NousENCOURAGEONS la recherche de la Connaissance et de la Conscience dans tous les domaines qui en valent la peine, comme le meilleur moyen de discerner le mensonge de la vérité. Voici ce que nous pouvons dire au lecteur: nous travaillons très dur, plusieurs heures par jour, et nous le faisons depuis de nombreuses années, pour découvrir la raison de notre existence sur Auregard de la loi, un simple mensonge ne suffit pas à caractériser l'escroquerie et la qualifier de délit. Capital, 22/12/2018, « Escroquerie : définition, plainte et peines » Au niveau cognitif, le mensonge demande bien plus d'énergie que la vérité par rapport à laquelle il se construit. Ça m'intéresse, 13/10/2016, « Cinq idées reçues sur le mensonge » parle personnel chargé de la manipulation des cadavres au sein de lexploitation 8. Le plan de lutte contre les nuisibles 9. Le plan de protection vis-à-vis des sangliers pour les exploitations avec passage extérieur entre les bâtiments, ou en bâtiment semi ouvert ou plein-air 10. Le cahier démargement avec lensemble des intervenants extérieurs indiquant date et objet de Jusquoù peut aller la manipulation politique Home; Blog; Guide ; S’inscrire; Select Page. Jusqu’où peut aller la manipulation politique Posted by Yohann Le Goffe | 19, Déc, 2009 Quand les prétendus "Grands de ce Monde" se mettent à jouer avec la Santé Publique au nom de la Sécurité de tous, il est peut-être temps de les regarder autrement. Discours polis truffés de Ilest important de s’informer sur le phénomène de la manipulation, ne serait-ce que pour savoir dans quelles situations et dans quelle mesure nous sommes influençables. Il est à la fois amusant et effrayant de constater à quel point nous en sommes peu conscients. Lorsque nous déclarons que jamais nous ne ferions ceci ou cela, nous ne Aunom de la vérité : Chacun d'entre nous s'est déjà retrouvé au moins une fois, au cœur de la tourmenteAu nom de la vérité s'attache à des héros du quotidien en prise avec BHGRp. Les comptes de Rank Xerox Les comptes de Rank Xerox Une enquête de la Securities and Exchange Commission SEC, le régulateur boursier américain, dont les éléments ont, selon les usages en vigueur aux États-Unis, été rendus publics, révélait il y a un an d’importantes irrégularités comptables chez Rank Xerox. De 1997 à 2000, les comptes du fabricant de photocopieurs avaient menti pour l’ensemble des quatre exercices, le chiffre d’affaires s’était trouvé gonflé de 6,4 Md$ et le résultat avant impôt de 1,5 Md$, déclarait publiquement Xerox lui-même en juillet 2002. Au-delà du choc provoqué par cette annonce à cause des montants en jeu, la lecture du rapport1 de la SEC nous instruit sur les mécanismes qui ont conduit la société à fausser de plus en plus ses comptes. Extrait du rapport, le graphique ci-contre compare les bénéfices par action attendus par les analystes financiers avant publication des résultats, avec ceux effectivement publiés par Xerox, ainsi que ceux recalculés par la SEC qui découlaient de l’application des règles comptables américaines US Gaap2 et des principes comptables retenus par Xerox jusqu’en 1996. Ce sont ces derniers chiffres, tous en deçà des attentes des analystes, qui auraient dû être publiés. Pourtant, Xerox a réussi à gonfler la part de chiffre d’affaires et de résultat comptabilisée lors de la signature de nouveaux contrats de location de photocopieurs, en jouant sur les paramètres dans les modèles utilisés pour valoriser ces contrats. Non signalés, ces changements rendaient en fait incomparables les résultats d’une année sur l’autre. Ce qui est le plus frappant, dans les manipulations comptables de Xerox, c’est la corrélation parfaite entre les chiffres attendus par le public et ceux annoncés. La société, en clair, avait voulu à tout prix être à la hauteur des espérances que les marchés financiers avaient placées en elle. Dans le contexte de croissance économique et de forte hausse de la Bourse de la fin des années quatre-vingt-dix, les résultats ne pouvaient pas décevoir. Cette affaire, comme d’autres scandales financiers récents, illustre la rupture du consensus tacite existant entre le management de l’entreprise et les utilisateurs des comptes, consensus qui était pourtant à la base de l’utilisation de la comptabilité, comme nous l’avons compris au cours du travail que nous avons réalisé pour un mémoire de fin de scolarité du Corps des Mines. Les comptes, une affaire de convention » Il faut renoncer à croire que la comptabilité se comporte comme une science exacte, comme l’énoncé d’une vérité objective, absolue, définitive. Les comptes résultent toujours en partie d’arbitrages et de choix faits par les dirigeants, certes sous la surveillance des commissaires aux comptes et des régulateurs boursiers, mais néanmoins tributaires des individus et du contexte. Cité par la défense dans l’affaire du Crédit Lyonnais, René Ricol, ancien président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes et actuel président de l’IFAC3, témoignait ainsi Un bilan, c’est une affaire de convention. Il n’y a pas de vérité dans les comptes. La question est de savoir si l’on est dans un compromis acceptable ou pas. » Cette notion de compromis, d’admissibilité opposée à celle d’exactitude, évacue la croyance en une vérité comptable absolue. Les comptes doivent mettre d’accord les parties prenantes de l’entreprise, dirigeants, actionnaires, salariés et créanciers, et les rassembler autour d’une forme de consensus, mais ne sont pas la révélation de certitudes. Traditionnellement, ce consensus pouvait être atteint grâce à des comportements particuliers des différents acteurs. Les dirigeants pratiquaient assez largement le lissage des résultats, qui signalait même les bons gestionnaires. Des réserves constituées les bonnes années les Anglo-Saxons parlent de cookie jars venaient combler les déficits des mauvaises années. Les experts-comptables et les commissaires aux comptes plaçaient, eux, au cœur de leur pratique le principe de prudence, consistant à traiter avec une grande circonspection les événements ayant une influence positive sur les comptes, tant qu’ils n’étaient pas certains, alors que les informations pouvant être potentiellement négatives devaient être immédiatement prises en compte. Enfin, l’actionnariat faisait preuve de modération dans ses revendications, se contentant de données assez sommaires sur les comptes de l’entreprise dans laquelle il investissait, et surveillant surtout la régularité du dividende versé. Un consensus aujourd’hui rompu Mais nous voyons disparaître progressivement les conditions qui rendaient possible ce consensus, les multiples affaires de la fin des années quatre-vingt-dix étant symptomatiques de la fin de celui-ci. De nombreux facteurs peuvent être