un peu plus large à l'extrémité qu'au milieu ; lamelles presque entièrement cachées ; mandibule inférieure visible, à la base, sur une très petite étendue; onglet supérieur petit, en grain d'orge, crochu ; narines basales, très rapprochées, percées près du sommet, larges, ovales, un peu obliques ailes assez longues, aiguës ; queue courte, conique; tarses un peu plus courts que le doigt médian. » Les Sarcelles sont plus vives, plus alertes que les autres espèces de Canards. Elles voyagent en bandes très nombreuses qui dans leur vol n'observent pas un ordre régulier. Leur nourriture se compose de plantes aquatiques, d'Insectes, de Mollusques, qu'elles ramassent le plus souvent à la surface de l'eau ; elles plongent rare- ment. LA SARCELLE COMMUNE OU SARCELLE D'ÉTÉ {Querquedula circia. — Caractères. — La Sarcelle d'été mesure environ o^.Sô de long. Le mâle adulte a le dessus de la tête d'un brun noirâtre; le dessus du corps et les Hancs rayés en zigzags de noir et de blanc; la face et la partie supérieure du cou d'un brun rougeâtre pointillé de blanc la gorge noire les parties latérales de la tète 2î les sarcelles. [371] ornées d'une ligne blanche partant desycux et allant longer le brun delà nuque; la partie inférieure du cou et la poitrine émaillées de croissants noirs et rous- sâtres disposés en écailles ; les parties inférieures du corps blanches; le miroir des ailes bordé de blanc ; le bec noirâtre ; les pieds cendrés ; l'iris brun clair. La femelle, plus petite que le mâle, est d'une teinte générale brune en dessus, d'un blanc roussàtre en dessous, avec la gorge blanche, la poitrine et les flancs tachetés de brun. Habitat. — La Sarcelle d'été habite le centre et le midi de l'Europe, l'Afrique septL'ntritnale. Elle est de passage régulier en Hollande, en Belgique et en France. Elle est sédentaire dans quelques localités de notre pays. Mœurs. — Les époques des migrations pour la Sarcelle d'été sont les mois d'octobre, de novembre, et ceux de février, mars. A ce moment toutes les familles d'un même canton se réunissentpour entre- prendre leurs voyages en commun. La Sarcelle d'été choisit, pour faire son nid, les bords des marais et des rivières couvertes de hautes herbes. Elle affectionne particulièrement les eaux peu profondes où elle ramasse, en barbotant, les Insectes, les Vers, les coquillages dont elle fait sa principale nourriture. D'un naturel peu farouche, elle se laisse facilement approcher par le chasseur, mais quand elle est blessée, elle plonge aussitôt, et devient introuvable. Domesticité. — Les Sarcelles sont d'une domestication facile; elles s'appri- voisent très vite ; leurs allures vives et gaies, leurs mœurs pacifiques en font un précieux ornement des pièces d'eau de nos parcs. A l'automne, elles s'engraissent beaucoup et leur chair devient très délicate. LA SARCELLE SARCELLINEOU SARCELLE D'HIVER {Qiterqiiediila crecca. Caractères. — La Sarcelline ne mesure que o'°,32 de long. Elle a la tête et le cou d'un roux marron avec une ligne d'un vert brillant bordée de blanc allant de l'œil à la nuque le dessus du corps et les flancs rayés de zigzags blancs et noirs ; la poitrine d'un blanc rougcàtre varié de tac les noires ; le-ventre blanc jaunâtre ; les ailes brunes ornées d'un miroir noir et vert bordé de blanc; le bec noirâtre ; les pieds cendrés ; l'iris brun. La femelle a un plumage plus uniforme, où domine le brun, les parties latc raies de la tête présentant une bande d'un blanc roussàtre tachetée de brun. Habitat. Mœurs. — La Sarcelle sarcelline habite les mêmes régions que la Sarcelle commune ; elle est plus abondante en France que cette dernière. Elle niche aussi dans les marais. Ses aptitudes à la domesticité et la délicatesse de sa chair font regretter que son élevage ne soit pas plus répandu. On rencontre assez fréquemment dans les basses-cours des Jardins zoologiques un certain nombre de Sarcelles exotiques dont les moeurs sont les mêmes que celles des Sarcelles d'Europe. Ces Oiseaux ne sont élevés en captivité qu'à un point de vue ornemental. [372J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 24 Telles sont la Sarcelle de Formose, la Sarcelle soucroucoii ou de layenne, la Sarcelle à faucilles, \-^ Sarcelle du Brésil, la Sarcelle du Cap, etc. LES CAIRINAS Caractères. — Les Cairinas, appelés aussi Canards musqués ou Canards de Barbarie, ont le corps cylindrique et allongé, le cou mince, le bec étroit, entouré à la base d'excroissances charnues qui s'étendent jusqu'aux narines ; des ailes très développées; une queue relativement longue. LE CANARD MUSQUÉ [Cairina moschata. — Caractères. — Le Canard niusqué est d'une taille un peu plus forte que celle du Canard domestique vul- gaire. Le mâle à la tète d'un noir vert métallique, le dos, les ailes, d'un vert foncé à reflets pourpres, quelques-unes des couvertures des ailes blanches; toutes les régions inférieures d'un noir brun. La femelle est un peu plus petite que le mâle ; son plumage est presque entièrement d'un brun noir sans éclat. Depuis que cette espèce a été acclimatée en Europe et domestiquée, trois variétés ont été créées; ce sont la Blanche, la Bronzée et la Panachée. La variété panachée présente, disséminée dans toutes les régions, mais particulièrement sur la tête, le cou et le plastron, des taches blanches plus ou moins étendues; les caroncules charnues de la base du bec sont noires tachetées de blanc, tandis que chez les autres races, elles sont rouges. Habitat. — Le Canard musqué est originaire de l'Amérique du Sud où il vit encore à l'état sauvage. Son nom de niuscinélux vient de la légère odeur qu'il exhale à certains moments. Mais l'origine des multiplesdénominations qu'on lui a attribuées Canard de Barbarie, Turc, Polonais, Canard d'Inde, de Guinée, de Lrbie, est très difficile à débrouiller, d'autant plus que cette espèce est également très abondante dans le centre de l'Afrique. Cornevin fait à ce sujet les réflexions suivantes On se demandera d'abord, dit-il, comment un Oiseau connu dans l'ancien continent, seulement depuis trois cent cinquante ans — car il aurait été introduit en Européen i55o — fut appelé Canard des Indes par Conrad Gesner qui le décrivit, et Canard de Lybie [A. lybica\ par Belon i555; puis comment il a pu se répandre si rapi- dement dans toute l'Afrique et être le seul que possèdent les tribus nègres, si longtemps confinées dans leurs forêts, leurs hautes herbes et à peu près isolées du reste du monde. Mais, si l'on considère que ces tribus cultivent le manioc, le tabac, le maïs, l'arachide, la patate, et, en quelques endroits, le haricot, plantes d'origine incontestablement américaine, on est amené à songer à deux hypothèses. Dans l'une, on admettrait qu'il y a eu, à une époque indéterminée, mais PI. I,\'1II. — l,e Canard mandarin Texte, p. 1*7-11. LES CAIRINAS. 13731 antérieure à la découverte de Christophe Colomb, des rapports entre l'Afrique et l'Amérique, hypothèse qu'appuient diverses découvertes archéologiques récentes. » Dans l'autre, on accepterait que les relations n'ont commencé qu'à la fin du xV siècle et on considérerait comme vraisemblable que jusqu'à la conquête de l'Amérique et même un peu plus tard, l'Afri- que centrale était encore à l'état de sauvagerie et ne bé- néficiait pas des con- • quêtes agricoles si nom- breuses faites sur le Nil Le Canard musqué ou de Barbarie. — Variété panachée. OU la Méditerranée. Serait venue la chasse aux esclaves dans le continent noir et leur envoi en Amérique, où ils se seraient initiés à la connaisance des végétaux et des animaux cultivés dans le nouveau monde. Quelques-uns de ces esclaves auraient été ramenés par les Portugais, possesseurs de colonies en Amérique et en Afrique, pour exploiter ces dernières, et ce seraient ces noirs rapatriés qui auraient rapporté avec eux les plantes et le Palmipède américains qui nous occupent. ' Dans l'état actuel de la science, il est impossible de se prononcer formelle- ment pour l'une ou pour l'autre. » 374] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 26 Mœum. — Le Canard musqué se tient à l'embouchure des tleuves, dans les marais des savanes. Il se nourrit de Poissons, de Mollusques, d'algues et de plantes aquatiques. Il passe la nuit sur les arbres et s'}- réfugie en cas de danger. Son vol est très rapide, mais lourd. Son genre de vie ne diffère pas de celui des Canards sauvages de l'Europe, mais, au contraire de ceux-ci, il a des mœurs sédentaires. Captivité. — Le Canard musqué était autrefois la seule espèce domestique connue en Amérique. Il est aujourd'hui abondamment répandu dans toutes les contrées du globe. Son élevage ne présente pas plus de difficultés que celui des diverses races vulgaires, et offre même quelques avantages particuliers. Le Canard musqué peut très bien se passer d'eau. Sa grosse taille le fait rechercher des éleveurs, bien que sa chair soit inférieure à celle des Canards de Rouen, car elle prend chez les adultes une légère odeur de musc surtout à l'époque de l'incubation. Néanmoins, son croisement avec les races domestiques produit un h3'bride connu sous le nom de Mulard, possédant des caractères et une taille supérieure à la moyenne. LES AIX Caractères. — Les Ai.\ sont caractérisés par un corps allongé, un cou mince, de longueur moyenne, une tête grosse; un bec court, mince, à onglet fortement recourbé, surplombant la mandibule inférieure; des ailes moyennes, étroites- aiguës; une queue allongée; des jambes courtes, épaisses; un plumage orne de couleurs vives les plumes de la tête allongées en huppe. Les deux espèces les plus répandues de ce genre sont désignées vulgairement sous les noms de Jaiuvd niandariii et Caim\i caroliii. LE CANARD MANDARIN ' Aix galo-iciilata. — Le Canard mandarin possède un plumage très bariolé dont la description est la suivante Les plumes de la tête se prolongent en arrière en une huppe qui est d'un vert bleu pourpré dans sa partie antérieure, d'un vert brun dans sa partie posté- rieure, d'un blanc jaunâtre sur les côtés, cette dernière couleur s'étendant autour et en avant de l'œil. Les plumes effilées des côtés du cou sont hérissées en une sorte de crinière d'un rouge-cerise; les plumes du devant du cou et de la poitrine d'un rouge brun. Le dos est d'un brun clair; la partie inférieure et médiane du corps blanche. La poitrine présente latéralement deux larges bandes noires alternant avec deux autres bandes blanches irrégulières disposées en ceinture; les flancs sont d'un brun jaunâtre. De la partie inférieure du dos naissent deux éventails de plumes redressées, PI. LXllI. — Le Canard mandarin Planche, p. 'i~2. 27 LES SOUCHETS. [375 bleues à la base, d'un jaune brun dans le reste de leur étendue et bordées de blanc. Les rémiges sont d"un gris bleuâtre, bordées de blanc; la queue d'un vert foncé à reflets métalliques. Le bec est rouge avec la pointe jaunâtre; les tarses d'un jaune rouge. En été, ces beaux Oiseaux perdent leur crinière; l'éclat de leurs couleurs diminue. Mâle et femelle sont alors difficiles à distinguer l'un de l'autre. Habitat. — Le Canard mandarin habite le Japon, le nord de la Chine, le bassin du fleuve Amour. Il fut introduit pour la première fois en Europe en i83o, au Jardin zoologique de Londres. Mœurs. — Ses mœurs à l'état sauvage sont peu connues, mais elles ne paraissent par différer sensiblement de celles des Palmipèdes de la même sous- famille. Cet Oiseau se nourrit surtout de plantes aquatiques, d'Insectes, de Gre- nouilles, de graines et baies diverses. Il niche sur les arbres et aime à s'}' reposer. Captivité. — Le