invoqués, à commencer par l’accélération et la mondialisation de la vie économique. Ces phénomènes ont été abondamment décrits un rythme accéléré de fusions et d’acquisitions chez les grands groupes a considérablement accru la complexité de leurs structures, et le nombre de filiales dans des pays utilisant des normes comptables différentes. Les périmètres de consolidation changeant au gré des acquisitions et des cessions, la comparaison d’une année sur l’autre ne peut souvent se faire que par les comptes pro forma, malheureusement non standardisés. Toutes les acquisitions font aussi apparaître dans les bilans des actifs incorporels pour des montants considérables 53 Md€, pour un actif de 104 Md€ chez France Télécom fin 2001, actifs incorporels dont la valorisation suscite bien des perplexités les commissaires aux comptes confient avoir bien de la peine à se faire un jugement sur la durée pertinente d’amortissement d’un actif représentant une technologie Internet. Autre facteur, le contexte de bulle financière de la fin des années quatre-vingt-dix. Sous la pression des marchés, les dirigeants ont été poussés, comme le montre l’exemple de Rank Xerox, à faire des promesses de plus en plus difficiles à tenir, et ont parfois choisi la voie d’une comptabilité agressive pour afficher des résultats en ligne avec ces engagements. Le consensus comptable s’est alors effondré avec les fracas qu’on sait ce furent Enron, WorldCom, Tyco aux États-Unis, mais aussi Ahold, et chez nous, le procès des comptes du Crédit Lyonnais ainsi que les péripéties comptables de Vivendi Universal. Un nouveau consensus comptable doit maintenant se reformer pour que la confiance revienne. À l’heure des grands chantiers comptables nouvelles normes, nouvelles dispositions législatives concernant l’audit, nouveaux acteurs de régulation, voyons à quoi celui-ci pourra ressembler, en comprenant tout d’abord quelle évolution dans la notion de vérité des comptes nous sommes en train de vivre. De la vérité juridique à la vérité économique La vérité des comptes était traditionnellement une notion juridique. La comptabilité française est restée, malgré des ajouts ultérieurs, centrée autour de la notion de comptes réguliers, c’est-à-dire conformes à un corps de règles. Cette approche, également en vigueur aux États-Unis, fait de la comptabilité un simple outil d’enregistrement des contrats passés par l’entreprise. Les comptes étaient donc très tributaires de la forme juridique des contrats de l’entreprise on disait la comptabilité algèbre du droit . Mais cette construction a trouvé ses limites, en particulier aux États-Unis où des règles trop précises étaient facilement contournées par des financiers ingénieux. Tournant le dos à cette conception juridique de la comptabilité, l’IASB, organisme qui édicte les normes internationales IAS qui s’imposeront à toutes les sociétés cotées européennes dès 2005, privilégie une approche économique de la comptabilité. Leurs normes se fixent en effet pour objectif de transmettre à l’actionnaire une image économique fidèle. Elles sont tournées vers le lecteur des comptes et sa perception de la réalité économique de l’entreprise et non plus vers le préparateur et la conformité de ses comptes aux règles en vigueur. On trouve une illustration concrète de cette approche dans la façon dont les montages financiers sont retraités en normes IAS, ceci venant confirmer une tendance que prenait déjà la comptabilité française. Ainsi les contrats de location-vente sale-lease back » seront réintégrés au bilan lorsque l’entreprise assume de fait la propriété du bien au sens économique, et ce malgré la structure formelle des contrats passés. Cette transition de la comptabilité du juridique vers l’économique fait dire à certains que la comptabilité du futur sera bien une science exacte, et que la notion de vérité des comptes prend un sens scientifique. Mais cette vision n’est pas universellement partagée. La comptabilité économique introduit dans les comptes des valorisations fondées sur une vision de l’avenir, là où traditionnellement on se contentait d’enregistrer le passé. Or chacun a sa vision du futur, qui en outre évolue dans le temps4. En voulant davantage donner une image économique de l’entreprise, les comptes demeureraient plus que jamais soumis à la subjectivité et à des vérités éphémères. Ainsi il est fréquent qu’un dirigeant nouvellement arrivé dans une entreprise passe immédiatement d’importantes dépréciations sur des acquisitions réalisées par son prédécesseur, parce qu’il n’a pas la même vision stratégique ni les mêmes intentions que ce dernier, et la comptabilité économique a bien du mal à étayer une approbation ou un refus de ces opérations comptables. Un certain nombre d’observateurs contestent aussi la viabilité de normes comptables résumées à des principes, non déclinés en règles d’application détaillées. C’est cependant le choix qu’a fait l’IASB, jugeant que des règles trop précises ne permettent pas d’aboutir à une image économique fidèle, car elles font retomber dans le formalisme. Cette posture semble prendre le contre-pied de celle des normalisateurs comptables américains. Pourtant, certains sceptiques rappellent que les normes américaines, au départ, reposaient également sur un volume de textes restreint et prédisent que l’utilisation à grande échelle des normes internationales rendra inévitable la multiplication des interprétations et l’apparition de règles résultant de la jurisprudence. Plus fondamentalement, on ne peut prétendre à l’unicité de la vérité économique à chaque partie prenante correspond une réalité différente de l’entreprise. Ceci implique en pratique qu’une comptabilité économique privilégie nécessairement la vérité de certains au détriment de celle des autres. Les normes comptables supposent le choix d’un utilisateur. Vers la vérité du seul investisseur En comptabilité française traditionnelle, les utilisateurs premiers des comptes ne sont pas les actionnaires, mais à l’origine la justice comme moyen de preuve, puis le fisc et la comptabilité nationale. Les normes IAS, elles, font clairement le choix de privilégier la vérité de l’investisseur, et on pourrait ajouter l’investisseur de court terme. Tout en définissant sept catégories5 d’utilisateurs aux intérêts potentiellement divergents investisseurs, employés, créanciers, fournisseurs, clients, administration et grand public, elles affirment que les besoins en information financière des investisseurs recouvrent très largement ceux des autres utilisateurs. Pourtant, les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Ainsi, dans le cas d’une compagnie d’assurances, l’assuré et l’actionnaire ont des intérêts clairement dissociés l’actionnaire aime le risque, pas l’assuré. L’actionnaire