Canard mandarin est l'un des plus beaux Oiseaux de basse- cour. .Mais son élevage est assez délicat. Les jeunes doivent être protégés contre le froid et la pluie; il faut leur donner une nourriture choisie dans laquelle doivent entrer les œufs durs, le sang de Bœuf, les œufs de Fourmis. Ses ma^urs en captivité sont intéressantes à observer. Il est monogame et l'affection que se témoignent les deux individus d'un même couple] explique pourquoi les Chinois font de cet Oiseau le s3'mbole de la fidélité conjugale. LE CANARD DE LA CAROLINE {Aix sponsa. — Caractères. — Le Canard de la Caroline ressemble beaucoup au Mandarin il a aussi la huppe bleue bordée sur les côtés d'une raie blanche; mais les plumes du cou ne forment pas de crinière; la gorge estmarquée de blanc, la poitrine est d'un rougeàtre pail- leté de blanc. Habitat. — Il représente, en Amérique, le Canard mandarin de l'ancien con- tinent. Il habite les Etats-Unis en été, et émigré en hiver dans l'Amérique centrale. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles des autres Canards vivant à l'état sauvage en Amérique, tels que les Canards musqués. Captivité. — On l'élève en captivité, comme le Mandarin. Il réclame les mêmes soins minutieux que ce dernier. LES SOUCHETS Caractères. — Les Souchets ne peuvent être confondus avec aucun autre genre voisin. Ils se reconnaissent à l'évasement excessif de leur mandibule f37G] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 2H supcricurc à l'extrémitc, le grand développement et la disposition finement pcc- tinée des lamelles qui en garnissent les bords. LE SOUCHET COMMUN [Spatula clfpeata. — Caractères. — Le Souchet commun, ou Rouget de rivière, a la tête et le cou d'un beau vert foncé à reflets; la poitrine d'un blanc pur, le ventre et les Hancs d'un roux marron; le dos et le croupion d'un noir verdàtre; les scapulaires blanches tachetées de noir; les petites couvertures des ailes d'un bleu clair, les grandes couvertures secondaires noirâtres terminées de blanc, les rémiges brunes; le miroir de l'aile d'un vert foncé métallique ; la queue blanche, avec les deux pennes médianes et les barbes externes des suivantes brunes; le bec noir verdàtre en dessus, jaunâtre en dessous, l'iris jaune; les pieds jaune-orange. Sa taille est d'environ o°,5o. La femelle se reconnaît à la couleur de la tète, qui est d'un roux très clair, marqué de petits traits noirs. Habitat. — • Le Souchet est répandu dans tout le nord de l'Kurope et de l'Amérique. Il émigré l'hiver dans les régions tempérées et méridionales. En France, il n'est que de passage à la fin d'octobre et en mars. Mœurs. — Ses mœurs ne diffèrent pas sensiblement de celles des autres Canards. Sa nourriture cependant parait se composer essentiellement d'Insectes, de Mouches aquatiques, de frai de Grenouille et de substances végétales. Il niche sur les bords des lacs et des étangs, parmi les joncs et les herbes, dans des endroits peu accessibles. Sa chair est très savoureuse. LES FVLIGUUENS Les Fuliguliens se distinguent des Canard-^, avec lesquels on les a souvent confondus, par des formes plus ramassées, un cou plus court, des jambes insérées très en arrière du corps, des palmures larges, le doigt externe allongé, égal au médian, le pouce bordé d'une large membrane. On les désigne avec raison sous le nom de laiards plongeurs. Ils vivent de préférence sur les eaux salées, et se nourrissent de petits Poissons, de \'crs, Mollusques et Crustacés qu'ils capturent en plongeant. LES FULIGULES Caractères. — Les caractères de ce genre sont à peu près ceux du genre Canard, à l'exception de la forme du bec, qui est ici plus large à la base qu'à la pointe, et des légères particularités caractéristiques de la sous-famille. LA FULIGULE MORILLON [Fuligula cristaLv. — Caractères. — La Fuligule morillon a la tète, le cou et la poitrine d'un noir à reflets violets, les plumes de '^0 LES F U LIGULES. .m ancien la nuque longues, effilées, se prolongeant en une huppe pendante; le dos, les ailes, la queue d'un brun noirâtre à reflets bronzés, avec un large miroir d'un blanc pur sur les ailes; l'abdomen et les flancs noirâtres; le bec bleu clair avec l'onglet noir l'iris jaune, les pieds bleuâtres, les palmures noires. La taille de cet Oiseau est d'environ o",4o. La femelle porte une huppe plus courte; son plumage est d'un noir mat, parsemé de points et détaches roussàtres. Habitat. — La Fuligule morillon habite les régions arctiques de continent; elle descend l'hiverdans les contrées tempérées. Mœurs. — Ses mi- grations s'effectuent en bandes nombreu- ses, bruyantes, qui viennent s'établir sur les eaux vives qui ne gèlent pas. En été, elle ne se nourrit presque ex- clusivement que de substances végétales, de racines tubercu- leuses, de jeunes plantes, de jeunes pousses d'herbe, des fleurs et des fruits de diverses plantes aquati- ques; elle prend en outre des Insectes, de petits Poissons, des coquilla- ges. Pendant ses migrations, elle a un régime plus animal, et à ce moment, sa chair, fort savoureuse en tout autre temps, prend un fort goût huileux désa- gréable. La Fuligule niche assez tard, rarement avant le milieu de mai. Elle s'éta- blit toujours à cet effet dans un lac ou un étang dont les bords portent une abondante végétation, et c'est au milieu des roseaux, des joncs, des herbes qu'elle établit son nid. Il lui est indifférent que les eaux sur lesquelles elle se fixe soient douces ou salées. Parfois, elle niche tout au voisinage de lieux habités, dans de très petits étangs; mais alors, quelques jours après que ses petits sont éclos, elle les conduit à une pièce d'eau plus étendue. Après leur arrivée au printemps, les Fuligules demeurent longtemps avec les autres Canards, sans songer à se reproduire. A la fin d'avril, elles deviennent vives et inquiètes; les mâles font entendre leur cri d'amour, les couples se séparent, les amours commencent. D'après Naumann, la femelle La Fuligule morillon. [378] LES CANARDS PROPREMENT DITS. iO choisit soigneusement son mâle, et les rivaux ne se livrent pas de combats. Le nid est formé de roseaux, de joncs, d'herbes sèches assez solidement entre- lacés ; l'excavation en est profonde et soigneusement tapissée de duvet. Les œufs, en général au nombre de huit ou dix, sont grands, arrondis, ternes, fine- ment grenus, gris ou d'un vert olivâtre. Tant que la femelle pond, le mâle reste fidèlement à ses côtés, veille sur elle, l'avertit de l'approche d'un danger. Mais dès qu'elle a commencé à couver, il la quitte et se joint à d'autres mâles, sans plus s'inquiéter d'elle. La femelle expose sa vie pour sa progéniture, et après quelques jours d'incu- bation, elle n'abandonne jamais ses reufs. Les jeunes éclosent le vingt-deuxième ou le vingt-troisième jour. Aussitôt éclos, la mère les conduit à l'eau, et ils se mettent immédiatement à plonger. Pendant les premiers jours, ils ne quittent pas les fourrés de plantes aquatiques où ils trouvent un abri assuré. Leur mère dispose pour eux, au milieu de ces fourrés, des lieux de repos, en courbant plusieurs tiges de roseaux, qu'elle revêt même de feuilles de plantes aquatiques; ils s'3' rendent souvent pour s'y reposer, s'y nettoyer, s'y chauffer au soleil. En cas de danger, ils cherchent leur salut en plongeant. Si les poursuites se multiplient dans un endroit, leur mère les conduit dans une autre localité plus tranquille, en suivant le plus possible le cours de l'eau. Au besoin, elle franchit avec eux, sur terre, des espaces assez considérables. Les jeunes croissent rapidement, mais ils ne commencent à voler que quand ils ont atteint leur taille définitive. A partir de ce moment, les mâles viennent rejoindre leurs femelles, et tous forment alors de nombreuses sociétés. La Fuligiile à collier, la Fiiligitle milou'niaii, la Ftiligiile iniloitin, ont à peu près le même habitat et les mêmes mœurs que la Fuligule à crête. Ces différentes espèces font leur apparition régulière en France pendant l'hiver. La Fuligule roussdtre, dont certains auteurs font un genre à part, vit par couples ou par petites compagnies dans l'est et le sud-est de l'Europe, et se montre aussi quelquefois en France. Elle est plus connue sous le nom de Sifjleur huppé. Ses allures sont plus lourdes, sa marche plus pénible que celles de ses congé- nères, mais elle ne s'en différencie nullement par ses mœurs et son genre de vie. La nyroc.\. ou a iris blanc. — Habite les régions tempérées et méri- dionales de l'Europe. Elle vient fréquemment nicher dans nos marais où elle se construit, parmi les joncs, un nid tlottant comme celui des Foulques. Elle paraît jouir au plus haut degré de la faculté de plonger et de rester longtemps sous l'eau lorsqu'elle veut se soustraire à un danger. LES GARROTS Caractères. — Les Garrots se distinguent des Fuligules par leurs formes trapues, la structure de leur bec, celui-ci allant en s'atténuant de la base à la 31 LES HARELDES. SIQ] pointe, mais s'élargissant cependant un peu plus au niveau des narines; leur queue allonge'e, étagée. Ils sont propres aux régions arctiques. Leur vol est rapide et élevé; leur marche sur le sol est au contraire vacillante, pénible. LE GARROT VULGAIRE {Clangula glaucion. — Caractères. — Le Garrot vulgaire a la tête et le haut du cou d'un vert foncé à reHets pourpres, avec une tache blanche à la base du bec; le dessus du corps d'un noir profond; les rémiges primaires noires, les secondaires blanches sur leurs barbes externes, la queue d'un cendré noirâtre; le dessous du corps blanc, avec des raies noires transversales à la région anale ; les Hancs d'un noir cendré. Habitat. — Le Garrot vulgaire habite les contrées les plus septentrionales des deux continents; l'hiver, il descend dans les pays méridionaux et se montre alors de passage en France au printemps et à l'automne. Mœurs. — Très maladroit sur le sol, cet Oiseau nage et plonge avec une remarquable habileté. Son vol est rapide et accompagné d'un sifflement aigu. Il fréquente les rivières et les lacs d'eau douce plutôt que les eaux salées. Sa nourriture se compose principalement d'Insectes aquatiques, de frai de Pois- sons, de Mollusques et de Crustacés. Au genre Garrot appartiennent encore quelques espèces qui visitent acciden- tellement notre pays; ce sont le Garrol islandais, le Garrot albéule et le Garrot histrion. LES HARELDES Ce genre a été fondé pour une espèce qui a des affinités très étroites avec les Garrots, mais s'en distingue par son bec plus étroit à l'extrémité, ses narines ouvertes plus près du front, sa queue plus étagée, plus aiguë, prolongée par les deux rectrices médianes. LA HARELDE GLACIALE {Hardda glacialis. — Cet Oiseau a un plumage varié de blanc et de noir fuligineux variable suivant l'âge, le sexe et les saisons. 