préférera un traitement comptable plus agressif, pour faire remonter le plus possible de dividendes dans l’instant sans laisser se constituer de provisions, au contraire de l’assuré qui souhaitera pour sa part un traitement comptable plus prudentiel. Cette divergence est illustrée par un débat récent6 sur les provisions dites techniques » entre la Commission de contrôle des assurances CCA et le Conseil national de la comptabilité CNC. Schématiquement, la CCA réclamait, au nom des assurés, un traitement comptable plus prudent, que refusait le CNC en vertu du principe d’image fidèle à donner à l’investisseur. En écrivant des normes destinées à refléter la seule vérité de l’investisseur, l’IASB propose de mettre fin à une certaine conception de la comptabilité comme instrument de politique publique, qui était en vigueur en France comme aux États-Unis. C’est en premier lieu l’arrêt de l’utilisation des normes à des fins de macrorégulation prudentielle, comme on vient de le voir dans le domaine des assurances. Mais c’est aussi la fin d’une utilisation plus large de la comptabilité comme outil d’incitation économique. Le débat autour du traitement comptable des stock-options en est un bon exemple pour des motifs d’incitation à l’entreprenariat, celles-ci n’étaient traditionnellement pas comptabilisées comme les autres modes de rémunération. L’IASB propose de les comptabiliser comme des charges salariales en IAS, la seule vérité est la vérité de l’investisseur. L’avènement du nouveau consensus comptable On est donc en train d’assister à une double métamorphose de la notion de vérité des comptes une acception moins juridique et plus économique, et dans le même temps un point de vue recentré sur le seul investisseur. C’est peut-être cela le nouveau consensus comptable un recentrage autour de l’investisseur. En effet les normes comptables sont fortement liées au modèle économique dans lequel elles évoluent, et notre pays est en train de connaître depuis une vingtaine d’années une métamorphose de son système financier, passant d’un capitalisme marqué par l’intervention de l’État et un financement prépondérant par les banques, vers un modèle où le rôle de l’État est réduit, et où les capitaux proviennent principalement des marchés financiers. Mais ce nouveau modèle est loin de faire l’unanimité, et par conséquent l’unification des normes comptables ne se fera peut-être pas aussi facilement que le passage à l’euro. Certaines entreprises qui ont beaucoup à perdre dans un alignement français sur un système financier à l’anglo-saxonne proclament leur attachement au modèle économique européen continental, caractérisé par un moindre rôle des marchés. En particulier les banques françaises mais aussi les compagnies d’assurances ainsi que certaines entreprises industrielles s’opposent à plusieurs propositions-clés de l’IASB. L’Union européenne elle-même a récemment manifesté un début de désaccord7. Toutefois, il faut sans doute plutôt voir le changement dans l’esprit des normes comme la conséquence, et non la cause de métamorphoses financières déjà amorcées. En cela, les normes internationales servent peut-être de bouc émissaire aux opposants à ces transformations. Mais, que les normes IAS soient à l’origine de ces transformations ou qu’elles n’en soient que l’expression, leur adoption – et avec elle le triomphe d’une comptabilité pour l’investisseur – ne se fera pas sans opposition. Le consensus comptable de demain passe sans aucun doute par l’adoption des normes IAS en Europe. Pourtant, alors que leur première application obligatoire est prévue pour 2005, dans à peine plus d’un an, ces normes ne sont pas encore prêtes, plusieurs de leurs dispositions étant fermement refusées par certaines entreprises. Tout le monde n’est pas prêt à accepter un nouveau consensus comptable centré autour de l’investisseur. Or la reprise économique passe par le rétablissement de la confiance. Dans la vaste lutte d’influence qui a déjà commencé à s’engager à un niveau politique, il reste à espérer que l’investisseur ne soit pas totalement oublié. ________________________________ 1. 2. Generally accepted accounting principles. 3. International Federation of Accountants Fédération internationale des Comptables. 4. Pierre-Noël Giraud, dans Le Commerce des promesses, énonce très clairement la relation entre valorisation économique et vision de l’avenir Les actifs financiers ne sont que des promesses de revenus futurs. L’avenir étant contingent, irréductiblement incertain, le prix actuel de ces promesses ne peut qu’être commandé par les visions fragiles et changeantes que les acteurs ont de l’avenir. » page 127. 5. IASB Framework, paragraphe 9. 6. Les Échos, 8 janvier 2003, p. 18. 7. Les Échos, 30 mai 2003, p. 21. Serhi Lapko, à gauche, et Vitaliy Khrus partagent leur vécu sur les combats que leurs hommes ont dû mener sur la ligne de front en Ukraine. Yevhen Semekhin pour le Washington Post Sudarsan Raghavan/TWP Par Sudarsan Raghavan – 26 mai 2022 – Traduction DRUZHKIVKA, Ukraine – Coincés dans leurs tranchées, les volontaires ukrainiens vivaient d’une pomme de terre par jour tandis que les forces russes les pilonnaient à l’artillerie et aux roquettes Grad sur une ligne de front clé à l’est. En infériorité numérique, sans formation et ne disposant que d’armes légères, les hommes ont prié pour que le barrage s’arrête – et pour que leurs propres chars cessent de cibler les Russes. Ils [les Russes] savent déjà où nous sommes, et lorsque le char ukrainien tire depuis notre côté, cela révèle notre position , a déclaré Serhi Lapko, leur commandant de compagnie, se souvenant de la récente bataille. Et ils commencent à riposter avec tout – Grads, mortiers. Et vous priez juste pour survivre. » Les dirigeants ukrainiens ont projeté et entretenu une image publique d’invulnérabilité militaire – de leurs forces volontaires et professionnelles tenant triomphalement tête à l’assaut russe. Des vidéos d’assauts contre des chars ou des positions russes sont publiées quotidiennement sur les médias sociaux. Des artistes créent des affiches, des panneaux d’affichage et des t-shirts patriotiques. Le service postal a même émis des timbres commémorant le naufrage d’un navire de guerre russe en mer Noire. Les forces ukrainiennes ont réussi à contrecarrer les efforts russes pour s’emparer de Kiev et de Kharkiv et ont remporté des victoires sur le champ de bataille dans l’est du pays. Mais l’expérience de Lapko et de son groupe de volontaires offre un portrait rare et plus réaliste du conflit et de la lutte de l’Ukraine pour stopper l’avancée russe dans certaines parties du Donbas. L’Ukraine, comme la Russie, a fourni peu d’informations sur les morts, les blessés ou les pertes d’équipements militaires. Mais