11 habite les contrées les plus septentrionales des deux mondes et se montre accidentellement dans le nord de l'Europe. Sa nourriture consiste surtout en petits Mollusques bivalves et en plantes marines. Il niche sur les bords de la mer Glaciale. Les Eniconettes. — La particularité la plus curieuse de ce genre très voisin des Fuligules, est la forme des rémiges tertiaires qui sont contournées en dehors comme chez les Eiders. UEniconetle de Steller habite les contrées boréales des deux mondes, elle est rare dans notre pays. 380 LES CANARDS PROPREMENT DITS. 32 LES EIDERS Les Eiders sont assurément les plus intéressants des Fuliguliens. Caractères. — Ce sont des Oiseaux d'assez grande taille dont les caractères sont les suivants ; Leur bec est aussi long que la tête, élevé et renflé à la base, à arête convexe, un peu déprimé en arrière de l'onglet, celui-ci très large, voûté, couvrant toute l'extrémité du bec; les mandibules portent des lamelles espacées, petites, entiè- rement cachées; les côtés de la mandibule supérieure sont couverts de plumes sur une assez grande étendue. Les Eiders ont encore pour caractères des ailes courtes, étroites, aiguës, une queue courte, conique, des tarses très courts, un pouce long et grêle. Leur plumage, très épais, variable suivant les sexes, l'âge et les saisons. L'EIDER VULGAIRE [Somalo-ui mollisshna. — Caractères. — L'Eider vul- gaire atteint la taille de o™,65. Il a le dessus de la tête d'un noir violet velouté, cette couleur étant disposée sous forme d'un^' dont le sommet répond au front; les joues, le sommet de la tête et l'occiput d'un blanc teinté de vcrdâtre; le cou. le dos, les petites couvertures des ailes, les scapulaires d'un blanc pur, celles-ci à barbes décomposées; la poitrine d'un blanc teinté de rougeàtre; l'abdomen, les flancs, les sous-caudales et le croupion d'un beau noir; presque toutes les rémiges noirâtres, les sept plus rapprochées du corps effilées, recourbées en fau- cille, blanches à la base et terminées de noir; les rectrices noirâtres; le bec d'un vert mat, les pieds d'un jaune vert, l'iris brun. La femelle est de plus petite taille que le mâle. Son plumage est roussàtre, tacheté longitudinalcment de brun. Les jeunes n'acquièrent cette brillante livrée qu'à l'âge de trois ans. Habitat. — L'Eider vulgaire habite les mers glaciales du cercle arctique. Il est très abondant en Islande, au Groenland, au Spitzberg, à Terre-Neuve, en Laponie. On le rencontre aussi, mais moins communément, en Suède et en Norvège. Dans ses migrations, il apparaît quelquefois en Angleterre, en Allemagne, en France. Mœurs. — Ses uKcurs ont été fort bien observées et décrites par Brehm à qui nous empruntons les lignes suivantes " L'Eider est un Oiseau marin, dans toute l'acception du mot. Sur terre, il ne se meut que péniblement, lourdement et en vacillant; il trébuche et tombe à chaque instant. Son vol est pénible ; les coups d'aile précipités et continuels qu'il est obligé de donner le fatiguent beaucoup. En général, il ne vole qu'à une faible hauteur et en ligne droite au-dessus de la surface de l'eau. Ce n'est que sur l'eau qu'il se montre agile. Il nage le corps moins enfoncé que les autres F'uligulidés, et plus rapidement qu'eux ; il plonge à une plus grande profondeur. HolbôU et Faber assurent tous deux que l'Eider cherche parfois sa nourriture i3 LES EIDERS. [381] à une profondeur de vingt-cinq brasses et qu'il peut demeurer jusqu'à six mi- nutes sous l'eau ; il n'est dépassé que par un de ses congénères, l'Eider superbe, qui plonge jusqu'à soixante-cinq brasses et peut demeurer neuf minutes sub- mergé. J'ai souvent vu plonger ces Oiseaux, mais jamais je n'ai remarqué qu'ils plongeassent aussi longtemps. J'ai trouvé qu'ils reparaissaient à la surface de l'eau au bout d'une minute et demie, deux minutes au plus. Le cri du mâle, sans être très fort, est une sorte de grognement qui peut s'ex- primer par ahoiix, alioiix, celui de la femelle est A"orr, kon\ korrerr, répété plusieurs fois. Sous le rapport des sens, l'Eider ne semble pas le céder aux autres Fuligulidés et quant à l'inteUigence, il leur est supérieur. Sur mer, il est très prudent; il ne laisse que très rarement les bateaux de pêcheurs l'approcher à portée du fusil. .Mais il remarque bientôt si l'on est bien disposé à son égard, et il finit par se comporter parfois comme un Oiseau domestique, surtout au moment de la ponte. Les Eiders nichent assez tard, jamais avant la fin de mai, leplus souvent en juin et juillet. Quand le moment des pontes est venu, les couples gagnent la terre en trébuchant et cherchent un endroit convenable pour y construire leur nid. Ce qu'il leur faut avant tout, c'est la sécurité; aussi préfèrent-ils les îles cou- vertes en partie de petits buissons. Là où l'homme cherche à tirer profit des Eiders, il ménage à ces Oiseaux des abris, il dispose sur la côte de vieilles caisses, des pier- res recouvertes de plan- ches et de fascines, et d'autres cachettes sem- blables. Autant l'Eider est craintif dans toute autre saison, autant il se montre confiant main- tenant. Assuré de la pro- tection de l'homme, il ne se laisse déranger par rien. Il arrive tout près des fermes, il entre mê- me dans les cabanes de pécheur pour y chercher un lieu de ponte, et l'on a souvent vu de ces Oiseaux venir construire leur nid dans une écurie, dans un appartement, dans un four a pain et devenir gênants pour les habitants de la maison. Les premiers jours, le mâle accompagne sa femelle dans ses excursions; il arrive avec elle à terre le matin; La vie des animaux illustrée. ' v. 25 L'Eider vulgaire. [r582J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 'M à midi, il s'envole vers le fjord, gagne en nageant la iiaute mer, et revient le soir; il recommence le même manège et, quand la femelle pond, il monte la garde auprès du nid; mais dès que la ponte est achevée, il abandonne son nid et sa femelle, et va à la mer retrouver ses compagnons. Sur certains rochers de la Norvège, on voit ces Oiseaux rc'unis en grand nombre, formant comme une couronne continue autour de l'ile. Le nid est construit très simplement. Il est fait avec les substances que l'Oiseau trouve dans son voisinage, et qu'il entrelace grossièrement ce sont des branchages, des algues marines, de l'herbe, de la paille, mais il n'en est que plus abondamment tapissé à l'intérieur d'un duvet précieux, impôt que l'homme prélève sur ces Oiseaux pour leur faire payer sa protection. Chaque couvée est de quatre à œufs, le plus généralement de six ou huit. Ces œufs sont ovoïdes, à coquille