après trois mois de guerre, cette compagnie de 120 hommes n’en compte plus que 54 en raison des décès, des blessures et des désertions. Les volontaires étaient des civils avant l’invasion de la Russie le 24 février, et ils ne s’attendaient pas à être envoyés sur l’une des lignes de front les plus dangereuses de l’Ukraine orientale. Ils se sont rapidement retrouvés dans le collimateur de la guerre, se sentant abandonnés par leurs supérieurs militaires et luttant pour survivre. Notre commandement ne prend aucune responsabilité , a déclaré Lapko. Ils s’attribuent seulement le mérite de nos réalisations. Ils ne nous apportent aucun soutien. » N’en pouvant plus, Lapko et son principal lieutenant, Vitaliy Khrus, se sont retirés avec des membres de leur compagnie cette semaine dans un hôtel loin du front. Là, les deux hommes se sont confiés au Washington Post, sachant qu’ils risquaient de passer en cour martiale et de passer du temps en prison. Si je parle pour moi-même, je ne suis pas un commandant de champ de bataille », a-t-il ajouté. Mais les gars seront à mes côtés, et je serai à leurs côtés jusqu’à la fin . Le commandant du bataillon des volontaires, Ihor Kisileichuk, n’a pas répondu aux appels ou aux questions écrites du Post à temps pour la publication, mais il a envoyé un message laconique tard jeudi disant Sans ce commandant, l’unité protège notre terre , dans une référence apparente à Lapko. Un porte-parole militaire ukrainien a refusé tout commentaire immédiat, affirmant qu’il faudrait des jours » pour fournir une réponse. La guerre brise les gens , a déclaré Serhiy Haidai, chef de l’administration régionale de la guerre dans la province de Louhansk, reconnaissant que de nombreux volontaires n’étaient pas correctement formés parce que les autorités ukrainiennes ne s’attendaient pas à une invasion de la Russie. Mais il a maintenu que tous les soldats sont pris en charge Ils ont suffisamment de matériel médical et de nourriture. La seule chose, c’est qu’il y a des gens qui ne sont pas prêts à se battre . Mais les préoccupations de Lapko et Khrus ont été reprises récemment par une section du 3e bataillon de la 115e brigade, basée à proximité dans la ville assiégée de Severodonetsk. Dans une vidéo téléchargée sur Telegram le 24 mai, et confirmée comme authentique par un assistant de Haidai, les volontaires ont déclaré qu’ils ne se battraient plus parce qu’ils manquaient d’armes appropriées, de soutien arrière et de leadership militaire. Nous sommes envoyés vers une mort certaine , a déclaré un volontaire, lisant un script préparé, ajoutant qu’une vidéo similaire a été filmée par des membres du 1er bataillon de la 115e brigade. Nous ne sommes pas seuls comme ça, nous sommes nombreux . Les militaires ukrainiens ont réfuté les affirmations des volontaires dans leur propre vidéo mise en ligne, affirmant que les déserteurs » avaient tout ce dont ils avaient besoin pour se battre Ils pensaient être venus pour des vacances », a déclaré un membre du service. C’est pour ça qu’ils ont quitté leur poste . Quelques heures après que le Post a interviewé Lapko et Khrus, des membres du service de sécurité militaire ukrainien sont arrivés à leur hôtel et ont détenu certains de leurs hommes, les accusant de désertion. Les hommes affirment que ce sont eux qui ont été déserteurs. Attendre la mort Avant l’invasion, Lapko était un foreur de puits de pétrole et de gaz. Khrus achetait et vendait des outils électriques. Tous deux vivaient dans la ville occidentale d’Uzhhorod et ont rejoint les forces de défense territoriale, une milice civile qui a vu le jour après l’invasion. Lapko, bâti comme un lutteur, a été nommé commandant de compagnie dans le 5e bataillon de fusiliers séparés, en charge de 120 hommes. Khrus, tout aussi costaud, devient commandant de peloton sous les ordres de Lapko. Tous leurs camarades sont originaires d’Ukraine occidentale. On leur a remis des fusils AK-47 et ils ont suivi une formation qui a duré moins d’une demi-heure. Nous avons tiré 30 balles, puis ils nous ont dit Vous ne pouvez pas en avoir plus, c’est trop cher , raconte Lapko. Ils ont reçu l’ordre de se diriger vers la ville de Lviv, dans l’ouest du pays. Une fois sur place, ils ont reçu l’ordre de se diriger vers le sud, puis vers l’est, dans la province de Luhansk, dans le Donbas, dont certaines parties étaient déjà sous le contrôle des séparatistes soutenus par Moscou et sont désormais occupées par les forces russes. Deux douzaines de ses hommes ont refusé de se battre, selon Lapko, et ils ont été emprisonnés. Ceux qui sont restés étaient basés dans la ville de Lysychansk. De là, ils ont été envoyés à Toshkivka, un village de première ligne bordant les zones séparatistes où les forces russes tentaient d’avancer. Ils ont été surpris lorsqu’ils ont reçu les ordres. Quand nous sommes venus ici, on nous a dit que nous allions être en troisième ligne de défense , a déclaré Lapko. Au lieu de cela, nous sommes arrivés sur la ligne zéro, la ligne de front. Nous ne savions pas où nous allions. » La zone est devenue un point central de la guerre, Moscou concentrant sa puissance militaire sur la capture de la région. La ville de Severodonetsk, près de Lysychansk, est entourée sur trois côtés par les forces russes. Au cours du week-end, elles ont détruit l’un des trois ponts menant à la ville, et elles bombardent constamment les deux autres. Les troupes ukrainiennes à l’intérieur de Severodonetsk se battent pour empêcher les Russes d’encercler complètement la ville. C’est également la mission des hommes de Lapko. Si Toshkivka tombe, les Russes peuvent avancer au nord vers Lysychansk et encercler complètement Severodonetsk. Cela leur permettrait également de s’attaquer aux plus grandes villes de la région. Lorsque les volontaires sont arrivés, leurs rotations dans et hors de Toshkivka duraient trois ou quatre jours. Lorsque la guerre s’est intensifiée, ils sont restés au moins une semaine, parfois deux. La nourriture est livrée tous les jours, sauf lorsqu’il y a des bombardements ou que la situation est mauvaise , explique M. Khrus. Et ces dernières semaines, dit-il, la situation s’est considérablement aggravée. Lorsque leurs chaînes d’approvisionnement ont été interrompues pendant deux jours par les bombardements, les hommes ont dû se contenter d’une pomme de terre par jour. Ils passent la plupart de leurs journées et de leurs nuits dans des tranchées creusées dans la forêt aux abords de Toshkivka ou dans les sous-sols de maisons abandonnées. Ils n’ont pas d’eau, il n’y a rien là-bas , a déclaré Lapko. Seulement de l’eau que je leur apporte tous les deux jours . C’est un miracle que les Russes n’aient pas franchi leur ligne défensive à Toshkivka, dit Khrus tandis que Lapko acquiesce. Outre leurs fusils et leurs grenades à main, les seules armes qu’ils ont reçues sont une poignée de grenades propulsées par fusée pour contrer les forces russes bien équipées. Et personne n’a montré aux hommes de Lapko comment utiliser les RPG. Nous n’avions pas d’entraînement approprié », a dit Lapko. C’est environ quatre RPG pour 15 hommes , dit Khrus en secouant la tête. Les Russes, dit-il, déploient des chars, des véhicules de combat d’infanterie, des roquettes Grad et d’autres formes d’artillerie – lorsqu’ils tentent de pénétrer dans la forêt avec des troupes terrestres ou des véhicules d’infanterie, ils peuvent facilement s’approcher suffisamment pour tuer ». » La situation est contrôlable mais difficile , a déclaré Khrus. Et quand les armes lourdes sont contre nous, nous n’avons rien pour travailler. Nous sommes impuissants. » Derrière leurs positions, les forces ukrainiennes disposent de chars, d’artillerie et de mortiers pour soutenir les hommes de Lapko et d’autres unités le long du front. Mais lorsque les chars ou les mortiers sont tirés, les Russes répondent avec des roquettes Grad, souvent dans des zones où les hommes de Lapko sont à l’abri. Dans certains cas, ses troupes se sont retrouvées sans soutien d’artillerie. C’est, en partie, parce que Lapko n’a pas reçu de radio, dit-il. Il n’a donc aucun contact avec ses supérieurs à Lysychansk, ce qui l’empêche d’appeler à l’aide. Les hommes accusent les Russes d’utiliser des bombes au phosphore, des armes incendiaires qui sont interdites par le droit international si elles sont utilisées contre des civils. Elles explosent à 30 ou 50 mètres de hauteur et descendent lentement en brûlant tout , a déclaré Khrus. Savez-vous ce que nous avons contre le phosphore ? » Lapko a demandé. Un verre d’eau, un morceau de tissu pour se couvrir la bouche ! . Lapko et Khrus s’attendent tous deux à mourir au front. C’est pourquoi Lapko porte un pistolet. C’est juste un jouet contre eux, mais je l’ai pour que, s’ils me prennent, je me tire dessus , dit-il. La survie Malgré les difficultés, ses hommes ont combattu avec courage, a déclaré Lapko. Montrant Khrus du doigt, il a déclaré Ce gars-là est une légende, un héros. » Selon son commandant, Khrus et son peloton ont tué plus de 50 soldats russes dans des combats rapprochés. Lors d’un récent affrontement, a-t-il dit, ses hommes ont attaqué deux véhicules blindés russes transportant une trentaine de soldats, les prenant en embuscade avec des grenades et des armes à feu. Leur erreur a été de ne pas venir derrière nous , a déclaré Lapko. S’ils l’avaient fait, je ne serais pas en train de vous parler maintenant ». Lapko a recommandé 12 de ses hommes pour des médailles de valeur, dont deux à titre posthume. La guerre a fait payer un lourd tribut à sa compagnie – ainsi qu’aux autres forces ukrainiennes dans la région. Deux de ses hommes ont été tués, parmi les 20 morts de l’ensemble du bataillon, et beaucoup sont blessés et en voie de guérison », a-t-il déclaré. Et puis il y a ceux qui sont traumatisés et qui ne sont pas revenus. Beaucoup ont subi un choc d’obus. Je ne sais pas comment les compter, » dit Lapko. Les pertes ici sont largement gardées secrètes pour protéger le moral des troupes et du grand public. A la télévision ukrainienne, on voit qu’il n’y a pas de pertes , dit Lapko. Il n’y a pas de vérité ». La plupart des décès, a-t-il ajouté, sont dus au fait que les soldats blessés n’ont pas été évacués assez rapidement, attendant souvent jusqu’à 12 heures pour être transportés vers un hôpital militaire à Lysychansk, à 15 miles de là. Parfois, les hommes doivent transporter un soldat blessé sur un brancard sur une distance de trois kilomètres à pied pour trouver un véhicule, a déclaré Lapko. Deux véhicules affectés à sa compagnie ne sont jamais arrivés, dit-il, et sont utilisés à la place par des personnes du quartier général militaire. Si j’avais une voiture et qu’on me disait que mon camarade est blessé quelque part, je viendrais à tout moment le chercher , a déclaré Lapko, qui a utilisé sa propre voiture déglinguée pour se rendre de Lysychansk à l’hôtel. Mais je n’ai pas les moyens de transport nécessaires pour m’y rendre . Retraite Lapko et ses hommes sont de plus en plus frustrés et désabusés par leurs supérieurs. Sa demande pour les récompenses n’a pas été approuvée. Son commandant de bataillon a exigé qu’il envoie 20 de ses soldats sur une autre ligne de front, ce qui signifie qu’il ne pouvait pas faire la rotation de ses hommes depuis Toshkivka. Il a refusé l’ordre. Le dernier affront est arrivé la semaine dernière lorsqu’il est arrivé au quartier général militaire de Lysychansk après deux semaines à Toshkivka. Le commandant de son bataillon et son équipe avaient déménagé dans une autre ville sans l’en informer, dit-il, emportant de la nourriture, de l’eau et d’autres fournitures. Ils nous ont laissés sans aucune explication , a déclaré Lapko. Je pense que nous avons été envoyés ici pour combler un vide et que personne ne se soucie de savoir si nous vivons ou mourons . Alors lui, Khrus et plusieurs membres de leur compagnie ont conduit les 60 miles jusqu’à Druzhkivka pour rester dans un hôtel pendant quelques jours. Mes gars voulaient se laver pour la première fois depuis un mois, » dit Lapko. Vous savez, l’hygiène ! Nous n’en avons pas. Nous dormons dans des sous-sols, sur des matelas avec des rats qui courent partout. » Lui et ses hommes insistent sur le fait qu’ils veulent retourner au front. Nous sommes prêts à nous battre et nous allons continuer à nous battre », a déclaré Lapko. Nous protégerons chaque mètre de notre pays – mais avec des commandements adéquats et sans ordres irréalistes. J’ai prêté un serment d’allégeance au peuple ukrainien. Nous protégeons l’Ukraine et nous ne laisserons entrer personne tant que nous serons en vie. » Mais lundi, les services de sécurité militaire ukrainiens sont arrivés à l’hôtel et ont emmené Khrus et d’autres membres de son peloton dans un centre de détention pour deux jours, les accusant de désertion. Lapko a été démis de son commandement, selon un ordre examiné par le Post. Il est détenu à la base de Lysychansk, son avenir est incertain. Joint par téléphone mercredi, il a déclaré que deux autres de ses hommes avaient été blessés sur la ligne de front. Yevhen Semekhin a contribué à ce rapport. Source Traduction Pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, la réglementation F-Gas définit des conditions particulières pour les opérateurs manipulant des fluides frigorigènes mise en service, entretien, réparation, charge, test d’étanchéité…. Les opérateurs sont les entreprises et organismes procédant, à titre professionnel, à tout ou partie des opérations suivantes sur des équipements contenant des fluides