lisse, d'un vert sale ou d'un gris verdàtre. Peu de jours après la ponte, la femelle couve déjà avec persévérance là où elle est habituée à l'homme, elle n'abandonne pas ses œufs quand on l'approche", elle se contente de baisser la tête contre le sol, d'ouvrir un peu les ailes, pour se rendre invisible. La couleur de son plumage s'harmonise généralement si bien avec celle du sol, qu'un œil inexpérimenté l'aperçoit difficilement. J'y ai souvent été trompé, et j'étais fort étonné de me sentir tout à coup pincer vio- lemment au pied par une femelle d'Eider que je n'avais pas vue. Dans les îles même qui sont éloignées de toute habitation, les Eiders se laissent approcher de très près avant de s'envoler. Quant à ceux qui nichent près des maisons, on peut les prendre, regarder leurs œufs et les remettre sur leur nid sans qu'ils songent à s'envoler. Je me suis souvent amusé à m'asseoir à côté d'un de ces Oiseaux, à le caresser, à glis- ser ma main sous son ventre, entre lui et ses œufs, et très souvent l'Eider ne songeait pas à s'enfuir. Quelques-uns mordaient mes doigts, comme en jouant d'autres ne donnaient pas le moindre signe de mécontentement. J'en enlevais du nid et les portais un peu plus loin ; ils revenaient comme si rien ne leur était ar- rivé; ils mettaient le duvet en ordre, et, en ma présence, reprenaient leur fonc- tion de couveuses. Les plus craintifs se sauvaient et toujours souillaient les œufs de leurs excréments ; mais jamais ils ne volaient loin et ils ne tardaient pas à reve- nir prendre place sur leurs œufs. Si rien ne la dérange, la femelle quitte son nid le matin, mais, avant de s'éloigner, elle a soin de recouvrir les eufs de duvet. Elle s'en va vers la mer aussi rapidement que ses mo\'ens le lui permettent; elle plonge avec activité pendant environ une demi-heure; elle remplit outre mesure son jabot de coquillages et revient à son nid. Les mâles sont toujours plus craintifs, même au commencement de la ponte, quand ils accompagnent les femelles à terre et qu'ils montent la garde auprès du nid. S'approche-t-on d'eux, ils s'agitent beaucoup, lèvent et baissent la tête, appellent leur femelle, se sauvent, moitié volant, moitié culbutant, jusqu'à la mer. Après vingt-cinq à vingt-six jours d'incubation, l'éclosion a lieu. Les jeunes sont de charmants petits Oiseaux, couverts d'un duvet abondant et assez bigarré. Dès le premier jour de leur existence, ils nagent et ils plongent, ils 35 LES EIDERS. {8iJ courent assez bien, mieux que leur mère. Dès qu'ils sont secs, celle-ci les conduit à la mer, qu'elle ne quitte que lorsque ses petits sont fatigués ou quand les vagues, trop fortes, ne leur permettent pas de demeurer sur son dos. Si le nid est assez éloigné de la plage, le voyage de la jeune famille est long et pénible. L'homme vient alors souvent à son aide; il prend les jeunes dans un panier et les porte à la mer, suivi de la femelle, qui avance en titubant et le laisse agir. La mer est en eflét l'endroit où les jeunes Eiders sont le plus en sûreté, le plus à l'abri des Faucons, des Corbeaux, des Mouettes prédatrices, leurs pires ennemis. Souvent, plusieurs femelles se réunissent avec leurs petits, et c'est alors pour l'observateur un spectacle des plus variés, des plus intéressants. La femelle se voit-elle poursuivie par un canot, elle nage de toutes ses forces pour se mettre hors de portée; puis elle laisse le canot arriver jusqu'à quelques pas d'elle, et ne se décide à s'envoler qu'à la dernière extrémité. Ses petits en sont- ils séparés, ils se dirigent vers la terre, grimpent et sautent sur la plage, courent de côté et d'autre et, en un instant, tous sont cachés entre les pierres et les inégalités du sol. Le danger est-il passé, on les voit se lever, courir vers l'eau en ligne droite, puis s'approcher en nageant, soit de leur mère, soit d'une autre femelle. Lorsque la mère est tuée avant que les jeunes puissent se passer d'elle, ceux-ci se joignent à une autre famille, dont la mère les prend sous sa protection et les traite comme ses propres petits. L'amour maternel est d'ail- leurs très développé chez les Eiders; les femelles se volent mutuellement les cufs; plus tard, quand elles se réunissent, elles font en commun l'éducation des jeunes. Ces derniers croissent très rapidement; après une semaine, ils peuvent presque se passer de soins maternels; ils restent néanmoins avec leurs parents jusqu'au printemps et, dans leur seconde année, ils se réunissent aux vieux mâles. Dans leur première jeunesse, les Eiders mangent surtout de petits Crustacés et des Mollusques ; plus tard, ils se nourrissent à peu près exclusivement de coquillages, sans dédaigner pour cela les petits Poissons ou les autres ani- maux marins. » Les Corbeaux et les Mouettes prédatrices détruisent les œufs et les jeunes ; les Faucons, les Renards bleus attaquent aussi les adultes; l'homme les détruit avec les armes à feu, ou les prend dans des filets. En automne, au Groenland, on en abat souvent une vingtaine d'un seul coup de fusil, quand on peut appro- cher assez près d'une bande. » Captivité. — Les Eiders ne supportent pas la captivité. Toutes les tentatives d'élevage sont restées jusqu'ici infructueuses. Utilité. — Mais ces Oiseaux, à l'état sauvage, n'en constituent pas moins une des plus grandes richesses de certains pays du nord. Sur les côtes de la Norvège et de l'Islande, les Eiders sont protégés par des lois spéciales, en vue de la récolte des œufs et du duvet que renferment les nids. Cette récolte doit se faire avec les plus grandes précautions pour ne pas effa- roucher les femelles qui, autrement, iraient recommencer leur couvée dans une autre station. [384] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 30 On a soin de laisser chaque lois au moins un œuf dans chaque nid. Peu de temps après, les femelles pondent de nouveau, se dépouillent une fois de plus de leur duvet; parfois les mâles se dépouillent a leur tour, et la même récolte peut être recommencée plusieurs fois durant la saison. Le duvet recueilli de cette façon est placé dans une grande chaudière modéré- ment chaufl'ée et agité continuellement. Cette opération le débarrasse des Insectes et autres impuretés qu'il contient. Il est ensuite nettoyé à la main, puis livré au commerce sous le nom d'ciifeiioii. L'EiDEK A TKTE GRISE 5owtî/?r/c7 spccUibiUs. — Cctte cspèce, très voisine de la précédente, habite les mêmes régions et a les mêmes nueurs. LES MACREUSES Caractères. — Les Macreuses ont le bec à peu près aussi long que la tête, robuste, gibbeux à la base, déprimé et élargi à l'extrémité, l'onglet et les lamelles disposés comme chez les Eiders; des ailes moyennes, subaiguës Description de la famille La famille des Columbidés est une vaste famille d'oiseaux terrestres présente sur tous les continents excepté le continent antarctique. Elle est forte de 49 genres et près de 350 espèces de taille petite à moyenne. La famille présente des affinités avec celle des Ptéroclidés les gangas.... lire la suite Description identification adulte plum. nuptial adulte plum. nuptial Le pigeon biset peut être considéré comme l'ancêtre du pigeon domestique particulièrement bien connu et abondant dans les villes et dans les villages, même si ce dernier, en raison de croisements continus, a perdu beaucoup des caractéristiques morphologiques qui définissent son prédécesseur. Il possède une sihouette assez remarquable corps trapu, ailes étoites et pointues, tête ronde et petite, bec mince et court. En général, son plumage est gris bleuté, plus pâle sur le dos et avec des tons verts et violacés sur les côtés du cou. Le croupion est blanc, les ailes portent deux barres de couleur noire qui se remarquent bien, surtout en vol. Vu du dessous, on aperçoit parfaitement les axillaires blanches. C'est le seul pigeon à posséder cette caractéristique. La tête, la poitrine et le ventre ont un ton gris bleuté plus sombre que les plumes du dos. Le bec est gris avec la base blanche. Les jambes et les pieds sont rouges, et l'iris orange rougeâtre avec un anneau oculaire intérieur jaune. Indications subspécifiques 9 sous-espèces Columba livia livia w and c Europe, n Africa to c Asia Columba livia gymnocycla Mauritania and Senegal to s Mali and Ghana Columba livia targia n Mali and s Algeria to c Sudan Columba livia dakhlae w Egypt Columba livia schimperi e Egypt, s Sudan, Eritrea Columba livia palaestinae Sinai Pen.. Egypt. to Syria, w and s Arabian Pen. Columba livia gaddi e Turkey to Uzbekistan and w and n Afghanistan Columba livia neglecta w Pakistan and e Afghanistan to the Himalayas Columba livia intermedia s India, Sri Lanka Noms étrangers Rock Dove, Paloma bravía, pombo-das-rochas, Felsentaube, szirti galamb, Rotsduif, Piccione selvatico, klippduva, Klippedue, holub divý, holub skalní, Klippedue, kalliokyyhky kesykyyhky, Tuinduif Stadsduif, colom roquer, Bjargdúfa, gołąb skalny, mājas balodis, skalni golob, Сизый голубь, Merpati batu, カワラバト, 原鸽, นกพิราบป่า, 原鴿, Voix chant et cris adulte plum. nuptial play pause Roucoulement plaintif assez monotone très proche du pigeon domestique. Druouu-uu répété plusieurs fois. Habitat En dehors de la période de reproduction, les pigeons bisets forment des rassemblements qui, là où ils existent, sont relativement nombreux. Dans les endroits rocailleux qui constituent leur habitat préféré, les couples trouvent refuge dans les fissures et sur les corniches. Dans les villes et dans les villages, ils s'abritent et se reproduisent dans les cavités, les trous, les toits et les terrasses des bâtiments, non seulement ceux qui sont habités mais également ceux qui sont en ruines ou abandonnés. L'hybridation qu'on observe chez ces oiseaux est très importante, et il est rare de trouver des spécimens purs en dehors des zones rocheuses ou dans les endroits où les fleuves provoquent une importante coupure. On peut observer les pigeons bisets le longs des falaises côtières ou sur des affleurements montagneux qui peuvent atteindre 2000 mètres d'altitude. Les populations vivent dans pratiquement toute l'Europe, en péninsule ibérique , sur les côtes de la Méditerranée ainsi que dans les îles où elles forment des colonies nombreuses sur les falaises et dans les endroits rocheux. Local dans les Alpes, le pigeon biset est abondant dans les îles britanniques, les populations pures prédominant en Ecosse et en Irlande. En France, c'est un habitué des côtes picardes, normandes et bretonnes. Il est également présent dans le Massif Central, les gorges du Tarn et les Alpes du sud. Comportement traits de caractère adulte Le roucoulement de ce pigeon ne diffère pas beaucoup de celui des pigeons domestiques qui vivent dans les villes et que nous connaissons tous. adulte Il consiste en un son sourd et ronronnant que les mâles émettent face aux femelles. Ils l'accompagnent souvent de hochements de tête caractéristiques, en se baissant et en étirant continuellement le cou pendant qu'ils marchent à petits pas, la queue déployée en éventail et orientée vers le sol en même temps qu'ils dilatent démesurément leur gorge. On observe aussi fréquemment un vol nuptial dans lequel les mâles battent lentement les ailes, les maintenant très élevées et les projetant pendant un court instant dans un angle aigu. Le pigeon Biset est rapide et agile, effectuant de fréquents virements et écarts dans les airs. Souvent, il vole à très faible altitude au-dessus des champs ou de la surface de l'eau, mais aussi à une grande hauteur, surtout lors des rassemblements en grandes bandes à partir de l'été. Il se