frigorigènes La mise en service ; L’entretien et la réparation, dès lors que ces opérations nécessitent une intervention sur le circuit contenant des fluides frigorigènes ; Le contrôle de l’étanchéité ; Le démantèlement ; La récupération et la charge des fluides frigorigènes ; Toute autre opération réalisée nécessitant la manipulation de fluides frigorigènes Ainsi, pour pouvoir se procurer des fluides frigorigènes auprès d’un distributeur et manipuler des fluides frigorigènes dans des équipements l’entreprise doit détenir une attestation de capacité adaptée à la catégorie d’activité I, II, II, IV, V, Vvhu. Cette attestation certifie que l’entreprise emploie du personnel compétent, utilise du matériel approprié pour manipuler les fluides frigorigènes en limitant le risque de fuites dans l’atmosphère et dispose d’un système de traçabilité pour suivre les mouvements de fluides frigorigènes suivi des stocks et obligation de compléter des fiches d’intervention. Elle est délivrée par un organisme agréé tel que DEKRA Certification uniquement pour la catégorie V, Vvhu, pour une durée de 5 ans. Pour posséder une attestation de capacité, l’entreprise doit s’assurer que leur personnel qui manipule des fluides frigorigènes, sont à titre personnel, détenteurs d’une attestation d’aptitude ou d’un diplôme, titre professionnel, certificat de qualification professionnel cf. avis du 09 août 2008 et avis du 09 décembre 2016…. L’attestation d’aptitude précise les catégories d’activité I,II,III,IV,V,Vvhu pour laquelle la personne peut intervenir. Cette attestation d’aptitude implique donc que le personnel manipulant des fluides frigorigènes possède la connaissance nécessaire des réglementations et normes applicables ainsi que les compétences en matière de prévention des émissions de fluides frigorigènes. L’attestation d’aptitude est délivrée par un organisme évaluateur certifié organisme de formation. Une fois titulaire de l’attestation de capacité, l’entreprise doit déclarer tous les ans à l’organisme agréé, du 1er au 31 janvier ses mouvements de fluides frigorigènes de l’année n-1. À l’occasion de leur neuvième édition, début janvier 2019, sur le thème du Progrès, Les Napoléons ont organisé un dialogue sur le conspirationnisme entre Lucas Menget, Directeur Adjoint de la rédaction de France Info, et Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch. Connaissez-vous les chemtrails ou les flatters ? Savez-vous qu’Elvis n’est pas mort et qu’il chille tranquillement avec Xavier Dupont de Ligonnes à Courchevel ? Quand les complots prennent des allures de nanars de science-fiction, nous sourions. Mais que faisons nous quand l’imagination dérive et que la vérité historique, juridique ou factuelle disparaît ? Que faisons-nous quand l’Holocauste n’existe plus parce que trois imbéciles dans une vidéo ont entouré une ombre et que, selon la formule consacrée, Ils posent la question » ? Comment rapporter la vérité quand l’information est devenue une guerre ? Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch, l’Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot, et Lucas Menget, correspondant de guerre et Directeur Adjoint de la rédaction de France Info, partagent ici les dernières nouvelles du front. Un entretien réalisé lors de la 9ème édition des Napoléons, consacrée au Progrès. Alexandre Kouchner Pour dire la vérité, il faut employer les bons mots. Fake news, complotisme, conspirationnisme, post-vérité … De quoi parle-t-on précisement ? Rudy Reichstadt Les fausses nouvelles existent depuis très longtemps. La loi de 1881 sur la liberté de la presse les définit et les sanctionne déjà. Une fausse nouvelle est un contenu faux, ou suffisamment éloigné de la réalité des faits pour la dénaturer, diffusé dans un but trompeur. Quand un journaliste professionnel se trompe et se corrige, cela relève de l’erreur. Une tribune ou un billet d’humeur relève de l’opinion. Un contenu publié dans une perspective manifestement satirique n’a pas pour but de tromper mais de faire rire ou réfléchir. C’est l’intention de tromper qui est absolument centrale dans les fake news. On entend cette petite musique complotiste dès que les médias professionnels sont présentés comme des rouages d’une gigantesque mécanique à tromper le public » Toutes les fausses nouvelles n’ont pas forcément un caractère complotiste mais, parce que précisément elles ont pour effet de vous révéler » des choses introuvables dans les médias classiques, elles revêtent souvent une dimension conspirationniste. Il s’agit de dénigrer les médias dominants ». On entend cette petite musique complotiste dès que les médias professionnels sont présentés comme des rouages d’une gigantesque mécanique à tromper le public, comme des serviteurs des puissants » tapis dans l’ombre. La montée en puissance des médias alternatifs » dits de ré-information » ne peut pas être comprise hors de cette perspective. Il faut la réinscrire dans le long et patient travail d’influence méta-politique mis en œuvre depuis plus de dix ans par la complosphère, et notamment par la plateforme la plus dynamique de cette galaxie complotiste, Egalité & Réconciliation, le site d’Alain Soral, qui se définit lui-même comme national-socialiste ». Capture d’écran de la home du site Égalité et RéconciliationLe complotisme relève-t-il forcément d’une idéologie d’extrême droite ? Rudy Reichstadt Le conspirationnisme est un discours qui peut être mis au service de camps politiques tout à fait rivaux. Mais la mouvance complotiste la plus influente aujourd’hui est assez bien circonscrite. Très largement d’extrême droite, elle est complètement intriquée avec la mouvance négationniste. On y trouve des personnalités comme Dieudonné ou Alain Soral, qui emmènent un attelage hétéroclite de gens venant aussi bien de l’extrême droite traditionnaliste que de l’anti-impérialisme d’extrême gauche, des marxistes défroqués que des nationalistes radicaux. Avec l’antisémitisme comme dénominateur commun. Il faut tordre le cou à cette idée reçue selon laquelle les complotistes seraient plus suspicieux, plus sceptiques » que la moyenne. Ce sont des croyants comme les autres » Après, le conspirationnisme n’est pas à proprement parler une idéologie. C’est un discours politique. Ce peut être une certaine disposition psychologique, une mentalité », mais qui ne doit pas être réduite à un trouble psychique ou psychiatrique. À cet égard, il faut tordre le cou à cette idée reçue selon laquelle les complotistes seraient plus suspicieux, plus sceptiques » que la moyenne. Ce sont des croyants comme les autres. Le conspirationnisme relève du champ des croyances. S’ils sont souvent très critiques » sur les faits qui ne cadrent pas avec la thèse qu’ils défendent, ils sont d’une crédulité désarmante face à tous les éléments susceptibles de la conforter. Leur doute » est toujours sélectif. C’est phénomène classique de dénégation la théorie du complot sert à congédier une réalité déplaisante. En disant que la vérité est ailleurs », le conspirationniste ne fait rien d’autre que de dire au réel d’ aller se faire voir ailleurs », pour reprendre les mots du philosophe Clément Rosset. Rudy Reichstadt / © Fondation Jean JaurèsComment est-ce que les équipes de France Info vivent et travaillent au quotidien avec le conspirationnisme ? Lucas Menget On se sent désarmés. Les gilets jaunes sont un exemple facile mais il y en a d’autres. Mehdi Nemmouche est jugé en ce moment pour la tuerie du musée l’Histoire hébraïque de Bruxelles il a depuis été condamné à la réclusion à perpétuité pour les quatre assassinats terroristes » commis en 2014, ndlr. La ligne de défense officielle de ses avocats est directement complotiste Nemmouche serait un agneau qui est allé sur commande assassiner des agents du Mossad ! Deux amis proches ont été ses otages en Syrie Didier François et Edouard Elias. Ils étaient quatre à témoigner, à décrire leur tortionnaire et leur geôlier, l’un des types les plus sanguinaires qu’il ait rencontré pendant leur détention. Mais la ligne de défense complotiste se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux malgré notre travail … Je ne m’exprime pas au nom de tous les journalistes mais je suis inquiet. J’ai l’impression qu’on n’arrive plus à contrer ces mensonges nébuleux. Aujourd’hui, une partie de la population ne nous croit absolument plus. Cette remise en cause est terrifiante. On fait des erreurs et on les reconnaît. C’est peut être ça la différence entre des journalistes et des conspirationnistes » Alors on est en train de se réorganiser. La crise des gilets jaunes peut avoir un effet bénéfique dans les chaînes d’info en continu parce qu’on est très attaqués, parfois à juste titre. On fait des erreurs et on les reconnaît. C’est peut être ça la différence entre des journalistes et des conspirationnistes. Mais quand Maxime Nicole fait une interview où il met en doute l’attentat de Strasbourg et de Nice, elle est partagée dix fois plus que nos infos… Lucas Menget / © Radio France – Christophe AbramowitzSi la vérité est si fragile, le métier et la dignité des journalistes consistent-ils quand même à tendre un micro à des conspirationnistes ? N’y a t-il pas un contre-discours à apporter, un moment où dire Ce que vous dites est dangereux et je ne peux pas m’en faire l’écho » ? Lucas Menget Ce n’est pas au journaliste de dire Vous êtes dangereux ». Il faut aller à la rencontre des complotistes pour montrer le danger des réponses sans jamais le juger. Il faut aussi faire entendre d’autres paroles. L’exemple le plus frappant, c’est celui des gilets jaunes qui passent leur temps à dire que BFM TV est une chaîne aux mains du grand capital mais qui la regardent toute la journée et lui font faire des audiences exceptionnelles ! France Info est aussi très attaquée et nos audiences sont aussi exceptionnelles depuis le début du mouvement. On est extrêmement critiqué et extrêmement regardé ! Il y a un phénomène qui dépasse complètement les compétences du journaliste. C’est pour ça que le journalisme doit aujourd’hui s’allier avec des scientifiques et des chercheurs pour comprendre comment l’information circule. Quand un journaliste poste une information sur Twitter, il passe à autre chose un jour les gilets jaunes, le lendemain l’audience de Carlos Ghosn. Un conspirationniste va passer sa journée, sa semaine, à faire grossir la fausse information. La nébuleuse complotiste est organisée. Nous ne sommes pas armés pour y faire face. On n’est pas suffisamment nombreux. L’information est un combat. Il ne faut pas abandonner et s’organiser… Dans ce type de mouvances, les vérités de fait passent au second plan. Ce qui importe, c’est la Vérité » générale, surplombante » Jean-François Marion vient de publier Psychologie de la connerie Sciences Humaines, 2018, un livre dans lequel il écrit qu’il y a moins de cons qu’avant » mais qu’ avec Internet ils se voient plus ». Faites-vous le même constat avec les complotistes ? Ou bien sont-ils réellement plus nombreux qu’avant ? Rudy Reichstadt Internet est une chambre d’écho. C’est parce qu’elles sont plus visibles que ces fausses informations circulent et influencent plus encore qu’auparavant. Dans les années 1990, si vous vouliez lire les Protocoles des Sages de Sion, il fallait vous rendre dans une librairie d’extrême droite. Aujourd’hui, ce faux antisémite est accessible en deux clics depuis Google. Si vous avez un intérêt pour ce genre de choses, vous serez mis immédiatement en contact avec des gens qui nourrissent le même intérêt et l’alimenteront en retour. Là où, autrefois, vous auriez pu être découragé et passer à autre chose, les réseaux sociaux vont vous galvaniser parce que vous allez y trouver une communauté de croyants qui vont entretenir la flamme de votre croyance. On ne doit jamais perdre de vue que le rapport à la vérité que l’on rencontre dans ce type de mouvances est extrêmement problématique. Les vérités de fait passent au second plan. Ce qui importe, c’est la Vérité » générale, surplombante, au nom de laquelle on agit. C’est pour cela qu’en dépit des libertés extrêmes qu’ils prennent parfois avec la réalité factuelle, les démagogues et les leaders populistes sont souvent crédités par leurs partisans de parler vrai ». Face à cela, ceux qui restent soucieux des faits sont vus comme ayant une conception mesquine de la vérité. France Info a quand même la confiance d’une grande majorité des Français. C’est le premier site d’information de France, la rédaction est fournie avec des journalistes de terrain et des correspondants en région… Si même France Info a du mal à suivre, comment on fait ? Quels sont les mécanismes pour ne pas complètement perdre de vue la vérité ? Rudy Reichstadt D’abord, il ne faut pas minimiser l’importance de ce phénomène. On a longtemps expliqué que le complotisme était ultra-minoritaire, ne concernait que des marginaux, et que c’était leur faire trop d’honneur que de s’intéresser à leurs arguments. Or on ne peut plus faire l’économie d’un travail de contre-argumentation. Il faut prendre les théories du complot pour ce qu’elles sont des discours qui ont une fonction politique. Il faut confronter ces arguments aux faits, les vérifier et les déconstruire. Une bonne méthode est de pousser ces théories jusqu’au bout de leurs implications logiques. De fil en aiguille, les complots présumés deviennent tellement importants, impliquent tellement de personnes sur des échelles de temps tellement longues que leur invraisemblance finit par devenir évidente. Arrive un moment où