pose presque toujours sur le sol ou sur une saillie de roches mais rarement sur des branches d'arbres à moins qu'elles ne soient sèches ou qu'elles soient dépourvues de feuilles. Dans ce cas, on peut y voir se poser un nombre considérable de pigeons. Alimentationmode et régime Le pigeon biset se nourrit à terre surtout de graines sauvages ou cultivées, parfois de mollusques et d'escargots. En ville de graines et de miettes. Reproduction nidification adulte Le pigeon biset niche dans les crevasses, les anfractuosités ou les grottes. Dans les falaises côtières, il peut se reproduire entre des nid est une simple dépression recouverte négligemmant de bois, des racines sèches, d'herbe, et d'algues marines ramassées sur les côtes. Parfois c'est une simple plate-forme d'herbe sèche. Normalement, les pigeons bisets forment de grandes colonies, mais on peut également trouver des couples isolés, notamment lorsque ceux-ci entament la colonisation d'une falaise. Le nombre de nicheurs n'augmente alors progressivement, année après année, que si le lieu semble être adopté. adulte plum. nuptial Quelques pontes peuvent déjà être déposées aux premiers jours de février, mais plus couramment en mars. La reproduction s'étend jusqu'au mois d'octobre si bien que de nombreux couples mènent à terme trois couvées dans la saison. La taille de la ponte est généralement de 2 oeufs de couleur blanche, parfois 1 et très rarement 3. Il n'est d'ailleurs pas certains que quelques pontes de 3 oeufs soient de la même femelle. L'incubation, qui dure entre 17 et 19 jours, est principalement à la charge de la femelle, bien que le mâle collabore par courtes périodes. Les pigeonneaux naissent avec un duvet jaunâtre nuancé de rougeâtre. Ils sont nourris par les deux adultes, dans un premier temps par ce qu'il est convenu d'appeler "lait de pigeon" qui est une substance secrétée par leur jabot, puis plus tard avec des graines et des semences ramollies préalablement dans leur bouche. Au bout d'un mois, ils sont déjà capables d'abandonner le nid, mais ne volent pas bien jusqu'à ce qu'ils aient atteint au moins une semaine de plus. Distribution Menaces - protection adulte Statut de conservation IUCN Eteint Menacé Préoccupationmineure Éteintà l'état sauvage Quasimenacé Nonévalué EX EW CR EN VU NT LC NE La souche naturelle du Pigeon biset à disparu en France continentale. Les principales causes de disparition sont la chasse et le métissage avec les pigeons domestiques. Fiche créée le 21/10/2004 par Daniel Le-Dantec publiée le 21-10-2004 - modifiée le 24-08-2006 © 1996-2022 You're Reading a Free Preview Page 8 is not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 25 to 75 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 92 to 106 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 115 to 122 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Page 131 is not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 147 to 199 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 214 to 220 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 230 to 266 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 276 to 298 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 302 to 304 are not shown in this preview. Les principales races de pigeon exploitées en France sont Le mondain, qui doit probablement son nom à son caractère sociable. Les aptitudes du pigeon mondain à pattes lisses en font le type parfait du pigeon de rapport. Il est rustique et peu difficile pour la nourriture. Il est prolifique sa production annuelle est de 7 à 9 couvées. C’est un vrai producteur de chair ses pigeonneaux pèsent de 500 à 600 g à quatre semaines. Le plumage du mondain offre toutes les nuances, ses ailes ne sont pas barrées, il est trapu, large de poitrine, bas sur pattes. L’adulte peut peser 900 g, c’est un pigeon lourd, son vol ne dépasse pas une hauteur de 5 à 6 m. Il faut le loger en volière ou en colombier peu élevé. Le cauchois ou maillé de Caux, qui est voisin du mondain par ses aptitudes, mais d’un port plus élégant. Le carneau, pigeon rouge, qui est très répandu dans le nord de la France. Il provient probablement d’un croisement du biset avec le mondain. Il aime la liberté, supporte le froid c’est le vrai pigeon de ferme. Il peut donner 10 couvées par an. Ses pigeonneaux pèsent de 350 à 400 g à quatre semaines. Le lynx de Pologne, très gros, très prolifique, et qui est très répandu. Le Montauban, beau pigeon, de très grande taille, qui a l’arrière de la tête orné d’une coquille de plumes. Le Romain, qui est le plus gros des pigeons. Il atteint 1 m d’envergure et pèse jusqu’à 1,300 kg. Le romain existe en huit coloris. Il est peu prolifique. Il est élevé en vue de croisements avec les races SEB AUTHENTIQUE 10L Cocotte-minute Inox Induction Autocuiseur Fabriqué en France P0531600, fabriqué en France € 2 Seb ClipsoMinut'Easy + Bleu 6 L, Poignées Rabattables, Cocotte-Minute Induction, Livre de 100 Recettes, Facile à Utiliser, Autocuiseur Inox, Fabriqué ... € Pour les pigeons d’agrément, il en existe une multitude de races et dans chaque race de nombreuses variétés culbutants, hautvolants, boulants, capucins, cravatés, coquillés, caronculés, pigeons-paons, pigeons-poules, races naines, dont le bouvreuil archangel, etc. Imprimer la recette Pot-au-feu de pigeon Recette spéciale pour cocotte-minute InstructionsVerser le bouillon dans votre cocotte minute, ajouter les gousses d'ail, l'oignon piqué de 2 clous de girofleAssaisonner de sel et de vider et brider les ranger dans le panier placé en position haute avec les carottes, les navets, les et faire cuire 11 mn à partir du sifflement de la cocotte l'ensemble sur un plat chaud. Notes Recette spéciale pour cocotte-minute

croisement pigeon ramier et bleu de gascogne