même le complotiste le plus acharné n’a plus rien à répondre, il est contraint de se réfugier dans la croyance en un complot encore plus énorme ou de changer de sujet. Lucas Menget On peut les démonter par l’absurde, y compris sur nos antennes, dans un cadre assez défini. Et puis il y a une chose importante retourner sur le terrain. Depuis quelques années, la presse a un peu lâché le terrain pour des raisons économiques et intellectuelles. On a cru qu’il n’y avait plus besoin d’envoyer des équipes car tout est accessible en temps réel. C’est faux. Je reste un reporter et j’y croirai toute ma vie. Il y a des exemples qui ont montré à quel point ça marche. Quand Jeff Bezos reprend le Washington Post, tout le monde craint la reprise en main par Amazon. Effectivement, il a foutu plein de monde dehors. Mais ensuite, il a réinvesti et embauché énormément. Il y a plus de journalistes aujourd’hui au Washington Post qu’il n’y en avait il y a cinq ans, et ses chiffres sont aujourd’hui exceptionnels. Le New York Times a fait exactement la même chose il a investi dans le reportage et l’investigation. Mais ça suppose que les médias aient de l’argent. Esther Vargas / CC BY-SA du terrain, de l’investigation, cela a un coût. Il faut des budgets pour aller sur les ronds-points où nous aurions du être en permanence dès le début, jour et nuit, pour écouter les gilets jaunes, leur parler et faire entendre leur voix. C’est notre boulot d’aller sur le terrain et de faire parler les gens, de leur poser des questions intelligentes pour mettre en balance des théories complètement absurdes. Les réseaux sociaux n’ont pas créé » les complots. Pourquoi sont-ils aujourd’hui aussi virulents et omniprésents dans le débat public ? Rudy Reichstadt C’est une responsabilité largement partagée. Les réseaux sociaux et leurs algorithmes, qui encouragent ce type de contenus, y ont leur part. Mais les médias professionnels aussi, de même que certains responsables politiques qui font un usage parfois abusif des fausses informations. Certains États et gouvernements étrangers alimentent par ailleurs sciemment la désinformation, avec pour objectif de saper la confiance dans la démocratie. C’est ce que l’on appelle le sharp power ». Et puis il y a nous tous, journalistes ou consommateurs de médias, parents ou éducateurs, qui avons notre part de responsabilité. D’autant que s’est banalisé depuis des décennies un certain relativisme au nom duquel il ne saurait exister de vérité, seulement des vérités, au pluriel, faisant perdre parfois de vue qu’il existe un réel indépendamment de nous. Ce relativisme a sans doute pavé la voie vers la crise anthropologique que nous traversons, qui contient et dépasse à mon avis largement la seule crise de confiance dans les médias professionnels. Lucas Menget La responsabilité des politiques est flagrante. La nuit du vote du référendum sur le Brexit, la question la plus posée sur Google est La Grande Bretagne fait-elle partie de l’Union Européenne ? ». Intoxiqués par une campagne mensongère les fameux 300 milliards d’euros par semaine que l’Angleterre allait récupérer, le public ignorait ce sur quoi il votait. Il faut donc aussi démonter le discours des politiques. Les seules batailles que l’on est sûr de perdre sont celles que l’on ne mène pas. Il faut se confronter non seulement aux fake news » Steve Bannon, le directeur de campagne de Trump, disait J’adore quand mes fake news deviennent votre réalité ». Entre les manipulations politiques et les dérives complotistes, peut-on encore retrouver la vérité ? Rudy Reichstadt Cette citation est indissociable d’une vision orwellienne du monde, inversée, où le vrai est faux et le faux est vrai. Umberto Ecco disait que les réseaux sociaux ont mis sur le même plan la parole d’un prix Nobel et celle du premier imbécile venu. Et l’on commence à spéculer sérieusement sur l’avènement d’un âge de la bêtise »… Mais ce n’est pas une fatalité. Les seules batailles que l’on est sûr de perdre sont celles que l’on ne mène pas. Il faut se confronter non seulement aux fake news, mais aussi à ceux qui les diffusent en montrant quel est leur projet, en retournant contre eux l’une des questions favorites des complotistes À qui cela profite-t-il ? ». Prenez l’exemple de ce journaliste gilet jaune » qui a interpellé récemment Jean-Michel Apathie dans la rue en l’accusant d’être au service des puissants » il termine sa série d’invectives en se plaignant qu’on ne puisse plus faire de quenelles », ce geste antisystème » inventé par Dieudonné et qui revêt, de manière codée mais évidente pour qui prend la peine de s’y intéresser, une connotation clairement antijuive. Lucas Menget Il y a un espace pour la vérité. On peut encore la chercher et la diffuser. C’est le métier des vrais journalistes. Cela nous demande de descendre dans l’arène. C’est ce qu’a fait Céline Pigalle, la directrice de la rédaction de BFM TV. Elle est allée à la rencontre des gilets jaunes qui manifestaient en bas de BFM pour répondre à leurs questions et leurs attaques. C’est un tribunal populaire auquel elle fait face. Elle répond, elle argumente, elle explique. C’est ce que font tous les journalistes de France Info, dans des conditions parfois très difficiles démontrer la qualité de notre travail et l’importance d’une information vérifiée et véridique. À nous de retourner sur le terrain avec notre carte de presse, sur le front, et de faire notre métier. C’est courageux et c’est nécessaire. Alexandre Kouchner Si nous sommes dans l’âge de la connerie, n’oublions pas cette citation de Michel Rocard Il faut toujours préférer l’hypothèse de la connerie au complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. » SUR LE MÊME SUJET > On peut être conspirationniste en raisonnant très bien » > Christopher Priest La réalité n’est rien d’autre qu’un consensus » > Fake news » la réponse française se précise > Acheter 1000 retweets, c’est 3 dollars » > YouTube ne recommandera plus de vidéos complotistes > Les ambitions des trolls russes sont sans limites » > Complotisme peut-on guérir les Français ? Image à la une © NASA / Neil A. Armstrong ReplayDocumentaireAu nom de la véritéAu nom de la vérité - Manipulations en entreprise 24/05/2022 à 07h38 • 26min • 4 vuesRésuméChacun d'entre nous s'est déjà retrouvé au moins une fois, au cœur de la tourmente... "Au nom de la vérité" s'attache à des héros du quotidien en prise avec une décision capitale. Chaque épisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille. Ces moments qui dérapent, ces accidents de la vie, ces histoires secrètes qui encombrent notre quotidien... C'est tout l'univers de votre nouvelle série. Replay TV par chaîne Replays les plus vus Replays au hasard

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